Comme chez Gunn, Starks comprend que Peacemaker fonctionne à merveille quand le burlesque se mêle à la tendresse. Derrière l’absurdité d’un justicier qui sauve son chien des griffes d’un cerveau parlant et d’un gorille armé se cache un récit sur la solitude et la vulnérabilité. Christopher, marqué par un père violent et négligent, peine à créer des liens. Sa vie ne se résume qu’à son rôle de Peacemaker : pas d’amis, pas de vie privée, et même Amanda Waller ou la Suicide Squad esquivent ses invitations. Il ne lui reste que son agent de probation, Richard, et son chien Bruce Wayne pour lui témoigner une affection sincère. Starks souligne cette fragilité à travers des moments de mélancolie, d’échec, de deuil et des flashbacks traumatiques. Empathie assurée, pour un héros tendre, bourru, et surtout complétement con. En fait, Peacemaker n’est pas seulement un gag ambulant. Il incarne à sa façon les paradoxes de la droite américaine contemporaine, version Trump V2. On veut se moquer de ces patriotes bornés, les tourner en ridicule, mais on sait aussi qu'ils peuvent s'avérer être des menaces bien réelles pour les libertés fondamentales, la démocratie. L’Amérique persiste à se rêver nation de pionniers : un western qui voudrait toujours peindre ses héros en hors-la-loi, mais des hors-la-loi que le public finit par adouber, par acclamer. Peacemaker, pour sa part, est un franc tireur, il ne pense en réalité qu’à suivre ses pulsions et à obéir à celui qui lui donnera une mission. Au fond, il est presque ravi que le Cerveau et Mallah aient kidnappé son chien : cela lui donne un but provisoire dans la vie, une cible sur laquelle projeter sa rage. C'est toujours mieux que de passer un nouveau week-end dans la solitude la plus complète, quand tout le monde décline votre invitation et vous tourne le dos. Patriotisme aveugle, âgisme, sexisme, culture incel : Starks se moque de tout et nous tend un miroir fidèle sur nos responsabilités individuelles. Peacemaker tries hard assume sa filiation avec la série télévisée et la douce folie du Silver Age. C'est parfois désopilant, dingue, caustique, c'est une fichue bonne surprise, en fait !
Peacemaker, la série, saison 1 : la chronique
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