Affichage des articles dont le libellé est Jock. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jock. Afficher tous les articles

GONE : UN TITRE DSTLRY SIGNÉ JOCK (CHEZ DELCOURT)


 Le nouvel éditeur DSTLRY semble bien parti pour se constituer rapidement un catalogue de premier ordre. C'est Delcourt Comics qui publie en France ces séries initialement présentées aux États-Unis. Cette fois, nous avons droit à une œuvre de science-fiction (sociale) pure et dure, signée Joke, un artiste britannique déjà salué à maintes reprises, notamment pour son travail sur Batman. Comme toute une génération d’illustrateurs venus d’outre-Manche, Joke a grandi en dévorant le magazine anthologique 2000 AD, célèbre pour ses récits dystopiques et ses univers oppressants, qui ne sont souvent qu’une extrapolation troublante de notre monde actuel, lequel, il faut bien l’admettre, semble partir à vau-l’eau jour après jour. Dans l’univers de Gone, les ultra riches et la plèbe vivent séparés par des barrières infranchissables. Ceux qui en ont les moyens voyagent à bord d’immenses vaisseaux spatiaux et entreprennent de longs périples pouvant durer des années. Heureusement pour eux, ils disposent de la cryostase à volonté et profitent des effets de la distorsion spatio-temporelle, ce qui fait qu’une décennie de voyage ne représente que quelques mois sur Terre. Pendant ce temps, les plus démunis peinent à se nourrir. C’est ainsi qu’Abi, une jeune fille de 13 ans, est contrainte de s’infiltrer clandestinement à bord de ces vaisseaux lorsque ceux-ci font escale sur le spatioport local, dans l’espoir d’y voler un peu de nourriture ou quelques biens de consommation pour apaiser sa faim. Le problème, quand on s’introduit en douce dans un tel vaisseau, c’est qu’il faut se hâter d’en ressortir. Car s’il repart avant qu’on ait pu s’éclipser, on se retrouve alors prisonnier pour un laps de temps… disons, fort indésirable. C’est précisément ce qui va arriver à notre jeune voleuse. Non seulement Abi se retrouve embarquée malgré elle dans un voyage interstellaire, mais en plus, elle se laisse entraîner par une bande de garnements plus âgés qu’elle, dont les intentions sont autrement plus radicales. Eux ne sont pas de simples passagers clandestins venus chaparder des pommes de terre : ce sont des terroristes en herbe, bien décidés à semer le chaos à bord en y déposant des explosifs.



Quoi qu’il en soit, Abi ferait bien de prendre son mal en patience, car le voyage ne fait que commencer et les années vont défiler. Coincée dans cet immense vaisseau, elle va devoir explorer ses moindres recoins labyrinthiques pour survivre, tout en apprenant à composer avec ses dangereux compagnons d’infortune… En refermant l'album, une évidence s'impose : Jock est indéniablement un bien meilleur dessinateur que scénariste. La partie graphique de Gone est particulièrement intéressante et refléte le style caractéristique de l’artiste ainsi qu’une ambition notable : celle de représenter toute la géographie d’un immense vaisseau intergalactique. Elle met également à l'honneur une jeune héroïne dont l’évolution est retracée à trois moments distincts de son existence, avec trois visages sensiblement différents. C’est principalement son œil droit et une cicatrice qui permettent de marquer chaque étape de son parcours. En revanche, Jock peine à convaincre en tant que scénariste. D’une part, le récit souffre de certaines zones d’ombre qui le rendent parfois difficile à suivre. D’autre part, il recourt à des facilités scénaristiques, comme ce mystérieux virus qui se propage soudainement sous forme de gaz dans le vaisseau, sans que l’on comprenne réellement sa nature ni son utilité, si ce n’est pour éliminer un grand nombre de personnages. Ces derniers, d’ailleurs, manquent souvent de profondeur et sont introduits de manière trop sommaire, y compris lorsque le récit tente de dévoiler les liens familiaux qui structurent ce space operaAu final, on ressort avec une certaine frustration : ce qui, sur le papier, s’annonçait comme une proposition diablement séduisante s’effiloche en cours de route, pour ne devenir qu’un récit de science-fiction correct, sans plus. Cela dit, l’édition proposée par Delcourt est absolument splendide : le format, la qualité du papier et les adaptations des récits de DSTLRY comptent parmi les plus belles réalisations de ces derniers temps.



La communauté des fans de comics et de BD vous attend :

SNOW ANGELS : LEMIRE ET JOCK S'AVENTURENT SUR LA GLACE


 Après une bonne dizaine d'années de gestation, Snow Angels, le travail conjoint de Jeff Lemire et de Jock, est désormais disponible chez Urban comics (en réalité, sortie nationale cette fin de semaine ). Dès l'introduction, nous sommes plongés dans un monde de glace, à perte de vue. Les humains qui survivent sont tous situés dans ce qu'on appelle la Tranchée, creusée à même la glace. C'est un territoire particulier, le seul qui semble être un tant soit peu hospitalier. La vie dans la tranchée est régie par trois règles : la première dit qu'elle pourvoit, c'est-à-dire que pour ce qui est de la nourriture, il faudra se contenter de ce qui pousse sur les parois glacés et de ce qui vit dans l'eau gelée. La règle numéro deux interdit de quitter la Tranchée; s'en éloigner, affronter les vastes étendues battus par des vents froids, cela signifierait la mort. La troisième règle prévoit que la Tranchée n'a pas de fin, il n'y a rien au-delà de la Tranchée, elle est tout et illimitée. Mais voilà, ces trois règles sont basées sur un mensonge et c'est ce que vont découvrir les personnages principaux de cette histoire, à savoir un père de famille et ses deux filles (Milliken, la plus grande avec ses douze ans, et Mae Mae). C'est en revenant d'une petite excursion pour fêter l'anniversaire de l'aînée qu'ils vont tous les trois découvrir le massacre de ce qu'on pourrait appeler leur village, ce qui va les contraindre à prendre la fuite le plus vite possible, à s'en aller explorer des contrées où jusque-là ils ne s'étaient pas encore aventuré. Et il faut faire vite car à leurs trousses, nous découvrons celui que la superstition locale appelle l'Homme des neiges. En réalité, un type engoncé dans un costume ultra technologique, qui semble bien décidé à poursuivre son carnage, l'achever avec la mort des trois fugitifs.


Les deux artistes derrière Snow Angels font chacun preuve de leur talent et de leurs qualités intrinsèques : le scénariste Jeff Lemire n'a pas son pareil dès lors qu'il s'agit de tisser des liens familiaux. Il prend son temps pour présenter et étoffer les personnages et ne s'intéresse à de nouveaux intervenants que lorsqu'il est certain d'avoir déjà fait entrer sa petite famille dans le cœur des lecteurs. Quant à Jock, il se retrouve aux prises avec un paysage désertique dans lequel il peut laisser exprimer sa capacité d'occuper l'espace et de gérer les formes, avec un très fort contraste entre le blanc immaculé de la glace et sa science des ombres et des silhouettes. Il élargit régulièrement le champ de vision, dans lequel les protagonistes deviennent presque insignifiants; une différence d'échelle qui accentue l'impression de solitude et de vain combat contre les éléments. La seconde partie verse dans une science-fiction beaucoup plus prononcée que la première, où on pourrait presque croire qu'il s'agira d'une histoire avant tout personnelle, voire métaphysique. Le final reste ouvert à différentes interprétations et c'est un autre point en faveur de cette parution, à l'origine publiée directement au format digital, sur Comixology, avant d'être adaptée pour une version papier. Assez curieusement, après tout ce que nous venons de dire, ce Snow Angels vaut l'achat et le détour mais reste tout de même inférieur à la plupart des grandes productions de Jeff Lemire. Un artiste si brillant qu'il a déjà à son actif de nombreux chef-d'œuvre ! Snow Angels n'en n'est pas véritablement un mais reste une aventure que nous vous conseillons d'aller découvrir pour sa science du récit. 



La page Facebook pour venir parler comics et bd :


BATMAN ONE DARK KNIGHT : JOCK DANS LA NUIT DE GOTHAM


 Vous le savez bien, Gotham n'est pas la ville lumière par excellence. C'est plutôt le royaume de l'obscurité, de la noirceur, de la nuit permanente. Du reste, on a rarement vu Batman se balader dans la rue et faire ses courses dans son costume de chauve-souris, en plein après-midi, au supermarché du coin. Mais là, c'est encore pire que d'habitude. Au départ il y a un super criminel du nom de EMP; ses pouvoirs sont basés sur les champs magnétiques et toutes les formes d'énergie, qu'il parvient à aspirer jusqu'à atteindre une forme d'overdose, qui le contraint alors à libérer des forces terribles. Le type a autrefois était le responsable d'un véritable drame dans la ville et depuis il accepte de purger sa peine, en se considérant lui-même comme coupable d'exactions pour lesquelles il n'existe pas de pardon possible. Seulement voilà, l'heure est venue de le transférer de l'asile d'Arkham, où il était pour l'instant interné, à la prison sous haute sécurité de Blackgate, là d'où a priori personne ne peut s'évader. Le problème, c'est le trajet… il faut un transport spécifique pour que EMP ne puisse pas libérer ses énergies et il faut également tenir compte du fait que dehors, de nombreux gangs à l'attendent au virage, entre ses anciens hommes de main et ceux qui ont décidé de se venger et de le liquider à la première occasion. Au milieu de tout cela, nous trouvons Batman qui est censé veiller sur le véhicule blindé et s'assurer que le détenu rejoigne bien sa nouvelle cellule. Je pense que vous avez tout de suite compris que les choses ne vont pas se passer comme prévu, et qu'à un moment donné EMP va se retrouver dans la nature! Cela dit, tout ne va pas exactement se déroulait comme on pourrait l'imaginer.


Le scénario de cet album n'est pas forcément des plus élaborés, il faut bien l'admettre. Il s'agit d'une course poursuite à travers la ville, avec un Batman qui doit veiller sur un détenu en piteux état, qui pour une fois n'essaie pas de se faire la malle tout seul, mais qui par contre est l'objet des convoitises de tout un tas de malfrats. Tout ceci risque de mal finir et si en temps normal Batman n'aurait aucun problème à se débarrasser de chacun des assaillants en conservant une main dans le dos, c'est beaucoup plus difficile lorsque le nombre devient écrasant et que chaque carrefour recèle un guet-apens mortel. Une course contre la montre s'engage alors dans la ville, en pleine nuit, dont l'objectif est simple : amener EMP à Blackgate avant le lever du jour et sans qu'il libère des énergies à l'effet dramatique sur la ville. Sauf que assez rapidement, la situation dérape… Jock est à la fois le scénariste et le dessinateur de cet ouvrage; pour ce qui est du dessin, il n'y a rien à redire car vous le savez, c'est un artiste extraordinaire, qui a une maîtrise de l'obscurité, du noir et ses déclinaisons, des ombres et des formes qu'elles peuvent dessiner, absolument remarquable. J'en fais même personnellement un de mes dix ou quinze artistes favoris, pour ce qui est du circuit contemporain, c'est vous dire. Il est ici en très grande forme et certaines de ses planches sont véritablement splendides. On est totalement en immersion dans cette nuit qui n'en finit pas, traversée et déchirée par des explosions, des coups de feu, des intuitions graphiques remarquables. Côté scénario, Jock s'en tire car il parvient à glisser quelques éléments disparates, comme une conspiration pénitentiaire, une histoire familiale, bref il crédibilise un récit des plus simplistes par petites touches, ce qui au final le rend beaucoup plus attachant. L'album regroupe en fait trois épisodes, trois grandes parties publiées séparément aux États-Unis, sur le Black Label de DC Comics, ce qui explique le format un peu hors norme mais particulièrement adapté au talent de l'artiste. On y retrouve un Batman à mi-chemin entre le Frank Miller de Sin City et l'inventivité graphique d'un Sienkiewicz. C'est particulièrement beau, ça se lit assez vite, bref un petit plaisir (presque) coupable qu'on peut vous recommander sans la moindre hésitation.





LE BATMAN QUI RIT : LA BONNE BLAGUE DE SNYDER ET JOCK

Le Batman Who Laughs est le personnage qui a le mieux tiré son épingle du jeu, durant le crossover Dark Nights Metal, chef d'oeuvre de chaos et de confusion à la Scott Snyder. Ce même scénariste est le responsable de cette nouvelle parution, où le criminel, fusion du Joker et de Batman, est la star en solo d'aventures qu'on devine terrifiantes.
Tout commence par une enquête qui fait froid dans le dos, puisque Batman tombe sur un cadavre qui soulève bien des questions; celui d'un Bruce Wayne d'une réalité alternative, encore que se différenciant de peu de l'homme que nous connaissons tous. Un mort encombrant, et probablement une immense interrogation, qui aurait de quoi faire partir en vrille le cerveau du plus futé des détectives. 
Le Batman who laughs, lui? Il agit dans l'ombre, tire les ficelles, et en fin de premier numéro pénètre dans Arkham pour y faire des siennes, encore que d'entrée on nous prévient, et l'effet mortifère en est donc gâché. C'est donc dans le rôle du grand méchant loup qu'on le retrouve, privé du moindre scrupule, des notions de bien et de mal, des limites morales de notre Batman, ce qui fait qu'il "gagne toujours". C'est discutable, car Batman est encore là de nos jours aussi car il s'impose et connaît parfaitement des frontières, qui jalonnent son action. Sans cette axiome, le Batman who laughs pourrait aussi devenir un Batman inconscient, qui à vouloir se la jouer omniscient et insaisissable, commet impairs et petites bévues fatales. C'est ce qu'on va voir. En tout les cas l'idée même que Batman pourrait mener sa croisade en se fendant la poire à de quoi donner des sueurs froides à bien des habitants de Gotham. D'autant plus que le plan diabolique de l'ennemi est de "contaminer" notre Batou, le contraindre à voir les choses sous l'angle de vue distordue de l'autre, d'abandonner la raison pour le chaos. 

Scott Snyder est un peu plus clair qu'il l'est souvent, mais c'est tout de même assez confus par endroits. On a l'impression, à un moment donné, que Batman est condamné à devoir sombrer dans la folie de son adversaire, que rien ne pourra stopper l'inéluctable transformation, qui apparaît dans les bulles de dialogue, la manière de s'exprimer, qui se dégrade toujours plus. Mais il résiste, le bougre, et c'est tant mieux pour Alfred et le commissaire Gordon, qui chacun de leurs cotés vont passer de sales moments, et se heurter à la cruauté d'un scénariste qui aime placer les personnages dans des situations dramatiques, quitte à les résoudre sur une pirouette qui laisse un arrière goût de facilité abusive. Touchons un mot de Jock, le dessinateur, ici dans une forme olympique. Il se contente en apparence du strict minimum pour nous glacer l'échine, mais c'est que sa maîtrise des ombres, de l'horreur, aussi bien suggérée qu'explicite, qui fait de lui un choix évident et idéal pour Snyder, correspondant à merveille au ton choisi pour cette mini en six parties qui sont devenues sept. Les pages suintent la torture physique et mentale, le basculement dans la démence, et c'est ce qu'on attendait de l'histoire. Par contre, le choix de placer les didascalies et dialogues en rouge sur fond noir, ce n'est pas formidable quand vous êtes astigmate ou myope. Dans la VO c'était d'ailleurs illisible par endroits (je vous assure, j'ai du renoncer à quelques tirades à cause de cela). Tout ceci étant dit, il y a fort à parier que ce Batman qui rit va séduire le plus grand nombre des fans habituels du Dark Knight, surtout si vous attendiez des conséquences directes de l'événement de l'an dernier, Dark Nights Metal. 



Achetez le Batman qui rit chez Urban Comics


Suivez UniversComics sur Facebook. Likez la page

THE BATMAN WHO LAUGHS #1 : UN BATMAN QUI VA MOURIR DE RIRE

Le Batman Who Laughs est le personnage qui a le mieux tiré son épingle du jeu, durant le crossover Dark Nights Metal, chef d'oeuvre de chaos et de confusion à la Scott Snyder. Ce même scénariste est le responsable de cette nouvelle parution, où le criminel, fusion du Joker et de Batman, est la star en solo d'aventures qu'on devine terrifiantes.
Tout commence par une enquête qui fait froid dans le dos, puisque Batman tombe sur un cadavre qui soulève bien des questions; celui d'un Bruce Wayne d'une réalité alternative, encore que différenciant de peu de l'homme que nous connaissons tous. Un mort encombrant, et probablement une immense interrogation, qui aurait de quoi faire partir en vrille le cerveau du plus futé des détectives. 
Le Batman who laughs, lui? Il agit dans l'ombre, tire les ficelles, et en fin de numéro pénètre dans Arkham pour y faire des siennes, encore que d'entrée on nous prévient, et l'effet mortifère est gâché.
C'est donc dans le rôle du grand méchant loup qu'on le retrouve, privé du moindre scrupule, des notions de bien et de mal, des limites morales de notre Batman, ce qui fait qu'il "gagne toujours". C'est discutable, car Batman est encore là de nos jours aussi car il s'impose et connaît parfaitement des frontières, qui jalonnent son action. Sans cette axiome, le Batman who laughs pourrait aussi devenir un Batman inconscient, qui à vouloir se la jouer omniscient et inarrêtable, commet impairs et petites bévues fatales. Ce sera à voir.
Touchons un mot de Jock, le dessinateur, ici dans une forme olympique. Il se contente en apparence du strict minimum pour nous glacer l'échine, mais c'est que sa maîtrise des ombres, de l'horreur aussi bien suggérée qu'explicite, fait de lui un choix évident et idéal pour Snyder, correspondant à merveille au ton choisi pour cette mini en six parties.
Un début assez bien troussé donc, qui devrait vous donner envie de lire la suite, sans trop de problèmes. 


Venez discuter comics avec nous, sur Facebook

ALL-STAR BATMAN TOME 2 : TERRES EXTREMES

Scott Snyder essaie, mais impossible pour lui de se détacher de Batman, d'une manière ou d'une autre. Si c'est Tom King qui écrit dorénavant les aventures Rebirth du justicier de Gotham, Snyder donne libre cours à ses envies d'expérimentations avec All-Star Batman, qui démarre ici un nouvel arc narratif bien différent du premier, un peu confus et prétentieux. Le vilain qui ouvre l'album n'est autre que Mister Freeze, qui retrouve un peu de son lustre d'antan, dans sa version tragique et torturée, animé par la soif de ranimer sa femme, qui est plongée dans un état de cryogénisation dont elle ne reviendra jamais. 
Le scénariste ne prend pas le chemin le plus droit pour atteindre son but. Le fond est alambiqué, la forme l'est tout autant, puisque tout le premier épisode se rapproche de ce qu'il a pu faire avec Jeff Lemire, sur A.D.: After Death. Les traditionnelles bulles de dialogue sont ici remplacées par de la didascalie continue, qui vient expliciter les enjeux, la tension qui monte entre Batman et son adversaire. Le Dark Knight est venu solliciter l'aide de son ennemi, face à un virus redoutable qui se niche dans les glaces éternelles du pôle, mais l'appel n'est pas entendu, et Freeze insiste dans son délire de trouver une armée à ses cotés, et de réveiller les morts. Au final, tout dérape, Batman passe à l'offensive (qu'un prof de Svt/biologie vienne m'expliquer ce que je n'ai pas compris, please) et une frappe orchestrée par des avions de chasse libère tout de même le virus. 


Les autres épisodes aussi sont un peu du même acabit. On y découvre d'autres ennemis récurrents, à commencer par la belle Poison Ivy de Tula Lotay. Sa version est d'une grâce évidente, et tout comme le premier épisode, le lecteur se perd un peu dans des réflexions sur le sens et la véracité de ce qu'il est en train de lire. Des pages qui se suivent, comme dans un rêve éveillé. Arrive juste après le Chapelier Fou, pour là encore des moments qui remettent en question les certitudes, les malaxent, les transcendent, au final. On retiendra donc principalement la qualité visuelle de ce second tome, qui convoque de bons artistes au style personnel (avec aussi un Giuseppe Camuncoli qui se lâche bien plus que sur Amazing Spider-Man) et propose des envolées ou des instants cruciaux qui sont magnifiques. Mais on aime beaucoup moins les effets de manche permanents de Snyder, qui nous emportent sur des chemins trop tortueux, gâchant le plaisir simple d'une lecture super-héroïque, pour en faire un truc exagéré, grossi à l'extrême, avec un Batman qui est toujours aussi malin et intouchable. En gros coupez lui la tête, et vous verrez que Snyder nous fera croire qu'il l'avait prévu, et en avait mis une autre dans sa bat-ceinture, prête à l'emploi. 
Signalons aussi une back-up story qui prolonge le focus sur le personnage de Duke Thomas , avec un Francesco Francavilla qu'on retrouve toujours avec plaisir, et qui est vraiment bon et pertinent dans ce genre de mise en scène. Pour le coup, la mayonnaise prend doucement, avec ce nouveau Robin qui n'en est pas un. 
Bon, All-Star Batman ça se laisse lire, mais si vous faites l'impasse, vous n'allez pas non plus en avoir des regrets éternels... 



Rejoignez-nous sur Facebook, venez parler comics

A lire aussi : 





GREEN ARROW ANNEE UN (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 53 CHEZ EAGLEMOSS)

Nous abordons ce vendredi un des albums de la collection Eaglemoss que nous n'avions pas chroniqué à ce jour. Voici venir les grands débuts de l'archer le plus célèbre de l'univers Dc, et ce ne sera pas sans douleurs!
Oliver Queen a au moins deux points communs évidents avec Tony Stark. C'est un milliardaire mondain, et il touche un peu trop à la bouteille, à ses heures de libre. Ceci explique pourquoi il participe à des ventes aux enchères en état d'ébriété avancée, qu'il se couvre de ridicule en public, au point de devoir disparaître quelque temps pour se refaire une virginité, en compagnie de Hackett, son fidèle bras droit, qui lui propose parfois des montages financiers pas toujours très nets. Mais les apparences sont trompeuses, et ce dernier tente finalement de se débarrasser de son patron, à bord d'un yacht, sans pour autant avoir le courage de le finir à bout portant, l'abandonnant dans les eaux hostiles de l'océan, en perdition. Queen ne meurt pas, et il échoue sur une île paumée où les habitants, quand ils ne sont pas morts, assassinés, leurs villages rasés, sont réduis en esclavage dans des plantations modernes, qui servent de base à un vaste trafic d'héroïne. Contraint de survivre à tout prix, le futur archer doit s'endurcir, corps et âme, pour avoir une chance, et comble de malheur, lorsqu'il appelle au secours en fabriquant une flèche incendiaire pour lancer un signal, il manque de peu de se faire tuer par ses geôliers. Le parcours initiatique, sur l'île, se prolonge avec une nouvelle rencontre, la dernière, entre Oliver et Hacket, et la révélation de l'individu qui tire les ficelles de ce trafic, une chinoise toute vêtue de blanc, sans morale, China White (Chein Na Wein). Pour revenir à la civilisation, tout en défaisant le réseau de trafiquants et d'esclavagistes qui terrorisent l'île, le milliardaire va devoir se faire justicier implacable, serrer les dents et ignorer la douleur et les blessures (soigné à l'opium il manque même d'en devenir accroc), puis émuler Robin Hood, son héros d'enfance, au point de poser les premiers jalons de ce qui sera sa future identité dans l'univers Dc : Green Arrow.

Où nous nous rendons compte (je me place dans la peau d'un lecteur néophyte) que la série télévisée, Arrow, a puisé librement ses sources dans cet album écrit par Andy Diggle, en récupérant le cadre de départ, mais en modifiant lourdement la période formative du héros. Où nous comprenons aussi à quel point la série, depuis l'avènement des New 52, est devenue ennuyeuse, vidée de sa substance, creuse, tout du moins jusqu'à l'arrivée de Jeff Lemire, qui a inversé la tendance en s'appuyant sur le passé d'Oliver, pour en extraire de nouvelles révélations, et de nouveaux mystères. En ce moment l'opération Rebirth aussi semble avoir du potentiel, même si nous sommes encore loin des fastes du personnage. Ce "Year One" contribue d'avantage encore à réduire Green Arrow, chez les novices, à un type avec un arc, qui a passé du temps seul sur une île, et en est revenu transformé, ce qui est réducteur et assez éloigné du vieux briscard grogneur et politisé (il est devenu maire de sa ville, a une conscience sociale très forte) que nous avons appris à aimer durant les deux dernières décennies. Il n'empêche que c'est un récit prenant, facile d'accès, bien mis en image par Jock, dont le trait sec et le découpage accompagnent merveilleusement bien la lutte pour la survie d'Oliver. Pas d'artifices ni d'outrances scénaristiques, juste un homme qui apprend à se dépasser, et possède une sacrée capacité à viser juste. Le dépassement de soi, quelques flèches et un arc, c'est simple parfois, être un super-héros. 



A lire aussi : 


Sur notre page Facebook, vous pouvez aussi découvrir :
Harvey Dent, DoubleFace splendide, de Fernando Dagnino



SUPERMAN AMERICAN ALIEN : UN PORTRAIT FORT JUSTE DE MAX LANDIS

Autant le dire tout de suite, la grande qualité de Superman American Alien, en apparence, ce n'est pas l'originalité. Il s'agit d'une mini série en sept volets, censée nous raconter des épisodes inédits de l'enfance de Superman, dans sa ferme du Kansas et entouré de l'amour des Kent, ses parents adoptifs. Le genre de choses que vous avez déjà lu quelque part, et qui forcément ne peut donner naissance à des récits inoubliables ou cruciaux, car depuis le temps, on serait au courant! Max Landis passe sur l'arrivée du bambin sur Terre à bord de sa capsule, et choisit de commencer son histoire avec un ado aux premières armes, qui découvre la faculté extraordinaire de pouvoir voler. Enfin, ce mot est un peu exagéré, car il ne contrôle ni le moment où ça lui arrive, ni se semble en mesure de planifier ses trajectoires et d'utiliser son don comme il le voudrait. Du coup Clark a des difficultés aussi bien à l'école que lors des sorties entre amis (quand il se rend avec Lana Lang au cinéma en plein air, par exemple). Le futur homme d'acier est ici dans une position de faiblesse : un enfant (presque) comme les autres qui subit l'apparition de pouvoirs non désirés, mais fichtrement extraordinaires. Assez logiquement, et devant ce genre de situation, les Kent décident de faire appel à un médecin pour pouvoir examiner le garçon. Bien sur le praticien se rend compte que son patient n'est pas exactement comme les autres. Et la discrétion dans tout ça? Le monde extérieur n'est-il pas censé ignorer les pouvoirs de Clark? Vous connaissez un médecin qui ne serait pas alarmé de découvrir un enfant qui émet des radiations, à la manière d'un four à micro-ondes? Passons sur cet point absurde et allons droit au style.

Sept épisodes, avec plusieurs dessinateurs qui se succèdent. D'habitude cette manie nous agace au plus haut point, mais ici, dans la mesure où cela se justifie, ça semblerait presque un bonus qu'on est heureux de recevoir. Défilent donc Nick Dragotta, Tommy Lee Edwards, Joelle Jones, le stupéfiant Jae Lee, le non moins bon Francis Manapul, ou encore Jock et Jonathan Case. Je fais alors mon mea culpa. En Vo je n'avais lu que le premier épisode, me forgeant une opinion faussement décevante, et perdant le sens du travail de Landis, capable de parfaitement cerner le personnage, et de proposer un jeune Clark Kent des plus crédibles et attachants. Sur la durée, il est admirable de voir que ce portrait d'un étranger abandonné, mal à l'aise avec un corps en mutation, à la découverte de dons formidables mais qui risquent de l'éloigner de ce et ceux qu'il aime, fonctionne très bien et trouve un sens profond. On retrouve aussi au détour des récits un merveilleux Dick Grayson, un Bruce Wayne ou un Oliver Queen en pleine croissance, à deux moments différents de son existence, mais aussi, ça va sans dire, Lex Luthor. S'il fallait réaliser un portrait juste et touchant de Clark Kent, et de sa transformation progressive en ce Superman qu'il est appelé à devenir, sans que personne ne lui ai demandé son avis, cet American Alien touche sa cible et étonne par sa justesse. Une bonne surprise chez Urban Comics, qui mérite qu'on s'y attarde en cette rentrée. 




A lire aussi : 


Pendant ce temps-là sur notre page Facebook : 
Un Superman badass avec Jonboy Meyers





BATMAN : SOMBRE REFLET (BLACK MIRROR REVIENT EN DC DELUXE)

De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce Sombre Reflet est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Urban Comics avait déjà eu l'opportunité de présenter ce récit sous forme de deux volumes, au début de son aventure sur le marché de l'édition comics. Souvenirs donc, alors qu'arrive la version en un seul et gros album. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, après avoir été donné pour mort pendant quelques mois. S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe... En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes?

Tout porte à croire que James Jr est un dangereux meurtriet, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille; c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Scott Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce n'allait pas tarder à revenir). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker pour massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années (pré New 52), plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, bref c'est proprement indispensable!


A lire aussi : 




BATMAN TOME 8 : LA RELEVE (I) - UN BATMAN EN ARMURE DANS GOTHAM

Batman la relève première partie. Voici donc le contenu du tome 8 des aventures du Dark Knight, écrites par Scott Snyder. Pour mémoire rappelons que Batman et le Joker ont finit par s'entre-tuer aux yeux de l'opinion publique, au terme des événements décrits dans le tome précédent. Cet album s'ouvre avec l'épisode 44 de la série régulière, autrement dit un petit bond en avant qui se justifie par le fait que cette histoire échappe à la continuité mise en place. Dessinée par un Jock très inspiré et des grands jours, nous avons là une trame aux accents de polar de science-fiction, avec une enquête que mène le héros, pour découvrir l'assassin d'un jeune homme de couleur, qui tenait avec sa famille une épicerie dans le quartier le plus mal famé de Gotham, et qui était menacé par les gangs de la ville. Au fur et à mesure des pages, différentes théories sur ce qui s'est produit se succèdent, jusqu'à la révélation finale, qui n'est pas celle que l'on attend forcément au départ. Une mise en bouche esthétiquement réussie, avant d'attaquer le plat de résistance, à savoir l'arrivée sur scène du nouveau Batman. Comme vous le savez déjà, le remplaçant n'a pas grand-chose à voir avec l'ancien. Il s'agit en fait du commissaire Gordon, à qui les forces de police de la ville , associées à Gerry Powers -la PDG qui a relevé les affaires d'un Bruce Wayne ruinée et amnésique- ont confié une sorte d'armure surpuissante et militarisée, dont le look étrange a secoué les fans sur Internet. Comme les personnages en plaisantent d'ailleurs entre eux, ce Batman mécanique a des faux airs de Pikachu, ou de gros lapin justicier. Le commissaire Gordon en profite également pour changer complètement d'apparence; exit le vieux bonhomme à moustache qui semblait a quelques années de la retraite, place à un flic encore jeune et tonique. Il déclare avoir 46 ans puis se rase les cheveux, tout en laissant une crête post-moderne, et n'oublie pas ce qu'il faut de gonflette pour avoir le physique du rôle. Au passage Jim dit adieu à sa moustache et à sa mauvaise habitude de fumer des clopinettes, ce qui ne se marie pas du tout avec l'idée qu'on se fait du Dark Knight. Est-il pour autant à sa place?


Comprenez bien que cette décision est en fait assez logique, avec Nightwing (désormais juste Dick Grayson) bloqué dans sa propre série, et Damian Wayne qui est tout occupé à mourir et ressusciter. Jim Gordon a deux atouts de poids avec lui, sa parfaite connaissance du terrain, et une rectitude morale qui en fait un parangon de vertu et le défenseur idéal de la veuve et de l'orphelin. Évidemment les débuts ne sont pas forcément simples, et il ne faut pas s'attendre à ce que Jim comprenne immédiatement comment agir et vaincre. Mais il y parvient, et c'est même très surprenant de le voir, à un certain moment, se débarrasser de son armure pour se révéler dans un costume plus traditionnel et expressif, qui ne laisse guère penser qu'en dessous se trouve un homme d'âge mûr, vers la cinquantaine, qui ne fréquentait pas les salles de sport à un rythme intensif, quelques semaines avant. Que veut dire Snyder si ce n'est que Batman, en fin de compte, n'est qu'une identité imprécise, un symbole, et que l'homme sous le masque n'est pas le plus important, que ce qui importe c'est d'écrire une bonne histoire qui va avec? Gordon a toujours été un des personnages les plus intrigants, présents, dans la légende du Dark Knight. Il est là et agit en contrepoint dès le Batman Year One de Miller, jusqu'à la récente et longue saga Batman : Eternal où il est accusé à tort et victime d'une machination. Sa fille est une justicière à Gotham, son fils un psychopathe notoire, et il a déjà payé un lourd tribut, en terme de vie privée, à ses activités au sein de la police municipale. Pour son baptême du feu, il n'a cependant pas de chance, car le terrible et menaçant Mister Bloom semble un opposant de poids, lui qui infecte les criminels de Gotham avec une sorte de graine technologique, leur conférant des super pouvoirs improvisés, les contrôlant, les menant à leur trépas quand et comme bon lui semble. Greg Capullo est bien sur égal à lui même, et ses fans seront ravis de le voir toujours aussi à l'aise dans ces ambiances sombres et violentes. En fin d'album, vous lirez le dernier annual en date du mensuel Batman, avec le retour de Bruce Wayne dans son manoir, sans ses souvenirs ni ses émotions, qui avaient fait de lui un justicier à dérive obsessionnelle. Face à lui trois vilains "classiques" échappés de leur asile de dingos, le Sphinx, Gueule D'Argile, et Mister Freeze. James Tynion IV et Roge Antonio relatent tout cela, et ça fait tout drôle de voir ce Bruce apaisé et barbu, qui se reconstruit une vie. Même si on n'y croit pas une seconde.





A lire aussi : 

GREEN ARROW ANNEE UN : LA VERSION URBAN COMICS EN LIBRAIRIE


Oliver Queen a au moins deux points communs évidents avec Tony Stark. C'est un miliardaire mondain, et il touche un peu trop à la bouteille, à ses heures de libre. Ceci explique pourquoi il participe à des ventes aux enchères en état d'ébriété avancée, qu'il se couvre de ridicule en public, au point de devoir disparaître quelque temps pour se refaire une virginité, en compagnie de Hackett, son fidèle bras droit, qui lui propose parfois des montages financiers pas toujours très nets. Mais les apparences sont trompeuses, et ce dernier tente finalement de se débarasser de son patron, à bord d'un yacht, sans pour autant avoir le courage de le finir à bout portant, l'abandonnant dans les eaux hostiles de l'océan, en perdition. Queen ne meurt pas, et il s'échoue sur une île paumée où les habitants, quand ils ne sont pas morts, assassinés, leurs villages rasés, sont réduis en esclavage dans des plantations modernes, qui servent de base à un vaste trafic d'héroïne. Contraint de survivre à tout prix, le futur archer doit s'endurcir, corps et âme, pour avoir une chance, et comble de malheur, lorsqu'il appelle au secours en fabriquant une flèche indendiaire pour lancer un signal, il manque de peu de se faire tuer par ses geoliers. Le parcours initiatique, sur l'île, se prolonge avec une nouvelle rencontre, la dernière, entre Oliver et Hacket, et la révélation de l'individu qui tire les ficelles de ce trafic, une chinoise toute vêtue de blanc, sans morale, China White (Chein Na Wein). Pour revenir à la civilisation, tout en défaisant le réseau de trafiquants et d'esclavagistes qui terrorise l'île, le miliardaire va devoir se faire justicier implacable, serrer les dents et ignorer la douleur et les blessures (soigné à l'opium il manque même d'en devenir accroc), et émuler Robin Hood, son héros d'enfance, au point de poser les premiers jalons de ce qui sera sa future identité dans l'univers Dc : Green Arrow.

Où nous nous rendons compte (je me place dans la peau d'un lecteur néophyte) que la série télévisée, Arrow, a puisé librement ses sources dans cet album écrit par Andy Diggle, en récupérant le cadre de départ, mais en modifiant lourdement la période formative du héros. Où nous comprenons aussi à quel point la série, depuis l'avénement des New 52, est devenue ennuyeuse, vidée de sa substance, creuse, tout du moins jusqu'à l'arrivée de Jeff Lemire, qui va inverser la tendance en s'appuyant sur le passé d'Oliver, pour en extraire de nouvelles révélations, et de nouveaux mystères. Ce "Year One" contribue d'avantage encore à réduire le personnage, chez les novices, à un type avec un arc, qui a passé du temps seul sur une île, et en est revenu transformé, ce qui est réducteur et assez éloigné du vieux briscard grogneur et politisé (il est devenu maire de sa ville, a une conscience sociale très forte) que nous avons appris à aimer durant les deux dernières décennies. Il n'empêche que c'est un récit prenant, facile d'accès, bien mis en image par Jock, dont le trait sec et le découpage accompagnent merveilleusement bien la lutte pour la survie d'Oliver. L'album n'est pas très cher (15 euros), en grand format, avec quelques bonus (script de l'épisode 1 et recherches de couvertures, mais de taille réduite), et ce peut être une bonne idée pour un cadeau de noël si votre ami(e) a pris l'habitude de suivre la série tv. Si il (elle) a bon goût, il (elle) verra probablement la différence.



Ps : A quand une pétition en ligne : Pour rendre à Green Arrow sa barbichette, et qu'on l'encarte une bonne fois pour toutes au Parti Communiste?

BATMAN : SOMBRE REFLET Tome 2 Le grand final

Le second volet de l'excellent Sombre Reflet est disponible en librairie, aux éditions Urban Comics. Je ne reviendrais pas en détail sur le premier, dont la critique est bien entendu disponible sur ce même blog. Ce second volume joue avec nos nerfs et avec l'idée (certes touchante et naïve) que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles finiront inéluctablement par être. Car à Gotham City, la rédemption n'est jamais accessible, aussi fort que vous puissiez la désirer ou croire l'atteindre. A ce petit jeu pervers des illusions trahies, on retrouve Nightwing, pardon, Batman (c'est encore Dick qui porte le costume) qui enquête chez la fille de son pire cauchemar, l'homme qui a assassiné ses parents. Une affaire de gros sous et de banques véreuses (la belle est à la tête de la plus grande banque de Gotham), avec une innocente qui ne parvient pas à s'affranchir des liens familiaux, d'une vie toute tracée, qui la porterait au contact de la pègre locale. Mais quelle est la part de vérité dans ces louables tentatives d'émancipation morale? Dick est-il vraiment si dupe? Et n'oublions pas non plus le Commissaire Gordon, aux prises avec le retour de son fils prodigue. Tout porte à croire que celui ci est un dangereux psychopathe en puissance, le genre de type qui pourrait vite basculer du coté des pires serial-killers de l'histoire. C'est ce que redoute et dénonce sa soeur. Mais le jeune homme est venu se racheter, mener une vie toute tranquille, c'est en tout cas ce qu'il a dit au paternel. Le Joker, comme à accoutumée, fait aussi une brève apparition dans ce Sombre Reflet, histoire de mettre son grain de sel dans un récit qui sème la folie à travers Gotham. Le climax de cette histoire est absolument spectaculaire et vient résonner comme un uppercut à la face du lecteur. Attendu, deviné, redouté, peu importe, quand il vous atteint, c'est une explosion assourdissante et malsaine qui vous frappe. Francesco Francavilla et Jock sont tous les deux au sommet de leur art, et contribuent grandement à ce climat de malaise permanent qui flotte autour des personnages de cette aventure. Scott Snyder est quand à lui désormais solidement installé sur le trône des plus remarquables auteurs du Dark Knight de ses dernières années. Là où Morrisson convoque d'obscurs seconds coûteux et tisse une toile tarabiscotée et parfois trop poreuse ou dispersée, le scénariste de Black Mirror reprend avec brio tous les codes de la série, les emphatise, joue avec nos nerfs, comme peu auparavant l'ont fait. Une grande réussite. Il est évident que ceux qui ont acheté le premier tome ne devront pour rien au monde se passer du second.

Rating : OOOOO


BATMAN : SOMBRE REFLET vol.1

(spoiler inside, c'est possible...)   De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce SOMBRE REFLET est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Bonne idée donc, que celle qu'a eu Urban Comics, de débuter sa collection d'albums librairie par cette oeuvre aboutie, qui est présentée en deux parties. La première est disponible, et chroniquée ici. La seconde sera publiée dans deux mois. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, dans le temps présent.  S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Des restes de l'enfance du petit Dick, transporté d'un cirque à l'autre, d'un numéro périlleux au suivant, au gré des tournées, comme il est rapidement rappelé en début d'album? Toutefois, une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe...


En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes? Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce est revenu). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker à massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années, plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, de surcroît présenté dans un album bien agréable à prendre en main, qui laisse augurer de bonnes choses pour la présence du Dark Knight en librairie, durant l'ère Urban, qui ne fait que commencer. Avec un nouveau film prévu dans les prochains mois, la Bat-mania n'est pas prêt de s'éteindre.

Rating : OOOOO (oui , j'irais jusque là!)




PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...