SPIDER-MAN L'EMPIRE 2 : KAARE ANDREWS ET LA SUITE DU "REIGN"


 Kaare Andrews persiste et signe : Spider-Man: Reign 2 n’est pas là pour caresser les fans dans le sens du poil (d’araignée). Après avoir scandalisé et fasciné avec son premier Empire — une dystopie crépusculaire où Peter Parker tuait accidentellement Mary Jane à force de trop l’aimer (littéralement) — voici la suite, et c’est peu dire qu’elle débute dans un climat de dépression la plus totale. Dès la première page, le Caïd surgit des ruines de l’Empire State Building, pas mort du tout, mais affamé au point de croquer un être humain pour reprendre des forces. On est dans l'exagération hardcore, avec un Wilson Fisk bestial dont l’ambition n’est plus de diriger New York, mais d’en devenir le roi, façon tyran biblique sous stéroïdes. Le trait de Kaare Andrews, rehaussé des couleurs granuleuses de Brian Reber, joue la carte rétro, avec des corps et des poses tirés des années 1990 et une esthétique qui évoque les grandes heures de Dark Knight Returns. Sauf que chez Andrews, tout est plus sale, plus fou, plus outrancier. Au cœur de ce délire post-apocalyptique, un Peter Parker vieilli, ridé, usé jusqu’à la moelle, lové dans une réalité virtuelle où il vit heureux avec une Mary Jane fantasmée. Branché à des tuyaux et enfermé dans un cocon d’illusions, il refuse le monde réel. Jusqu’à ce qu’une nouvelle version de Black Cat vienne jouer les infirmières de choc et le réveille sans lui demander son avis. La méthode est rude. Le Spider-Man qui renaît est hagard, à moitié nu, barbu comme un gourou survivaliste et peu porté sur la subtilité. S’ensuit une fuite psychédélique dans une ville gangrenée par la folie, avec des Bouffons miniatures (Norman Osborn aussi sera brièvement de la partie), de la violence à tous les niveaux, des ennemis historiques bodybuildés jusqu’au ridicule, et des morts gratuites, dont certaines sont presque parodiques (Jameson qui dégaine un fusil à pompe pour tirer sur Spidey et abat Robbie Robertson, on n'invente rien).


Reign 2 joue la surenchère permanente. Violence graphique, twists en rafale, timeline bancale, histoire délirante : l’ensemble a des allures de cauchemar éveillé où les repères explosent. Ce sera le grand point fort du travail d'Andrews, la raison pour laquelle beaucoup vont adorer, tandis que beaucoup d'autres vont détester. Peu importe les raisons rocambolesques qui permettent cela, Peter va avoir l'occasion de revenir en arrière et d'effacer la mort de Mary Jane. S'il avait su la laisser partir, peut-être n'aurait-elle pas succomber à la maladie, les choses auraient pu être fort différentes… seulement voilà, dans cette nouvelle réalité qui attend le Tisseur, il y a aussi une version inédite de Venom qu'il va falloir affronter, tout en composant avec la présence de Miles Morales, qui a lui aussi connu une existence tragique et qui a bien changé depuis le personnage gentillet que nous connaissons. Andrews s'amuse avec de nombreux points de l'histoire que nous avons tous en tête, à commencer par le Spider-Man de McFarlane, pour brouiller les pistes, redistribuer les cartes, revenir en arrière, pour nous raconter ce qui aurait pu être ou plutôt ne sera jamais, en raison de la malédiction de Parker, ici portée à son paroxysme au niveau de ses conséquences. Peu importe si le scénario n'est pas toujours très clair, si par moments ce que l'on lit semble perdre un peu de sens, ce qui est en jeu ici, c'est la représentation graphique explosive qui caractérise son travail, qui a subi une évolution ultérieure depuis l'Empire (premier du nom), au point de devenir aujourd'hui une version survitaminée et postmoderne des années 1990. Alors oui, c'est clairement brouillon, ça n'est pas quelque chose d'indispensable, mais pour autant, le produit fini à quelque chose de fascinant dans son imperfection. Notez que vous pouvez trouver une édition présentant les deux histoires, premier et second récit, disponible chez Panini Comics, dans un coffret pour 39 euros.



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