DC COMICS EN DECEMBRE : LES PLUS BELLES COVERS

Les sollicitations pour le mois de décembre sont arrivées chez Dc Comics. Ce fut dur de choisir ce top ten, mais en fin de compte, voilà les dix couvertures qui nous ont le plus frappés chez UniversComics. Avec du Romita Jr, du Jim Lee, du David Finch, du Secret Six, de la Justice League, Supergirl ou encore le spécial Harley Quinn ... Bref, on ne juge pas un livre à sa couverture, mais il faut bien admettre que ça peut donner sacrément envie. Voici donc notre sélection très sélective. Regular covers uniquement, les variant de Darwyn Cooke, nous en avons déjà parlé la semaine dernière.











THOR : TOME 1 (MARVEL NOW!)

Avec Thor, il est de bon ton de parler Dieux, c'est d'une logique implacable. Le fils d'Odin aime qu'on le vénère, et il existe une raison simple à cela : quand il n'y a plus personne pour penser et prier un Dieu, que devient celui-ci? Il n'est plus, puisque Dieu est aussi, d'une certaine manière, une création de l'homme (n'en déplaise à ceux qui ont comme conviction que Dieu a créé l'humanité). Un peu comme l'oeuf et la poule, difficile de savoir qui est venu le premier, le cycle semble inépuisable et inéluctable, et il porte un nom célèbre dans la cosmogonie nordique : Ragnarok. C'est ainsi que Thor est fort surpris, en intervenant pour sauver une planète de la sécheresse qui la menace. Si une des habitantes a bien pensé le convoquer dans ses prières, les autres n'ont cure des récits fantastiques qu'il leur raconte autour du feu. S'ils sont séduits par les merveilles narrées, cela reste à leurs yeux des affabulations, et ils ont bien du mal à croire que tout cela existe. Un peuple qui n'aurait personne en qui croire, un peuple sans Dieux, cela peut-il vraiment exister? Thor a des doutes à ce sujet, et en menant son enquête, il finit par découvrir une réalité des plus angoissantes. Dans les parages d'Indigarr, il existe un lieu reculé où les anciens Dieux de la planète, aujourd'hui oubliés, auraient été massacré, pendus à des crocs de boucher, exterminés. Qui a bien pu commettre un crime aussi odieux? Qui a la force pour décimer tout un panthéon? Une question qui trouve un début de réponse dans le lointain passé, dans la jeunesse de Thor, un jour où le jeune blond au marteau trouva la tête coupée d'un Dieu dans un fleuve, sans savoir que c'était là probablement le premier pas vers l'apocalypse, la fin des siens et du monde. 

Commence alors une aventure en trois temps, qui s'étale du huitième siècle à nos jours, pour s'achever dans un très lointain futur. La nouvelle série de Jason Aaron avait tout les symptômes d'un titre qui allait m'ennuyer ferme, mais je reconnais m'être trompé : elle évolue sous de très bons auspices, et développe un discours sur la nature même des Dieux qui mérite vraiment que le lecteur s'y attarde et s'y absorbe en réflexion. Esad Ribic offre une atmosphère très particulière avec ses dessins, qui évoquent de belles peintures nordiques, et des Dieux exterminés droit sortis des oeuvres de Moebius. Et puis un ennemi de taille est ici mis en scène. Gorr le Massacreur de Dieux est une opposition de poids, une menace qui sévit à travers le temps, l'espace, et taille la tête de tout ce qui revendique le statut divin. Une véritable vague d'annihilation athée. Le format choisi par Panini, avec ces albums Marvel Now! va consentir aux lecteurs qui optent pour la librairie de conserver ce petit bijou de Jason Aaron dans un plus bel écrin que des fascicules kiosque. Toutefois, compte tenu que l'ensemble de la lutte Thor/Gorr s'étend sur onze mois, la présenter dans un gros Deluxe n'aurait pas non plus été une hérésie. Ce sera probablement le cas un jour, pour ce qui est est à mon sens une des vraies réussites de l'opération Marvel Now!


DAREDEVIL : DARK NIGHTS (100% MARVEL)

Les 50 ans de Daredevil sont l'occasion d'une profusion de sorties liées au personnage. Continuons notre tour d'horizon avec un volume de la collection 100% Marvel, qui présente les huit numéros de la série Dark Nights. Le temps de trois arcs narratifs différents, et d'une grande disparité qualitative. Tout avait pourtant bien commencé, avec une aventure en trois volets, qui voit le Diable Rouge pris au piège d'une ville de New-York en pleine tourmente de neige. Les transports sont paralysés, les hyper sens de Daredevil neutralisés (au point que Matt Murdock se fait tabasser par de simples voyous qu'il n'a pas vu venir) et Big Apple est au bord du chaos. C'est dans ce décor angoissant qu'une fillette lutte entre la vie et la mort, dans l'attente d'une transplantation cardiaque. Un organe a été trouvé mais l'hélicoptère censé l'amener dans les temps pour l'opération s'est écrasé quelque part dans la tempête. Daredevil va donc se lancer dans une course contre la montre pour récupérer le précieux coeur, tout en se heurtant à des obstacles imprévus, et un enchaînement de causes et effets inattendus. Le récit est agréable, bien structuré, et réalisé par un vieux de la vieille, chez DD, Lee Weeks. Un de ces artistes dont la patte est facilement identifiable, et qui maîtrise les codes de la série sur laquelle il a longtemps travaillé, sachant mettre en scène un Daredevil classique et noble, comme nous l'aimons tous, finalement. C'est donc une agréable surprise, mais qui ne se confirme pas par la suite...

Les épisodes 4 et 5 sont eux confiés à David Lapham, récemment à l'honneur sur ce blog avec Daredevil Vs Punisher. Il faut dire que Dark Nights est à vocation anthologique, et que différents artistes se relaient pour produire des récits distincts. Lapham convoque un gnome qui ne dépasse pas les trente centimètres, dans une histoire de meurtre et de pièce à conviction qui disparaît. Rien de très formidable, et même les dessins sont un poil en dessous de ce qu'on attendait de l'auteur. En parallèle les Avengers combattent un monstre géant dans New-York, mais tout le monde s'en fiche, et ce n'est que le prétexte à un dernier "gag"qui n'est pas immémorable. Les trois derniers épisodes sont les pires. Daredevil se rend à Miami pour assurer la protection d'un témoin d'une affaire de meurtre, avec un agent du Fbi comme escorte. Mais une fois sur place la situation dérape (forcément) et Murdock se retrouve à faire équipe avec Misty Knight, la détective au bras d'acier. Ce n'est qu'une excuse pour toute une litanie d'allusions sexuelles et de blagues foireuses à longueur de pages. Matt et Misty passent leur temps à s'allumer, et le lecteur à s'ennuyer, car la trame de fond, on s'en fiche éperdument, en fin de compte! Jimmy Palmiotti et Thony Silas optent pour une grosse couche de second degré, ce qui peut aussi fonctionner et contraster joliment avec les ambiances sombres qui règnent souvent chez Daredevil, sauf que dans ce cas précis, il y a trop peu de matière scénaristique pour rendre le tout pertinent. Ce gros 100% Marvel nous a donc laissé un goût amer : des débuts en fanfare, et une fin ultra poussive, qui plus est totalement en opposition l'un avec l'autre. On vous le dit souvent à table, en soirée : Attention avec les mélanges!


THE CHRONICLES OF SUPERMAN (PAR PHIL POSTMA)

Bienvenue au Daily Planet, le journal de Superman. Ce serait le meilleur moyen de vous accueillir dans le petit monde de Superman, tel que présenté par Phil Postma. Personnages importants, grands moments, tout est passé à la moulinette d'un style cartoony fort sympathique, qui permet de se familiariser avec le héros, et avec le sourire. Plutôt sympa, non? The Chronicles of Superman :






















DAREDEVIL Vs PUNISHER : LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS (100% MARVEL)

Depuis que le Caïd est tombé, la lutte pour sa succession a ravivé les tensions et favorisé la criminalité à New-York. Hammerhead semble être le nouvel homme fort qui se dessine, d'autant plus qu'il est épaulé par le Chacal, éminence grise de l'ombre. Tout ceci n'est pas du goût du Punisher qui compte bien régler le problème à sa façon, avec les armes à feu. Méthode que réprouve Daredevil, paladin de la justice et du droit, qui va se mettre en travers de son chemin, comme de coutume. Car oui, cet album repose sur cette opposition classique, ce contraste entre un anti héros qui prône l'ultra violence et recourt aux solutions les plus expéditives pour se débarrasser des criminels, et un super-héros classique en collant qui rechigne à tuer et à se salir trop les mains, et continue de placer l'idéalisme et la justice des tribunaux en tête de ses valeurs. Daredevil et le Punisher ne s'aiment pas, et lorsqu'ils se rencontrent c'est bien souvent pour se taper dessus, parfois au détriment de ceux qu'ils sont censés pourchasser. Ici la situation se complique davantage le jour où Castle débarque dans un petit restaurant italien tenu par la famille Bastelli. Les parents sont menacés par la pègre du quartier, le fils est fasciné par la figure du Punisher qu'il voit comme une solution radicale à tous ses problèmes, tandis que la fille, Mary, n'est pas sans ressembler à Maria, l'épouse morte de Frank, tombée lors de la célébrissime fusillade à Central Park, acte fondateur de la genèse du personnage. Une confusion, une réminiscence, qui va se révéler lourde de sens et de conséquences pour le reste de l'intrigue. 


David Lapham a tout compris. Tout d'abord, la narration, les personnages, la dynamique, lorgnent clairement du coté des années 80, et l'héritage des récits de Miller et successeurs. La lutte entre le Punisher et Daredevil, ce contraste d'opinions et de modus operandi, est très clair et linéaire. De même les agissements de Castle semblent être une réponse appropriée sur l'instant, mais entraînent dans leurs sillages d'autres catastrophes, et alimentent le cercle de la violence qui tourne sur lui même, et consume tout espoir sur son passage. Les innocents qui sont pris au beau milieu de cette escalade, cette surenchère, peuvent un moment se réjouir et se sentir protégés par le Punisher, mais lorsqu'il reçoivent à leur tour une balle dans le buffet, il est en général trop tard pour regretter la loi du talion qui parait plus que jamais une voie sans issue. Et ce qui est drôle, c'est que la solution pronée par Daredevil est loin d'être également la panacée, puisque tous ses efforts sont régulièrement vanifiés par un système corrompu et en souffrance, qui n'en finit plus de décevoir les paladins de la justice, la vraie. Un album de surcroît plutôt bien dessiné, sans fanfaronnades, avec des planches claires et efficaces. Si ce n'était pour le 50 ème anniversaire de Daredevil, le public français aurait été privé de cette aventure qui n'a pas été publiée hier, loin de là (2005). Mais comme il n'est jamais trop tard, la séance de rattrapage de Panini vient à point pour rappeler que les comics en milieu urbain, c'est souvent très chic, et choc. Allez, laissez-vous tenter!





LES VARIANT COVERS DE DARWYN COOKE EN DECEMBRE

Old school. Faussement rétro. Tout simplement joli. Lumineux. Naïf et racé. Le travail de Darwyn Cooke en général, ne laisse pas indifférent, et dans le bon sens du terme. Du coup, la bonne nouvelle, c'est de savoir qu'en décembre, chez Dc, une belle série de variant covers sera de son cru! Réjouissez-vous donc avec ces couvertures fort réussies! (ceux d'entre vous qui fréquentent aussi la page Facebook les ont découvertes hier soir, ici séance de rattrapage)













LES 50 ANS DE DAREDEVIL : MINI GUIDE DE LECTURE

Daredevil fête ses cinquante ans, l'occasion de compiler ce petit dossier spécial, afin d'éclairer les nouveaux lecteurs qui souhaitent plonger dans l'univers de Hell's Kitchen et du justicier aveugle le plus célèbre de la planète.

Car oui, Matt Murdock est aveugle. Il n'était encore qu'un gamin lorsqu'il n'écouta que son courage pour sauver un passant distrait des roues d'un camion qui s'apprêtait à le renverser. Grièvement atteint par la cargaison du véhicule (des produits radioactifs en plein New-York...) il perd la vue mais acquiert un don incroyable : tous ses autres sens sont décuplés et il va peu à peu développer un "sixième sens radar" des plus utiles pour appréhender la réalité qu'il ne peut plus voir. Cette histoire est relatée, avec d'autres détails modernes qui placent l'ensemble sous un jour nouveau, dans le Graphic Novel Father, de Joe Quesada, récemment reproposé par Panini dans une nouvelle édition.

Après l'assassinat de son père, un boxeur courageux qui refusa de se coucher devant les pressions et les exigences de mafieux désireux de combiner et truquer matchs et paris, Matt Murdock décide de devenir avocat et de placer son existence sous le signe de la justice. Au passage il parvient à régler le compte des malfrats, comme cela est est fort bien relaté par Miller et Romita Jr, dans les deux Top Bd (parus chez Semic, dans les années 90) Man without Fear / L'Homme sans peur. Stick, un vieux sage maître mystique, le prend sous sa coupe et le forme pour devenir un guerrier efficace et concentré.

Pour ceux qui veulent vraiment tout savoir des premières années de Daredevil, et lire des récits aujourd'hui datés mais toujours délicieux pour les fans des comics des années soixante et soixante-dix, Panini propose des Intégrales, et le tome correspondant à l'année 1964-65 est actuellement disponible. Vous noterez que le premier costume du héros est à dominance jaune, et que le rouge ne deviendra sa couleur distinctive que plus tard. Vous apprécierez probablement la galerie de vilains bigarrés, et le coté très old-school de ces pages qui fêtent en ce moment leurs 50 ans!

Le sommet de la carrière de Daredevil, pour de nombreux fans quadragénaires comme votre serviteur, c'est sous l'ère Frank Miller, dans les années 80. L'artiste révolutionne les codes de la narration du comic-book en milieu urbain, et propose une longue saga passionnante, qui culmine avec plusieurs faits d'armes. Tout d'abord la mort d'Elektra, le premier grand amour de Matt, des mains du cinglé de service, Bullseye, également nommé Le Tireur en français. Celui-ci ne rate jamais sa cible, et face à la belle ninja, il maintient tristement sa réputation (depuis Elektra va mieux... sa résurrection est expliquée dans deux Top Bd parus chez Semic, du nom de Renaissance – Fall from Grace en Vo – réalisés par Chichester et Mc Daniel). Autre tragédie : la descente aux enfers de Matt Murdock, traqué et méthodiquement détruit (dans ses affects, son travail, ses économies...) par le Caïd Wilson Fisk, son grand ennemi légendaire. A cette occasion notre héros retrouve son ancienne secrétaire, Karen Page, dont il est éperdument amoureux. Hélas, la jolie blonde a sombré dans la drogue et tourne dans de sordides vidéos pornographiques, et elle a bien besoin d'aide pour s'en sortir! Comme tout junkie, elle est prête à tout pour une autre dose et a fini par vendre la double identité de Murdock à la pègre (au Caïd donc...) Tout ceci figure au menu de Born Again, une des plus belles sagas de Daredevil. Pour relire l'ère Frank Miller, c'est le moment ou jamais car Panini a eu l'idée de sortir ces épisodes dans la collection Marvel Icons. Le premier pavé est dans les librairies en ce moment et c'est un pur plaisir de lecture.

La carrière du justicier aveugle est jalonnée de triomphes, de dépressions, de relations sentimentales qui finissent mal, ou en tragédie. De nombreux artistes vont donner à Daredevil l'occasion de s'illustrer dans des aventures qui oscillent entre l'anecdotique ou le franchement passionnant. Je citerais au passage Ann Nocenti, qui insère dans une trame super-héroïque des éléments sociaux, écologiques, et une réflexion plus poussée et approfondie de ce que peut être la société. Ce sont ces histoires que Semic proposa dans la collection "Version Intégrale" dans les années 90.

Plus récemment, Brian Bendis a repris en main la destinée de Daredevil, en sérieuse panne d'inspiration. Il en a fait une oeuvre majestueuse, actualisation moderne et remarquablement pertinente du travail précédent de Miller. Là encore l'identité de Daredevil est révélée, et Matt doit vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête, et se défendre contre ses ennemis (le Caïd est encore là dans l'ombre) et la presse qui souhaite le lyncher. Chez Panini, tout ce cycle est édité dans la belle collection Marvel Deluxe en quatre tomes. Après Bendis, Brubaker prolonge le plaisir avec des épisodes qui s'inscrivent dans une veine assez similaire.

Enfin autre point d'orgue, les épisodes les plus récents, ceux de Mark Waid. Ils sont publiés dans la revue Marvel Knights, et permettent de lire un Daredevil plus souriant, plus solaire, avec le retour des couleurs, d'une certaine positivité latente (merci aux artistes comme Paolo Rivera ou Chris Samnee, par exemple) sans pour autant que la série devienne plate ou infantile. Au contraire. 
Ce résumé est bien sur extrêmement sommaire, subjectif, et incomplet. C'est juste un petit jeu de pistes, pour donner envie au nouveau lecteur de se plonger dans le monde de Daredevil, en y lisant les principaux jalons qui permettent de comprendre l'essence et la nature du personnage.

JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

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