LOST DOGS : Le premier chef d'oeuvre de Jeff Lemire

On a tous des auteurs de prédilection. Depuis son arrivée sur Animal Man, je ne peux plus me passer de Jeff Lemire, par exemple. Et j'ai eu la chance et la bonne idée de mettre la main sur un graphic novel auto publié en 2005 chez Ashtray Press : Lost Dogs. Cet ouvrage a décroché une récompense dans la catégorie "comic-books indépendants" et on comprend vite pourquoi. Le récit se concentre sur trois personnes, une famille soudée et aimante, composée d'un grand gaillard, une sorte de géant disproportionné par rapport aux siens, qu'on devine limité intellectuellement, mais doté d'un grand coeur et d'une âme pure. Mais aussi de sa femme, et de sa petite fille, qui rêve de devenir marin, et parvient à convaincre le paternel d'aller voir le départ des bâteaux sur le port malfamé de la ville. Mais mettre les pieds la bas, au mauvais endroit, au mauvais moment, provoque une tragédie. L'épouse est violée et battue à mort, la fillette assassinée. Le mari est poignardé et jeté à l'eau, mais il est d'une trempe comme on n'en fait plus, et il survit. Pris en charge par un navire qui passait par là, il revient sur la terre ferme, se soigne, et part à la recherche de sa femme. Un vieil homme semble avoir des informations, mais en échange, il va soutirer les services de notre héros malheureux pour une sombre histoire de combats clandestins.

C'est dans les imperfections, l'apparence négligée de certaines cases, que toute la beauté poétique du monde de Jeff Lemire explose. Son héros tragique est émouvant, une force de la nature qui se méconnait, conduite vers le bien par essence, et pourtant capable de vengeance atroce s'il le souhaiterait. Pas question ici de transformer un père de famille mortellement touché en un Punisher glacial, mais bien de mettre à nu la noirceur, la petitesse, qui fourmille dans les bas-fonds de ce que le genre humain compte de plus sordide. Un hymne à l'echec, car tout est corrompu, et rien ne peut perdurer. Le T-shirt du protagoniste est blanc rayé de rouge, des bandes de couleur qui sont les seules à se manifester, dans un monde autrement en noir et blanc, glauque, calciné. Une histoire qui choisit de suivre les pas d'un loser, destiné à perdre car trop bon, trop humain, trop touchant, au milieu de cette engeance grouillante, de cette violence gratuite. Les bons ne gagnent pas toujours, et souvent, ils sont même les victimes innocentes des événements, nous rappelle Jeff Lemire. Avec un talent fou, encore à l'état brut, qui tout d'un coup explose aux yeux du lecteur. Ultra recommandé, cela va sans dire.

Rating : OOOOO

X-MEN 10 : RELATIONS PUBLIQUES

Je me suis profondément ennuyé ce mois ci, à la lecture du numéro 10 de la revue X-men (Panini). Rien à faire, le sommaire est totalement insipide. A commencer par ce 134.1 censé être le "point de départ idéal pour découvrir l'univers Marvel". Kieron Gillen se concentre sur Magneto, et les difficultés qui se posent aux mutants pour faire accepter cet ancien terroriste parmi les forces du bien. La solution réside t'elle dans un soin particulier à porter aux "relations publiques" et donc à savoir bien s'entourer, entre autres de bons attachés de presse et de bons photographes? Au moins Carlos Pacheco dessine t'il bien cette histoire, pour le reste, ça na guère d'intérêt. Ce même Gillen qui effectue des débuts assez planplans sur la série Uncanny X-Men. On nous promet monts et merveilles (et ça viendra peut être, vu qu'aujourd'hui toutes les parutions fonctionnent uniquement en vue d'un futur Tpb) mais le premier impact est mollasson. En gros, les X-Men sont sur le pied de guerre car un vaisseau amiral de l'armada du Breakworld (ce monde extra terrestre mis au pas par Colossus et sa bande, dans Astonishing X-Men) fait route vers notre planète. Voilà, tout est dit, en quelques mots je vous résume 22 planches qui font l'effet d'un somnifère. Les Dodson sont de moins en moins bons aux dessins, leur interprétation de Namor, par exemple, est un ratage patent, avec un visage pataud et difforme en gros plan.



Et ça ne s'améliore pas par la suite. Place à l'autre titre phare, X-Men Legacy, où sévit Tolibao, un ersatz de Whilce Portacio, une copie pâlichonne de Simone Bianchi, à vous de décider. Là les mutants sont attaqués sur leur île d'Utopia par un poulpe-araignée issu d'une autre dimension. Blindfold, qui est aveugle, avait pressenti la menace, à moins qu'il y en ait une autre derrière, encore plus effroyable. Ce qui serait logique, car ce type de frisson bon marché ne pourra pas effrayer grand monde. On baille, à s'en dérocher la mâchoire. Reste les New Mutants pour sauver les meubles. Là, c'est le grand foutoir, la fin du monde à cause des "Anciens Dieux" libérés par des soldats américains dans les limbes, et il faut toute la perversité d'Illyana Rasputin, qui a libéré le pouvoir incontrôlable de Legion, pour repousser une menace apocalyptique. Zeb Wells quitte ainsi un titre où il a oublié d'insuffler toute notion de sobriété et de subtilité, et qui peine à vraiment trouver son public. Et si finalement la quantité finissait par ruiner tout espoir de qualité, et qu'un vrai dégraissage de la production mutante serait salutaire pour l'avenir de nos héros? Peine perdue, sur l'autel de la rentabilité, il nous faudra encore lire d'autres histoires comme celles de ce mois, qui parlent beaucoup pour ne rien dire. Vivement Schism, pour que ça bouge vraiment...

Rating : OOOOO

MARVEL ICONS HS 23 : LE PROCES DE CAPTAIN AMERICA

James Buchanan Bucky Barnes est le nouveau Captain America en lieu et place de son mentor, Steve Rogers, que l'on croyait mort, à tort, et qui depuis son retour est devenu le grand patron de la sureté nationale américaine. Mais se glisser dans de tels habits, quand on a des squelettes dans le placard, est-ce vraiment bien prudent? Car oui, Bucky également a longtemps été donné pour mort. C'était d'ailleurs un des rares décès tenu pour définitif et accepté par tous, avant qu'Ed Brubaker ne choisisse de faire revenir le side-kick, entre temps devenu majeur et vacciné. Et pas seulement. Durant sa période d'absence, le jeune héros a été récupéré par les odieux soviétiques et transformé en une arme de guerre implacable et impalbable, une ombre meurtrière : le Winter Soldier. Aujourd'hui, le grand public a appris la vérité sur son vengeur costumé, et l'heure est venu d'assister au procès, qui décidera si oui ou non Barnes est responsable pénalement de ses agissements au service des cocos. 
Au passage, nous sommes ici avant Fear Itself, ce qui explique la présence de Sin, la fille de Crâne Rouge, autre grosse intuition du sieur Brubaker, qui a transformé le titre Captain America en véritable feuilleton d'espionnage, avec le succès que l'on sait. Cinq épisodes d'un coup, qui s'insèrent donc dans la continuité de la série régulière, et permettent de participer à l'opération Flash Forward de Panini, c'est à dire de réduire le temps de retard entre publication Vo et Vf. Flash-backs sur le calvaire de Bucky, la réaction de ses prétendus amis, bref c'est totalement indispensable si vous faites partie de ceux qui sont séduits par le personnage et veulent en savoir toujours plus. Bonne nouvelle supplémentaire, les artistes au dessin sont Butch Guice et Daniel Acuna. Bref, de la qualité, encore, et toujours. Un Marvel Icons Hors série plutôt bien fichu, appendice nécessaire aux lecteurs des titres heroes de Panini, qui ont donc de la matière à se mettre sous la dent avant les fêtes de fin d'année.

Rating : OOOOO 

NEW AVENGERS 18 : NORMAN OSBORN RECRUTE ...

Nous avons vu ces jours derniers que Steve Rogers a entamé le recrutement d'une nouvelle équipe de Vengeurs, suite aux événements de Fear Itself. Pendant ce temps, Norman Osborn non plus n'a pas chômé. Il est parvenu à s'echapper de prison grâce à la secte du Bouffon, et il a bien l'intention de se remettre au travail. Lui aussi va devoir consulter et enrôler toute une série de candidats pour reconstituer sa propre formation. Les New Dark Avengers, au nom à rallonge, c'est pour ce mois ci. Au menu évidemment, des pyschopathes, des criminels, des individus pas très recommandables ou des anti héros, qui vont devoir apprendre à vivre ensemble, comme par exemple Skaar (le fils de Bruce Banner), le frère de Clint Barton, alias Hawkeye, ou encore Gorgon. Ajoutez à cela un nouveau Spider-Man et un autre ersatz de Wolverine, vous obtiendrez une drôle d'association ... (Qui fait quoi, je vous le laisse deviner...)
On ne comprend pas toujours très bien les motivations qui poussent ces recrues à s'engager, ni même ce que va bien pouvoir faire Osborn, qui a finalement tombé le masque en public. Après tout il devrait être recherché ou tout du moins totalement décrédibilisé, et définitivement à ranger dans les rangs des criminels, et certainement pas des héros. Reste à savoir ce que Bendis compte faire de ce énième team des Vengeurs et quelle sera la direction à impulser à ce qui ressemble fort à une mauvaise copie des Thunderbolts. Un comic-book illustré à merveille (Deaodato Jr, une garantie) mais qui souffre d'une certaine lenteur (Bendis) et d'une question de fond à résoudre, et vite : devra t'on se contenter de quelques numéros ainsi, le temps que les bons et les mauvais Avengers se tapent dessus, ou aura t'on droit à plus de psychologie et à des ramifications inattendues? J'ai des doutes, mais je vais suivre de près cette nouvelle nouvelle mouture des New Avengers.

SPIDER-MAN 143 : Big Time pour Peter Parker

BIG TIME continue pour le tisseur de toile, avec le numéro de décembre. Il y a de la matière, ça c'est certain. Un nouveau Hobgoblin qui fait des siennes, et menace même de couper la tête de ce bon vieux Spidey, pour commencer ! Sous le masque ricanant, se cache le neveu de Ben Urich, le célèbre journaliste du Daily Bugle puis de Front Line, autrefois le Bouffon Vert, très briévement. Peter Parker va bien, cela dit. Un nouveau job de scientifique super bien payé, une nouvelle petite amie, cette fois c'est la grande vie, au point qu'il est même propriétaire d'un splendide nouvel appartement à New-York, lui qui allait mendier une place sur le canapé de ses amis il y a encore quelques semaines. Dan Slott a choisi d'offrir un moment de répit au monte en l'air, c'est d'ailleurs cela qui caractérise le "Big Time", un Parker enfin verni (en apparence) qui voit ses tracas se résoudre les uns après les autres, de manière inattendue. Ce n'est bien sur qu'un moyen comme un autre pour lui préparer d'autres cruelles épreuves qui ne vont pas tarder à se manifester. Humberto Ramos est à l'oeuvre sur les pages de Spider-Man, et je ne suis pas un grand fan. Proportions mal respectées, sens du dynamisme évident au détriment de la lisibilité de certaines planches, il sait se faire apprécier mais pas par tous, loin de là. Par contre, le travail de Stefano Caselli, qui illustre le retour des "Spider Slayers" est bien plus propre et mieux ciselé. Ces derniers, menés par le diabolique Alistair Smythe, vont entamer une croisade contre le maire de la ville J.J.Jameson, et l'ensemble de ses proches (le père de JJJ est l'époux de la tante May), et recrutent pour l'occasion Mc Gargan, alias le Scorpion, qui se voit doté d'une nouvelle armure et d'un pouvoir bien utile, une sorte de sixième sens, qui le rapproche concrètement de son ennemi tisseur de toile. Signalons également, dans les petites histoires en appendice qui complètent cette parution de décembre, les premiers pas du nouveau Venom. Le symbiote à été confié (momentanément, pour une vingtaine de missions) à Flash Thompson, recruté pour son courage, son patriotisme, par l'armée qui en fait donc un mercenaire à superpouvoirs. Gageons que cette décision est aussi due au fait qu'il est un pion sacrifiable sur l'autel de la raison d'Etat...
Big Time est pour le moment frais, sympathique, plein de bonnes intentions, même si parfois encore brouillon. au moins, on n'a pas le temps de s'ennuyer, c'est un bon point pour ceux qui veulent se laisser convaincre.

Rating : OOOOO





AVENGERS VS X-MEN : L'EVENEMENT MARVEL 2012

Le grand événement Marvel 2012, longtemps annoncé par quelques mots sybillins (It's coming) a été enfin dévoilé. Il s'agira d'un crossover entre les X-men et les Avengers, les deux formations ayant des divergences d'importance les poussant au conflit. Dit comme ça, ça ressemble un peu à une sorte de Civil War après l'heure, mais entrons dans les détails. Douze numéros seront publiés à partir d'avril, et un prologue dessiné par Frank Cho sera disponible peu avant. Tout ceci s'étalera sur six mois, et les scénaristes les plus importants de la Maison des Idées se relaieront à tour de rôle dans leur tâche. C'est Bendis qui s'y colle le premier (il quittera les Vengeurs à la fin de ce dernier travail), et Jason Aaron qui enchaîne, par exemple. Beaucoup s'attendaient à un retour de Jean Grey sur le devant de la scène, mais les auteurs indiquent qu'il vaut mieux surveiller de près la petite Hope, si on ne veut pas être déçu. Cotés crayons, du lourd est de sortie, avec les spécialistes de ce genre de grand crossover Marvel, entre autres : Act 1: John Romita Jr. Act 2: Olivier Coipel. Act 3: Adam Kubert. La mêlée va concerner aussi Avengers Academy, les Young Avengers et Utopia, et il faut s'attendre à l'habituelle cohorte de tie-in et de séries momentanément frappées par l'onde de choc. On annonce aussi, entre autres réjouissances, une nouvelle armure pour Iron Man, et bien sur le retour de Thor, doté d'artefacts cosmiques. La Sorcière Rouge aura un rôle crucial, et ce sera probablement l'occasion de statuer définitivement sur l'avenir d'un personnage au potentiel remarquable, et avec qui il y aurait encore beaucoup à faire. "AVX", voilà l'acronyme retenu pour cet event, débarquera en France pour la toute fin d'année 2012, juste à temps pour la fin du monde. Quel timing !

RIEN NE VAUT UNE BONNE PIPE

Oui, vraiment, rien de tel qu'une bonne pipe. La cigarette, ça n'est pas assez personnel, pas assez auto érotique. La pipe, elle, a toujours cet odeur, cette aura de souffre, outre un arôme lourd et particulier reconnaissable entre tous. On associe la pipe à un certain statut social ou intellectuel, le fait de la fumer, de nos jours, est un acte suranné, d'un autre âge. Plus encore dans les comic-books que dans la vie, où elle est définitivement bannie. Fumer, dans une Bd, équivaut à se tirer une balle dans le pied. Le tabac est un tabou encore plus ancré que le sexe, depuis que des lois liberticides obligent nos héros de papier à mâchonner des brins d'herbe, au lieu de s'en rouler une petite à chaque moment de stress ou de détente (Unlucky Luke, sevré malgrè lui). Si aujourd'hui les grands super-héros mainstream ne fument plus, autrefois la pipe ne les rebutaient pas. Comme on pourrait pratiquement le deviner, dans le cas du Professeur Xavier (un vieux sage presque noble, ça fume la pipe...) ou même de Mister Fantastic (une pipe et le voilà soudain plus vieux de vingt ans, surtout avec les tempes aussi grisonnantes. Encore un cas de rajeunissement progressif, à la Benjamin Button). Mais même Steve Rogers, aka Captain America, a déjà cédé au vice ! Le pire aujourd'hui, c'est que la pipe, celle toute métaphorique à la Clinton/Lewinski, a plus de chance d'être publiée et acceptée que celle plus matérielle, bourrée de tabac. Cherchez l'erreur.




PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...