FREE AGENTS TOME 1 : BUSIEK, NICIEZA ET MOONEY TOURNENT EN ROND

 


J'admets que j'essaie de dire le moins souvent possible du mal des albums chroniqués ici même. Il y a plusieurs raisons à cela, la plus évidente étant que lorsque je lis quelque chose qui ne m'intéresse pas ou me déçoit profondément, j'ai rarement envie, en plus, de perdre du temps à en rendre compte, sachant tout ce que j'aime présenter en temps normal et le nombre incalculable des sorties mensuelles. Et puis, quand malgré tout vient l'heure de rédiger un billet qui n'a rien de très louangeur, j'essaie aussi de comprendre la raison pour laquelle je n'ai pas accroché. Parfois, ça ne sert à rien de réfléchir trop longtemps, c'est juste infiniment mauvais, point barre. Ce n'est pas le cas ici avec Free Agents, titre pourtant écrit par deux vieux de la vieille et scénaristes chevronnés comme Fabian Nicieza et Kurt Busiek. C'est juste que je me suis probablement lassé, ces derniers mois ou dernières années, de ces histoires de super-héros avec des supers pouvoirs venus de Dieu sait où, investis d'une mission plutôt floue, chargés de combattre des menaces quelconques et des dangers cosmiques. Ce type de récit se décline sous toutes les formes et bien souvent peine à se réinventer. Free Agents joue donc sur un registre qui n'est plus du tout ce qui m'intéresse en ce moment et qui de toute manière ne l'aborde pas d'une façon suffisamment originale pour susciter un retour de flamme, qui peut toujours se produire face à de l'inédit. Ce frisson, cet instant unique où auteurs et lecteurs ouvrent ensemble un nouvel univers. L’excitation de découvrir qui sont les nouveaux héros et de quoi il sera question. Free Agents arrive avec cette promesse et des noms qui rassurent autant qu’ils intriguent, mais au bout de vingt ou trente pages, on commence déjà à décrocher et à se dire que l'histoire semble tourner en rond, et ne rien dire de passionnant.



Le premier épisode de quarante pages ne lésine pas sur le contenu ni les moyens. Action, mystère, humour, un cliffhanger efficace : les ingrédients sont là. Busiek et Nicieza connaissent leur métier, et ils livrent une intrigue dense, mais genre vraiment dense, à la limite de l'indigeste. À la première lecture, on peut avoir l’impression d’une overdose d’informations, mais leur intention est claire : inviter à prendre son temps. En 2025, ça n'a pas la manière la plus commerciale de procéder. Et en effet, la suite prend un peu son envol, mais ne décolle jamais très haut. Le problème, c’est que ces bases ressemblent à un terrain déjà bien labouré, dont la terre est sevré de ses nutriments. Les Free Agents sont censés incarner du renouveau, mais peinent à se démarquer. On a l’impression de voir défiler une galerie de figures vaguement familières, comme des échos affadis de personnages qu’on a déjà croisés ailleurs dans les années 1990. Ces Free Agents sont en fait des soldats, ils sont nés et formés pour se battre et rien d'autre. Leur vie est une sorte de croisade intergalactique contre les forces d'Iskandir. Mais à la suite d'un effondrement dimensionnel, ils se sont retrouvés piégés sur Terre. Leurs ennemis semblent avoir disparu et ils ont pu du coup commencer à mener une vie fort différente, au milieu des terriens, en adoptant certaines de nos habitudes. Cette nouvelle routine fonctionne notamment en fréquentant les bancs de l'université et en s'insérant dans la jeunesse américaine, tout cela jusqu'au jour où celui qui fait office de chef de bande, un certain Barrage, est de retour pour leur reprocher leur inaction et leur demander de se tenir prêt à retourner au combat. Combat contre qui, combat pourquoi, alors que dans le même temps une existence plus paisible tend les bras aux héros. La série croise d'autres personnages déjà installé chez Image Comics, comme par exemple Radiant Black, qui, il faut bien l'admettre, n'a toujours pas vraiment rencontré son public en France. Visuellement, Stephen Mooney assure le minimum syndical pour un comic book de super-héros : les corps bougent bien, les visages sont expressifs, on voit bien des choses… parfois, quand le trait s’épaissit, l’ensemble devient plus confus, mais globalement ça reste plaisant, sans atteindre des sommets artistiques. Au final, Free Agents 1 oscille entre deux pôles : la richesse narrative promise par deux auteurs chevronnés et la fadeur d’un casting encore trop convenu. On attendait de Busiek et Nicieza autre chose qu’un simple recyclage de tropes super-héroïques. Pour le génie et l'innovation, ce sera pour plus tard, souhaitons-le. Reste à savoir si le public aura la patience d'attendre.



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