Ambre et Lucas ne sont plus vraiment des adolescents comme les autres. Nous l'avons découvert dans le premier volume de Métamorphes. Les deux lycéens ont été investis de pouvoirs assez étonnants à la suite de ce qui ressemble à un banal accident… mais dont les responsables s’avèrent en réalité bien plus mystérieux et retors. Ambre, issue d'une famille très aisée — son père est député — est un peu la star de beauté de son lycée. Elle sort avec une étoile montante du basket. Lors de fortes poussées de stress ou de colère, elle se transforme en une sorte de louve-garou couverte de poils. Bonjour la facture pour l'épilation. Lucas, à l’opposé, est l’exemple parfait du jeune geek un peu rachitique, qui passe son temps avec ses amis à se lancer dans des jeux de rôle. Lui, il devient une sorte de vampire. Bien entendu, il craint la lumière du jour, mais possède en échange des réflexes aiguisés et une force hors du commun, contrebalancés — cela va de soi — par une soif de sang typique des créatures de son espèce. Quant à "l’organisation" tapie derrière toute cette histoire, elle tente de mettre la main sur les deux adolescents, notamment en infiltrant une des leurs au sein du lycée en tant que nouvelle conseillère principale d'éducation. Celle-ci est en réalité une doppelganger — une créature capable de changer de forme et d’adopter l’apparence de presque n’importe qui. Tout cela donne évidemment lieu à une histoire riche en action, en retournements de situation, et même en frissons. Et comme le scénariste n’est autre qu’Olivier Gay, on y retrouve en plus une bonne dose d’humour, ainsi qu’une fluidité et une efficacité narrative remarquables.
À notre connaissance, il n’existe pas de fan-club officiel d’Olivier Gay — mais nous pourrions bien être tentés d’en fonder un, tant le travail de ce scénariste parvient à nous séduire à chaque nouvelle publication. Injecter une bonne dose d’humour dans une bande dessinée qui s’adresse à la fois à un public adolescent et à des adultes un peu plus malicieux n’a rien d’évident. Il faut maîtriser le rythme, maintenir en permanence l’intérêt du lecteur, sans jamais tomber dans la facilité, la trivialité ou le gag poussif. C’est précisément pour cela que nous admirons autant son travail. Les portraits de jeunes qu’il dresse ici sonnent justes. Même si ce qui leur arrive est, bien entendu, hautement improbable, tout semble plausible dans la manière dont il évoque les réseaux sociaux, la vie au lycée ou simplement les relations amicales et familiales. On sourit à chaque page, car chaque scène apparait vrai, chaque réplique fait mouche. Et puisque nous parlons de précision, saluons également le travail de Jonathan Aucomte, qui accomplit exactement la même prouesse de son côté, mais sur le plan graphique. Au diapason, les compères ! Comme souvent, on retrouve cette dynamique d’attraction-répulsion entre les protagonistes. Ici, Ambre, qui ne semble clairement pas appartenir à la même catégorie sociale que Lucas — ni en apparence, ni en popularité —, se retrouve pourtant étroitement liée à lui. Elle n’a probablement jamais rencontré quelqu’un capable de faire preuve d’autant d’attention et de gentillesse. Tout les oppose : leur milieu, leur physique, leur place dans la hiérarchie du lycée. Et pourtant, les circonstances les réunissent, dans une aventure où leur prétendue relation provoque quiproquos et malentendus, au point d’interroger le lecteur : cette romance pourrait-elle devenir un peu plus concrète ? On s’amuse sincèrement, on se prend au jeu… Que demander de plus à cette excellente série publiée chez Drakoo ?
Tome 1 à retrouver ici
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