JUSTICE LEAGUE : CRISE D'IDENTITE

Urban Comics propose, en ce mois de janvier, de revenir sur une saga importante de l'univers Dc pré New 52 : Identity Crisis. Un récit qui a divisé les lecteurs, mais qui a aussi donné un sacré coup de pied dans le derrière à la Justice League, et mis définitivement fin à une ère, chez le Distinguée Concurrence, souvent accusée de naïveté ou d'angélisme excessif. Là, nous en sommes très loin, et l'univers Dc n'a jamais paru si sombre et grinçant. Petit rappel des faits, avant de vous décider pour un achat.



Il est un fait avéré que le nombre des lecteurs récurrents de DC était bien plus faible, dans nos contrées, que celui des lecteurs ayant opté pour Marvel. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence, dont entres autres la méconnaissance de tout cet univers super héroïque, parfois confus ou redondant, jugé par certains plus manichéen et infantile que son concurrent, et de toutes façons mal traduit et publié en France depuis de trop longues années. Depuis l'an dernier, Urban Comics est arrivé, et beaucoup ont pensé aller voir ce qui se passe dans l'autre paroisse. Tous les indécis qui ne savent pas trop sur quel pied danser seront récompensés avec ce magnifique récit du nom d’Identity Crisis. On peut raisonnablement affirmer que cette histoire a eu autant d’impact sur l’univers DC, que Avengers :Disassembled en a eu chez Marvel ; à savoir le point de départ d’une nouvelle ère, avec des ramifications profondes qui vont en douceur (ou pas d’ailleurs) et sur la distance, changer la donne dans la communauté des encapés. Le pitch est assez cru, et très intéressant. Dès les premières cases, nous nous retrouvons dans l’intimité d’un des héros de seconde zone souvent délaissé et considéré comme un simple pitre inoffensif, Ralph Dibny alias Extensiman. Ce dernier confie à une de ses partenaires de ronde tout son amour pour Sue, son épouse (tiens, chez Marvel aussi le héros élastique en chef a une femme prénommée Sue…) avant que son beeper d’urgence ne le prévienne d’une catastrophe qui vient de se produire : la dulcinée en question vient d’être retrouvée assassinée chez elle, le corps en grande partie carbonisé, sans qu’aucun indice (effraction, trace adn…) ne puisse véritablement révéler l’identité du criminel. Ralph est bien entendu au 36 ème dessous, et toute la communauté héroïque rend un hommage vibrant et émouvant à la défunte, avant de partir en chasse, et de tenter de capturer tous les suspects possibles, c'est-à-dire ceux dont les pouvoirs correspondent au modus operandi apparent du meurtre. Tous, sauf sept amis liés par l’expérience et l’appartenance historique à la JLA (les Vengeurs de DC) qui semblent avoir une idée bien plus précise sur l’identité de l’homme à retrouver : le Docteur Light. Et pour cause…



En effet, à l’époque où ces quelques héros officiaient ensemble, ils avaient déjà eu affaire au mauvais Docteur, pour une histoire des plus sordides : le criminel était parvenu à s’introduire au QG des plus grands héros de la Terre, et ne trouvant que Sue Dibny pour l’accueillir (les autres étaient en mission), il n’avait rien trouvé de mieux que de la violer ! Devant l’ampleur de l’évènement, et poussé par la nécessité de faire « oublier » à Light les identités secrètes de certains héros (il menaçait explicitement de s’en prendre aux autres épouses, à la famille de nos justiciers…) nos encapés prennent une décision radicale, et pas forcément consensuelle (le vote ne fut pas unanime) : lobotomiser le cerveau du violeur, opérer une intervention de chirurgie psychique pour réparer les dégâts et prévenir de futurs problèmes. Au diable la déontologie! Le pire est que cette subtile opération ne sera pas la seule, et qu’on apprend que la JLA a eu recours à d’autres reprises, par la suite, à ces méthodes discutables pour se protéger. A tel point que, dulcis in fondo, même l’esprit de Batman n’aurait pas été épargné par ces jeux dangereux, ce qui ne va pas plaire du tout à l’homme chauve-souris par la suite… Mais Crise d’Identité c’est aussi une enquête haletante, qui se déroule en même temps qu’une menace pernicieuse plane sur tous les proches des grand héros DC : femmes, maris, pères, tout le monde se sent visé et tremble, jusqu’au tragique destin du géniteur de Robin (Tim Drake), qui sera le jouet de machinations qui le dépassent, lui, mais aussi son fils, et le mentor de ce dernier, Batman. Dans le même temps, la recherche de l'assassin piétine, toutes les pistes probables semblent destinées à avorter. Brad Meltzer n’oublie jamais, en tissant son récit, les hommes derrière le masque, et c’est une humanité douloureuse, hésitante, faible et lâche, qui descend lentement de son piédestal. Sous le costume et au-delà des pouvoirs, ce sont juste de simples individus comme vous et moi, et leurs défauts évidents. C'est également la raison pour laquelle il met en scène plusieurs personnages secondaires de Dc, tout en sachant passionner le lecteur pour le destin de ces justiciers de seconde division. Rags Morales est vraiment bon aux crayons, sobre et classique dans ses traits et sa façon de construire les planches; il privilégie l’efficacité et l’émotion brute à la virtuosité artistique, et il fait bien, en donnant encore plus de solidité à l’histoire. Son grand talent est à sa capacité à transmettre aux lecteurs les émotions des héros, si visibles et déchiffrables sur leurs visages, derrière le masque. Bien malin qui parviendra à découvrir l'identité de l'assassin, et à comprendre les motifs qui le poussent à s'en prendre aux proches et aux familles de nos héros. Personnellement je recommande fortement cet album élaboré avec la précision diabolique d'une horlogerie suisse, et fort en sentiments et en coups de théâtre. Urban Comics rajoutent en prime les épisodes 166 à 168 de la Justice League (1979), où les esprits de membres de la JLA sont échangés avec ceux de la Secret Society of Super-villains, jusqu'à ce que Zatanna et son pouvoir ne permette une dernière inversion salvatrice. Un petit bijou d'époque que nous devons à Gerry Conway.




UNE PETITION POUR STOPPER AVENGERS ARENA

Quand je vous avais dit que ce titre allait faire des remous... Je parle d'Avengers Arena, cette série qui voit seize jeune héros sur une île, s'affronter mutuellement jusqu'à ce qu'un seul survive et puisse s'enfuir, le tout sous le regard morbide d'Arcade, grand ordonnateur de cette farce macabre. Pour une fois, les lecteurs ne se mobilisent pas pour sauver un mensuel en difficulté, mais ils organisent une pétition sur Internet pour qu'il soit simplement annulé. Pire encore, une lettre ouverte au directeur responsable de Marvel demande que d'une façon ou d'une autre, les morts déjà effectives dans ce comic-book soient effacées par le premier subterfuge venu. Ces décès sont décrits comme une trahison vis à vis des fans qui n'acceptent pas la tournure que prennent les évènements dans Avengers Arena. Il y a quelques jours, la pétition n'enregistrait que ... 61 signatures, mais depuis, les grands médias spécialisés se sont emparés de l'affaire, et il est probable qu'elle rencontrera un peu plus de succès.
Dennis Hopeless décrit cette série comme " ... une histoire qui parle de choix. Ces jeunes gens devront faire des choix qui les accompagneront durant tout le reste de leur existence. Qu'êtes vous prêts à faire pour défendre votre famille, vos amis? Qu'êtes vous prêts à sacrifier, à laisser derrière vous? Ils ne sont en aucun prêts à prendre ces décisions, mais ils vont devoir le faire. La vie est une question de choix, et être jeunes, c'est faire ces choix sans vraiment en comprendre toute la portée. Enlevez tous les éléments fantastiques, et Murderworld (l'île en question) ressemble d'avantage à une université."
Mais les initiateurs de la pétition s'insurgent contre ces jeunes personnages au background en construction, qui avaient déjà réussi à gagner les faveurs de nombre de lecteurs, et qui vont devoir s'effacer ainsi en pleine force de l'âge. Une trahison, donc, que beaucoup ne voient pas d'un très bon oeil.
Vous qui avez peut être lu les premiers numéros de la série, vous en pensez quoi?

La pétition est en ligne ici 




SUPERIOR SPIDER-MAN #1 : LA REVIEW (Spoiler inside)

Attention : Les lecteurs Vf qui ne souhaitent rien savoir de l'histoire sont priés de ne pas lire cet article. Spoiler inside, qu'on se le dise!

Spider-Man n'est plus seulement Amazing, il est maintenant Superior. Il faut dire que derrière le masque, l'homme a bien changé. Pas corporellement, non. Mais dans la tête, ce n'est plus le même. Au sens propre du terme, puisqu'à la fin d'un numéro hautement discutable et discuté (AMS 700), le Docteur Octopus est parvenu à switcher sa psyché avec celle de Peter, pour un échange standard de personnalité. La pauvre victime est morte dans le corps moribond du scientifique dingo tandis que celui-ci est désormais le nouveau tisseur de toile. C'est compris?
Du coup, quand en face se pointe un nouveau groupe de vilains qui prétend se faire appeler les "Sinister Six" et que Spider-Man croise leur chemin, ça ne peut que faire des étincelles. Les Six, c'est le bébé d'Octopus, son fan club attitré, et ces arrivistes là n'ont qu'à bien se tenir. Imaginez un peu : le vilain aux tentacules, dans le corps juvénile de Peter, avec les ressources scientifiques des labos Horizons à disposition. Vous pensez vraiment qu'ils ont une chance, ces criminels du dimanche? Ce qui fait le sel de ce titre, qui finalement se laisse lire dans presque toute sa longueur avec un intérêt certain, c'est que enfin, Peter va pouvoir se lâcher et être autre chose qu'une lavette, victime de la vie. Puisque ce n'est plus Peter... Au restaurant, face à Mary-Jane, c'est à peine s'il écoute les babillages de la belle rousse, et se contente de mater sa poitrine généreuse. On devine que dans le prochain numéro, il risque fort de passer aux actes. Dans l'emportement du combat, Octopus/Spidey est aussi amener à donner des coups, au point que peut se poser la question de frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive. Et c'est là qu'arrive le final de l'histoire, mièvre au possible, un auto-gol des plus décevants, avec ce bon vieux moraliste de Peter qui est en embuscade, même mort! Quitte à faire un Spider-Man Superior, Slott pouvait vraiment aller au bout du sujet, transformer radicalement le personnage pour en faire une sorte d'anti-héros borderline qui nous aurait réjoui. Au lieu de cela, il lui impose quand même des garde-fous improbables et peu crédibles. 
Du coup, je suis vraiment dubitatif sur ce qui va venir. Stegman aux dessins assure bien son rôle, moins plastique et parfait qu'à ses débuts, plus expressif et urbain dans son trait. Assurément un artiste qui saura se faire aimer, avec un petit coté années 90 qu'on aime ou on déteste. 
Reste la question à 100 dollars : Dans un univers Marvel truffé de télépathes, comment ce Otto Octavius/Peter Parker, deux en un, pourra longtemps échapper à tous les radars, puisqu'il pense comme un étranger dans le corps d'un autre, justement? Sérieusement, Dan Slott, dans quel guêpier es-tu aller te fourrer? Et nous donc, alors!

DELUXE FUSION COMICS : THE BOYS Tome 2

Une histoire d'amour véritable, belle et sincère, peut-elle s'épanouir dans l'univers glauque et cynique de The Boys? C'est tout le défi qui attend le P'tit Hughie et la blonde Stella. Le premier est certes la dernière recrue en date de la bande impitoyable qui contrôle l'exubérance des super-héros, mais il n'a pas encore ce coté désabusé et violent qui distingue ses compagnons d'armes. La seconde est une vraie héroïne depuis qu'elle a été accepté au sein de la super équipe des Sept, mais son enrôlement avait un prix : la perte de ses illusions, et un traitement humiliant, sous la forme d'une séance de viol collectif à son arrivée. Ces deux-là ont des bleus à l'âme, et sont peut être faits pour se rencontrer. A condition, bien sur, de taire certains petits secrets, et de parfois accepter de livrer de menus mensonges, pour préserver les apparences. Hughie, par exemple, va devoir tuer à nouveau le Bonimenteur, qui dans la plus pure tradition des comic-books, à été ramené à la vie après son premier trépas. Sauf que dans le monde des Boys, les revenants sont plus proches de zombies sans cervelle que du mythe du Phénix. Il va aussi pouvoir en apprendre un peu plus sur les événements qui ont poussé une multinationale impliquée dans l'armement, durant la seconde guerre mondiale, a se fabriquer ses propres super humains, et comment s'est construit, peu à peu, le super groupe des Sept, caricature au vitriol de la Justice League de Dc Comics. De pseudos héros totalement sans morale ni entraînement, qui au moment de franchir le pas et de vraiment passer aux actes, se plantent dans les grandes largeurs, et engendrent une incroyable catastrophe qui va changer jusqu'à la face de l'humanité (le onze septembre, vous vous souvenez sûrement...). Chez Garth Ennis, plus que jamais, de grands pouvoirs impliquent de grandes déviances, et on rie franchement, à belles tranches, devant ce théâtre de l'absurde, alors que la série gagne en puissance, par le truchement de ses personnages secondaires, qui deviennent très attachants au fil des pages et de leurs mésaventures. 


La satire continue avec les G-Men. Remplacez la première lettre par un X et vous aurez compris de qui il s'agit. Point de mutants, mais de prétendus orphelins rejetés de tous, qui se divisent en d'innombrables équipes, aux Etats-Unis, en Angleterre, avec les seniors, les cadets, les tout petits... Avant de faire partie de l'équipe principale, celle mise sur pieds par le mentor Monsieur Godolkin (le Xavier de la situation), les recrues doivent faire leurs classes chez les G-Wiz. Ces derniers ne sont pas méchants, mais ce sont des jeunots paumés, qui se prennent au jeu d'une vie de super-héros préfabriqués au quotidien de pop-stars, icônes de séries de comics qui relatent leurs exploits fictifs, et masquent leurs agissements quotidiens. Le vrai menu, ce sont des séances régulières de masturbation collective, de beuverie à n'en plus finir, ou de pratiques sexuelles des plus discutables. Le pauvre Hughie est envoyé en infiltration parmi ces encapés sous l'identité de la Cornemuse, étant donné son accent à couper au couteau et son vocabulaire (que nous ne pouvons qu'imaginer, nous autres lecteurs français qui perdons ces subtilités à la traduction). Sa mission : places les G-Wiz sur écoute, pour connaître leurs turpitudes et petits secrets, et mieux les contrôler. Tout va bien sur déraper, et le grand final sera des plus choquants et expéditifs. Excellente séquence que celle chez ces caricatures des X-Men, avec des répliques hilarantes de Wolverine et Cyclope, en particulier. Darick Robertson est parfait aux dessins, avec son trait gras et expressifs, et il parvient à mettre en scène tout un univers de super-héros plus proches de super-zéros, aux costumes bigarrés et aux coutumes dissolues. Jouissif de bout en bout, ce Tome 2 montre que la série d'Ennis gagne en profondeur et en pertinence avec les épisodes. A ne bien sur pas faire lire de suite à votre petit frère de dix ans, il aura tout le temps par la suite de faire chuter ses idoles de papier.



NEW AVENGERS #1 : LA REVIEW

Avec New Avengers, Jonathan Hickman poursuit la révolution des titres de la famille des Vengeurs. Dans cette série, on se rend compte, dès la première page, que ce seront les Illuminati qui vont tenir le haut du pavé. Ces derniers constituent ensemble une sorte de secte secrète, un aréopage des principaux héros de l'univers Marvel (les plus intelligents ou influents), qui prend en grand secret les décisions les plus importantes, qui peuvent changer à jamais le cours de l'humanité. Un de ses rares membres fondateurs n'a jamais souhaité voir une telle association prendre racine : il s'agit de la Panthère Noire, souverain du Wakanda. Sa nation a été particulièrement touchée par les combats inhérents à Avengers Vs X-Men, mais apparemment tout va déjà pour le mieux puisqu'on apprend que le Wakanda est désormais en pole position pour la course aux étoiles. On se retrouve en Afrique pour une séance d'initiation de jeunes guerriers, sous la coupe et le regard bienveillant de T'Challa la Panthère. Mais rien ne va comme prévu, et une menace pointe le bout de son nez à travers ce qui ressemble fort à un disque de téléportation, d'un autre univers, ou d'un autre lieu. Le souverain et ses jeunes sujets vont se retrouver nez à nez avec une menace de première ordre (qui porte le nom de Black Swan, ou Cygne Noir si vous préférez la Vf) qui semble venue sur Terre dans un but tout sauf amical. D'ailleurs, l'affrontement tourne à la déroute pour les héros, le clan de Black Panther étant clairement mis mal, les jeunots tombant comme des mouches. Qui sont ces nouveaux venus qui représentent un péril évident pour la vie sur Terre? Pourquoi la Panthère est si réticent lorsqu'il s'agit de faire appel au reste des Illuminati? Hickman travaille comme à son habitude par ellipses, allusions, laisse des bribes d'indices par ci, des miettes de trames à approfondir par là. Inutile de préciser qu'un seul numéro, c'est bien trop peu pour juger du fond, à peine a t-on une idée de ce que sera la forme. A ce propos Steve Epting, de retour sur un titre des Vengeurs (moi je fais partie de ses fans depuis son passage sur les Vengeurs de Bob Harras) donne la pleine mesure de son talent. Ses planches sont de toute beauté, son style semble atteindre son apogée, ou tout du moins une maîtrise rarement égalée dans sa carrière. New Avengers est un comic-book à plusieurs couches, qui va demander du temps et une lecture chorale, pour révéler tout son potentiel. Si le plaisir immédiat est freiné par la technique narrative de Hickman, on devine que le récit qui va s'y déployer a de quoi secouer le petit monde Marvel sur son socle. Donnons donc une chance à ce titre Marvel Now! et guettons les prochaines parutions, pour en savoir plus.


DAREDEVIL SEASON ONE

Vous aussi vous vous demandez peut être pourquoi. Le pourquoi de ces énièmes origines revues et corrigées, avec les premiers pas de ces héros mythiques, qui régulièrement subissent un lifting qui va de la fine intervention chirurgicale au ravalement de façade sans classe ni distinction. La série des Season One se promet de revenir à nouveau sur ce que la grande majorité sait déjà, dans l'espoir de raconter quelque chose de nouveau, et surtout de séduire les nouveaux lecteurs qui ont découvert ces derniers mois les héros en collant au cinéma. Sauf que souvent, c'est assez chagrin et pas très bien ficelé. Cette fois, voici venir Daredevil. Par chance, on nous épargne la tragédie du petit Matt qui devient aveugle puis découvre que tous ses sens ont été merveilleusement amplifiés par un composé radioactif. On s'intéresse d'emblée aux premiers exploits de Daredevil, son alter-ego costumé, dans sa version en costume jaune, celui inoubliable des premiers épisodes, et du Yellow de Loeb et Sale. Le point positif du scénario de Antony Johnston, c'est qu'il ne se contente pas de suivre à la lettre ce qui a déjà été bien mieux raconté auparavant, en y ajoutant des éléments discutables de ret-con, mais qu'il essaie plutôt de nous narrer ce que Daredevil a bien pu faire d'autre, et qui jusqu'ici a été oublié, à l'aube de sa carrière. Un Matt Murdock plus humain et moins super héroïque que dépeint dans les versions classiques, qui en dépit de son surnom d'homme sans peur, accepte et contrôle les siennes, tout comme ses doutes. Qui après la sempiternelle scène de la mort du Fixer, se rend dans une église pour avoir une conversation salutaire avec un prêtre. Entouré par un cast lui aussi connu, composé principalement de Foggy Nelson, et d'une Karen Page plus en jambe que la mièvre secrétaire sans défense des débuts, puisqu'ici insérée dans la profession légale de manière plus concrète. Pour le reste, un mystère planant autour du prêtre déjà mentionné, et un politicien corrompu, rythme cette aventure qui veut faire le grand écart entre la saveur délicieusement rétro des premiers Daredevil, et une approche moderne et réaliste capable d'accrocher le lecteur en 2012. Au risque de se faire très mal à l'entrejambe. 


En bref, voilà un album qui n'est pas mauvais, qui présente même d'indéniables preuves de bonne volonté, mais qui ne laissera aucune trace persistante dans la carrière de Daredevil. Les dessins de Wellington Alves sont eux pertinents. Aérés et dynamiques, ils sont suffisamment modernes et accrocheurs pour permettre aux nouveaux lecteurs de se plonger dans l'histoire et d'y trouver un intérêt graphique immédiat. Les tons les plus clairs et ceux plus foncés entrent souvent en opposition de manière convaincante, comme avec ce Diable Jaune lançant son lasso-canne, en toute fin d'article. La mise en couleurs abuse par contre de cet aspect papier glacé et surbrillant qui irrite les nostalgiques, ceux qui ont grandi avec le papier granuleux des comic-books des seventies et des eighties, qui tenaient plus du buvard absorbant que du catalogue pour défilé fashion. Ce Season One reste recommandable et lisible pour ceux qui ne connaissent pas grand chose à l'univers de Matt Murdock, et veulent se familiariser rapidement, sans le souhait de se plonger plus avant dans les aventures de Daredevil. Le divertissement immédiat est assuré. Les autres, les amateurs de comics et les vieux renards qui fréquentent ce blog, auront bien compris que la dépense est évitable. 



X-MEN 7 EN KIOSQUE : LE POIDS DE LA GUERRE

Il est bien difficile de survivre, quand on est une série régulière qui souffre déjà depuis des mois d'un manque d'inspiration, quand en plus un crossover d'importance vous oblige à changer votre fusil d'épaule, et à raconter quelque chose que vous ne reteniez pas indispensable auparavant. Kieron Gillen est un peu dans l'impasse : Ses Uncanny X-Men ne passionnent guère les foules, et en plus, voilà que son récit doit faire la part belle à AvX. Une gageure. Du coup nous lisons deux épisodes très inégaux ce mois-ci. Le premier est franchement mauvais, carrément dispensable. Il est consacré à Magneto, Psylocke et Tornade, qui isolés loin du gros des combats, livrent leurs état d'âme entre humour pas très drôle, et attente soporifique. On sent qu'il fallait pondre une vingtaine de pages, comme à l'usine. Les dessins sont de Billy Tan, très jolis mais aussi très statiques. Le gros mieux vient ensuite, quand Gillen bifurque vers ses idées propres, et axe tout un numéro sur Sinistre et la ville souterraine où il se terre, et prépare son futur grand affrontement avec les X-Men. Un récit malin qui parle de politique, d'anarchisme et de lutte contre le système, de manière rondement menée, avec de surcroît les belles planches de Dustin Weaver, truffées de détails et délicieusement rétros. Un comble donc de devoir snober le pseudo événement pour présenter une copie décente, mais on vous le répète, Avengers Vs X-Men, au delà de l'épate, est tout sauf une grande réussite. 

X-Men Legacy aussi n'est pas incontournable. On nous promettait monts et merveilles avec l'arrivée de Christos Gage au scénario, mais lui également va devoir mettre ses velléités en pause, et se consacrer avant tout à AvX. Dans un premier temps, il se concentre sur Joanna Cargill, qui est chargé de pacifier une nation africaine où la domination de l'homme est source de l'exploitation des femmes, et de conflits séculaires. Mais les Seigneurs de guerre sont-ils une engeance contre laquelle des mutants, même de bonne volonté, peuvent lutter efficacement? Il y aurait fort à dire la dessus, et le sujet est traité avec une superficialité évidente, laissant plutôt place à des souvenirs liés au passé de Frenzy, et aux mauvais traitements reçus dans son enfance. On glisse donc du macro ou micro événement, et c'est un peu dommage. Juste après, deux femmes se crêpent le chignon : Miss Marvel souhaite avertir Malicia des risques potentiels de corruption de ses alliés mutants, qui pourraient bien avoir la tête qui tourne, sous l'emprise des pouvoirs incommensurables du Phénix. Hélas, la discussion tourne vite au contentieux, car vous le savez peut être, les deux héroïnes ont un lourd passif (la vie de Carol Danvers a été "empruntée", c'est à dire volée, par Malicia, voilà bien des années. L'affront n'a pas encore été totalement digéré). Les dessins de David Baldeon sont assez bons, tout en mouvements, agréables plastiquement, mais au final, il ne se passe rien de bien inoubliable. 

N'oublions pas, pour être complet, de mentionner un épisode des New Mutants, qui doivent affronter un spasme temporel. Rocket et Karma ont été happé dans le temps, et c'est une version future des deux jeunes mutants que leurs amis retrouvent à leur place. On pourrait croire que tout va relativement bien, surtout lorsqu'ils ont l'occasion d'échanger quelques vues de ce que seront les années à venir, mais en fait, il semblerait que ce futur soit tombé sous la coupe d'un ennemi inattendu. Comme quoi il faut d'abord penser à balayer devant sa porte... Episode sympathique qui met un peu de pages avant de révéler son sel, mais qui au final ne démérite pas vu le reste de la revue. Je n'aime pas trop les dessins parfois trop brouillons et mal finis de Leandro Fernandez, et c'est dommage, car le titre mériterait peut être mieux pour séduire plus de lecteurs. Tout ce menu vous attend en kiosque dès maintenant, pour peu que les grèves de ces dernières semaines ne s'éternisent pas trop de par chez vous. 


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...