MARVEL UNIVERSE 10 : THANOS

Il a beau aimer la mort et être un péril cosmique de premier ordre, Thanos est également un personnage qui compte de nombreux fans, et chacune de ses apparitions a de quoi réjouir la cohorte des suiveurs. Cette fois, vous serez satisfait à demi. Car disons le tout court, si la couverture de Panini annonce une histoire complète, Thanos n'est le héros que du premier récit, qui est un annual sorti de nulle part. C'est une sorte de récapitulatif de certains des moments forts de la carrière du Titan, remplie d'exactions toutes plus mauvaises les unes que les autres. On le voit défait et miné par l'échec après avoir perdu le cube cosmique, et emprisonné chez Mephisto. Mais l'apparition d'un avatar venu du futur (le Thanos tout puissant de la saga Infinity Gauntlet) vient lui remonter le moral et lui apporter quelques révélations sur ce qui les attend. Jim Starlin est prêt pour écrire de nouvelles pages avec le personnage et il utilise cette histoire pour faire le point et sonder le terrain avant la suite. Ron Lim est de retour au dessin lui qui fut son compère parfait sur la trilogie Infinity, et qui reste une valeur sure lorsqu'il s'agit de représenter cet univers cosmique si bariolé. Le problème c'est que cet annual n'apporte presque rien aux lecteurs les plus anciens, que son enjeu est somme toute limité et que le vrai moment fort à venir se trouve dans le graphic novel The Infinity Revelation, toujours chez Panini. On y viendra très prochainement ici meme. En attendant on fera un peu de révision avec Starlin et Lim, c'est toujours ça de pris.


Le reste de la revue est dédié à une mini série présentée dans un premier temps au format digital (le turbomédia), une habitude qui risque de devenir la norme assez rapidement. A God up there listening est l'occasion pour les frenchies Mast et Geoffo de démontrer leur savoir faire en matière de story board. Par contre le scénario n'a rien d'absolument incontournable. On suit le voyage initiatique de Thane, fils de Thanos et dispensateur de mort rien qu'au toucher, qui en apprend plus sur son héritage en compagnie de Machoire d'ébène, un des lieutenants du vil Thanos. Thane est partagé entre ce qu'il apprend et ses propres aspirations, qui le pousseraient sur une autre voie. Mais échappe t-on complètement à ce que nous destinent nos gènes? Les quatre épisodes se laissent lire, mais on ne frissonne jamais vraiment, même si l'idée d'opposer Thanos à une planète vivante (Ego, un concept qui m'a toujours bien amusé à la base) est intéressante. Rob Williams écrit, et Iban Coello et Paco Diaz dessinent. Si j'étais en train de chroniquer un vin ou un fromage, je dirais que ça manque de caractère, ou de personnalité. Un comble quand on achète un mensuel consacré à Thanos! Un Marvel Universe plein de promesses, exaucées en partie.



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THE ART OF JAE LEE (DC COMICS)





Aujourd'hui, petit arrêt sur images avec Jae Lee, et certaines des plus belles covers et illustrations chez Dc de cet artiste. Dans son style inimitable, de magnifiques dessins qui jouent avec dextérité sur les ombres, les silhouettes, les contours, dans un univers onirique qui lorgne vers la cauchemar, et l'allégorie. Un exemple de ce que Jae Lee est capable de produire. Un très grand du dessin, assurément. 









AVENGERS L'ERE D'ULTRON : LA CRITIQUE

Joss Whedon avait déjà utilisé cette expédient narratif lors de son run sur la série Astonishing X-Men. La salle des dangers qui servait de lieu d'entraînement avait acquis une conscience et était devenu un organisme autonome pas forcément amical. C'est un peu ce qui se produit dans ce film des Avengers avec Ultron qui n'est au départ qu'un simple programme de surveillance et de protection de la planète, secrètement mis au point par un Tony Stark toujours friand de petits secrets. Mis à part Bruce Banner, tous les autres  coéquipiers au sein des Vengeurs ignoraient cette idée malheureuse. Lorsque Ultron prend vite et devient capable de pensées autonomes, ses projets pour l'humanité sont assez effrayant. Pour lui la paix globale n'est possible qu'au prix d'une gigantesque hécatombe; les humains doivent évoluer vers quelque chose d'autre, qui ressemble fort à une extinction à échelle planétaire. Pour le contrer les Avengers vont devoir passer outre certaines petites disputes en famille, exacerbées par les pouvoirs de Wanda Maximoff (ici dans une incarnation émo-gothique), une jeune mutante qui à la faculté de jouer malicieusement avec les esprits. A ses côtés nous trouvons son frère jumeau Pietro, dont le costume est en fait une publicité permanente pour Adidas, et ressemble plus à l'équipement d'un sportif du dimanche. Puisque j'en suis à la critique du look des personnages signalons aussi le look de la Vision, création du robot Ulron. Il n'est pas particulièrement du meilleur goût, au point qu'on a parfois l'impression qu'il s'agit d'un simple cosplayer qui se retrouve un peu par hasard parmi les plus grands héros de la terre. Le film déroule son scénario avec une certaine facilité et finalement assez peu de prise de risque; la recette appliquée dans le premier volume reste la colonne portante du second, à savoir grand spectacle, affrontement colossaux, petites blagues permanentes qui finissent par en devenir un peu irritantes. Est-il bien nécessaire par exemple de transformer un dieu guerrier toujours prompt au pillage et à l'action glorieuse (Thor) en un comédien de stand up qui se comporte en pleine bataille comme sur le plateau de Letterman? Probablement le prix à payer pour apporter une touche de coolitude à ce film qui ne ménage pas les effets pour attirer un public de toute manière conquis d'avance.


L'aspect intéressant du film c'est probablement les motivations et les défauts intrinsèques à sa nature du robot Ultron. Si dans la bande-dessinée celui-ci est la création du savant Hank Pym, dans la version cinématographique il est donc le fruit des machinations de Tony Stark. Du coup dans un complexe d'Oedipe fascinant le voilà engagé dans une lutte contre son père qu'il n'a de cesse de vouloir dépasser voire effacer. Le problème se complexifie davantage quand Ultron devient lui même le créateur d'une autre forme de vie en partie robotique, l'être qui va devenir la vision et qui à son tour va se retourner contre ce que l'on pourrait appeler son géniteur. Il manque juste un élément très important présent dans le comic book à savoir l'attachement morbide que pouvait éprouver Ultron vis-à-vis de sa prétendue mère, c'est-à-dire Janet Van Dyne, l'épouse de Hank Pym. Stark est un célibataire et un dragueur cet aspect ne pourrai donc pas être exploré convenablement. Ce second volet reste fort recommandable si vous venez pour voir un grand spectacle made in Marvel, vous en aurez vraisemblablement pour votre argent. Certes il n'échappe pas à quelques longueurs ou quelques moments un peu plus faibles dont la raison d'être est vraisemblablement d'humaniser un groupe qui pourrait autrement paraître trop loin des aspirations de nous autres simples pauvres petits mortels. Nous avons droit ainsi à une parenthèse surprenante et bucolique en plein milieu du film lorsque les Avengers se réfugient pour panser leurs plaies, dans la petite fermette familiale de Hawkeye. Celui-ci, toujours campé par un Jérémy Renner avec de faux airs d'un ancien alcoolique repenti, a une grosse différence par rapport à ses compagnons: une véritable famille, un véritable foyer, qui l'attend entre deux missions. Ses coéquipiers sont eux seuls, même si on assiste à un début de relation entre la Veuve Noire et le docteur Banner. Le SHIELD et son chef occulte Nick Fury sont aussi de la partie, et on peut regretter qu'aucun des acteurs qui animent la série télévisuelle consacrée à ce groupe du contre-espionnage ne soit présent dans le film, pas même l'agent Coulson. Ce qui renforce l'idée du caractère très secondaire de cette série qui va pourtant débarquer très bientôt dans les kiosques en version française, dans un nouveau mensuel chez Panini. Qu'à cela ne tienne, chaussez vos lunettes 3D et allez-vous faire ponctionner d'une douzaine d'euros chez votre multisalles de quartier, et mettez votre cerveau en pause pour deux bonnes heures. Si pour vous Avengers l'Ere d'Ultron doit être avant tout un divertissement qui n'a pas honte de sa nature, et assure le job, je ne pense pas qu'il vous viendra à l'esprit de demander un remboursement. 


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MARVEL ICONS : SPIDER-MAN PAR TODD McFARLANE

Avec ce volume de la collection Marvel Icons consacré au tisseur de toile par McFarlane, c'est toute la générations de lecteurs abreuvés aux comics des années 90 qui va ressentir des frissons. A défaut d'avoir là la série la plus subtile et la plus profonde de l'univers de Spider-Man, nous avons une performance visuelle de toute beauté, qui marqua les esprits en son temps. Todd McFarlane avait rencontré un tel succès avec son spidey ultra dynamique (postures arachnéennes, les yeux du masque énormes, une toile "spaghetti" abondante...) et aux antipodes du modèle Romitien (John Romita, l'autre référence pour beaucoup de puristes), que Marvel avait décidé de laisser le dessinateur seul aux manettes d'un nouveau mensuel, dont il serait également le scénariste. Ce qui ne fut pas sans heurts car il s'agissait là de la première vraie expérience professionnelle dans ce domaine précis de la création pour Todd, et ça se perçoit par endroits. Le premier arc narratif propose offre une lutte sans merci et aux contours mystiques, entre Spider-Man et une version plus reptilienne que jamais du Lézard. L'auteur se rattache à la célèbre aventure Kraven's Last Hunt et ressort la prêtresse vaudou Calypso des tiroirs, qui cherche à se venger de notre héros qu'elle accuse pour la mort de son amant. Le résultat est hautement spectaculaire, et ce drame assume un ton horrifique et halluciné, au rythme d'un tam-tam lancinant et hypnotique qui plonge le tisseur dans un véritable cauchemar. Si la trame est finalement assez mince et qu'il est possible de résumer plusieurs épisodes en quelques lignes sommaires, il n'empêche que la vision d'un Spidey au costume lacéré, l'air hagard, décomposé, a marqué le jeune lecteur impressionnable que j'étais, avec des planches absolument superbes et inquiétantes. 

La suite elle met aux prises le tisseur et le Hobgoblin. Avec la participation de Ghost Rider, en pleine popularité à l'ère où le motard était l'avatar de Danny Ketch. Là encore Todd ne se foule pas beaucoup pour pondre un scénario raffiné, et l'intérêt de ces épisodes réside dans sa capacité innée à happer le lecteur avec des planches ultra mouvementées et cinétiques. Certains firent la moue devant une version du Rider moins responsable et héroïque que celle décrite dans la série de Howard Mackie, et d'autres pointèrent du doigt les pulsions pédophiles du Hobgoblin, pas véritablement explicites mais qui transparaissent en filigranes. McFarlane donne le meilleur de lui même dans la séquence qui voit Spider-Man au Canada, associé au mutant Wolverine. Où il est question du Wendigo, cet être surnaturel et carnivore, victime pitoyable d'une malédiction. Le run de Todd se termine avec l'apparition de Morbius, pour d'autres moments qui versent dans l'horreur, et un crossover avec X-Force, à l'époque apanage du duo Nicieza / Liefeld. Là encore le plus important c'est l'image, sa puissance évocatrice, les effets coup de poing, et tant pis pour le reste. N'allez pas croire pour autant que j'ai tendance à sous-estimer ces épisodes. Absolument pas. comme je l'ai déjà dit, leur impact graphique a été notable et le talent de McFarlane éclabousse pas mal de planches et de cases dans ce gros pavé. Et derrière lui, peu ont été capables d'interpréter le tisseur d'une façon aussi originale et inspirée. Alors si vous ne connaissez pas cette série et que vous aimez le style propre aux années 90, il vous faut vraiment acquérir cet Icons qui vous donnera satisfaction. 


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COSPLAY MANIA Episode 3

Retour ce vendredi de notre rubrique consacrée au Cosplay. Si en ce moment je suis au ComiCon de Naples, et que j'espère vous ramener quelques clichés sympathiques pour la rubrique de la semaine prochaine, il faudra aujourd'hui composer avec cette galerie de costumes, parmi les plus réussis, sympas, originaux, ou drôles, repérés de ci de là sur le Net. Bonne journée!


Si Green Arrow était plus féminin, ça donnerait ça. Franchement je préfère cette version à celle du Oliver Queen de la série Tv...


Deadpool. Un classique certes, mais avoir l'air crédible demande du travail. Là il y en a assurément pas mal. 


Effrayant. Pas bien compris s'il s'agit d'un cosplay, d'un maquillage à partir d'un buste, mais on atteint le sommet de la terreur. BeurK. 


Joker Classic. Avant la version "je me suis coupé les joues au rasoir" c'était cela, le personnage. Bien campé, réussi. 


Ce n'est pas le premier ni le dernier Spawn, mais c'est le plus convaincant. On peut le prendre tel quel et s'en servir pour un prochain film. 


Cosplay casse-gueule, l'armure d'Iron Man. C'est délicat, et assez difficile de faire quelque chose d'original et crédible. cette version s'en tire bien. 


Le plus dur pour faire He-Man (Musclor) c'est qu'il faut d'abord se tailler un physique qui va avec. Pas à la portée de tout le monde...


Lady Death. La mort, ce n'est pas joyeux, mais quand elle apparaît sous ces atours, ça devient quand même attrayant. Pouvoir du comic-bok...

TOUS EN SALLE DES DANGERS. AVEC STEVE RUDE

Allez, prenez vos costumes et allons faire un tour en salle des dangers. Pour cet entraînement pas comme les autres, avec les premiers X-Men, un guide d'exception, Steve Rude, dont le trait faussement naïf mais vraiment talentueux nous permet de revivre un de ces moments fondateurs de nos lectures adolescentes, à nous autres quadras (ou plus...). Bonne journée.






SEX CRIMINALS TOME 1 : UN COUP TORDU

Vous voulez une histoire d'amour? Une vraie de vrai? Un cocktail de sexe, encore du sexe, et des sentiments (avec de l'action)? Alors cette nouvelle série est ce que vous espériez. La clé de l'intrigue mise sur pieds par Matt Fraction est plutôt simple : jouir arrête le temps. Une petite mort, et pas qu'au sens figuré. En fait, lorsque les aiguilles sont immobiles, Suzie et Jon restent les seuls à pouvoir se mouvoir; lorsqu'ils atteignent l'orgasme, le monde entier se met en pause. Ce qui leur permet de faire ce que bon leur semble, en toute impunité. Y compris enfreindre la loi...à moins de se retrouver face à quelqu'un d'autre possédant les mêmes dons, capable de mettre un terme à ces "crimes sexuels" qu'ils ont pris l'habitude de perpétrer. Le fond de l'histoire est en réalité une critique voilée du système éducatif occidental et de son échelle des valeurs, notamment les tabous les plus stupides qui permettent le triomphe de l'ignorance ou la propagation des maladies. Nous trouvons aussi la banque, représentée comme une ennemie, ce qui est bien dans l'air du temps (responsables de la perte du père de Suzie, et de l'infélicité de Jon). La banque qui souhaite aussi mettre les mains sur la bibliothèque où travaille la jeune femme. Il faut agir, et vite, quitte par exemple à organiser un hold-up, en arrêtant le temps. A lire ça comme ça, le pitch de départ ne manque ni d'originalité, ni de mordant. On a l'impression de lire un truc à la croisée des chemins entre American Pie à la sauce super-héroïque , et une aventure fantastique issue de la quatrième dimension. 

Ici la découverte des pouvoirs, de comment s'en servir, est bien entendu une métaphore de la découverte du sexe, tout simplement, lors des premiers rapports. De même il est possible de voir le fait de trouver un partenaire avec les mêmes dons étranges comme une parabole impliquant la chance de découvrir une âme soeur, quelqu'un d'unique et qui est destiné à (se) nous compléter idéalement . Histoire d'alchimie et de synchronisation sentimentales. Fraction a le mérite de décrire tout ceci sans tomber dans aucun romantisme de circonstance, et utilise le sexe comme un réservoir à anecdotes, doutes, ou plaisanteries, qui contribue à tisser un climat désinvolte et pertinent. Chip Zdarsky donne une interprétation humaine du couple de personnages dans cet album. Ce ne sont pas des gravures de mode mais tout bonnement deux êtres humains assez communs, qui pourraient se rencontrer et se plaire. La bulle temporelle dans laquelle ils évoluent est plutôt bien trouvée et pensée. C'est une explosion psychédélique de lignes et de couleurs, parfaitement apte à communiquer ce que peuvent bien ressentir Suzie et Jon lorsqu'ils sont à l'intérieur, avec les règles de ce monde parallèle qu'ils vont découvrir. Glénat tente d'offrir une seconde vie à sa ligne comics avec quelques nouvelles parutions, en ce printemps, et ce Sex Criminals est ce que la maison d'édition offre de plus abouti et intelligent, depuis longtemps. Une expérience que vous devriez tenter. 


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