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PETITS CONTES MACABRES : TERREUR DE GROUPE AVEC HARREN ET SES AMIS


 Petits Contes Macabres, c’est comme un bon vin sorti de la cave : un mélange de saveurs, parfois doux, parfois corsé, mais toujours surprenant. Dans le Londres de 1843, Eric Powell, l’architecte de ce projet qui a l'ambition de vous filer la chair de poule, invite trois sommités du comic book, Michaël Mignola, Becky Cloonan et James Harren, à une veillée d’histoires macabres devant un feu crépitant. Entre joutes verbales et anecdotes inquiétantes, les quatre artistes dévoilent un univers sombre et fascinant, tout en gardant un sourire complice. Enfin, complice jusqu'à un certain point : sans vouloir vous gâcher la conclusion, disons que les quatre convives ont aussi des différences de point de vue assez notables, qu'ils entendent exposer et résoudre de la pire des manières. Ce recueil s’organise autour d'un fil rouge : Powell et ses invités introduisent chaque histoire avec des commentaires mordants et un soupçon d’autodérision. Sans cela, point de tourte, distribuée après un bon petit récit. À tour de rôle, les auteurs prennent ainsi la parole, chacun des artistes ayant de la sorte l'occasion d'apposer sa signature graphique et narrative à ces Petits Contes Macabres publiés chez Delcourt. Les styles sont variés mais sont tous unis par des dessins impeccables et une colorisation de Dave Stewart (sauf Powell, qui a préféré jouer en solo pour son récit). On a droit systématiquement à une jolie caricature/illustration de chacun des dessinateurs, en guise d'introduction, et les défauts et tics de personnalité sont croqués avec un humour décapant. Les récits eux-mêmes sont sombres, bien troussés, et ne laissent guère de place aux disgressions inutiles. On file au but et c'est très bien ainsi. 



"Les Yeux dans l'Obscurité Primordiale" ouvre le bal. Powell et Harren nous entraînent dans une aventure steampunk victorienne où un docteur ambitieux et un ingénieur un peu fou s’aventurent dans l’espace. Mais une présence spectrale hante leur vaisseau… Mars peut attendre, car l’horreur a déjà pris place à bord. C'est surtout la tension psychologique qui domine, avec un zeste de science sans conscience. "Le Kelpie", signé Becky Cloonan, plonge dans une ambiance plus terre-à-terre, mais non moins effrayante. Dans un village isolé, un fantôme surnommé le Kelpie rôde. Ceux qui s’approchent trop près de cette créature finissent par disparaître. Quand il débarque un soir avec son cheval et tout ruisselant à la porte du logis d'une charmante demoiselle, on comprend que la rencontre ne va pas être sans conséquences funestes. "La Nuit du Jabberwock", par Mike Mignola, est une aventure entre rêve et réalité. Un homme, au coin du feu, partage un souvenir étrange avec sa famille : une rencontre qui défie la logique et le temps. Mystérieux et typiquement "Mignolien". Avec un langage qui oscille entre verbiage victorien et élucubrations linguistiques. Si vous ne comprenez pas tout, personne ne vous en voudra, j'ai moi-même des doutes à ce sujet.  Enfin, "Le Cadeau du Major Courtenay", une création du seul Powell, revient à l’époque victorienne avec une histoire de noblesse, de secrets, et… d’intrus inquiétants. Quand un vieil ami et son domestique débarquent, le manoir devient le théâtre de révélations surprenantes. Les invités décident de coucher dehors, dans une tente, et semblent bien décidés à ne pas entrer dans la somptueuse demeure. Et lorsque ça se produit, c'est le drame ! Dans l’ensemble, Petits Contes Macabres est une déclaration d’amour au genre fantastique et horrifique. Les amateurs de frissons et de récits surnaturels trouveront ici de quoi nourrir leurs insomnies, tandis que les fans des auteurs apprécieront le mariage harmonieux entre leurs styles distincts. Et si le ton des histoires est inégal, le charme opère, au point qu'on regrette la faible pagination de l'ensemble. Alors, à défaut de fantômes dans votre salon pour les fêtes de fin d'année, voilà un petit cadeau apprécié : digne compagnon d'une lecture hivernale, près de la cheminée, pourquoi pas accompagnée d'une tasse de thé bien fumante. Si vous optez pour avoir de la compagnie, vérifier bien qu'elle sera un peu plus inoffensive que celle qui déroule les contes de cet album !


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SOMNA : LE PLAISIR DÉMONIAQUE DE CLOONAN ET LOTAY


 Somna est sous-titré Une petite histoire avant de s'endormir, pour une raison évidente à la lecture, dès les premières pages : l'œuvre explore les rêves, le sommeil et la frontière floue entre les deux. Mais plus encore que tout ceci, il s'agit d'une réflexion sur le danger de la sexualité des femmes dans une société où l'homme décide ce qui est bon, pur, possible pour elles, instaure des limites et des tabous, pour mieux les contrôler et en faire "leurs choses". Le diable, qui rend visite à la jeune Ingrid dans ses songes, ne fait qu'exploiter les failles déjà présentes dans cet univers patriarcal qui entend réduire la femme à son rôle de créature ingénue et soumise, et donc sans envies et sans sexualité assumée. Ingrid est une jeune femme mariée, ignorée par son mari, malgré ses nombreuses supplications. Ironiquement, l'époux n’est pas repoussant ou impuissant, mais il semble totalement désintéressé par la femme très séduisante qui l’attend, seule, dans leur lit glacé. Roland n’a d’yeux que pour la chasse aux sorcières, ce grand péril qui menace la communauté dans laquelle le couple évolue. C'est lui qui a la charge de repérer les nouveaux dangers, les nouvelles femmes à brûler vive. Au fil des pages, on finit par croire que le diable existe. Et si ce n'est pas réellement lui, que nous sommes devant une figure démoniaque qui exhorte Ingrid dans ses rêves à accepter et recevoir le plaisir. Il insiste pour lui offrir un orgasme, un acte qui, à lui seul, constitue une menace capitale pour l’ordre établi. D'ailleurs, Roland n'est pas si dupe, quand des petits bruits équivoques le réveillent au beau milieu de la nuit.  Autre personnage important dans ce récit à ne pas mettre entre toutes les mains : Maja, l’amie et confidente d’Ingrid, qui entretient de son côté une liaison avec Sigurd, le mari d'une "sorcière" qui vient tout juste d'être sacrifiée sur la place du village, une certaine Greta. Le diable décide de révéler à Ingrid l’adultère de son amie, et cette découverte va déclencher une spirale tragique où les cadavres s’accumuleront et où l’ombre de la mort va accompagner tout ce joli monde. L'ignorance crasse et la superstition au service d'une vision masculine du plaisir féminin, c'est-à-dire de sa négation. Une femme qui souhaite jouir, librement, exister sexuellement, ne peut qu'être possédée, c'est bien connue. 



Somna est le fruit d'une équipe artistique exclusivement féminine. Becky Cloonan, qui s’occupe de la majeure partie du « monde réel », démontre qu'elle a vraiment atteint une forme de maturité enviable. Elle excelle dans la représentation des costumes d'époques, apporte un soin méticuleux aux détails. Tula Lotay, en revanche, se concentre sur les rêves. Ses planches sont construites sur un modèle différent et plus libre, elles privilégient des gros plans suggestifs : des mains, des visages, des corps dans des poses lascives. C'est elle qui doit insuffler la charge érotique puissante qui porte toute l'œuvre et elle y parvient particulièrement bien ! Son usage de couleurs vives confère à la plupart des scènes un attrait tentateur et onirique bienvenu, et le lecteur parvient vite à ressentir ce qui faire peur et dans le même temps attirer irrésistiblement Ingrid, qui accepte l'inavouable et y succombe rêve après rêve. Car oui, Somna parle de sexe, et bien que les dessins ne soient pas non plus pornographiques (des caresses appuyées, des corps nus qui s'étreignent, mais les parties intimes restent dans l'ombre) les scènes de passion physique sont celles qui rythment l'ensemble, qui caractérisent l'évolution du personnage féminin, qui vont aussi amener à sa chute. Un choix narratif et thématique qui sied parfaitement au style de Lotay, dont le travail a toujours porté une dimension érotique affirmée, visible même dans ses couvertures d’œuvres dites grand public. Une tension émerge entre ce que les deux artistes essaient de raconter et cette sensualité omniprésente. Les personnages féminins, et occasionnellement masculins, sont des objets de désir magnifiés, ils sont tous beaux, esthétisés, sauf le prêtre libidineux qui est une caricature de cette religion abjecte dans sa volonté de dominer grâce à l'hypocrisie. Le démon existe bien, mais il est à trouver dans le cerveau malade de ceux qui voudraient nier l'accès à la sexualité, plutôt que dans la luxure présumée de celles qui acceptent d'embrasser le plaisir physique, comme la plus naturelle des choses. Somna a remporté l'Eisner Award de la meilleure nouvelle série, cet été à San Diego. Venant de la culture puritaine et chafouine par excellence, la récompense n'en a que plus de prix. Il s'agit aussi, soulignons-le, du premier album targué Delcourt, qui adapte en Vf des histoires publiées chez DSTLRY, un nouvel éditeur qui compte dans son catalogue naissant et à venir des poids lourds du secteur. L'ouvrage est d'une beauté évidente, et brille comme un cadeau implacable. 



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PUNISHER TOME 3 : LE ROI DES RUES DE NEW YORK

Ce n'est pas que le travail de Becky Cloonan est mauvais en soi, mais depuis le début de sa prestation sur le Punisher, nous sommes loin d'atteindre les sommets de certains scénaristes qui l'ont précédée. Avant tout la pauvre n'a pas eu la vie facile avec ce personnage, qui assez paradoxalement, et malgré le fait de sa présence dans une série télévisée sur Netflix, connaît une petite période de mou chez Marvel, en ne connaissant pas des moments inoubliables. Prenez par exemple ce troisième tome, à peine sorti chez Panini : nous avons affaire à des petites histoires indépendantes les unes des autres, regroupées sous le titre générique le roi des rues de New York. Le Punisher est rentré chez lui et petit à petit, il reprend ses bonnes vieilles habitudes, qu'il s'agisse de remonter la piste d'un adolescent qui a pénétré dans une de ses caches, et lui a volé une arme trafiquée, jusqu'à une intervention inopinée lors d'une panne de courant généralisée dans la ville, qui permet à certains criminels d'en profiter dans un musée. Nous assistons à des tranches de vie d'un Frank Castle toujours aussi impitoyable et porté sur la violence, pour résoudre les problèmes urbains. C'est sympathique, après tout c'est ce que nous voulons lire, mais ça manque tout de même de vrais enjeux et d'inspiration. Enchaîner les scènes choc ne suffit pas, si on ne parvient pas à créer un vrai engouement tout autour.

Et plus on avance, moins ça s'arrange. Le Punisher fait ensuite face à un cinglé qui s'amuse à pousser les gens sur les rails du métro, pour leur faire connaître une fin horrible. Le pire est à venir dans les deux derniers épisodes qui sont liés, avec le retour de Face, engoncé dans ses bandage comme une momie, et doté d'une super force, animé par un esprit de vengeance inextinguible. Cette lutte finale se termine en grand n'importe quoi, en plein festival de cinéma, en compagnie d'un couple de star actrice-réalisateur déjanté, qui s'incruste dans l'aventure. C'est vraiment limite tant le niveau sombre avec ces dernières pages, en confondant humour absurde et plantage complet de scénario. Le dessin est confié principalement à deux artistes : Kris Anka et Matt Horak. Dans les deux cas il ne s'agit pas de dessinateurs dont nous admirons particulièrement le travail. L'ensemble n'a pas de caractère, on le qualifiera juste de fonctionnel, et finalement il nous fait regretter le disparu Steve Dillon, qui a été un petit maître lorsqu'il s'agissait d'instaurer un humour très second degré entre les planches et le lecteur. Je suis un grand fan du Punisher, et franchement, ce genre d'album ne finira pas au pinacle du genre.




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ALL-NEW PUNISHER TOME 2 : OPERATION CONDOR FIN DE PARTIE

Le Punisher est loin d'en avoir fini avec Condor, cette organisation de mercenaires qui ont décidé de voir plus grand, plus fort, et sont impliqués actuellement (pas toujours selon leurs termes d'ailleurs) dans un trafic ignoble de nouvelle drogue surpuissante, qui confère à qui se l'injecte (ou l'ingère) une force surhumaine, et une résistance totale. Petit détail, au bout se trouve l'intoxication, la mort. Imaginez un peu comment cela pourrait être fort utile pour toutes les armées de cinglés à travers le globe, et toutes les guerres qui naissent un peu partout... Frank Castle est laissé pour mort au terme du premier tome de ses nouvelles aventures, mais ce ne sera que la centième fois de sa carrière, et vous vous doutez bien qu'il ne faut pas y croire une seconde. Traqué par un peu tout le monde (les criminels, la détective Ortiz, pourtant mise à pieds...) il va devoir sortir le grand jeu, faire preuve d'imagination (quitte à lutter avec une bouteille de champagne!) et trouver des alliés pour s'en sortir. C'est ainsi que le Punisher va se reposer momentanément dans une charmante ferme quasi abandonnée, gérée par Ethel, une veuve octogénaire, qui va fournir à Frank logistique et soins médicaux. Sur le moment, l'épisode parait caricatural, et on se dit que c'est vraiment forcé, voire un peu foireux dans l'idée, cette gentille vieille qui accueille un tueur de sang froid, qui parait en plus s'émouvoir de l'attention envers sa personne. Mais les derniers instants avec Ethel, les trois dernières vignettes, sont un adieu poignant et sensible, qui rachète d'un coup d'un seul toutes les mauvaises pensées précédentes. Bref du Punisher un peu limite, pas toujours totalement inspiré, mais ça se laisse lire.

En fait Olaf et Condor, ce n'est pas une menace très charismatique, à la base, et du coup les aventures de Castle n'ont pas ce sel nécessaire que peut apporter un Barracuda ou un Wilson Fisk, par exemple. Becky Cloonan fait de son mieux pour imiter qui a fait les grandes heures du personnage, à savoir tenter d'être originale et surprendre avec les armes employées pour tuer (du champagne, un ours, tout comme Ennis auparavant...) ou ajouter du gore à grosses poignes à longueur d'épisodes. Parfois le Punisher se prend un coup de couteau dans les reins et deux pages plus tard, plus de traces de sang sur le T-shirt, et le voici qui gambade et lutte comme si de rien n'était. Même Wolverine aurait eu besoin de souffler, Becky.
Avec cet album, on dit aussi adieu à Steve Dillon, qui nous a tristement quitté alors qu'il finissait le septième numéro de la série, qui ouvre le tome 2. On aime, ou pas, mais peu ont su caractériser à sa manière le Punisher, et laisser une identité visuelle durable et identifiable. Chapeau.
Les autres dessinateurs sont Matt Horak et Laura Braga. On préfère cette dernière, jeune artiste italienne pleine de promesses, que nous suivons avec énormément d'attention, et chose promise, que nous tenterons absolument d'avoir avec nous en mai prochain à Nice, au Printemps des Comics. Du coup on a entre les mains un titre qui fait son job, parfois maladroitement ou en écriture automatique, mais reste assez sympa pour peu qu'on reste un grand fan du Punisher. Mais cela reste clairement loin en deça des grandes sagas de Castle, que vous connaissez tous. 



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Le Punisher Vs Deadpool (Pere Perez)




ALL-NEW PUNISHER TOME 1 : OPERATION CONDOR

Une impression de déjà-vu ou de lassitude pourrait être tout à fait justifiée, car vous ne le savez peut-être pas, mais nous en sommes déjà à la dixième série du Punisher à être publiée chez Marvel, d'une manière ou d'une autre. Le dessinateur non plus n'est pas une nouveauté, Steve Dillon a déjà travaillé sur le personnage et il en est ici à sa sixième prestation avec notre anti-héros...C'est un coup porté au coeur que de voir ici ses dernières planches pour le personnage, puisque cet artiste nous a quitté en 2016. Bref avant de commencer cette nouvelle série all new all different j'admets avoir eu quelques doutes sur la pertinence de ce que j'allais lire. Et du reste les premières pages nous emmènent tout de suite sur un terrain connu. Nous avons affaire à un nouveau cartel de la drogue, le Condor, qui compte également dans ses rangs un ancien militaire qui fut en son temps  opérationnel sur le terrain avec Frank Castle. Aujourd'hui il a retourné sa veste et donne dans le trafic d'une nouvelle substance surpuissante (l'EMC) sans se faire trop de scrupules. L'essentiel de ces premières pages se développe autour d'un axe double : d'un côté nous avons une opération des forces anti-drogue (menée par la détective Ortiz, qui est appelée à jouer un rôle important par la suite) et qui est étudiée minutieusement depuis des semaines. Nous sommes à la veille du grand coup de filet et chaque détail doit être vérifié de multiples fois. De l'autre côté nous avons le Punisher, qui lui ne s'embarrasse pas de préparatifs et de la paperasse administrative, mais recourt à une technique bien plus meurtrière et expéditive. Du reste il va devancer la police pour faire le ménage à sa façon. Becky Cloonan nous offre donc une introduction sombre, violente, sans grande surprise, mais qui replace d'emblée le personnage dans un contexte qui a toujours été le sien, et dans lequel il s'avère très efficace. Une force de la nature inarrêtable, qui laisse derrière lui des cadavres de criminels qui l'ont bien mérité. 

Démanteler (ou plutôt éradiquer) Condor ne sera pas de tout repos. Il y a différentes strates à franchir, comme Face, un cinglé de première catégorie qui accroche les visages découpés de ses victimes comme des trophées. Ou de pauvres criminels du dimanche, qui pour faire tomber Frank Castle sont même prêts à utiliser une fillette, équipée d'une ceinture explosive, comme kamikaze innocente. Cloonan n'invente rien de nouveau mais n'épargne pas les scènes chocs, les moments de malaise qui font qu'on en vient, tout naturellement, à souhaiter un bain de sang catharsique avec le Punisher en grand artificier.
Dillon aux dessins nous fait plaisir, car on voit clairement qu'il s'applique et sort des planches qui comptent parmi les plus claires et précises qu'il a produites ces dernières années. Ce sont des épisodes qui respecte pleinement le cahier des charges, mais qui manque peut-être encore de cette folie propre à un auteur comme Garth Ennis (soupirs...).  Les visages sont inexpressifs, volontairement, et on devine dans ce masque figé de Castle toute la froideur d'un homme qui n'a plus guère de liens avec les sentiments du commun des mortels. Sauf qu'en cours de route, cela peut encore changer.. Un dernier hommage pleinement réussi donc à l'artiste, décédé brusquement l'an passé des suites d'une maladie, et qui a marqué de son empreinte la carrière éditoriale de notre justicier à la tête de mort. Dont la nouvelle série, chez Panini, joue la carte du classicisme désespéré, et cela fonctionne bien, et plonge le lecteur dans une aventure noire et sordide, qui ne nous fait pas aimer le genre (in)humain. 







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THE PUNISHER #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Une impression de déjà-vu ou de lassitude pourrait être tout à fait justifiée, car vous ne le savez peut-être pas, mais nous en sommes déjà à la dixième série du Punisher à être publiée chez Marvel, d'une manière ou d'une autre. Le dessinateur non plus n'est pas une nouveauté, Steve Dillon a déjà travaillé sur le personnage et il en est ici à sa sixième prestation avec notre anti-héros... bref avant de commencer cette nouvelle série all new all different j'admets avoir eu quelques doutes sur la pertinence de ce que j'allais lire. Et du reste les premières pages nous emmènent tout de suite sur un terrain connu. Nous avons affaire à un nouveau cartel de la drogue, géré par un certain Condor, qui compte également dans ses rangs un ancien militaire qui fut en son temps  opérationnel sur le terrain avec Frank Castle. Aujourd'hui il a retourné sa veste et donne dans le trafic de la drogue sans se faire trop de scrupules. L'essentiel de ce premier numéro se développe autour d'un axe double : d'un côté nous avons une opération des forces anti-drogue (menée par la détective Ortiz, qui est appelée à jouer un rôle important par la suite) et qui est étudiée minutieusement depuis des semaines. Nous sommes à la veille du grand coup de filet et chaque détail doit être vérifié de multiples fois. De l'autre côté nous avons le Punisher, qui lui ne s'embarrasse pas de préparatifs et de la paperasse administrative, mais à une technique bien plus meurtrière et expéditive. Du reste il va devancer la police pour faire le ménage à sa façon. Becky Cloonan nous offre donc une introduction sombre, violente, sans grande surprise, mais qui replace d'emblée le personnage dans un contexte qui a toujours été le sien, et dans lequel il s'avère très efficace. Une force de la nature inarrêtable, qui laisse derrière lui des cadavres de criminels qui l'ont bien mérité. Dillon aux dessins nous fait plaisir, car on voit clairement qu'il s'applique et sort des planches qui comptent parmi les plus claires et précises qu'il a produites ces dernières années. C'est donc un début solide qui respecte pleinement le cahier des charges, mais qui manque peut-être encore de cette folie propre à un auteur comme Garth Ennis (soupirs...). Nous continuons de regretter encore aujourd'hui l'imagination débridée de l'irlandais, qui avait amené Frank Castle au pinacle de l'humour noir et du comic-book irrévérencieux. En attendant nous allons donc tout de même composer avec cette dixième série du Punisher, qui devrait en combler un certain nombre parmi vous. 



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GOTHAM ACADEMY TOME 1 : LE SECRET DES COBBLEPOT

Gotham n'est pas qu'une cité sombre où les criminels et Batman jouent au jeu du chat et de la souris chaque nuit. C'est aussi une ville qui dispose d'une précieuse Academy où sont dispensés des cours d'exception, sous le haut patronage de la famille Wayne. Dans l'institut, de jeunes ados dont nous allons suivre l'arrivée, l'installation, et la vie au quotidien, sur fonds d'enquête et de mystères. Nous nous attardons ainsi sur le personnage de Olive Silverlock, et son amie Maps (Mia) Mizoguchi, prise sous tutelle . Ambiance radicalement différente de ce à quoi il aurait pu être possible, avec le nom de Gotham dans le titre. Nous délaissons les ruelles poisseuses et blafardes, pour un comic-book qui ressemble davantage à l'adaptation d'un animé pour jeune public, et qui bénéficie d'une mise en couleurs riche et agréable. Olive sort d'un été agité et désagréable, et c'est une habitante typique de la grande cité. Elle ne s'étonne plus du Bat-Signal ou de tous ce qui peut se produire chez elle, c'est une citadine presque blasée et pour elle l'extraordinaire est devenu la norme. Maps elle est ingénue, plus entière et pétillante, plus jeune et dans un cadre qu'elle est loin d'appréhender. Son frère est l'ancien boy-friend d'Olive (la rupture est récente), et Becky Cloonan met d'emblée l'accent sur la camaraderie et l'entente qui va lier les deux amies pour instaurer un climat de confiance avec le lecteur, ou la lectrice (car il ne fait aucun doute que c'est une des ambitions de ce titre, féminiser le lectorat de l'univers Batman). Dans les couloirs de l'Academy, il y a des zones interdites, des présences mal définies, peut être même un fantôme qui rode... Et contrevenir aux ordres, comme par exemple ne pas s'approcher de certaines ailes du bâtiment, en réfection, peut vite devenir dangereux, et se solder par un sauvetage improvisé, et un peu forcé. 


Mystère et enquête, sur fonds de relations (tendues ou amicales) entre adolescents. Voilà la recette de ce premier tome. Dans le manoir qui abrite les cours, on murmure qu'un fantôme se balade et hante les couloirs ... Celui de la petite Millie Cobblepot, dont les mémoires fascinent et renferment de sombres secrets qui n'attendent qu'à être dévoilés. Du coup un climat de surnaturel englobe l'ensemble de ces aventures, et c'est un puzzle qui s'ouvre devant le lecteur, qui doit reconstituer peu à peu toutes les pièces. C'est d'autant plus facile et profitable si vous suivez ce qui se passe dans les autres séries liées à l'univers de Batman, comme Eternal, par exemple. Quand Olive commence à se confier et évoque ce qui s'est produit avec sa mère, dans un hôpital, il peut être intéressant de faire la liaison. D'autant plus que c'est de là que vient la connexion "directe" qui existe entre la jeune fille et Batman. Cloonan et Fletcher parviennent, au fil des pages, à rendre les enquêtes et les errances de Olive, Maps, et d'autres comme Kyle, Heathcliffe ou Pomeline plutôt sympathiques, avec une dynamique et des rapports humains assez crédibles pour des personnages de cet âge. Quelle bande de gamins n'a jamais rêvé de mettre la main sur un spectre dans une maison hantée, et d'entrer en communication avec lui (ou elle)? Karl Kerschl apporte un plus indéniable au titre, avec des dessins suffisamment propres et détaillés pour séduire les lecteurs exigeants de comics, tout en faisant clairement du pied au plus jeunes, aux novices, et aux filles, avec cerise sur le gâteau les couleurs de Geyser qui varient d'une page à l'autre, s'adaptant et diffusant des ambiances pertinentes et prenantes. Même si ce Gotham Academy est loin d'être le type de lecture que je prédilige et souhaite suivre sur la durée, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas lui reconnaître une qualité évidente et la force de savoir aller atteindre sa cible, en respectant le cahier des charges à la lettre. Vous savez ce que vous achetez, et vous n'êtes pas lésés. 





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