L'EXCELLENT MÉTAMORPHES TOME 1 : BEAST FRIENDS CHEZ DRAKOO


 Quand il s'agit d'écrire des histoires à destination d'un public adolescent (certes, des histoires que les adultes dévorent aussi sans la moindre honte) et qui mettent en scène des personnages du même âge, Olivier Gay est probablement le scénariste le plus compétent et doué du moment. Et ça peut sembler simple, à première vue. Je suis persuadé que nombre d'entre vous sont persuadés d'être en mesure d'en faire autant. Mais je vous assure qu'il est hautement improbable que vous puissiez atteindre le quart de la moitié du talent d'Olivier Gay, dont chacune des sorties semble plus réjouissante encore que la précédente. Ici, les deux jeunes protagonistes de Métamorphes s'appellent Ambre et Lucas : deux lycéens marseillais de 16 ans, deux clichés comme on en voie dans chaque lycée de France, dont les existences sont éloignées sur tous les points. Ambre est superficielle, c'est une blonde à la plastique irréprochable, dont le père divorcé, quasiment toujours absent et qu'on devine plutôt riche, est à la base d'un train de vie enviable fait de fêtes endiablées et de balades dans les calanques, avec un bateau privé. Ambre est bien évidemment très populaire au lycée, c'est déjà une influenceuse en herbe et le regard qu'elle porte sur ses camarades (ou qu'elle ne porte pas d'ailleurs, quand elle les ignore royalement) est sans pitié. Lucas fait partie de ceux qui sont invisibles à ses yeux. Lui préfère les jeux de rôle, doit composer avec une famille aimante qui lui fixe des limites, passe son temps assis au dernier rang de la classe, et c'est le chanteur d'un petit groupe de rock qui n'intéresse guère qu'une poignée de personnes sur Terre (dont ses amis et membres du groupe). Ces deux là n'ont rien en commun donc, et aucune raison de se rencontrer, sauf que par le plus grand des hasards, un soir alors qu'ils échangent probablement les premiers mots de leurs existences, voilà qu'un camion transportant des produits toxiques projette sur eux un peu du liquide contenu dans des fûts endommagés. Vous l'avez deviné, une étrange transformation va accompagner cet accident fortuit.



Le sort s'acharne et prend un malin plaisir à inverser les rôles. La jeune fille devient une louve-garou, des poils lui poussent un peu partout sur le corps et elle a des accès de rage qu'elle ne parvient pas à contrôler. Certes, la voici désormais surpuissante, mais que faire lorsque vous devez vous épiler en permanence et que vous devenez physiquement un monstre, alors que jusqu'ici toute votre vie tournait autour d'un sens de l'esthétique extrêmement narcissique ? Pour Lucas, les choses sont un peu différentes : il est transformé en une sorte de vampire, qui a certes besoin de sang pour survivre (le seul liquide qu'il parvient à avaler) mais qui en contrepartie est désormais capable d'hypnotiser ses victimes, de leur faire ressentir n'importe quelle émotion à son égard. Bien pratique quand on est transparent aux yeux des autres. Alors oui, il y a aussi le problème qu'il ne peut plus s'exposer à la lumière du jour… Bien évidemment, quand on est lycéen, ce type de problème ne peut pas passer inaperçu et il va falloir composer avec les amis, la famille, mais aussi un "ennemi", qui va se lancer à leurs trousses dans les dernières pages. La recette est toujours la même avec Olivier Gay : des dialogues ultra pétillants, interdiction formelle de s'ennuyer, ne serait-ce que dans une seule vignette, de l'action, des rebondissements, des personnages ultra sympathiques et beaucoup d'humour, car il faut le dire, on sourit, voire on s'éclate franchement d'un bout à l'autre de ce premier tome. Aux dessins, nous retrouvons Jonathan Aucomte, déjà fortement apprécié sur Toutes pour un, qui a un sens inné pour rendre expressifs ses personnages, pour caricaturer les réactions, les embarras ou ces petits moments d'euphorie de l'adolescence, le don de transformer tout ce petit théâtre du quotidien en une joyeuse brigade qui s'imprime durablement dans la rétine. Un duo assurément rodé et qui maîtrise parfaitement son sujet. De quoi vous recommander très chaudement cette bande dessinée au capital sympathie… monstrueux !
Sortie le 3 juillet


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