CYBORG #1 : LA REVIEW

Avec Cyborg, c'est juste qu'il ne faut pas être trop pressé. Le personnage a été crée il y a plus de 35 ans, c'est désormais un membre fondateur de la Justice League, et un des plus influents depuis l'arrivée des New 52, mais c'est seulement cet été qu'une série régulière lui est consacrée, grâce à l'opération Dc You, qui se veut novatrice et artistiquement couillue. En plus c'est Ivan Reis qui s'occupe des dessins, et il n'y a rien d'autre à rajouter (ah si, l'encrage de Joe Prado) car c'est un gage de qualité absolu. Ici, Victor Stone débarque dans les locaux futuristes Star Labs pour présenter aux scientifiques du coin les dernières modifications apportées à son armure. Bien sur, c'est aussi une occasion pour discuter famille, avec le père de Victor qui est toujours aussi distant et froid, bien plus intéressé par un bras mécanique ou une technologie cyborg, que par un week-end football ou séries tv avec son fiston. Du coup nous avons droit à la traditionnelle litanie en arrière-plan, le personnage délaissé par les siens, qui a peur de rester dans l'ombre, et préfère encore être craint ou détesté que de susciter un désintérêt flagrant, comme celui que manifeste à coup sur le paternel. Cyborg a quelques problèmes pour appréhender ses dernières mises à jour, pire encore il vient à peine de "mourir" et il reste encore à expliquer et à définir comment il a pu se reconstituer et dans quel but. En parallèle, on suit la menace d'aliens eux aussi dotés d'une technologie futuriste, mais il faut être très malin pour comprendre où veut en venir le scénariste, et ce que cela pourra donner par la suite. Du coup touchons un mot de David F.Walker, qui probablement pour se rassurer et éviter le hors-sujet, choisit de compiler une série impressionnante de clichés concernant le personnage et ce que nous pourrions lire à son sujet. Tout ce qui était attendu et qui avait déjà été fait est là, et tant pis si on voulait du sans frais et du neuf, on aura droit à des boulons et des circuits imprimés d'occasion. Il reste donc Reis pour faire des étincelles, nous montrer combien il est probable que l'armure à géométrie variable de Cyborg soit un prétexte pour des prouesses graphiques dont nous sommes friands.... Allez, je ne veux pas être méchant, car après tout le job est fait, si nous parlons de produire un numéro 1 académique. Mais il va falloir que dès les prochaines parutions le titre emprunte des chemins moins balisés pour se démarquer, sans quoi moi je retourne aussi vite lire Superior Iron-Man chez Marvel, qui a le mérite d'être plus caustique et risqué que ce début trop prudent. 


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JE SUIS ANT-MAN : L'ANTHOLOGIE DE L'HOMME FOURMI

La meilleure façon - et la plus rapide - de se familiariser avec le personnage de Ant-Man, avant ou après avoir vu le film, c'est de se plonger dans l'anthologie "Je suis Ant-Man" publié le mois dernier chez Panini. Tout vous sera dévoilé, à commencer par qui est ce Henry Pym (joué par Michael Douglas), savant de renom inventé par Lee et Kirby, juste après la création des quatre Fantastiques. C'est donc un des personnages les plus anciens, un élément historique de la Maison des Idées. Membre fondateur des Avengers, sa série fut assez rapidement abandonnée, mais on a pu le retrouver à intervalles réguliers au sein de formations disparates de ces mêmes Vengeurs. C'est dans le numéro 35 de Tales to Astonish que Pym endosse pour la première fois son costume distinctif, et c'est dans l'épisode 44 que nous faisons la connaissance de la belle Janet Van Dyne, aussi intelligente que vaniteuse, appelée à jouer un rôle crucial dans les aventures et mésaventures de celui qui deviendra son mari. Dans les épisodes 59 et 60 de la série Avengers (Roy Thomas et John Buscema!), on commence également à comprendre que la personnalité de Hank Pym est sujette à une érosion inquiètante. le héros change parfois d'identité, lorsque ses nerfs lâchent ou qu'il traverse une dépression/remise en question. Des troubles qui le poussent à devenir Yellowjacket (le grand méchant au cinéma), et à épouser Janet, avec comme le veut la coutume un mariage perturbé par de sombres individus, ici les membres du cirque du crime de Ringmaster. Bien plus tard, avec les #195 et #196 du titre Avengers, Hank Pym collabore pour la première fois avec un certain Scott Lang, avec l'aide duquel (et des Avengers) il va parvenir à déjouer les plans du Maître de Corvée. Tout ceci est narré par un couple d'artistes exceptionnel, à savoir David Michelinie et George Perez. La déchéance arrive par contre dans le #213 (écrit par Jim Shooter) où Hank est chassé de la formation des Avengers, après avoir connu une nouvelle grosse défaillance, et avoir frappé sa femme et trompé ses coéquipiers. Un super-héros déshonoré et fort peu honorable.

C'est Michelinie, et le toujours délicieux John Byrne au dessin, qui se chargent de nous raconter la génése du second Ant-Man, à savoir Scott Lang, dans les numéros 47 et 48 de Marvel Premiere. On retrouve le même scénariste pour une incursion chez Iron Man, où Lang épaule Tony Stark dans une aventure qui voit aussi Hulk pointer le bout de son nez. Jerry Bingham se charge de dessiner, avec un style proche de celui de Neal Adams. C'est fort agréable. Nous trouvons aussi la mini série Ant-Man and the Wasp, de Tim Seeley. L'idée de départ est de faire apparaître le troisième Ant-Man, à savoir Eric O'Grady, aux cotés du premier originel, cette fois sous l'identité de la Guèpe! Admettons que c'est un peu génant pour Hank, et que cette décision a de quoi susciter quelques polémiques. En face, l'opposition est constituée par Black Fox et les forces de l'A.I.M, et le tout reste bien médiocre, aussi vite lu qu'oublié. N'oublions pas non plus le one-shot Avengers Origins Ant-Man and Wasp, où les origines modernisées de Hank et Janet sont retravaillées par Roberto Aguirre-Sacasa, avec des dessins peints par Stephanie Hans. C'est probablement là l'intérêt principal de cet ajout à l'anthologie, qui propose en définitive du matériel très varié tant au niveau de la qualité que des époques de parution. Nous aurions tort toutefois de sous-évaluer ce gros volume édité par Panini car c'est un témoignage éloquent et plutôt pertinent de l'importance de ce personnage, ant-Man, pas toujours reconnu et apprécié à sa juste valeur, mais qui fait partie de ceux qui ont laissé une empreinte durable et forte dans l'univers Marvel. Récemment encore, nous n'aurions pas eu de Age of Ultron sans les déboires d'Hank Pym. Vous avez aimé le film mais vous n'êtes pas un gros lecteur de comics, et surtout vous avez débuté depuis assez peu de temps? Je suis Ant-Man semble avoir été pensé pour vous, c'est du sur mesure. 




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THE ART OF ELENA MIRULLA (SEXY TALES ET LE CALENDRIER 2016)

Étant donné que 2016 viendra très vite... autant se mettre déjà en tête que l'heure de repérer les calendriers qui comptent à commencé. Je profite donc de ce prétexte pour vous présenter le travail de Elena Mirulla, une artiste italienne dont le style tout en rondeurs et joliment cartoony a beaucoup évolué ces dernières années, pour devenir désormais une marque de fabrique reconnue et appréciée de nombreux fans. J'avais eu l'occasion de rencontrer Elena au festival d'Albissola voilà deux ans, lors de la présentation de Zavor, une parodie fort sympathique de Zagor, le célèbre Esprit à la hache de la forêt de Darkwood. Le calendrier "sexy" de cette dessinatrice génoise s'appelle Sexy Tales 2016 et sera disponible à partir d'octobre et vous pourrez le commander sur le site italien "Cronaca di Topolinia" ou directement sur la page Facebook de l'artiste. Le maxi portfolio avec les 12 oeuvres du calendrier sera également disponible à l'occasion d'une rencontre d'une rencontre du coté de Rivoli, le 4 septembre. Vous trouverez toutes les informations et les liens utiles ci-dessous, avec quelques dessins et oeuvres d'Elena Mirulla. En haut à gauche, vous avez l'illustration de septembre, et ensuite celle d'octobre et de juin.



Et maintenant quelques planches du quatrième volume des Sexy Tales d'Elena Mirulla, avec des petites histoires remises au goût du jour par l'artiste, à la sauce piquante.



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MARVEL SELECT : ULTIMATE X-MEN TOME 2 (TOURNEE MONDIALE)

Nous avons vu dans le premier volume que Charles Xavier et ses X-Men ont neutralisé définitivement la menace de Magneto en tuant ce dernier aux yeux de tous. Mais il ne s'agit que d'une ruse et en fait le seigneur du magnétisme n'est pas mort; une série de blocages psychiques on permit de le reprogrammer et il mène désormais une existence pacifique et s'occupe de jeunes handicapés en difficulté d'insertion sociale. Ce second volume des Ultimate X-Men démarre tranquille avec un personnage nouveau, qui occupe bien une quarantaine de pages : Gambit. Le cajun se retrouve affublé d'une jeune orpheline dont les parents viennent d'être assassinés par des mafieux et il tente tant bien que mal de la protéger de Hammerhead et ses sbires. Nous passons ensuite aux choses sérieuses après ces deux épisode particuliers, et nous retrouvons le groupe de mutants de Xavier engagé dans une tournée promotionnelle à travers l'Europe. Mais dès la première étape à Londres ils doivent modifier leur plan pour se rendre au large de l'Écosse, là où sévit le fils caché du mentor télépathe, qui vient de se réveiller d'une longue léthargie et qui possède le don d'investir le corps de ses victimes tout en les consumant. Face à légion les X-Men ont fort à faire et sont poussés dans leurs derniers retranchements; ils ne sortent pas indemnes de la bataille puisque le jeune Bobby Drake est sérieusement blessé et se retrouve à l'hopital. Les parents, poussés par un politicien anti mutant s'empressent de demander une lourde indemnisation tandis que Charles Xavier se sens de plus en plus coupable pour la vie mouvementée et risquée qu'il  fait encourir à ses élèves. En toile de fonds, les intrigues sentimentales ne manquent pas, avec notamment Hank Mc Coy qui renonce à l'amour de Tornade parce qu'il n'est pas certain que les sentiments de cette dernière sont réels (Xavier l'a t-elle poussé à le désirer?) et qui entame une correspondance assidue, sur le chat, avec un faux profil qui va causer bien des ennuis, ou bien la dualité Scott Summers/Wolverine, à couteaux tirés pour les beaux yeux de Jean Grey. 

Les Ultimate X-Men, c'est une version plus désabusée, plus ironique, plus "à la page" des mutants que vous connaissez. Peu à peu, les personnages et leur background s'affichent, dans une version différente de la mouture traditionnelle. Par exemple, vous allez rencontrer pour la première fois la jeune Kitty Pryde dans ce second tome, et depuis elle a fait bien du chemin dans l'univers Ultimate! Vous aurez aussi sous les yeux le Phénix, à savoir cette entité qui investit le corps et l'esprit de Jean Grey. Enfin, à moins que ce ne soit un retour inopiné de la folie qui ravage l'esprit de la rouquine, ou un piège tendu par les membres du Club des Damnés, à l'attention de Charles Xavier et ses hommes, qu'ils financent de manière occulte. Conseil pour le mentor des hommes X : quand on est invité à une fête par un groupe portant le terme de "damnés" dans sa dénomination officielle, il vaut mieux décliner ou y aller en restant sur ses gardes. Coté scénario, ce sont Mark Millar et Chuck Austen qui sont chargés de faire évoluer l'intrigue, alors que les dessins sont confiés à Adam Kubert (dont le style a défini la série, c'est certain), Esad Ribic (ici encore à la recherche d'un style personnel, avec des dessins d'une qualité bien moindres par rapport à ce qu'il fournit aujourd'hui) ou encore Chris Bachalo, qui semble se limiter dans la folie et l'inventivité, on l'a vu plus inspiré avant et après. La collection Marvel Select est tout de même fort intéressante pour ceux qui ont perdu les Deluxe, et permettra de reconstituer à moindre frais la grande tapisserie des Ultimate X-Men, dans une version librairie souple et agréable à lire. A défaut d'être subtile et d'un raffinement légendaire, cette série reste un petit concentré des meilleures intentions du projet de départ, de ce que devait être l'univers ultimate, avant qu'il soit rattrapé lui aussi par la continuity et le manque flagrant de bonnes idées. 



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SECRET WARS : STAR-LORD & KITTY PRYDE #1

Elle a bien changé la Kitty Pryde qui débarqua innocemment à treize ans chez les Uncanny X-Men, et se pâmait devant les gros biscottos en acier de Colossus. Depuis des années, la romance avec le beau soviétique a connu des hauts, des bas, et Kitty s'est laissée aller dans les bras d'autres partenaires, pour devenir une femme. Ces temps derniers, c'est avec Peter Quill qu'elle fricote, le dragueur le plus cool de la galaxie, excusez du peu. Mais voilà, avec Secret Wars et la fin de tout ce que nous avons connu jusque là, cette romance, comme le reste de l'univers, a été totalement perdue et recomposée. Du coup, c'est Star-Lord qui a la vedette de ce titre provisoire. Nous sommes sur le Battleword, et il a conservé le souvenir de ce qui s'est produit et d'où il vient, avec les plus grands héros de la Terre, Reed Richards en tête, dans l'impossibilité de sauver les meubles, cette fois-ci. Depuis, l'ancien Gardien de la Galaxie vivote en chantant les tubes de Disney dans un bar (personne ne les connaît sur le Battleword, du coup il passe pour un artiste talentueux) avec comme impresario une version chevelu et bien plus branchée de Drax le Destructeur. Kitty Pride débarque uniquement en tant que spectatrice intéressée : elle doit en effet échanger un objet qui pourrait bien remettre en doute l'omnipotence de Doom et l'origine même du monde tel qu'il l'a refaçonné, contre une mallette pleine de gros billets. En face d'elle, Gambit (enfin, une version de Gambit...), qui aimerait bien ajouter une nuit avec Miss Pryde dans les termes de l'arrangement. Alors forcément, quand Star-Lord se rend compte que son ancienne  petite amie est dans la salle, et l'objet de poursuites pressantes... Nous sommes dans le registre de la comédie, avec cette série. Pourtant le ton est plus sérieux qu'il ne semblerait, entre un amour perdu qui pourrait se recomposer (qui sait...?) et un héros solitaire, qui se remémore l'avant, sans pouvoir en parler à personne, et qui doit se cacher et attendre. Mais Humphries a choisi un traitement léger, truffé de sourires et de clins d'oeil, et qui démarre sous forme d'une charmante romance ironique et positive. Par contre, les dessins, c'est une autre histoire. Désolé d'être aussi radical, mais cette Alti Firmansyah produit là une vingtaine de pages dégueulasses, avec des visages caricaturaux qui lorgnent du coté du mauvais manga et transforment ce numéro en une lecture au graphisme puérile et académique dans sa mise en page et dans le choix des angles de vue et le story-telling. Elle est douée, mais pas pour un comic-book Marvel, pas pour l'idée que j'en ai et les exigences. En tous les cas c'est encourageants pour tous ceux qui rêvent un jour de dessiner pour la Maison des Idées : si ce genre de trucs parvient à être publié, alors nous avons tous notre chance. Dommage, car Star-Lord and Kitty Pryde est plutôt funky et funny. 




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NOUS SOMMES LES FANTASTIQUES : UNE ANTHOLOGIE CHEZ PANINI

En 1961 4 pionniers s'embarquent à bord d'une navette spatiale pour rejoindre à la sauvette la Lune; ces quatre là se connaissent bien, ils sont liés par le sang ou par l'amitié et partent accomplir ce qui pour l'époque est un rêve ou un fantasme de l'humanité. Mais les événements tournent court : voici que la fusée est bombardée par d'étranges rayons cosmiques qui pénètrent les protections recouvrant les parois, et transforment à tout jamais nos cobayes de l'espace. A leur retour précipité sur Terre, les quatre larrons se découvrent des pouvoirs étonnants; le chef de la bande (un savant accompli) obtient la possibilité d'étirer ses membres à l'infini comme un élastique humain. Son meilleur ami, le pilote, devient une monstrueuse chose orange à la peau rocailleuse. Enfin le frère et la soeur Storm aussi subissent une mutation; le blondinet peut s'enflammer et devenir une torche humaine tandis que la jeune fille... et bien disons que vu le rôle des femmes à l'époque, au début des années 60 dans la bande dessinée américaine, et bien... elle devient tout simplement invisible, ce qui est une façon comme une autre de dire que dans certains cas il vaut encore mieux pour elle de s'effacer. C'est ainsi que naît un des comic-books les plus importants de l'histoire, qui allait à tout jamais changer la donne en matière de dynamique de groupe, dans ce genre de récits, mais aussi apporter un regard frais et novateur sur la conception du fantastique et du merveilleux dans l'univers des super-héros. La science-fiction la plus pure, la plus classique, va en effet rencontrer mois après mois la réalité et ses angoisses, l'évolution technique, militaire, et scientifique qui transforme notre monde en une poudrière, en un espace où tous les possibles s'élargissent incroyablement, au prix d'un danger permanent et d'effets secondaires souvent fort indésirables. D'entrée les créatures les plus fantasques, les plus répugnantes ou insidieuses, viennent pointer le bout de leur nez chez les Fantastiques. Dans cette anthologie, vous retrouverez l'Homme Taupe et les habitants du royaume sous-terrain, qui inaugurent la série, mais aussi le plus grand ennemi du quatuor, le Docteur Fatalis (Doom en Vo), l'alter égo de Reed Richards le jeune savant, la sagesse et l'humanité en moins. Richards a trouvé l'amour en Susan Storm, et c'est un être fondamentalement bon et compatissant. C'est seulement ainsi que la science peut acquérir une conscience. Fatalis est froid, hautain, brisé par la vie (il a été défiguré) et c'est un misanthrope convaincu. La science, dans ses mains, n'est qu'une promesse inéluctable de lendemains qui déchantent. Stan Lee et Jack Kirby écrivent dès lors la légende. 


Pourtant les personnages en soi n'étaient pas inédits ou des plus originaux. Les pouvoirs de Reed Richards sont plus ou moins similaires à ceux du héros né dans les années 40 chez la concurrence, à savoir Plastic Man. Johnny Storm n'est qu'une version 2.0 de l'androïde du même nom (Torche), qui a combattu vaillamment durant la seconde guerre mondiale. On peut deviner, chez la Chose, des réminiscences du monstre de Frankenstein, tandis que Susan Storm fait écho à l'Homme Invisible tant en vogue au début des années 60. C'est l'interaction entre ces individus, la création non plus d'un groupe de héros, mais d'un noyau familial, à l'heure où cela est une valeur refuge, qui est la clé de la réussite de la série. D'ailleurs, dans un monde où la famille décomposée et recomposée est devenue une norme banale, les 4 Fantastiques peinent aujourd'hui à trouver leur place, au point que leurs aventures sont souvent perçues avec cette pointe de niaiserie (absolument fausse à mon sens) ou de second degré qui fait que des lecteurs se détournent. Très vite, un enfant nait et renforce les liens familiaux. C'est dans la douleur, et avec une excursion en zone négative (chez le terrible Annihilus) que les Fantastic four (three, car Susan est en train d'accoucher) parviennent à rendre cette naissance possible, et viable pour le bambin. Cette même zone négative, bien des décennies plus tard, devient le théâtre d'un drame présent dans cette anthologie, à savoir la mort de la Torche, qui s'en est vite remis, comme le veut la tradition super-héroïque. Les Fantastiques, c'était (ce sont) ce groupe de héros aux missions totalement merveilleuses, aux confins du possible, mais pourtant si humains. Avec des coups de gueule mémorable, de la jalousie et de la colère (Ben Grimm aime Susan, il déteste son état et cherche à y remédier, en vain), de l'amour et de l'espoir, des problèmes du quotidien et une vie réelle et concrète (le laboratoire du Baxter Building est presque un personnage en soi, c'est un cadre de vie qui caractérise les héros, en travailleurs du fantastique, justement. Les costumes sont en ce sens proches de simples combinaisons professionnelles, et ont une fonction autant identitaires que pratiques; avec un bémol sur le simple slip bleu de la Chose, qui a toujours eu un coté risible). Les grands noms qui se succèdent dans ce volume nous rappelle combien les FF ont une une vie riche et palpitante, de Lee et Kirby au départ, en passant par la révolution Byrne, qui magnifia le quatuor dans les années 80, ou récemment Millar et Hickman, qui n'allèrent pas au bout de leurs idées. Au dessin Buscema, le regretté Wieringo (auteur d'un run très intelligent avec Mark Waid) ou bien Alan Davis (et Byrne) sauront vous régaler de planches somptueuses et mémorables. A défaut d'être incontournable pour les Marvel fans de longue date, cette anthologie peut-être un bon moyen de convaincre le néophyte de la longue et glorieuse carrière des FF, aujourd'hui au creux de la vague. Gageons que des résultats au box-office du nouveau film qui leur est consacré pourrait bien naître une nouvelle ère, pour Mister Fantastic et sa famille. 




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MARTIAN MANHUNTER #1 : LA REVIEW

Au tour du Martian Manhunter de bénéficier de l'effet DC You et de se voir attribuer une série mensuelle. Bonne idée car c'est un personnage au potentiel évident, mais qui n'a jamais eu l'éclairage et la gloire qu'il pouvait escompter. C'est Rob Williams qui s'y colle, au scénario, et malheureusement cela me laisse de marbre. Le transfuge de chez Marvel nous avait torché une si piètre version de Ghost Rider que depuis je l'attends au tournant, et ne tiens plus compte de ses prestations antérieures. Pour ce premier numéro, nous pourrions scinder l'action en deux moments clés. Le premier est du genre intimiste et énigmatique, avec une bande de gamins qui apporte des biscuits à un clochard un peu particulier, puisqu'il s'agit d'un monstre aux allures martiennes (on le comprend vite, hein, vu le titre de la série). Le second est de l'action pure et dure avec le Limier Martien qui sauve un avion de la catastrophe, tout en philosophant sur sa condition (je ne suis pas un terrien, je ne suis pas un super-héros, les enfants que je sauve me prennent pour un monstre...). Et là, coup de théâtre, et partie "deux bis", ce sauvetage n'est que le début d'une plus grande tragédie à l'échelle planétaire, puisque des attentats et des actes terroristes sont commis un peu partout, en concomitance, pour faire sombrer la Terre dans le chaos. Derrière tout cela se cacherait ... une invasion? Et notre martien favori ne serait pas si gentil, mais envoyé chez nous dans un but bien moins noble et avouable que ce pour quoi on l'imagine destiné. En fait, le clochard aperçu premièrement est probablement le héros bien après les événements narrés par la suite, et on se demande ce qui a bien pu le mener à un tel état de délabrement et d'abandon. Bienvenue à la narration fragmentée et fragmentaire de Rob Williams. La Justice League fait une brève apparition, histoire de ne pas oublier que le Martian Manhunter a des alliés de poids, et de préparer les chocs à venir, avec Superman notamment. Les dessins de Eddy Barrows sont plutôt soignées et réussis, avec un effort particulier dans la mise en page et les effets variés de couleurs signés Gabe Eltaeb. Reste au final un comic-book assez convenu, avec une menace et une dynamique qui ne surprend pas forcément les amateurs du personnage, mais qui a le mérite de tenir debout et de proposer une version cohérente et crédible du "héros" pour les lecteurs novices des New 52 qui n'ont pas tous en tête les meilleurs chapitres de sa carrière passée. J'Onn J'Onzz va t-il enfin décrocher le pompon et se tailler une place au chaud dans le coeur des lecteurs? Pas gagné d'avance, mais on ose y croire et l'espérer. 


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