WHAT IF ..? GALACTUS - NE ME DEMANDEZ PAS POURQUOI...


 Impossible d’échapper à Galactus pendant ces vacances estivales de 2025. Il faut dire qu’un film longtemps attendu consacré aux Quatre Fantastiques débarque enfin au cinéma, et, pour ne rien gâcher, votre magazine préféré a choisi de dédier sa couverture de juillet au Dévoreur de planètes. De quoi raviver l’enthousiasme des foules et inciter les lecteurs à découvrir la dernière publication en date proposée par Panini, un album mettant à l’honneur le personnage. Ce volume réunit cinq récits indépendants, les fameux What If…?, ces scénarios hypothétiques — mais clairement alternatifs — qui imaginent ce qui se serait passé si un élément crucial de l’histoire Marvel avait été modifié. Le thème ici : les hérauts de Galactus, c’est-à-dire ses messagers, ces éclaireurs galactiques dont la mission consiste à trouver des planètes à dévorer pour leur maître, guidé par une faim insatiable. Le plus célèbre d’entre eux reste bien sûr le Silver Surfer, mais d’autres ont endossé ce rôle au fil du temps, comme Terrax ou Nova. Dans cet album, ce sont cinq personnages Marvel totalement inattendus qui se retrouvent investis du Pouvoir Cosmique, chacun pour des raisons bien distinctes. L’ouverture se fait avec Bruce Banner, alias Hulk, qui choisit de s’exiler dans l’espace pour ne plus représenter une menace sur Terre. Mais, là encore, rien ne se passe comme prévu : la créature de jade est bientôt rongée par les remords et comprend qu’il reste, une fois encore, une machine à destruction. On découvre ensuite ce qui arriverait si Gambit, des X-Men, devenait à son tour un héraut de Galactus. Cette fois, le Dévoreur a besoin de ses services pour subtiliser une planète récemment acquise par le Collectionneur : une réplique de son monde natal qu'il croyait perdu. Pris de nostalgie, il demande au X-man de s’emparer de ce précieux fragment de son passé. Et qui mieux que le Cajun pour ce genre de mission discrète ? Mais, évidemment, rien ne va se dérouler selon les plans initiaux. 



Moon Knight aussi est de la partie. Dans une ambiance plus sombre et mystique, Marc Spector devient le héraut d’un Galactus affaibli, qui a tué Konshou, le dieu égyptien de la Lune. Mais force est de constater que tout cela est franchement mauvais. Voir Moon Knight se rebeller contre le Dévoreur de mondes, dans un récit absurde dénué du moindre intérêt, relève presque de la parodie involontaire. Que dire ensuite de l’épisode mettant en scène Malicia, juste avant qu’elle ne rejoigne la Confrérie des Mauvais Mutants ? La voici embarquée dans l’espace en tant que messagère de Galactus, après avoir embrassé le Silver Surfer écrasé sur Terre, lui avoir volé ses pouvoirs, puis décidé de se rebeller contre Galactus lui-même. Elle lui mène la vie dure… mais c’est surtout le lecteur qui trinque en parcourant ces pages d’une stupidité abyssale. Cerise sur le gâteau : une traduction bâclée, dont les dialogues ne veulent strictement rien dire. À force de vouloir interpréter gauchement le texte original, on sent que le travail a été fait à la va-vite, suivant l’expression bien connue au « cul du camion », et sans la moindre motivation. Et le pire reste à venir. Une vingtaine de pages absolument illisibles, où Gwen Stacy, sous l’identité de Ghost-Spider, devient l’héroïne de Galactus. On y mélange cosmique et fantasy dans une histoire incohérente au possible. Il faudrait que je la relise pour vous expliquer ce que j’ai lu, mais très sincèrement, une fois m’a largement suffi. Il est hors de question que je m’inflige une seconde dose de cette purge. On referme donc l’album avec le sentiment d’avoir été pris pour des imbéciles. Tout commençait relativement correctement, et puis, au fil des pages, c’est devenu un véritable défilé d’absurdités. Une insulte à l’intelligence — mais surtout le genre d’album capable de vous dégoûter des comics Marvel ou de vous donner envie de faire une pause. Si l’objectif était de faire découvrir Galactus à un lectorat novice, c’est totalement raté : il risque de prendre ses jambes à son cou. Et si, au contraire, l’idée était de garnir les étagères des lecteurs fidèles de Marvel, c’est peut-être encore pire. Il ne faudra pas s’étonner si ces derniers finissent par aller voir ailleurs. Quant aux artistes impliqués, ils changent à chaque épisode, avec pourtant quelques grands noms au générique (Nocenti, Eaton, Groom). Mais, au vu de cette déroute finale, il vaut peut-être mieux taire leur participation.


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SUPERMAN ORIGINES SECRÈTES EN DC PAPERBACK CHEZ URBAN COMICS


 Les origines de Superman ont déjà servi de prétexte à de nombreux récits, tous proposant des variations sur le même thème, avec à chaque fois une version subtilement différente des moments fondateurs du plus grand héros de l’univers DC Comics. Mais c’est peut-être Geoff Johns qui livre ici la version la plus accessible et la plus naturelle, avec ses Origines Secrètes, republiées chez Urban Comics dans la nouvelle collection DC Paperback. Personne, en effet, n’ignore la genèse de Superman. Même ceux qui ne lisent jamais de comic books savent que le petit Kal-El a atterri sur notre planète à bord d’une fusée, dernier survivant de la planète Krypton, et qu’il a été recueilli par une famille d’Américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà signé un Green Lantern : Secret Origins au cours de sa prolifique carrière, s’amuse ici avec le personnage le plus iconique de toute la bande dessinée super-héroïque. Le cahier des charges est respecté à la lettre : de l’émotion, de bons sentiments (les parents adoptifs et l’amour inconditionnel qu’ils transmettent à leur fils), les figures incontournables de la série (Lex Luthor, la première romance avec Lana Lang, suivie de Loïs Lane), et tous les piliers qui soutiendront ensuite la légende du héros. C’est aussi un récit initiatique, dans lequel le jeune Clark découvre peu à peu ses incroyables pouvoirs — invulnérabilité, vol, vision thermique, entre autres. John Byrne avait déjà raconté à merveille à peu près la même histoire juste après Crisis on Infinite Earths, avec Man of Steel, un titre qui avait permis de remettre un peu d’ordre et de cohérence dans le panthéon parfois chaotique de Superman. Vingt ans de récits et de continuité malmenée ont sans doute justifié cette nouvelle relecture. Et soit dit en passant, elle constitue un excellent point d’entrée pour les nouveaux lecteurs. Elle propose en effet une version claire et définitive des événements ayant précédé les aventures modernes de Superman, du moins pour la période classique de l’univers DC. Depuis, les New 52 et toute une série de nouvelles "époques" sont passés par là, et la donne a encore changé. Pas forcément pour le mieux, si vous voulez mon avis.



Il faut aussi dire que l’ensemble est raconté avec beaucoup de justesse, et même une certaine légèreté. Certaines scènes font sourire, comme celle où le jeune Kent, encore novice, embrasse pour la première fois la douce Lana — ce qui déclenche au passage sa vision thermique. Une jolie parabole qu’il est inutile de vous expliquer davantage… (Dans le même registre, on pense à Peter Parker, ado frustré, s’entraînant seul dans sa chambre à projeter une toile d’araignée gluante.) Clark Kent devra aussi apprendre ce qu’est l’amitié, ou du moins tenter de l’approcher, face à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. L’écueil d’une relation ambiguë, saturée de bons sentiments (on pense à Smallville, par exemple), est ici évité avec brio. Ce Luthor-là est un véritable salaud, qu’on prend un malin plaisir à détester. Clark devra aussi trouver les bons stratagèmes pour préserver son identité secrète — ce qui, rétrospectivement, fait sourire quand on se rappelle qu’il y parvient depuis des décennies avec un peu de gel et une vieille paire de lunettes. Johns nous entraîne également dans le futur, aux côtés des Légionnaires de Brainiac ou de Saturn Girl, histoire de revisiter avec habileté la période Superboy du personnage. Les nouveaux lecteurs de l’univers DC qui souhaitent en apprendre davantage sur le plus célèbre des Kryptoniens, tout comme les nostalgiques qui ont apprécié à sa juste valeur Superman for All Seasons de Loeb et Sale, ne passeront pas à côté de cet album simple, efficace et sincère. Le tout est sublimé par le trait pur, clair et rassurant d’un Gary Frank très inspiré. Une maîtrise graphique qui suinte l’émotion, la retenue, et surtout l’amour du personnage et de son univers délicieusement rétro.


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UNIVERSCOMICS LE MAG' 54 DE JUILLET/AOUT 2025 : FANTASTIC



 UniversComics Le Mag' 44

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Le numéro estival

Disponible en lecture ou téléchargement ici :

Tous les anciens numéros sont disponibles ici 

Avec les Fantastic Four et Galactus !

Au sommaire :

* Fantastic Four Story (tout savoir avant le film)

* Hommage à Jim Shooter

* Le cahier critique, les sorties du mois chez Panini Comics, Delcourt, Petit à Petit, Urban Comics, Les Humanoïdes Associés.

* Portfolio : Luca Maresca

* Comics VO ou Comics VF, le pour et le contre.

* La BD avec le podcast Le Bulleur

* Preview : Batman Eternal Legend


Un grand merci au graphiste Fantastic Benjamin Carret et au travail de Abramo Segungo.

Merci à tous pour votre fidélité. Avant les vacances et de se retrouver en septembre, n'oubliez pas de partager sur les réseaux et avec vos amis. Tous vos commentaires sont les bienvenus, même les pires. See you soon.


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ROOK EXODUS TOME 1 : UNE AUTRE VISION D'UNE AUTRE FIN DU MONDE


 Avec Rook : Exodus, Geoff Johns ouvre une nouvelle brèche dans le paysage des comics post-apocalyptique, et ce n’est pas une mince affaire : sur Exodus, planète de secours d’une Terre en ruines, tout s’effondre déjà. Décidément, l’humanité a le chic pour planter ses jardins dans des cimetières. Elon Musk devrait en prendre de la graine. En fait, le monde d’Exodus a tout du cauchemar écologique en cinémascope : une planète à l’agonie, des ruines technologiques, une faune mutante terrifiante, et des survivants masqués capables de contrôler des espèces animales. Mais ce don a un prix : à force d’utiliser ces casques psychiques, les porteurs s’animalisent eux-mêmes, et si le matériel tombe en panne, ils risquent aussi un sérieux retour de bâton. On découvre là une sorte de malédiction mentale et physique qui ne va pas sans rappeler la lente déshumanisation des super-héros, trop investis dans leurs pouvoirs. En tous les cas, c'est plutôt bien vu et ça permet de mettre en scène toute une faune aux ordres de rares survivants, qui ne sont pas tous des chics types. Au centre du récit, Rook, gardien des corbeaux, semble à la dérive : hanté par un passé tragique, assailli par les cris des volatiles dans sa tête, il s’enivre pour faire taire ce vacarme intérieur. Johns creuse ici un thème qui ravira les amateurs de révisionnisme héroïque : l’épuisement psychique du héros, la solitude du survivant, l’ambiguïté du pouvoir. Face à lui, Sanglier, parce qu'il contrôle ces charmantes bestioles, vit presque en harmonie avec ses bêtes. C'est une figure touchante et tragique, opposée à la brutalité d’Ursa, le géant dominateur des ours présents sur Exodus, qu'on devine d'emblée être le grand antagoniste de la série. 



Et puis il y a Jason Fabok, qui réalise une mue spectaculaire. Il met de côté les planches ultra-calibrées des Three Jokers ou de Batman, pour miser sur une esthétique crue, rugueuse, presque grotesque. Ses créatures – sangliers titanesques, ours menaçants, oiseaux tournoyants comme des spectres perdus – hantent véritablement les pages. Reste une légère frustration dans tout ce tableau positif : si les masques sont très réussis, entre Power Rangers désabusés et soldats vétérans de la fin du monde, les personnages, eux, semblent figés. Ils parlent, ils tirent, ils souffrent, mais ils ne parviennent pas tout à fait à gagner en sympathie ou à faire naitre l'empathie. L’action semble se produire autour d’eux, sans qu’ils en soient les véritables moteurs. Le spectacle est dans la nature, pas dans l’humain. L'humain, lui, c'est la clé de l'effondrement. Celui qui ose penser pouvoir terraformer un monde vierge pour pallier la catastrophe qui est advenue sur sa planète de naissance. Celui qui emmène dans son sillage les espèces animales en voyage, pour coloniser et repeupler à son image ce qui ne lui appartient pas. C'est bien toute la tragédie d'Exodus : difficile d'être du côté de ces personnages, tant on souhaiterait, en fait, que la nature leur inflige une ultime défaite, nature balafrée et violée, au nom de la sacro-sainte technologie mortifère. Malgré cela, Rook : Exodus pose les bases d’un monde intrigant, vraiment. Entre Mad Max, bestiaire mutant et mélancolie post-héroïque, il y a là une matière puissante pour une saga ambitieuse. Il faudra que les prochains tomes donnent plus de corps aux personnages et plus de rythme à leur destin. Mais pour une première, le ton est là, le style aussi, avec une envie de briser les codes classiques du genre. Sans compter l'édition grand format très soigné d'Urban Comics, qui sait toujours comment nous appâter, sans avoir besoin de casque cybernétique. 



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BATMAN GHOSTS OF GOTHAM TOME 1 : CLÉMENCE ET CHÂTIMENT


Cela fait de longues années que Bruce Wayne combat le crime sous le masque de Batman. En conséquence, son corps est aujourd’hui meurtri : on ne compte plus les balles reçues, les coups de couteau, les ligaments endommagés ou les os brisés. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’avec le temps, le justicier de Gotham soit peu à peu perclus de douleurs et perde en efficacité sur le terrain. Une opportunité extraordinaire se présente alors à lui : un sérum révolutionnaire, capable de régénérer le corps, de conserver une forme de jeunesse prolongée, et de réparer la plupart des maux liés à l’âge. Mais la scientifique à l’origine du projet (Scarlett) n’est pas une inconnue. Bruce l’a rencontrée lorsqu’il n’était encore qu’un jeune garçon. Sa mère n’était autre que la compagne de Joe Chill, le criminel tristement célèbre pour avoir assassiné les parents de Bruce dans une ruelle sordide de Gotham. Chill, on le découvre, était aussi d’une violence extrême avec cette femme, enceinte à l’époque. Si elle a pu accoucher loin de son bourreau, c’est parce qu’il avait été gravement blessé dans un accident de la route… et sauvé in extremis par un chirurgien d’exception : Thomas Wayne. Pendant que les services sociaux de l’hôpital faisaient croire que le bébé n’avait pas survécu et que la mère avait disparu, Thomas, en soignant un homme peu recommandable, offrait sans le savoir une seconde chance à celui qui allait bientôt devenir son assassin. Pour Batman, c’est un dilemme aussi cruel que personnel. Difficile à encaisser, d’autant qu’une nouvelle menace surgit dans les rues de Gotham : quelqu’un s’en prend à des adolescents fraîchement libérés d’un établissement de redressement aux méthodes extrêmes. On les retrouve morts… et vidés de leur sang. 



C’est un double dilemme en fait, pour Bruce Wayne. D’un côté, toute cette histoire ravive en lui les souvenirs de son père, chirurgien, et du fameux serment des praticiens : sauver une vie n’est pas négociable dès l’instant où l’on en a les moyens, peu importe le passé de celui qui en a besoin. La famille Wayne va bien entendu en payer le prix fort, à la fois pour cet altruisme, mais aussi pour les conséquences liées à ce fameux traitement capable de ralentir les effets du vieillissement — voire de rajeunir au niveau cellulaire. Il s’agit d’un traitement expérimental, ultra coûteux, réservé à une élite : la crème de la crème. Est-ce que ce n’est pas un peu trop facile, quand on s’appelle Bruce Wayne, qu’on est milliardaire, et qu’on patrouille en collants pour faire régner la justice dans les rues de Gotham, d’avoir recours à un tel produit alors que, dans le même temps, la population décline physiquement, année après année, sans aucun recours ? Ajoutez à cela le sort réservé à des adolescents, et donc le discours sur la possibilité de se racheter à un âge où tout reste encore possible, même quand on a mal commencé sa vie — et vous obtenez un scénario particulièrement intelligent de la part de Tom Taylor. Il signe ici des débuts remarqués et remarquables sur le titre Detective Comics. D’autant que, côté dessin, Mikel Janin est en très grande forme : ses planches flirtent avec l’iconique, sans jamais donner l’impression d’en faire trop ou de chercher à épater la galerie. Je me doutais que ce premier volume serait une lecture agréable, mais pas à ce point. C’est vraiment un album à recommander les yeux fermés à tous ceux qui sont sensibles à l’univers du Dark Knight.


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MÉTAMORPHES VOL. 2 : LOUVE STORY (CHEZ DRAKOO)


Ambre et Lucas ne sont plus vraiment des adolescents comme les autres. Nous l'avons découvert dans le premier volume de Métamorphes. Les deux lycéens ont été investis de pouvoirs assez étonnants à la suite de ce qui ressemble à un banal accident… mais dont les responsables s’avèrent en réalité bien plus mystérieux et retors. Ambre, issue d'une famille très aisée — son père est député — est un peu la star de beauté de son lycée. Elle sort avec une étoile montante du basket. Lors de fortes poussées de stress ou de colère, elle se transforme en une sorte de louve-garou couverte de poils. Bonjour la facture pour l'épilation. Lucas, à l’opposé, est l’exemple parfait du jeune geek un peu rachitique, qui passe son temps avec ses amis à se lancer dans des jeux de rôle. Lui, il devient une sorte de vampire. Bien entendu, il craint la lumière du jour, mais possède en échange des réflexes aiguisés et une force hors du commun, contrebalancés — cela va de soi — par une soif de sang typique des créatures de son espèce. Quant à "l’organisation" tapie derrière toute cette histoire, elle tente de mettre la main sur les deux adolescents, notamment en infiltrant une des leurs au sein du lycée en tant que nouvelle conseillère principale d'éducation. Celle-ci est en réalité une doppelganger — une créature capable de changer de forme et d’adopter l’apparence de presque n’importe qui. Tout cela donne évidemment lieu à une histoire riche en action, en retournements de situation, et même en frissons. Et comme le scénariste n’est autre qu’Olivier Gay, on y retrouve en plus une bonne dose d’humour, ainsi qu’une fluidité et une efficacité narrative remarquables.




À notre connaissance, il n’existe pas de fan-club officiel d’Olivier Gay — mais nous pourrions bien être tentés d’en fonder un, tant le travail de ce scénariste parvient à nous séduire à chaque nouvelle publication. Injecter une bonne dose d’humour dans une bande dessinée qui s’adresse à la fois à un public adolescent et à des adultes un peu plus malicieux n’a rien d’évident. Il faut maîtriser le rythme, maintenir en permanence l’intérêt du lecteur, sans jamais tomber dans la facilité, la trivialité ou le gag poussif. C’est précisément pour cela que nous admirons autant son travail. Les portraits de jeunes qu’il dresse ici sonnent justes. Même si ce qui leur arrive est, bien entendu, hautement improbable, tout semble plausible dans la manière dont il évoque les réseaux sociaux, la vie au lycée ou simplement les relations amicales et familiales. On sourit à chaque page, car chaque scène apparait vrai, chaque réplique fait mouche. Et puisque nous parlons de précision, saluons également le travail de Jonathan Aucomte, qui accomplit exactement la même prouesse de son côté, mais sur le plan graphique. Au diapason, les compères ! Comme souvent, on retrouve cette dynamique d’attraction-répulsion entre les protagonistes. Ici, Ambre, qui ne semble clairement pas appartenir à la même catégorie sociale que Lucas — ni en apparence, ni en popularité —, se retrouve pourtant étroitement liée à lui. Elle n’a probablement jamais rencontré quelqu’un capable de faire preuve d’autant d’attention et de gentillesse. Tout les oppose : leur milieu, leur physique, leur place dans la hiérarchie du lycée. Et pourtant, les circonstances les réunissent, dans une aventure où leur prétendue relation provoque quiproquos et malentendus, au point d’interroger le lecteur : cette romance pourrait-elle devenir un peu plus concrète ? On s’amuse sincèrement, on se prend au jeu… Que demander de plus à cette excellente série publiée chez Drakoo ?


Tome 1 à retrouver ici 

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LES GUERRES SECRÈTES II : LE BEYONDER EN GOGUETTE


Je vous rappelle en quelques mots le principe des Guerres Secrètes, version années 1980. Le Beyonder, un être tout-puissant venu du fin fond de l’univers, convoque sur une planète composite — créée pour l’occasion — une belle brochette de super-héros et de super-vilains. Une fois sur place, tout le monde tape sur tout le monde, et le vainqueur se voit promettre une récompense à la hauteur : la réalisation de tous ses vœux. Pif, paf, pan ! Prends ça, manant ! Voilà, c’est résumé. Fallait-il vraiment envisager une suite, deux ans plus tard, avec Secret Wars II ? Évidemment, la réponse est loin d'être évidente. Comme vous le savez, ce n’est pas moi qui décide — et de toute façon, à l’époque, j’étais bien trop jeune. On retrouve donc le Beyonder, cette fois en déplacement. Il débarque sans prévenir sur notre planète, animé par une étrange quête : comprendre ce que signifie "vivre", à la manière d’un humain énigmatique. Lui n’a aucune expérience, et ses efforts se tendent vers cet objectif. Boire, manger, frapper, rêver… pour lui, rien n’a de sens. Il va donc consulter quelques héros qu’il connaît déjà, histoire de leur demander comment combiner observation et expérimentation dans l’espoir d’atteindre cette sagesse qui lui échappe. Après avoir frayé avec un scénariste de série télé à Hollywood — à qui il offre, de manière totalement imprudente, des pouvoirs extraordinaires —, le Beyonder débarque chez Peter Parker. Mais de cet échange inédit, le seul enseignement qu’il en tire, c’est comment on évacue ses intestins aux toilettes. A-t-il au moins entendu parler du papier hygiénique ? Mystère insondable et gastro au menu. Le Beyonder poursuit son odyssée philosophique auprès de Reed Richards (pour une fois peu loquace), puis des Heroes for Hire, Iron Fist et Luke Cage. Ce dernier, fidèle à lui-même, l’accueille comme un bourrin et commence par lui coller quelques coups, mais tout s’arrange ensuite. Le duo s’en tire avec les honneurs… jusqu’au moment où l’étranger transforme leur immeuble à étages multiples en un bâtiment tout en or, qui s’écroule aussitôt sous son propre poids. La raison ? Ce bêta de Cage lui avait confié que la vie était régie par l’argent et la possession de biens matériels. Du coup, le Beyonder repart, méditant sur les taux d’intérêt et comment se remplir les poches de dollars. Il était venu chercher la connaissance, il repart reconverti en gourou façon Bolloré.




Le Beyonder possède, au fond de lui, cette candeur, cette innocence propre à celui qui ne sait rien, faute d’avoir rien expérimenté. Mais il veut tout savoir, tout vivre — et vivre, justement. Il s’acoquine donc tout naturellement avec la pègre locale, qui lui apprend les ficelles du métier. Doté de pouvoirs illimités, le Beyonder dame le pion au Caïd, investit la Maison Blanche, devient le maître incontesté de toute l’Amérique. Mais cela ne lui suffit pas : que vaut une telle existence si l’on prive les autres de leur libre arbitre ? Et surtout : où trouver un véritable sens à la vie ? Dans l’amour, peut-être ? Le Beyonder commence par une brève aventure avec une prostituée, qui lui apprend les bases du comportement intime. Puis il décide (véridique !) de tomber amoureux de Dazzler. Comme s’il l’avait choisie sur catalogue, il se met en tête qu’Alison doit devenir sa compagne, point final. Évidemment, cela ne plaît pas à tout le monde : les X-Men décident de lui régler son compte, et la jolie blondinette, objet de ses attentions, choisit de le plaquer à la première occasion. Le Beyonder souffre, déprime, et c’est sa rencontre avec la jeune Tabitha (membre des Nouveaux Mutants et de X-Force par la suite) qui lui permet de retrouver un peu d’élan, avant de nouveaux affrontements, tour à tour avec les X-Men, les super-vilains de l’univers Marvel, et à vrai dire un peu tout le monde. Le fait est qu’il nourrit l’ambition démesurée d’effacer la mort elle-même. Modestie, avant tout. Jim Shooter est capable du meilleur comme du pire. Son récit n’est pas dépourvu de bonnes intentions, bien au contraire, et ce qu’il dit ou esquisse sur la création — notamment dans le final — se révèle plutôt juste et même poétique. Mais les nombreux tie-in s’avèrent souvent redondants, parfois improvisés, et Secret Wars II déborde dans trop de séries, jusqu’à ressembler à un gigantesque pudding indigeste. Si l’on se contente de suivre la série principale en neuf volets, comme ici, l’ensemble demeure beaucoup plus cohérent et pertinent. Sauf qu’Al Milgrom, au dessin, livre une prestation disgracieuse : une multitude de petites cases surchargées de didascalies et de dialogues rendent la lecture fastidieuse — surtout pour celles et ceux qui n’ont pas vu d’ophtalmo depuis trop longtemps. Secret Wars II n’est donc pas une lecture indispensable, mais elle peut encore surprendre, avec le recul, par la justesse et l’inspiration de certaines pages, où un être tout-puissant et omniscient se trouve tourmenté par la simple condition de mortel — une énigme qu’il n’appréhende jamais vraiment, mais qu’il ne cesse de questionner, entre pathétique et poésie. Panini nous fait la divine surprise de ressortir la chose dans un bel album à 32 euros, avec même un coffret et les premières Guerres Secrètes du nom. Chouette, alors ? 




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SUPERMAN DARK PROPHECY TOME 1 : SUPERWOMAN


 Quand on évoque Superman auprès de lecteurs encore vierges — ceux qui n’ont jamais vraiment mis le nez dans un comic book — on se heurte souvent à une image simplifiée, presque caricaturale du héros : celle d’un extraterrestre solitaire, dernier survivant de Krypton, parfois épaulé par sa cousine Supergirl, et affublé d’une version adolescente de lui-même, Superboy. Mais les lecteurs aguerris savent qu’il n’en est rien. Superman, ce n’est pas seulement un personnage : c’est une véritable franchise, une constellation de figures ayant hérité, peu ou prou, des pouvoirs de l’Homme d’Acier. La dernière en date à rejoindre ce panthéon inattendu n’est autre que Lois Lane. Oui, la Lois Lane, l’indomptable journaliste du Daily Planet, épouse de Clark Kent à la ville, vient elle aussi d’acquérir des facultés résolument spectaculaires. Au terme du grand crossover Absolute Power — dont on taira ici les détails pour le moins rocambolesques —, la voici capable de voler, dotée d’une force surhumaine et quasiment invulnérable. En somme, elle n’a plus grand-chose à envier à son célèbre mari. Mais ces dons extraordinaires n'effacent pas les soucis ordinaires : comme Clark, Lois doit désormais jongler avec sa double identité. Sauver le monde, oui, mais sans oublier de trouver un coin discret pour se changer. Et surtout, éviter que la presse — son propre domaine de compétence — ne découvre ce secret encombrant. Ce paradoxe ironique constitue le cœur du numéro spécial qui ouvre l’album, avant que l’on ne bascule dans la série régulière Superman, avec le numéro 19. Et là, changement de ton : fini les dilemmes domestiques, place à la baston sans retenir les coups. Car c’est ni plus ni moins que Doomsday qui fait son grand retour. Oui, ce Doomsday. Cette masse destructrice qui, jadis, tua Superman, revient semer le chaos à Métropolis. Et comme si cela ne suffisait pas, le récit nous propulse également à la fin des temps, où Superman doit s'entretenir avec un certain Piégeur Temporel.



Il ne s’agit donc pas, à proprement parler, d’un relaunch ou d’une nouvelle série, mais bien de la continuation du titre Superman. Certes, on atteint ici un excellent point d’entrée pour de nouveaux lecteurs, d’où l’idée, chez Urban Comics, de lancer une série d’albums intitulée Dark ProphecyLe scénario est confié à Joshua Williamson, qui introduit toute une série de nouveautés. À commencer par la relation naissante entre Jimmy Olsen et Silver Banshee, ou encore un nouveau Lex Luthor, désormais amnésique, qui semble sincèrement animé par une volonté de rédemption — et visiblement troublé à l’idée du mal qu’il a pu infliger par le passé. Les actions de Superman et des autres personnages à super-pouvoirs qui gravitent autour de lui sont désormais coordonnées par une sorte de cellule de supervision high-tech, conçue pour maximiser leur efficacité : être au bon endroit, au bon moment. Et il faut bien ça, car, comme nous vous l’avons déjà dit, le retour de Doomsday s’annonce particulièrement problématique. Ce dernier, fidèle à sa nature, revient après chaque défaite sous une nouvelle forme, enrichie des erreurs précédentes. Pire encore : une ancienne civilisation, autrefois victime de sa violence, débarque sur Terre pour le capturer — ou plutôt pour l’exploiter. Et la requête n’a rien d’amical : il s’agit clairement d’un ultimatum. Heureusement, Superman et Lois, qui forment plus que jamais un couple uni et redoutablement efficace, vont devoir affronter ensemble cette menace. Sous des costumes assez proches, les deux héros incarnent une nouvelle forme de synergie super-héroïque. Côté dessins, on est gâté : seuls des artistes de tout premier plan sont mobilisés, avec notamment l’excellente Laura Braga, et l’omniprésent — mais toujours convaincant — Dan Mora. Deux styles complémentaires qui confirment que, sur le plan graphique, DC Comics conserve peut-être une légère avance sur ses concurrents. Bref, un album à la fois très agréable et facilement accessible, même pour les lecteurs novices.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : SEUL (L'AFFAIRE ROMAND)


Dans le 202e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Seul, l’affaire Romand que l’on doit au scénario d’Olivier Petit et au dessin de Valette, un ouvrage publié chez Petit à petit dans la collection Docu BD.

Le podcast revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie du premier tome de la série Mi-mouche intitulé Tu veux te battre ? Que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin de Carole Maurel et c’est publié aux éditions Dupuis


- La sortie de l’album Les héros du peuple sont immortels que l’on doit à Stéphane Oiry et aux éditions Dargaud


- La sortie de l’album Les poissons, eux, ne pleurent pas que l’on doit au scénario de Laurent Galandon, au dessin de Jean-Denis Pendanx et le tout est publié aux éditions Daniel Maghen


- La sortie de l’album Whisky que l’on doit au scénario de Bruno Duhamel, au dessin de David Ratte et c’est publié aux éditions Grand angle


- La sortie de l’album Blanche que l’on doit à Maëlle Reat, un album publié chez Glénat


- La réédition de Zaï zaï zaï zaï à l’occasion des 10 ans du titre que l’on doit à Fabcaro et qui est publié aux éditions 6 pieds sous terre






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MOTORHEAD BACK FROM THE DEAD - LE METAL CHEZ PETIT À PETIT


 On vous en a déjà souvent parlé ici : on adore les docu-BD publiés par les éditions Petit à Petit. Il s’agit de bandes dessinées hybrides, à mi-chemin entre le reportage et la biographie illustrée, qui retracent la carrière d’un artiste, racontent un fait de société ou dressent le portrait d’une ville, en alternant des chapitres dessinés et des pages rédactionnelles pour mieux contextualiser et apporter des informations précises. Cette fois, c’est le rock metal qui est à l’honneur avec un volume consacré à Motörhead, monument incontournable de la musique à guitare rugissante, référence absolue pour tous les amateurs du Hellfest. Bien sûr, si le groupe a atteint une telle renommée, c’est avant tout grâce à la personnalité hors norme de Lemmy, son chanteur et frontman. Une figure légendaire, à la vie picaresque, dont la trajectoire démente est ici brillamment retranscrite. Même sans être un fan invétéré de Motörhead, on se laisse happer par ce destin hors du commun, celui d’un type capable d’enfiler 60 cigarettes par jour, 3 litres de vodka, et toute une panoplie de substances plus ou moins licites — à l’exception notable de l’héroïne — pour alimenter sa machine intérieure. Un album qui rend hommage avec justesse et énergie à l’icône Lemmy, sans en gommer les excès, et qui s’inscrit dans la droite ligne des réussites de cette collection décidément essentielle. Avec leur look de bikers et leur philosophie "no bullshit", Motörhead a imposé une esthétique et une éthique qui ont influencé des centaines de groupes, bien au-delà du metal. Non sans une dualité étonnante entre les excès apparents sur scène, une image de sauvages incontrôlables, et une forme de savoir vivre gentleman au civil, loin des feux de la rampe. Un Lemmy maître à bord d'une formation qui change régulièrement de roster et qui implique pleinement ses roadies dans l'aventure, et qui fédère les fans au fil des ans, jusqu'à inclure les futures vedettes internationales de Metallica. Tout, vous saurez tout sur Motörhead.



Pour structurer au mieux cet album, c’est Fabrice Rinaudo qui s’est chargé du scénario, tandis que Samuel Degasne s’est occupé de toute la partie documentaire. L’album se divise en dix-sept chapitres, plus une introduction et une sorte d’épilogue touchant, dans lequel on retrouve Lemmy, accueilli par quelques-uns de ses collègues rockstars dans une sorte de bar céleste, au paradis des musiciens. Auparavant, on a droit à l’essentiel : la vie de Lemmy, bien sûr, sa rencontre avec Lars Ulrich et la manière dont Motörhead a influencé Metallica ; les nombreuses arrivées et départs dans un groupe en perpétuel mouvement, au gré des coups de gueule ou des recrutements de dernière minute ; les répétitions acharnées, les passages télévisés les plus divertissants — comme ce fameux moment sur TF1 où le groupe se retrouve face à Yves Mourousi et Marie-Laure Augry, alors duo vedette de l’info chez nous. C’est un parcours musical, mais surtout un parcours humain qui est ici mis en valeur, avec pour chaque chapitre un style graphique différent, porté par des dessinateurs qui, le plus souvent avec talent, cherchent à se fondre dans l’ambiance ou à coller au propos, pour offrir des planches aussi percutantes que possible. Parmi les contributions les plus originales, audacieuses ou tout simplement les plus réussies, citons Lionel Chouin, chargé de l’anniversaire de Lemmy, lorsque collègues et amis lui rendent hommage ; Arnaud Michel, capable de synthèse, de caricature, de produire des pages aussi crades que belles ; et bien entendu Christian Rosado, parfait pour les ambiances glauques façon polar. Sans oublier l’Italienne Letizia Cadonici, que l’on avait déjà repérée chez Petit à Petit et découverte chez Shockdom. En somme, cet album ne s’adresse pas seulement aux fans absolus de Motörhead — encore que, bien évidemment, ces derniers risquent d’y trouver un livre de chevet à lire et relire — mais aussi, et surtout, à celles et ceux qui ne connaissent pas vraiment cette légende du metal, et qui vont ici en découvrir presque toutes les facettes. Une bio réussie, c’est une bio qui raconte, contextualise, fait ressentir et suscite l’empathie. Sur tous ces points, c’est un carton plein.



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JUSTICE LEAGUE UNLIMITED TOME 1 L'ASCENSION D'INFERNO


 Lorsque vous êtes le groupe de super-héros le plus influent et le plus puissant de la planète, et que vous souhaitez encore gagner en efficacité, la meilleure solution consiste à voir plus grand. C’est exactement ce que fait la nouvelle Justice League, née sous l’impulsion du scénariste Mark Waid : recruter à grande échelle. Dans une nouvelle Tour de Garde en orbite autour de la Terre, les plus grands justiciers de l’univers DC s’activent tous azimuts. Tout le monde croise tout le monde, chacun reçoit sa petite carte de membre, et c’est une intelligence artificielle – Red Tornado, en attendant qu’on reconstruise son corps synthétique détruit – qui affecte les troupes aux différentes missions. Le premier tome de Justice League Unlimited, qui s’inscrit dans la nouvelle grande initiative Dawn of DC publiée en France sous le label DC Prime par Urban Comics, s’ouvre sur un épisode spécial. Celui-ci avait initialement été publié gratuitement aux États-Unis à l’occasion du Free Comic Book Day. On y découvre un Darkseid fusionné au Spectre (rien que ça), ainsi que l’apparition d’une nouvelle Terre, baptisée Alpha, qui vibre à une fréquence irrégulière (vous avez déjà plongé dans l'univers Absolute, hein ?). Cette singularité la fait coexister de manière aléatoire avec notre propre plan d’existence, échappant à toute logique et à toute compréhension – même pour les super-héros. Un enquêteur est donc envoyé sur place. Mais comme seul un individu capable de voyager dans le temps et possédant des caractéristiques bien précises peut accomplir cette mission, c’est Booster Gold qui est désigné. Et surprise : ce dernier affiche une attitude de plus en plus respectable, semblant peu à peu se détacher de la personnalité vantarde et cupide qui l’a longtemps défini. Évidemment, les choses ne vont pas se passer comme prévu, et l’on enchaîne rapidement avec le véritable début de la série et un premier arc narratif intitulé L’Ascension d’Inferno.



Mark Waid orchestre le retour en grâce de la Justice League en élargissant le récit avec des personnages moins connus comme Air Wave, Star Sapphire, Black Lightning ou encore Dr. Occult. Le premier numéro installe une double dynamique : une mission de sauvetage de mineurs menée par Superman et Wonder Woman d’un côté, une enquête plus inquiétante — voire horrifique — de Batman et Blue Beetle sur des enlèvements d’enfants de l’autre. Au centre, Air Wave, néophyte dépassé, sert de point d’entrée émotionnel et narratif et se pose un vrai questionnement existentiel sur sa place dans l’équipe. Surtout que bon, il semble avoir de lourds secrets… L’introduction de la mystérieuse organisation Inferno ajoute une touche de mystère et de gigantisme, tandis que Dan Mora, avec son trait net, moderne et dynamique livre des planches d’une lisibilité exemplaire. Le second numéro bascule dans l’action pure, en mode "invasion de Paradémons en pleine jungle costaricaine". Là encore, l’équilibre entre personnages principaux et seconds couteaux est maîtrisé. Tandis que Wonder Woman et Mary Marvel déracinent littéralement un nid alien pour l’envoyer dans l’espace, Martian Manhunter et Dr. Occult découvrent un Paradémon intelligent, vestige oublié d’un plan de Darkseid, dont le désespoir tragique donne un relief inattendu à la menace. Ce twist permet aussi de révéler que le Martien n’est pas sorti indemne de l’événement Absolute Power, malgré son habituelle impassibilité. Waid parvient à faire exister ses personnages, à exploiter leurs dynamiques d’équipe et à faire affleurer des blessures plus profondes. Il les pousse aussi dans leur retranchements, comme lorsqu'il faut également s'occuper de la forêt amazonienne en flammes, là-aussi un plan diabolique de "Inferno" qui semble toujours garder un coup d'avance sur les héros. Globalement, Justice League Unlimited se présente donc comme une série ambitieuse et généreuse, portée par un duo créatif au sommet de sa forme. Le casting élargi et les enjeux multiples rappellent les grandes heures de la JLA, tout en ouvrant de nouvelles perspectives. Reste à espérer que les promesses esquissées au fil des pages tiendront dans la durée, et surtout à voir comment l'univers Absolute va trouver sa place dans toute cette architecture, car au final, on le sent, c'est aussi de cela dont il s'agira tôt ou tard. 



(sortie la semaine prochaine)


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VENOM WAR : MORTELLE PROTECTION ET DEUX MINI SERIES BONUS


 Depuis que le composé K-44 s’est échappé des laboratoires Alchemax — à cause de Meridius (vous ne comprenez rien ? C’est sûrement parce que vous ne lisez pas Venom War, évidemment) —, une horde de symbiotes zombies déferle sur New York. Leur passe-temps favori ? Mordre, et par là même contaminer toutes leurs victimes. Déjà qu’en temps normal, croiser la route d’un mort-vivant n’a rien d’une sinécure, imaginez un peu si l’on y ajoute des symbiotes… Bref, c’est le chaos le plus total. L’album intitulé Mortelle Protection nous propose de découvrir deux mini-séries, chacune en trois épisodes, que Panini n’avait pas pu inclure dans les trois softcovers consacrés à l’événement. Dans la première mini-série, Zombiotes, c’est le Shocker — un des ennemis traditionnels de Spider-Man — qui joue les narrateurs. Comme d’habitude, il a une sale idée en tête, même si, cette fois, ses motivations sont plutôt compréhensibles… et touchantes. Il espère ranimer un de ses anciens partenaires. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu, car entre-temps, les symbiotes zombies ont décidé de tout dévorer sur leur passage. Les super-héroïnes comme Miss Hulk ou Hellcat ont fort à faire, et risquent bien, elles aussi, de succomber. Même se réfugier dans le Bar Sans Nom pour souffler un peu ne semble pas être une si bonne idée… Cavan Scott fait du sur commande, c'est évident, et malgré tout il ne s'en sort pas trop mal. La focale est mise sur quelques individus en particuliers, des criminels déglingos et des héroïnes en sérieuse difficulté, et on a souvent l'occasion de sourire, avec même un gentil toutou zombifié en cours d'aventure. Quant aux dessins de Juan José Ryp, ils sont, comme toujours, foisonnants de détails et impeccablement exécutés. Vous allez tout voir et ne rien perdre, jusqu'au moindre boyau coincé entre les dents. 



La seconde mini-série (Lethal Protectors) a pour personnage principal Silver Sable. Vous la connaissez peut-être comme mercenaire au service de l’État fictif de Symkarie. C’est une femme moderne, qui n’a pas peur de se salir les mains quand il le faut… mais dont le plus gros défaut est de ne pas être particulièrement loyale. Pour elle, la défense de sa nation passe avant tout par l’exécution des contrats qu’on lui confie. Ici, elle réunit une petite brochette d’hommes de main, parmi lesquels un personnage qu’on retrouve avec grand plaisir : le célèbre Puma, longtemps relégué au rang de personnage secondaire récurrent dans les pages de Spider-Man. La mission de ce groupe est aussi simple que décisive : empêcher que la contamination symbiote-zombie ne se répande à travers le monde. Pour cela, il leur faut sécuriser les eaux de l'océan, quitte à employer la manière forte — et à exploiter les capacités d’une femme aux pouvoirs soniques (vous le savez : c’est l’un des talons d’Achille des symbiotes). Il s’agit de Shriek, oh quelle surprise... Le scénario est signé Sabir Pirzada et le dessin Luca Maresca, un artiste italien dont nous suivons avec beaucoup de plaisir la progression continue chez Marvel… et que nous aurons d’ailleurs la joie d’accueillir à Nice le samedi 21 juin, chez les Fictionautes, pour une séance de dédicace. Très franchement, ne ratez pas ça. Bref : trois épisodes supplémentaires qui, certes, ne révolutionneront sans doute pas l’histoire des comics Marvel, mais qui ajoutent un souffle nouveau, une énergie brute et une complexité bienvenue à l’imposante architecture de Venom WarSi vous êtes allergique à la prolifération des symbiotes… laissez tomber. Mais si vous êtes sensible à cet univers, vous devez absolument ajouter ce titre à votre collection.



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BRZRKR BLOODLINES TOME 2 : UNUTE IMMORTEL ET LIBRE


 Unute est la marée, le cycle de la lune, une force cosmique soumise à des lois qui nous échappent. Comme le texte s’efforce de nous l’expliquer, le personnage du Berserker incarne une puissance inarrêtable, soumise à des cycles immuables. Il est immortel, ce qui lui permet de traverser les âges sans faiblir, mais il est aussi mû par une violence aveugle et féroce, qui doit périodiquement trouver un exutoire. Rien ne peut empêcher cette force de se déchaîner : il ne s’agit pas de la contenir, seulement de tenter de survivre à son passage. Dans ce second tome de Bloodlines — une série de récits annexes qui reviennent sur les étapes marquantes du parcours d’Unute — on remonte jusqu’au XIIIe siècle. Le Berserker se retrouve cette fois engagé aux côtés du légendaire Gengis Khan, pour participer à l’assaut de la grande cité de Pékin et ouvrir les voies du commerce en Asie. Évidemment, lorsqu’on a une telle machine de guerre à ses côtés, il devient bien plus aisé d’écraser les résistances, de remporter les batailles… et donc de gagner la guerre. On reste bien dans le ton de la série principale : une succession de scènes de violence extrême, de confrontations brutes, de moments d’abandon. Au centre de tout cela : Unute, toujours perdu, toujours sans repères, incapable de dire qui il est ni où il va. Son seul répit, il le trouve dans les plaisirs de la chair, l’alcool ou l’opium. Mais ce n’est jamais qu’un sursis : on ne met pas en laisse une créature quasi divine, et ceux qui tentent de l’utiliser pour servir leurs propres intérêts le paient systématiquement très cher. Keanu Reeves reprend ici les rênes de son personnage avec le scénariste Matt Kindt. Le dessin de Ron Garney, toujours aussi volontairement sale, nerveux et sauvage, colle parfaitement à cette ambiance de chaos (à peine) maîtrisé. Il est, comme souvent, l’homme qu’il fallait, au bon endroit, au bon moment, pour illustrer le premier des deux longs récits réunis dans ce volume, disponible chez Delcourt.




Et puis, un beau jour, Unute traversa l’Atlantique — à moins qu’il ne soit passé par le Pacifique — et rejoignit les États-Unis. C’est ainsi qu’au XIXe siècle, on le retrouve errant dans les grandes étendues du Kansas et du Missouri, là où les colts dégainent vite et crachent la poudre, que ce soit pour rendre la justice ou simplement exercer la vengeance. Le récit débute avec les tirs d’un gamin, victime d’un père violent, dont il sera débarrassé de manière expéditive. Il s’achève dans un véritable bain de sang, avec, comme d’habitude, un héros que les autres essaient d’utiliser pour faire le sale boulot — là où eux-mêmes ne pourraient s’y résoudre. Certes, on peut ici comprendre un peu mieux les motivations de la demoiselle en détresse qui sollicite ses services : son fiancé a été abattu sous ses yeux, le jour même de leur mariage, parce que son père, possesseurs d’esclaves, ne pouvait accepter que sa fille épouse un abolitionniste. Unute exerce donc son "métier" : démembrer, écarteler, laisser libre cours à une violence aveugle — mais ici canalisée au service d’une cause un peu plus noble. Jason Aaron est dans son élément : il adapte son style et ses obsessions à l’univers de BRZRKR, bien épaulé par un Salvador Larroca dont le trait sent la poudre et le soleil qui cogne sur les éperons. Un épisode touchant, bouleversant et sanglant. Que pourrait-on demander de plus ?


Tome 1 chroniqué ici

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LE GANT DE L'INFINI : L'OMNIBUS DE "INFINITY GAUNTLET" AVEC THANOS


 Remontons le temps jusqu’aux années 1990, à une époque où Thanos, le grand vilain cosmique de l’univers Marvel, nourrissait une passion aussi ténébreuse que dévorante : son amour pour la Mort, entité abstraite personnifiée en femme silencieuse et glaciale. Dans un élan aussi fou qu’abject, il envisagea de lui offrir un présent à la hauteur de ses sentiments – un génocide universel. Rien de moins que la moitié de la population de l’univers, sacrifiée comme preuve de sa flamme. Pour mener à bien ce projet apocalyptique, le Titan fou entreprit une quête désespérée : réunir les six Gemmes de l’Infini (ou Joyaux de l’Infini, selon les traductions), chacune conférant à son détenteur le contrôle absolu sur un aspect fondamental de l’existence — le temps, l’espace, l’âme, l’esprit, la réalité et le pouvoir. Combinées dans le Gant de l’Infini, ces gemmes font de celui qui les possède un dieu omnipotent. Thanos, stratège méticuleux, n’hésite pas à affronter et à terrasser les détenteurs successifs des gemmes. Le Collectionneur, le Jardinier, le Coureur ou encore le Champion sont balayés un à un dans des affrontements mémorables. Le Silver Surfer, en première ligne, pressent la menace et se précipite sur Terre pour alerter les héros. Mais il est déjà trop tard. Thanos est devenu une entité divine, et le cosmos tout entier s’apprête à sombrer dans le chaos. Ce qui rend Thanos si fascinant, c’est cette combinaison de puissance brute et de froide intelligence. Il est retors, manipulateur, philosophe du néant. Lorsqu’il médite, c’est l’équilibre cosmique lui-même qui vacille. Sa quête ne se résume pas à l’accumulation de pouvoir : elle est une déclaration d’amour malade, une tentative d’être jugé digne par la Mort elle-même — laquelle, ironie suprême, demeure muette et indifférente. Thanos, humilié, sombre alors dans une folie meurtrière. Il n’est plus seulement un conquérant, mais un amant éconduit qui frappe l’univers pour exorciser son rejet. Ce parcours tragique trouve son point culminant dans The Infinity Gauntlet, l’une des plus grandes sagas de l’histoire Marvel, écrite par un Jim Starlin en état de grâce (le Défi de Thanos, selon la traduction des anciens RCM de Semic). Starlin orchestre ici une véritable épopée métaphysique, où les dieux tombent et les héros échouent. Les scènes s’enchaînent comme autant de vignettes d’apocalypse : des justiciers broyés à mains nues, étouffés dans le vide spatial, ou réduits à l’état de cendres. Chaque affrontement est une leçon d’humilité, jusqu’à cet instant inoubliable où Captain America, seul face à Thanos, brandit son bouclier et frappe, comme l’ultime rempart contre le néant. Une image gravée à jamais dans la mémoire des lecteurs.


Mais au-delà de la démesure cosmique, The Infinity Gauntlet est aussi une histoire de sacrifice et de rédemption. Car face à un Thanos devenu dieu, un seul être ose se dresser : Adam Warlock, figure messianique chère à Starlin, revenu du Monde de l’Âme pour restaurer l’équilibre. Son retour signe le renversement du pouvoir absolu, non par la force, mais par la sagesse, la foi, et une compréhension intime de son ennemi. Bref, cet omnibus regorge de scènes puissantes, chargées d’une émotion rare dans les comics de l’époque. Qui peut oublier le Surfer s’écrasant, épuisé, dans le sanctuaire du Doctor Strange, ou cette planche saisissante où Thor survole un Pacifique vidé de sa géographie : le Japon a disparu. Autant de visions d’un monde en déliquescence, écrasé par le caprice d’un dieu frustré. Et pourtant, à travers le tumulte, The Infinity Gauntlet conserve une forme de solennité tragique. Tout cela, rappelons-le, pour les beaux yeux de la Mort. Autour de Thanos, les traîtrises se multiplient. Ses alliés, loin d’être fidèles, guettent le moment où ils pourront s’emparer de son trône. Mephisto, démon lubrique et manipulateur, cherche à tirer profit du chaos. Nebula, que Thanos prétend avoir "sauvée", incarne une revanche familiale cinglante et malsaine. Le Gant suscite les convoitises, et sa toute-puissance ne garantit rien d’autre que l’isolement. Graphiquement, la série est portée par George Pérez, maître du détail et de la lisibilité dans l’excès, puis par Ron Lim, qui livre ici son chef-d’œuvre absolu. À eux deux, ils construisent un monument visuel à la gloire de l’univers Marvel, avec une fluidité narrative exemplaire, malgré le gigantisme du récit. Cette saga n’a rien à envier aux grandes tragédies antiques : elle parle de puissance, de solitude, de désir inassouvi et de chute inévitable. C’est d’ailleurs cette fresque cosmique, profondément humaine sous ses oripeaux divins, qui a inspiré la saga cinématographique du Marvel Cinematic Universe. L’ombre réadaptée de Infinity Gauntlet plane sur Avengers: Infinity War et Endgame, même si le propos y est simplifié, les motivations de Thanos édulcorées. L’essence demeure : la quête des gemmes, l’obsession du Titan, la lutte collective contre un destin implacable. Infinity Gauntlet demeure l’une des pierres angulaires des comics super-héroïques. Une œuvre dense, philosophique, explosive, et d’une ambition rarement égalée. À lire, à relire, à méditer. Dans cette version 2025 chez Panini (nous vous proposons la variant cover spéciale de l'éditeur), qui sera suivie des autres volets de la trilogie (War et Crusade), vous trouverez une multitude de séries annexes, principalement tous les numéros du mensuel Silver Surfer qui anticipe la catastrophe, mais aussi des épisodes de Hulk, Sleepwalker, Quasar... Dans le tumulte cosmique, certaines vérités – sur le pouvoir, l’amour, la perte – résonnent étrangement fort et sont toujours d'actualité. Plus que jamais. 


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WHAT IF ..? GALACTUS - NE ME DEMANDEZ PAS POURQUOI...

 Impossible d’échapper à Galactus pendant ces vacances estivales de 2025. Il faut dire qu’un film longtemps attendu consacré aux Quatre Fant...