La réussite du film repose aussi sur son casting presque impeccable. Rachel Brosnahan donne à Lois Lane un mélange d’aplomb, d’ironie et de détermination qui en fait une co-protagoniste à part entière, sans avoir besoin de la sexualiser à outrance. Les personnages secondaires, de Jimmy Olsen à Guy Gardner en passant par Mr. Terrific ou Hawkgirl, existent chacun à leur manière, sans jamais faire tapisserie. Et sans qu'il soit nécessaire de revisiter leurs costumes improbables des comics, sans parler de l'odieuse coupe au bol du Green Lantern, nec plus ultra de l'audace capillaire. Même les scènes d’action, un peu trop nombreuses en fait, sont convaincantes et nous font trembler pour un héros qui à priori à toutes les cartes en règle pour s'en sortir sans gros ennuis. Ce Superman ne se contente pas de tordre le cou aux habitudes : il revendique un héritage, celui du Superman de Richard Donner, dont il utilise ouvertement le thème musical, tout en injectant çà et là des clins d’œil à All-Star Superman, aux Super Friends, ou à d'autres versions plus loufoques du passé. Gunn connaît la matière, et surtout, il en devine le potentiel. Il sait que Superman, depuis ses origines, est un personnage politique, un immigré surpuissant dont l’histoire parle d’exil, d’acceptation, et de bien commun. Pas besoin de discours appuyés : le film le rappelle avec tact, humour et une forme de tendresse un peu désuète mais assumée. De quoi donner des sueurs froides aux super trous du cul qui parlent de long métrage super woke. Cet instant jouissif et pathétique où vous réalisez que malgré des décennies d'aventures et une ribambelle de films, ces rachitiques du bulbe n'ont toujours pas saisi qui est Superman. Alors oui, tout n’est pas parfait. La bande-son, sans éclat. Quelques longueurs en milieu de parcours. Un monde en construction qui peine parfois à trouver son équilibre entre exposition et narration. Mais ces défauts, loin d’handicaper le film, lui donnent un certain charme artisanal (c'est drôle quand on connait le budget), une sincérité qui contraste agréablement avec le cynisme ambiant du genre. Avec Superman, James Gunn lance son DC Universe sur des bases solides : pas de révolution esthétique, pas de complexité tordue à la Nolan, pas de testostérone monochrome à la Snyder. Juste un film qui croit encore en quelque chose, qui croit aussi que le super-héroïsme dans les salles obscures peut avoir des lendemains qui chantent encore. C’est peut-être ça, aujourd’hui, être original, ou punk rock, comme le dit Lois à un certain point. Ramer contre le courant pour se rapprocher de la source, accepter l'idée que ce n'est pas l'exotisme de la destination qui compte, mais là où on veut aller vraiment, et pourquoi. Gunn a coché presque toutes les cases, sans avoir peur de la dérision, du grand guignol, du ridicule. Il a fait un film qui ressemble fort à ce qu'il aime trouver dans un comic book, et par là-même, il a peut-être bien ressuscité tout un genre moribond et lui a offert un semblant de début de nouvelle légitimité. Super fort, non ?
LE SUPERMAN DE JAMES GUNN : SUPERMAN EST TOUJOURS BEL ET BIEN VIVANT !
Avec son Superman tant attendu, James Gunn ne signe peut-être pas un film destiné marquer à jamais le cinéma de son empreinte… mais il livre assurément un excellent film de super-héros. Un de ceux qui réussissent à conjuguer spectacle familial, réflexion humaniste et passion/connaissance pour son médium d’origine. Le pari était risqué : relancer l’univers de la Distinguée Concurrence après les échecs et les errements du DCU précédent. Mais Gunn, en vieux briscard du genre, semble avoir compris l’essentiel : Superman ne se résume pas à une cape rouge et une mâchoire carrée en béton armé. Il est, d’abord, un symbole de bonté désarmante, d’humanité sans filtre, d’espoir candide dans un monde qui s’en méfie. Subversif, non ? Dès les premières scènes, Gunn coupe court aux poncifs et nous évite la litanie des origines : pas de chute de Krypton, pas de révélation larmoyante des pouvoirs, pas même le sempiternel malentendu avec Lois Lane, qui se laisser berner par une simple paire de lunettes : ici, elle est déjà en couple avec Clark depuis trois mois et sait tout la double identité de son fiancé à l'épreuve des balles. Superman existe déjà, reconnu des foules, actif depuis plusieurs années, dans un monde où les méta-humains font partie de l’histoire depuis trois siècles. C’est un univers inédit qui n'a pas l'ambition d'être trop réaliste, inspiré par les pages bariolées des comics plutôt par les manuels de stratégie militaire. Tant mieux, car on n'en pouvait plus de la sinistrose ambiante, de l'envie de tout rendre tendu, contemporain, martial, iconique. Un peu de sain divertissement, de temps en temps, personne n'est contre. Loin du dieu tourmenté incarné jadis par Henry Cavill, le Superman de David Corenswet est sans doute le plus vulnérable à ce jour. Il saigne, vacille, doute, tombe, mais se relève. Dans le privé, il est même susceptible de se prendre le chou avec sa fiancée pour des questions déontologiques ou d'idéaux. Il n’a pas non plus besoin de lunettes pour jouer les humains : il l’est profondément, jusque dans ses maladresses, ses hésitations, et une politesse old school qui ferait rougir Captain America. Gunn le montre généreux, parfois naïf, mais jamais ridicule. Une figure de l'héroïsme d'autrefois, devenue presque incongrue à force d’être sincère, qui mord la poussière et s'en remet à un super chien (Krypto) quand les événements l'y poussent. Face à lui, un Lex Luthor glaçant, campé par Nicholas Hoult, mi-Elon Musk mi-sociopathe visionnaire, obsédé par le pouvoir technologique et la domination symbolique. Certes, le personnage manque clairement d’épaisseur et de subtilité, mais sa dangerosité réside justement dans cette simplicité brutale : il incarne les travers d’un monde obsédé par le rendement, l’influence et l’immortalité digitale. Son armada de singes-bots occupés à troller Superman sur les réseaux sociaux est une des fulgurances les plus drôles et mieux senties de toute l'histoire des cinécomics. Rien que pour ce genre de moment, on l'aime, James Gunn.
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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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UniversComics Le Mag' 45 Septembre 2024 84 pages Dispo ici : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1049493353253...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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