Le dessin, signé notamment par Ivan Reis, Peter Tommasi et Ethan Van Sciver, contribue largement à cette impression d’ampleur. Chaque planche semble prête à devenir une affiche, chaque bataille une fresque monumentale. L’univers des Lanterns prend enfin toute la mesure de sa folie conceptuelle : les émotions ont des couleurs, les anneaux deviennent des armes de foi, et la peur s’érige en force physique. Ce que Johns a compris mieux que quiconque, c’est que la mythologie Green Lantern n’est pas qu’un gadget lumineux mais une réflexion sur le pouvoir, le contrôle et la responsabilité. Et dans cette guerre, les Gardiens de Oa finissent par franchir la ligne rouge en autorisant le recours à la force létale. Un détail moral d’importance, qui fissure à jamais la façade idéaliste du Corps. Bien sûr, tout n’est pas parfait. Certaines séquences publiées dans la série Green Lantern Corps sont plus inégales, parfois expédiées, parfois confuses. Mais l’ensemble tient remarquablement debout, d’une cohérence rare pour une histoire éclatée entre plusieurs titres. Même Superman, quand il apparaît dans la bataille finale, se tait : ce n’est pas son histoire. C’est celle d’une confrérie d’hommes et de femmes (ou de créatures vaguement humanoïdes) consumés par la peur, la culpabilité, la volonté. Le sommet tragique, peut-être, d’un âge héroïque où les couleurs ont cessé d’être symboles pour devenir des armes. Les lecteurs français, moins familiers du pan galactique de DC que de celui de Marvel, n'ont pas forcément pris la mesure de cette odyssée. Publiée d’abord dans DC Universe en 2009, puis reprise par Urban Comics, La Guerre de Sinestro demeure pourtant un monument, à la fois spectaculaire et fondateur. C’est ici que s’esquisse le spectre émotionnel complet qui conduira à Blackest Night. Et c’est ici que le vert, couleur de la volonté, apprend (dans la douleur) qu’il n’est pas seul dans la palette de l’univers, et que la lumière la plus pure ne brille jamais sans sa part d’ombre. Un récit à la fois baroque et grandiose, traversé d’éclairs de génie visuel, où chaque page repousse les frontières du cosmos et de l'imaginable. Indispensable album de la collection DC Paperback, on vous aura averti.
UniversComics, la grande communauté Facebook :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!