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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : MOI, CLÉOPÂTRE, DERNIÈRE REINE D’ÉGYPTE


 Dans le 194e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte que l’on doit à Isabelle Dethan, un ouvrage publié chez Dargaud. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album White only que l’on doit au scénario de Julien Frey, au dessin de Sylvain Dorange et c’est publié chez Glénat dans la collection vents d’ouest


- La sortie de l’album Ben Barka, la disparition que l’on doit au scénario de David Servenay, au dessin de Jake Raynal et c’est publié aux éditions Futuropolis


- La sortie de l’album Le baiser du shinx que l’on doit à Bastien Vivès et qui est édité chez casterman


- La sortie de l’album La crevette que l’on doit au scénario de Zidrou, au dessin de Paul Salomone et le titre est édité chez Le Lombard


- La sortie du premier tome sur trois de Shin zéro, album que l’on doit au duo Mathieu Bablet au scénario, Guillaume Singelin au dessin et c’est disponible chez Rue de Sèvres au sein du label 619


- La réédition de l’album Ripple, Une prédilection pour Tina, un titre que l’on doit à Dave Cooper et aux éditions Huber



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INLANDSIS INLANDSIS TOME 1 : LA GLACE


 L’inlandsis est une immense étendue de glace recouvrant tout un continent, comme c’est le cas en Antarctique. Ce spectacle saisissant revêt une importance cruciale pour la science, car cette glace nous offre des informations précieuses sur le climat à travers les âges. Elle nous permet, par exemple, de mieux comprendre la santé de notre planète, les variations de température ou encore le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Autant de raisons justifiant l’organisation d’expéditions scientifiques ambitieuses pour approfondir notre connaissance de l’environnement (le projet Ice Memory). Cependant, dans la bande dessinée magistrale de Benjamin Adam, publiée chez Dargaud sous le nouveau label Charivari, les choses prennent une tournure bien différente. Nous sommes projetés en 2046, dans une France devenue un pays d’une violence extrême. Le pouvoir est aux mains d’un parti autoritaire et xénophobe, réactionnaire et d'obédience chrétienne, qui réprime toute forme de manifestation grâce à une police omniprésente. Dans ce contexte dystopique, la bande dessinée elle-même n’est plus vraiment un loisir prisé. Plusieurs crises successives ont éloigné le public de cet art que nous adorons tant. Pourtant, deux auteurs de BD se voient confier une mission singulière : ils sont envoyés en Antarctique pour documenter la fonte inexorable de l’inlandsis et en tirer un récit personnel. Cette mission est orchestrée par Marie, une jeune femme pleine de ressources, mais confrontée à une épreuve intime : victime d'un accident, elle souffre d’une perte de mémoire à court terme. Incapable de se souvenir des actions qu’elle vient de réaliser, elle doit consigner chaque détail dans des carnets. Ce trouble, profondément invalidant, finit par affecter sa vie de famille, qu’elle s’efforce malgré tout de préserver. Vous l’aurez compris, ce récit est foisonnant, éclaté, et emprunte des directions multiples. Pourtant, il constitue un véritable tour de force, une œuvre à la fois poignante et profondément maîtrisée.



La grande question que l’on peut se poser en lisant cette œuvre splendide signée Benjamin Adam est la suivante : à quoi bon ? À quoi bon lutter contre l’inéluctable, quand tout semble déjà en marche, quand les événements sont enclenchés et qu’il n’est plus possible de revenir en arrière ? À quoi bon avancer, quand tout ce qui survient finit inévitablement par tomber dans l’oubli, qu’il s’agisse des grandes tragédies de l’humanité ou des petits riens du quotidien ? Comme cela est tragiquement illustré dans l’histoire de Marie, même écrire et fixer les choses sur le papier semble futile. Une simple page arrachée d’un carnet peut suffire à effacer ce qui y était consigné, avec des répercussions lourdes pour des inconnus situés à des milliers de kilomètres. Par ailleurs, malgré tout ce que nous savons sur l’état du monde, malgré les dossiers, les recherches et les alertes, les complotistes de tout poil et les négationnistes les plus acharnés finissent par triompher. Leur bêtise insondable en vient à gouverner le monde. C’est précisément ce qui se passe dans ce 2046 imaginé par Benjamin Adam, un futur qui ressemble étrangement à notre présent. Et c’est bien cela qui glace le sang. Certaines références rencontrées dans le récit, telles qu’une école baptisée « Bolloré » ou une rue dédiée au ministre Retailleau, laissent penser que cet avenir sera sombre parce que trop proche de notre présent. Cependant, au milieu de ce chaos, l’humanité résiste. Placée face à l’absurdité des choses, elle puise dans les gestes les plus simples une raison d’avancer et d’affronter le jour suivant. Cette résilience, magnifiée par une narration d’une grande maîtrise, offre au lecteur plusieurs pistes à explorer : les (més)aventures de Marie, celles des artistes envoyés en Antarctique pour concevoir une bande dessinée, ou encore des références historiques évoquant des moments clés de la conquête des pôles. Le dessin, d’une simplicité et d’une expressivité saisissantes, parfois caricatural, sert admirablement le projet et l’ambiance du récit. Même lorsqu’il s’agit de représenter des gaufriers à huit cases, à la fois didactiques et dépouillés, le résultat est d’une efficacité indéniable. En fin de compte, Inlandsis Inlandsis déroute et charme à la fois. Cette bande dessinée ne ressemble à rien de connu, et c’est précisément ce qui en fait un chef-d’œuvre. Ce premier tome, sorti de nulle part, est une révélation absolue : on ne peut qu’espérer une suite dans les plus brefs délais, avant que la fonde des glaces et la montée des eaux ne ruinent notre attente. 



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FOUDROYANTS TOME 1 : BIENVENUE AU LABEL CHARIVARI CHEZ DARGAUD


 Tout comme nous l’avions fait l’année dernière avec l’apparition du label Combo, nous allons aujourd’hui vous présenter les premières publications d’un tout nouveau label de chez Dargaud : Charivari. Contrairement aux formats standardisés, celui des albums de ce label varie d’une parution à l’autre. Nous débutons avec un ouvrage à couverture cartonnée, au format classique franco-belge, composé de 56 pages. Dès l’illustration de couverture, il est clair qu’il s’agit d’un livre destiné à un jeune public. Ce sentiment est renforcé par les petits personnages dotés de pouvoirs étonnants. Le titre, Foudroyants, donne d’ailleurs un indice sur l’ampleur et la nature de leurs aventures. Le personnage principal, Icare, est un jeune adolescent vivant sur l’île légendaire d’Atlantide (enfin, une représentation inédite) avec sa grand-mère. Cet endroit isolé a la particularité d’empêcher ses habitants de s’éloigner. Le récit commence par un rêve d’Icare et se parsème rapidement d’allusions à la mythologie grecque, qui pourraient cependant s’avérer être des fausses pistes. Icare est à cet âge délicat où les émotions sont difficiles à maîtriser. Chaque fois qu’il croise la jolie Kalio, il perd complètement ses moyens. Mais Icare est également malingre et anonyme, ce qui le rend la cible des brimades d’Alec, une brute épaisse et jalouse qui prétend que Kalio est sa petite amie. Les choses prennent un tournant inattendu lorsqu’Icare, victime d’une mauvaise plaisanterie, se retrouve enfermé dans une ancienne statue/construction mécanique abandonnée et envahie par la végétation. Pris de panique à l’idée de ne pas pouvoir s’échapper, il déclenche accidentellement une réaction étonnante : quelques étincelles jaillissent, et le pied de la structure s’anime, frappant lourdement le sinistre Alec. Cet événement marque le début d’une série de révélations, qui plongent le lecteur, aux côtés d’Icare, dans les mystères d’un monde en apparence paisible, mais qui regorge de secrets enfouis.



Mathieu Burniat fait preuve d’un talent d’écriture remarquable. Tous les personnages sont parfaitement caractérisés, attachants, et jouent un rôle précis dans le récit. Les dialogues, empreints d’humour, apportent une authenticité qui renforce l’immersion. Le dessin, signé par le duo Kerascoët (Marie Pommepuy et Sébastien Cosset), est tout aussi captivant. Leur style caricatural met en avant les émotions et les réactions des personnages avec dynamisme, tout en s’éloignant des standards classiques de beauté. Cela se remarque autant dans les traits du méchant (Alec) que dans ceux de la grand-mère d’Icare (ou même de la chèvre Tendresse, hilarante bestiole), par exemple. Au-delà de l’histoire, le récit aborde des thèmes contemporains comme le gaspillage des ressources énergétiques. Les habitants de l’Atlantide vivent sur une île autrefois prospère et technologiquement avancée, mais aujourd’hui régressée, au point d’être devenue une prison dorée pour ses résidents. Certains d’entre eux possèdent des pouvoirs uniques, susceptibles de changer les choses (ici entre en jeu la maitrise d'une énergie appelée elektricité, avec un K), mais ils doivent également faire face à l’armée de Neptune, une mystérieuse troupe d’individus masqués et  armés, qui traquent ceux qui sont différents. Entre action, mystère et réflexions sous-jacentes, Foudroyants parvient, en seulement quelques dizaines de pages, à construire un univers crédible et à captiver son lecteur. Un récit jeunesse habilement ficelé, qui séduira sans effort les adultes curieux. Dire que ce titre nous a "foudroyés" serait peut-être un jeu de mots facile, mais cela reflète parfaitement la réalité.

Foudroyants (Tome 1, l'armée de Neptune) sortira le 17 janvier.


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SA MAJESTÉ DES MOUCHES : L'ADAPTATION DE AIMÉE DE JONGH CHEZ DARGAUD


Soixante-dix ans après la publication du roman culte Sa Majesté des Mouches de William Golding, cette œuvre intemporelle a été brillamment adaptée en bande dessinée chez Dargaud. Le résultat, il faut le dire, est convaincant. Le récit propose une réflexion sur des thèmes universels tels que la société libertaire, la cruauté humaine et la nature véritable de l’homme lorsqu’il est livré à ses instincts primaires. L’histoire, située dans les années 1950, débute après un accident d’avion. L’appareil s’écrase sur une île déserte au cœur du Pacifique, et seuls des enfants en réchappent. Point commun entre ces jeunes survivants : ils viennent tous d’un milieu privilégié de la haute société anglaise. L’album s’ouvre sur les premiers rassemblements des rescapés. Grâce à un simple appel sonore produit en soufflant dans un coquillage, les enfants convergent vers la plage et cherchent à se regrouper. Rapidement, des individualités émergent, et ce sont ces figures marquantes qui vont se disputer le rôle de leader dans cette joyeuse mais chaotique communauté. Parmi eux, un enfant grassouillet, surnommé « Cochonnet », peine à se faire une place. Marqué par les moqueries qu’il subissait à l’école, il redoute de voir ce surnom humiliant se répandre de nouveau parmi ses compagnons d’infortune. Cependant, ne vous attendez pas à des portraits d’enfants brisés ou plongés dans une profonde détresse psychologique. La petite société s’organise rapidement : les survivants partent cueillir des fruits, construisent des cabanes de fortune et tentent désespérément d’allumer un feu pour signaler leur présence; effort qui, hélas, pourrait bien tourner au drame. Ils envisagent également de chasser des cochons sauvages, une tâche cruciale mais lourde de conséquences. Car l’appel du sang, une fois ressenti, menace de bouleverser l’équilibre précaire de cette communauté infantile. À mesure que les jours passent, la tension monte inévitablement. Confrontés à une liberté quasi absolue, ces enfants doivent décider : obéir à des règles communes ou céder à leurs instincts. Cette confrontation entre ordre et anarchie devient alors un enjeu d'avenir.




La civilisation commence à vaciller dès qu’elle se retrouve face à un monstre, qu’il soit réel ou qu’il ne soit que le reflet d’elle-même. L’inconnu suscite toujours la peur. Cependant, le véritable monstre n’est peut-être pas celui que l’on observe ou que l’on ne comprend pas, mais plutôt celui qui sommeille en chacun de nous, attendant simplement des circonstances favorables pour se révéler au grand jour. Aimée De Jongh propose ici une adaptation particulièrement réussie, sans doute en grande partie grâce à son admiration pour le roman de William Golding, qu’elle a dévoré dans sa jeunesse. Ce profond attachement à l’œuvre originale transparaît dans la qualité de son travail. Fidèle à la structure du roman, elle maintient une division en chapitres et s’appuie sur un dessin à la fois simple et direct, en parfaite adéquation avec le jeune âge des protagonistes. Cette société, qui démarre sur des bases sauvages et utopiques, évolue progressivement vers une reproduction brutale des dynamiques de domination, où les plus forts écrasent les plus faibles avec une cruauté implacable. Cela soulève une question essentielle : et si la véritable sauvagerie consistait simplement en l’application de la loi du plus fort, qu’elle s’exprime par la force physique, le pouvoir des institutions ou celui de l’argent ? En tout cas, Sa Majesté des mouches, pour ceux qui n’auraient jamais lu le roman, devient ici accessible grâce à une bande dessinée magistralement réalisée, disponible depuis quelques semaines chez Dargaud.


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : HABEMUS BASTARD


 Dans le 176e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente L’être nécessaire, premier tome sur deux d’Habemus bastard que l’on doit au scénario de Jacky Schwartzmann et au dessin de Sylvain Vallée, qui est édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album Bâtardes de Zeus que l’on doit à Agnès Maupré et aux éditions Dupuis

- La sortie de l’album Verts que l’on doit à Mario Besançon qui co-signe le scénario avec Patrick Lacan pour un titre édité chez Rue de Sèvres

- La sortie de l’album La part des lâches que l’on doit à Marguerite Boutrolle qui édite ce nouvel ouvrage chez Virages graphiques

- La sortie de l’album Silence d’amour que signe Matthieu Parciboula et qu’édite la maison Casterman

- La sortie de l’album Chroniques du grand domaine que signe l’autrice Lili Sohn et qu’édite Delcourt dans la collection Encrages

- La sortie de l’intégrale de la série Darnand, le bourreau français, trois tomes réunis dans un seul volume signé Pat Perna pour la partie scénario, Fabien Bédouel pour le dessin et c’est publié chez Rue de Sèvres.




 
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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA ROUTE (DE MANU LARCENET)


 Encore, iront dire les habitués de UniversComics. Oui, mais cette fois, seconde couche et autre avis, voici venir le podcast. Le Bulleur. 

Dans le 174e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La route, adaptation d’un roman de Cormac McCarthy par Manu Larcenet et qui est édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : 

- La sortie de l’album Avenir que l’on doit au duo de scénaristes Pierre-Roland Saint-Dizier et Pierre Benazech, au dessin d’Eliot et c’est publié aux éditions Ankama

- La sortie de l’album Petit pays, adaptation du roman de Gaël Faye par le duo Marzena Sowa au scénario, Sylvain Savoia au dessin et qui est publié aux éditions Dupuis dans la collection Aire libre

- La sortie de l’album Aparthotel Deluxe, un titre que nous devons à Edo Brenes et aux éditions La boite à bulles

- La sortie de l’album Le murmure de la mer, titre que l’on doit à Hippolyte et à l’éditeur Les Arènes BD

- La sortie de l’album Je suis charrette, un titre signé Danicollaterale qui est paru aux éditions Delcourt

- La sortie de l’album Amy Winehouse dont Tony Lourenco signe le scénario et Elsa Gambin la partie documentaire avec de nombreux auteurs aux dessins, un album publié chez Petit à petit.



 
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LA ROUTE : MANU LARCENET POUR UNE ADAPTATION ÉPOUSTOUFLANTE


 Un énième récit survivaliste, encore une de ces histoires d'Amérique post apocalyptique où une poignée de survivants lutte pour exister, un jour de plus, sans grand espoir ? Le constat n'est pas tout à fait faux sur le fond, mais il faut admettre que nous sommes loin de la réalité sur la forme. Car ici, oubliez tout ce qui a pu être fait avant et tendez bien la joue pour recevoir ce qui s'annonce comme une gifle magistrale, tant l'œuvre de Manu Larcenet transpire la maîtrise totale, de la première à la dernière case de ce bijou dessiné. La route en question, en fait, elle n'existe pas. C'est un horizon fantasmé, une sorte de rêve éveillé qui permet de tromper la mort. Un père et son fils errent sans but si ce n'est se diriger toujours vers le sud, là où le soleil réchauffera les âmes et leur évitera de succomber aux rigueurs du climat, à défaut de véritablement soigner des corps, qu'on découvre l'espace d'une scène touchante, poignante, devenus décharnés, mis à rude épreuve par la faim, la soif. Impossible même de boire l'eau de pluie sans la filtrer, à cause des cendres omniprésentes qui virevoltent diaboliquement autour des personnages. Il n'y a plus rien dans La Route, ne subsiste rien d'autre que la désolation, une infinie tristesse poisseuse, qui ne vous quitte jamais. Et parfois l'apparition fugace d'un étranger ou d'un groupe de survivants. L'humain est abandonné à lui-même et lorsqu'il rencontre un autre humain, c'est le danger imminent, la paranoïa, l'annihilation, conséquence de cette loi du plus fort qui devient en fait la loi de celui qui sera capable de tout pour aller de l'avant, même si aller de l'avant consistera à régresser, sans avoir par ailleurs d'autre but notable que celui de s'accrocher à une parodie d'existence. Le père et le fils avancent inexorablement, poussant un caddie qui contient le nécessaire qu'ils ont pu conserver, en attendant que tôt ou tard, quelqu'un leur dérobe leurs bien maigres effets. Nihilisme total, pas après pas. 




S'il faut trouver un maigre espoir, une lueur d'humanité, c'est dans la naïveté du fils qu'elle réside. Lui ne saurait se résoudre à manger de la chair humaine, à tourner la tête ou dépouiller le malheureux de passage qui croisera son chemin. Il est hanté par l'idée de la mort imminente, sujet sur lequel il interroge son père, qui ne possède aucune réponse rassurante à lui proposer, si ce n'est qu'ils sont bien, tous les deux, les gentils dans un monde hostile. De ce qui a pu se produire, de qui ils sont ou étaient auparavant, rien de tout cela n'a plus d'importance. Tout est à terre, le monde est condamné, il ne reste rien. Les différents nivaux de gris (et des touches de couleurs à certains moments macabres) renforcent habilement cette impression de lumière avalée. Ce ne sont que des ombres qui progressent, des amas de haillons, ou des guerriers cannibales, des prédateurs attendant de devenir, un jour prochain, eux-mêmes des proies. La route c'est bien entendu l'adaptation au format banc de dessiner du célèbre roman de Cormac McCarthy, qui a valu à son auteur un prix Pulitzer. Et ce n'était pas chose aisée, tant une partie de l'intérêt de cette œuvre est aussi la capacité de demander au lecteur un effort de compréhension, pour aller saisir les non-dits et reconstituer l'intégralité d'un présent délabré. C'est à la fois une chose positive et négative, qui se présentait à Manu Larcenet : avoir toute latitude pour choisir quoi représenter et en même temps, la nécessité d'intégrer et digérer parfaitement le roman, pour savoir quelle sensibilité adopter, quels choix artistiques opérer, quoi montrer, quoi laisser deviner, quoi mettre de côté. Et c'est pour cela que nous parlons sans ambages d'œuvre formidable, car tout est fait pour magnifier le texte de départ, tout en l'enrichissant grâce aux caractéristiques de notre média favori, avec des dessins dont l'impact émotif est proche de l'exceptionnel. Une utilisation parfaite des ombres, des traits hachurés, des cadrage aussi désolants qu'implacables, sur un monde où les humains ont quasiment capitulé. C'est probablement parce qu'en fait il ne se passe presque rien que La Route est capable de tout dire, tout raconter. C'est une histoire profondément humaine, c'est une histoire déchirante et en même temps, ça n'est déjà même plus une histoire. La noirceur est totale et il est impossible de sortir indemne de ce qui est un des albums les plus remarquables que nous ayons eu entre les mains ces dernières années. Artiste protéiforme, capable de se réinventer en permanence, Larcenet nous laisse presque sans voix. Du reste, les regards, les petits gestes, sont plus importants que les mots dans cet univers où ce qui n'est pas dit s'affiche pourtant sous nos yeux, telle une leçon de ce que devrait être, toujours, la bande dessinée.


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA NEIGE ÉTAIT SALE


 Dans le 169e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La neige était sale, adaptation en bande dessinée d’un roman de Georges Simenon par Jean-Luc Fromental au scénario, Bernard Yslaire au dessin et qui est édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album Le lierre et l’araignée que l’on doit à Grégoire Carle et que publient les éditions Dupuis dans la collection Aire libre

- La sortie de l’album Le dictateur et le dragon de mousse que l’on doit au scénario de Fabien Tillon, au dessin de Fréwé et c’est édité chez La boite à bulles

- La sortie de L’étudiante anglaise, premier tome sur deux de Zoé Carrington, le nouveau diptyque de Jim sorti aux éditions Grand angle

- La sortie de l’album Vivian Maier, claire-obscure que l’on doit au scénario de Marzena Sowa, au dessin d’Émilie Plateau et que publient les éditions Dargaud

- La sortie de l’album Audrey Hepburn, un ange aux yeux de faon qui prend place dans la collection 9 1/2 des éditions Glénat et que l’on doit au duo Jean-Luc Cornette au scénario et Agnese Innocente au dessin

- La réédition en intégrale de Fleur de nuit, album que l’on doit à Giovanna Furio pour le scénario, Marco Nizzoli pour le dessin et c’est édité chez Glénat.



 
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LE PUITS (DE JAKE WYATT ET CHOO) : FABLE DU DESIR ET DES VOEUX


 La troisième et dernière sortie de janvier du label Combo et plus à rapprocher du manga, aussi bien par le style adopté pour le dessin que pour ce qui est de la présentation, avec un format plus petit et une couverture souple brochée avec rabat. Le personnage principal de cet album appelé Le Puits est une adolescente du nom de Lizzy. Elle est fille et petite fille de sorcières, mais sa famille a disparu et elle vit désormais avec la dernière personne qui lui reste, son grand-père. Elle a disparu car il a fallu autrefois combattre un terrible monstre, le Léviathan, dont la défaite (provisoire) a ensuite provoqué l'arrivée d'une brume permanente, dans laquelle doivent vivre tous les habitants d'un pays qui n'est jamais nommé et qui ajoute au caractère fantastique et merveilleux de l'ensemble. Le grand-père de Lizzy est chevrier et sa petite fille est chargée d'aller vendre ses fromages, en prenant un bac pour aller d'une ile à l'autre. Un jour, ayant besoin d'argent pour payer la traversée mais aussi quelques effets personnels et se faire plaisir, elle décide d'aller voler trois pièces de monnaie qui ont été jetées au fond du puits magique d'un petit village, par des gens qui ont formulé chacun un vœu personnel, un désir ardent et intime, qui ne s'est pour l'instant pas encore réalisé. Le larcin peut sembler modeste mais il a une conséquence dramatique : il réveille les monstres de la brume et place Lizzy dans une situation très inconfortable. Il va falloir qu'elle rembourse, ou à défaut, qu'elle exauce les vœux qu'elle a imprudemment "empruntés". Une étrange apparition encapuchonnée est là pour la guider, tout du moins pour lui indiquer le chemin et suggérer quelques conseils avisés. 

On est en permanence à la frontière de quelque chose, mais on ne parvient jamais à l'identifier. Il règne un parfum comme d'étrangeté et d'onirisme dans ce qui est décrit comme une fable et qui apparaît aussi comme le récit initiatique d'une adolescente, sur le point de rentrer dans l'âge adulte. C'est aussi une histoire sur la manière d'accepter l'altérité de l'autre, les désirs profonds, les rêves de chacun, tout ce qui définit en fait l'humanité, tout simplement. Jake Wyatt nous surprend à travers les chapitres de cette bande dessinée qui sont autant d'étapes vers une révélation intime et collective. Un parcours touchant qui ne laisse pas insensible. Le dessin de Felicia Choo empreinte énormément au code du manga, comme nous l'avons déjà dit, mais l'atmosphère cotonneuse dans laquelle flotte son œuvre fait qu'elle dépasse et surpasse l'inspiration de base, pour obtenir quelque chose de différent, un produit hybride suspendu, quelque part entre compte pour enfant et symbolisme fort, pour adulte. Du reste, il s'agit d'une des promesses du label Combo; celle de présenter de nouvelles bandes dessinées échappant aux standards établis, brisant les barrières, opérant une synthèse à tous niveaux. Sans tambour ni trompette, Le Puits est à placer dans cette catégorie. L'impression de quelque chose de d'antique, d'éprouvé, avec la certitude d'avoir le regard tourné vers l'avenir, le défrichage. Un récit qui démarre au petit trot, pour peu à peu vous ensorceler et qui se laisse lire d'une traite, jusqu'à la révélation finale. Il y est aussi question de sentiments, d'amour, au-delà des questions de genre, sans jamais que ça soit asséné avec lourdeur. Subtilement, une belle réussite.





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RIVAGES LOINTAINS : UN MERVEILLEUX PREMIER GRAPHIC NOVEL POUR ANAIS FLOGNY


 Vous aimez les grandes histoires de mafia et de gangsters, les ambiances typiques de l'Amérique de l'entre-deux guerres, feutre mou sur la tête et costume trois pièces de rigueur ? Bienvenue à Chicago, en 1938, là où et quand commence le splendide album d'Anaïs Flogny intitulé Rivages lointains. Très vite, nous faisons la connaissance de deux personnages que tout sépare en apparence. Jules est un jeune livreur italien qui a débarqué aux États-Unis dans l'espoir de faire fortune, ou en tous les cas, de vivre une vie meilleure que celle qui l'attendait chez lui. Alors qu'il n'est que simple livreur dans une petite échoppe, il fait la rencontre de Adam Czar, un immigré polonais qui est devenu un des maîtres du trafic d'alcool clandestin et qui ponctionne régulièrement les commerçants de son quartier, en leur réclamant ce qu'on appelle le pizzo. C'est-à-dire une somme d'argent à verser régulièrement, en échange d'une protection contre des ennuis qui ne manqueraient pas de vous arriver, si vous cessiez de payer. Le gamin tape dans l' œil de son aîné, à la fois parce qu'il est très motivé et n'a pas sa langue dans sa poche, mais aussi parce que physiquement, il lui plaît. Les deux sont en effet homosexuels et vont devenir assez rapidement des amants, mais aussi des associés. Jules commence comme simple adjoint, fait ses preuves et peut alors gravir les échelons, qui vont l'amener à prendre toujours plus de responsabilité et à se mêler toujours plus aux extorsions organisées par Adam. Ensemble, la paire semble destinée à mettre les mains sur la ville, sauf que la police s'en mêle et qu'un jour tout dérape. Pour Jules, qui est amoureux et consciencieux, désireux d'apprendre et de bien faire quitte à s'oublier, arrive l'heure du choix. Se taire ou parler, la pire des trahisons. Sans négliger le fait que les sentiments, quand on est un garçon qui préfère les autres garçons, ne fait guère bon ménage avec les attentes et les perspectives qu'une trajectoire mafieuse peut exiger. 



Il y a donc une histoire sentimentale à la base de Rivage lointains, mais pas seulement. L'originalité de cet ouvrage, c'est aussi la profondeur des personnages, notamment celle de Jules. Tout d'abord garçon fragile dont le destin se dessine sous l'influence (presque sous la coupe) d'Adam, il devient ensuite une ressource inépuisable et inespérée pour ce dernier et le rapport de force entre les deux finit même par s'inverser : qui a le plus besoin de qui, c'est ce que nous allons découvrir au fil des pages. Il ne faut pas non plus s'attendre à une morale précise. En réalité, Anaïs Flogny s'émancipe de toute idée de nous asséner une leçon. Ses protagonistes sont des criminels et si au départ ils ont encore un semblant de moralité et de code, notamment les mafieux de la vieille école et Jules, qui ne souhaite pas, par exemple, se compromettre avec la drogue (malgré qu'un de ses amis, Eufrosio, le pousse dans cette direction), ils n'ont jamais fonction de modèles. Il faut être réaliste pour réussir dans certains milieux, il n'est pas possible de progresser sans se salir les mains et une fois que le sang a coulé ou que la vertu a volé en éclat, revenir en arrière n'est plus possible. C'est tout, c'est cruel. Le dessin est extrêmement sensible, chargé en émotions, avec une mise en couleur du plus bel effet. Des sépias, des bruns ou des teintes olivâtres absolument magnifiques, qui magnifient des planches où ce sont les personnages qui investissent l'espace à travers les regards, la gestuelle, la violence ou tout simplement les étreintes. Le graphisme épuré permet de débarrasser l'esprit de toute pensée parasite et nous sommes littéralement happés par un récit qui ne connaît ni temps mort, ni temps faible. Il s'agit, paraît-il, du premier livre d'une jeune autrice très talentueuse; pourtant lorsqu'on referme cette bande dessinée; on a l'impression d'avoir lu un petit chef-d'œuvre; appelé à faire date dans l'histoire du genre. Dire qu'il s'agit d'une des histoires les plus touchantes et accomplies que nous avons eu l'opportunité de lire ces dernières années relève de l'évidence.



Pour télécharger votre Mag' du mois de janvier : 

HANA ET TARU : LA FOLIE DE LA FORÊT (LE LABEL COMBO CHEZ DARGAUD)



Premier des trois ouvrages du nouveau label Combo (Dargaud), à sortir en janvier, Hana et Taru fait aussi l'objet, comme les deux autres, de toute notre attention. Ici même, mais aussi au sommaire de UniversComics Le Mag', disponible en téléchargement gratuit à partir du 4 janvier. 

 Taru est la fille de Vesa, qui dirige une tribu de chasseurs guerriers, au beau milieu d'une forêt ancestrale fantasmagorique, peuplée de créatures merveilleuses, monstrueuse, en tous les cas extraordinaires. Parmi celles-ci, des animaux géants que l'on appelle les Rois de la forêt. Chaque année, à la même période, leurs courses folles à travers les arbres (la folie de la forêt) entraînent des dégâts considérables : elles ravagent des villages entiers, au point que la mère de Taru a décidé que l'heure était venue de les exterminer, de les traquer, puis de les piéger, en s'appuyant sur un exemplaire isolé que les villageois sont parvenus à blesser. Ce n'est pas du goût de la jeune Taru, qui pense elle au contraire que la solution est toute autre, qu'il faut cesser de chasser les créatures et envisager une solution plus pacifique au problème qu'elles posent. En parallèle à cela, le village abrite une prisonnière du nom de Hana. Elle appartient à une espèce très différente, beaucoup plus proche d'ailleurs du genre humain traditionnel que celle de ses geôlières. Elle est venue de très loin, d'un monde menacé par la montée des eaux et a décidé de tenter sa chance, de s'aventurer sur cette montagne inconnue dont elle apercevait autrefois la silhouette, depuis son territoire. Taru étant considérée comme une empotée, peu productive pour son village, elle est cantonnée à apporter de la nourriture et converser avec la captive, ce qui fait qu'elles vont vite devenir amies puis se lancer dans une quête commune, lorsque Hana va parvenir à s'évader. Il faut d'ailleurs noter que le dessinateur de cette histoire, Motteux, ne tente en aucune manière de proposer des personnages attrayants, plaisants, rassurants ou simplement féminisés à outrance, mais au contraire offre des physiques et des caractères assez singuliers, qui ne manquent cela dit pas de charisme. De plus, ils sont particulièrement attachants, bien écrits, ce qui fait que l'ensemble fonctionne à merveille. Le discours peut s'étendre à toutes les autres formes de vie qui peuplent la forêt, très inventives, voire carrément surprenantes. C'est tout un monde artistiquement foisonnant et passionnant qui nous est offert, sans aucune concession à une esthétique mièvre et attendue.



Léo Schilling écrit donc, entre autres ambitions, une histoire d'amitié, de découverte de soi, de famille, aussi. Taru est puissante et agile, même si bien moins efficace (et violente) que nombre de ses congénères. Face à elle, Hana semble impuissante, inutile, mais possède d'autres atouts. Elle est plus entreprenante et manifeste aussi des dons artistiques, griffonne et illustre régulièrement des carnets qu'elles remplit de croquis, qui fascinent sa jeune amie qu'on devine illettrée. Ensemble, elles ouvrent une nouvelle voie à une société qui ne voyait jusque-là que l'affrontement pour résoudre des défis en apparence insurmontables. Le récit est aussi axé sur la filiation, puisque Taru et sa mère ne se ressemblent en rien, l'une semblant exclure l'autre. Et au fil des pages, le lecteur découvre une troisième génération, qui fonctionne sur le même schéma malade que celui qui occupe le centre de l'histoire. De mère en fille, la vision du monde, la place de l'individu dans la société, les rêves et espoirs tout simplement, sont si différents qu'ils entraînent une rupture inévitable et rendent impossible la communication. Nous avons parlé du dessin mais il ne faut pas non plus négliger la couleur, toujours l'œuvre de Motteux. Nous voyons se succéder ou s'alterner des passages plus sombres et nocturnes (toute la première partie) et d'autres nimbés du vert des forêts, omniprésent, qui enveloppe dans son étrangeté naturelle des planches aussi belles, captivantes, que fort singulières. On devine chez l'artiste une évidente propension à mettre en scène des personnages pour un jeune public, avec une économie de traits et une grande expressivité des visages et du langage corporel, qui emprunte certains des codes du manga. Mais là encore, sans que cela ne tombe dans la facilité ou la paresse. Hana et Taru est une très belle bande dessinée initiatique et d'aventure, tout simplement, qui donne à chacun de ses personnages une chance de faire ses preuves ou de se racheter, à sa manière. Un ouvrage finement ciselé, avec l'omniprésence du fantastique, mêlé à l'intimité de ses personnages principaux, dont la quête personnelle et de sens démontre que c'est en comprenant l'autre qu'on arrive à vivre sereinement à ses côtés, ou tout du moins à ne pas se détruire mutuellement. On recommande chaudement. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : JE SUIS LEUR SILENCE


 Dans le 163e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Je suis leur silence que l'on doit à Jordi Lafebre et qui est édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Loire que l'on doit à Étienne Davodeau et aux éditions Futuropolis

- La sortie de l'album La Callas et Pasolini, un amour impossible que nous raconte le scénario de Jean Dufaux, le dessin de Sara Briotti et qui est sorti chez Dupuis dans la collection Aire libre

- La sortie du premier tome sur deux de L'illusion magnifique, un premier tome intitulé New York, 1938 pour un diptyque que l'on doit à Alessandro Tota et aux éditions Gallimard

- La sortie du troisième tome de Sapiens intitulé Les maîtres de l'histoire, adaptation du livre de Yuval Noah-Harari par David Vandermeulen au scénario, Daniel Casanave au dessin et qui est éditée chez Albin Michel

- La sortie de l'album La distinction, adaptation libre de l'ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu par Tiphaine Rivière et qui est édité chez Delcourt dans la collection La découverte

- La sortie du nouvel album de Daniel Clowes intitulé Monica, titre qui vient prendre place dans la collection La bibliothèque de Daniel Clowes chez l'éditeur Delcourt





LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA MARCHE BRUME


 Dans le 159e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Le souffle des choses, premier tome de la série La marche brume que l'on doit à Stéphane Fert et qui est édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Shiki, 4 saisons au Japon que l'on doit à Rosalie Stroesser et aux éditions Virages graphiques

- La sortie de l'album La loi des probabilités, titre que l'on doit au scénario de Pascal Rabaté, au dessin de François Ravard et c'est édité chez Futuropolis

- La sortie de l'album Tous ensemble !, album que l'on doit au scénario de Kris, au dessin conjoint d'Arnaud Michalak et Juliette Laude ainsi qu'aux éditions Delcourt

- La sortie de l'album Au nom du fils, sous-titré Dans l'enfer de la prison de San Pedro que l'on doit au scénario conjoint de Jean-Blaise et sa fille Pauline Djian, au dessin de Sébastien Corbet et c'est édité chez Rue de Sèvres

- La sortie de l'album Le seul endroit que l'on doit au scénario de Séverine Vidal, au dessin Marion Cluzel et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album collector pour les 77 ans du journal Tintin, album collector que signent de nombreuses plumes et des dessinateurs de renom et qu'édite Le Lombard





L' ARC-EN-CIELISTE : ENTRE FABLE ET RÉCIT INITIATIQUE (CHEZ DARGAUD)


 L'epoque, la seconde moitié du 17e siècle. Le protagoniste, un jeune lord anglais, Hayden Springworth. Âgé de 16 ans, le gamin a une passion, observer les arcs-en-ciel et tenter d'en découvrir l'origine, l'endroit où les rayons de lumière se réunissent à la terre et où apparaitrait également un chaudron rempli de pièces d'or. Au départ, il était effrayé par le phénomène météorologique puisque sa gouvernante lui avait raconté, selon une autre légende antique, que derrière chaque arc-en-ciel se cache surtout une créature effrayante appelée Leprechaun. Mais ça, c'était avant. Dorénavant, Hayden court la campagne jusqu'au jour où il rencontre fortuitement un certain Isaac Newton, savant qui normalement ne devrait pas vous être inconnu. Ce dernier est parvenu à comprendre le mécanisme de l'arc-en-ciel et il est capable d'en produire chez lui, à travers un prisme, comme un cristal. Par contre, il ignore encore les détails physiques, principalement la manière de courber les rayons. Hayden va devenir son aide de camp et ensemble ils vont traquer les phénomènes de la nature, jusqu'au jour où notre jeune lord est obligé de rentrer chez lui en toute hâte. Son père vient d'avoir un accident et ce sera désormais à lui d'endosser le rôle de "l'homme dans la famille", ce qui pour les Springworth revient à dire jouer les espions, au service de la couronne d'Angleterre. Dans le cas précis de notre héros adolescent, cela correspond à  prendre le bateau pour se rendre jusque dans le Béarn, où il sera question de diffuser de la fausse monnaie, au bénéfice des factions protestantes qui trament contre le royaume de France. Hayden est plein d'enthousiasme et il a plus d'un tour dans son sac, aussi ce changement complet d'existence ne l'épouvante pas plus que ça. Alors, il s'embarque !



Dès le titre et la couverture de ce splendide album publié chez Dargaud, nous savons que nous aurons à faire autant à de la bande dessinée qu'à de la poésie en images. Oui, une fois n'est pas coutume, parlons tout d'abord du dessin. Le storyboard de cette histoire est réalisé par Roberto Ricci mais c'est surtout le trait et l'usage pertinent et magnifique de la couleur de Laura Iorio qui rend cet ouvrage aussi intéressant. On pourrait croire, à en juger par le style employé, qu'il s'agit d'une simple bande dessinée jeunesse, mais le savoir-faire est si impressionnant (et là, le découpage initial de Ricci y est aussi pour beaucoup) qu'on prend un grand plaisir à suivre les différents chapitres des aventures de Hayden, chacun étant annoncé par une des couleurs de l'arc-en-ciel. Et c'est cette couleur précisément, ce ton, qui va dominer les planches de l'artiste italienne, créant ainsi différentes ambiances, projetant un éclairage unique à chacune des étapes du parcours d'Hayden. La seconde moitié de cette bande dessinée s'éloigne de la première dans la thématique, dès lors que Hayden fait la connaissance d'une jeune fille que tout les paysans du Béarn considèrent comme une sorcière, puisque la pluie l'accompagne, dans chacun de ses mouvements. Une rencontre et une dynamique qui semblent rompre avec le rythme et les ambitions des premiers chapitres, sauf que le final confirme que cela est volontaire, et que les deux grands mouvements se complètent et s'assemblent, en fin de parcours. Cédric Mayen parvient donc avec habileté et expérience à boucler la boucle et faire de cet Arc-en-cieliste une jolie surprise à moitié féérique, en cette fin de printemps. Disponible chez Dargaud. 





LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES FIDÈLES


 Dans le 151e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Les fidèles, album que l'on doit à Ben Gijsemans et aux éditions Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Acting Class que nous devons à l'artiste américain Nick Drnaso et aux éditions Presque lune

- La sortie de l'album Frontier que l'on doit à Guillaume Singelin, album sorti aux éditions Rue de Sèvres sur le label 619

- La sortie de l'album Le dernier quai que l'on doit à Nicolas Delestret et aux éditions Grand angle

- La sortie de l'album Replay, mémoires d'une famille, album que l'on doit à Jordan Melchner et aux éditions Delcourt dans la collection Shampooing

- La sortie de l'album Judee Sill, album que l'on doit au scénario de Juan Díaz Canales, au dessin de Jesús Alonso Iglesias et c'est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre

- La réédition de l'album Le déclic, album que l'on doit à Milo Manara et aux éditions Glénat





LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : JUMELLE


Dans le 144e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Inséparables, premier tome de Jumelle, nouveau projet autobiographique de Florence Dupré la Tour, édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l'album monsieur Apothéoz que l’on doit au scénario de Julien Frey, au dessin de Dawid et c’est sortie chez Glénat dans la collection Vents d’ouest
- La sortie de l’album Madones et putains que l’on doit à Nine Antico dans la collection Aire libre des éditions Dupuis
- La sortie de l'album Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l’hippopotame que l’on doit à Vincent Zabus pour le scénario, Hippolyte pour le dessin et c’est édité chez Dargaud
- La sortie d’Elliot au collège avec un premier tome baptisé Panique en sixième, un album qui nous vient de Théo Grosjean et des éditions Dupuis
- La sortie de l’album Ambroise Paré, le père de la chirurgie que l’on doit au scénario conjoint de Jean-Noël Fabiani-Salmon et Pierre Boiserie, au dessin de Vincent Wagner et c’est publié aux Arènes BD
- La sortie en intégrale de Capucin, autre album que l’on doit à Florence Dupré la Tour et aux éditions Gallimard







LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : APRÈS LA CHUTE (SLAVA)




Dans le 134e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Après la chute, premier tome de la série Slava que l’on doit à Pierre-Henry Gomont, édité chez Dargaud. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

– La sortie de l’album À l’orée du monde que l’on doit au scénario de Kapik, au dessin de Kim Consigny et c’est édité chez Delcourt

– La Sortie de l’album Quentin par Tarantino, album que l’on doit à Amazing Améziane et aux éditions du Rocher

– La sortie de l’album A short story, la véritable histoire du dahlia noir que l’on doit au scénario de Run, au dessin de Florent Maudoux et c’est édité au label 619 des éditions Rue de Sèvres

– La sortie de l’album Toutes les princesses meurent après minuit que l’on doit à Quentin Zuitton et aux éditions Le Lombard

– La sortie de l’album L’affaire Markovic que l’on doit au scénario de Jean-Yves Le Naour, au dessin de Manu Cassier et c’est édité chez Grand angle

– La réédition en intégrale de L’incroyable histoire du sexe, titre que l’on doit au scénario conjoint de Philippe Brenot et Laetitia Coryn, qui en signe aussi le dessin et c’est édité chez Les arènes BD



ASTERIOS LE MINOTAURE : MYTHE, SOLITUDE ET INTOLÉRANCE


 Il n'est finalement pas si facile que cela de s'attaquer aux mystères de la mythologie grecque dans une bande dessinée; tout d'abord car à peu près tout et son contraire a déjà été dit et mis en images, ensuite parce qu'il est assez ardu de trouver un angle de vue ou un fil narratif qui puisse plaire au grand public et s'éloigner d'une didactique guindée, sans tomber dans le drama exagéré. Serge Le Tendre poursuit son exploration des passions de la Grèce antique, avec cette fois l'histoire du Minotaure. Mi-homme, mi taureau, il est le fruit de l'accouplement entre Pasiphaé, l'épouse du roi Minos, et un taureau. Son aspect aussi insolite que terrifiant en fait une créature que tout le monde craint et évite. Une solitude insondable et une condamnation sans appel pour celui qu'on nomme Asterios : être isolé à jamais du reste du genre humain, ne jamais connaître des plaisirs simples comme l'amour ou la solidarité. Heureusement que Dédale, un architecte génial admiré de tous à Athènes, et exilé contre sa volonté à Crête, depuis un malheureux accident concernant un de ses apprentis, le prend sous son aile et lui offre (avec son épouse) cette famille qu'il n'aurait jamais eu autrement. Le Minotaure doit lutter pour que son aspect bestial ne prenne pas le dessus, mais au fond de lui, c'est un être assez doux. C'est surtout la frustration et l'impossibilité d'atteindre à une forme de normalité qui le rend dangereux pour lui-même et les autres. Une figure pathétique plus que sanguinaire, et bien évidemment totalement incomprise, puisque pour tous les autres, ce sera la forme qui primera sur le fond, toujours et inexorablement. 



Il y a bien des scènes sanglantes, où le Minotaure laisse exploser sa fureur, mais c'est surtout l'être "humain" qui est le responsable de son malheur, guidé par ses peurs et ses préjugés. La partie qui concerne l'enfermement du Minotaure dans le labyrinthe, et les sacrifices qui s'en suivent, et très éloquente, et excellemment présentée. Y compris le héros Thésée, qui apparaît ici dans toute sa complexité, et certainement pas comme un guerrier de légende qui n'aurait rien à se reprocher. Serge Le Tendre a bien étudié ses mythes, et plus encore, il les a bien cernés. Et il peut alors en dégager certaines règles universelles, qui démontrent comme en fait ces récits hautement fantaisistes et merveilleux parlent clairement de nous, de notre banalité, de notre grandeur, de notre couardise, bref de notre humanité. Frédéric Peynet effectue un travail de toute beauté aux dessins, alternant des scènes assez posées et statiques, qu'il parvient à rendre attrayantes et fort lisibles, à des explosions soudaines de l'action, avec un Asterios qui crève littéralement la page à deux reprises, dans une séquence qui est le point d'orgue de cette bande dessinée pertinente et passionnante. La couleur s'adapte très bien aux tons du récits, se drapant parfois de ténèbres froides, pour plus loin baigner dans une lumière douce et reposante. Voici donc un ouvrage qui sait faire du neuf -et de quelle manière- avec une histoire que tout le monde croit connaître, souvent à tort, et qui a l'habileté de construire également de vrais personnages attachants, aussi bien dans leur caractère retors (Tectamus et sa duplicité agissent comme un coup de pouce du destin, comme on le pensait pour Eris, la déesse de la discorde, qui régissait les disputes les plus cruelles) que dans leur grandeur d'âme. Sortie prévue chez Dargaud cette semaine, que nous vous conseillons d'ores et déjà avec conviction. 





PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...