MARVEL SELECT : JESSICA JONES ALIAS TOME 1 (De Brian Bendis et Michael Gaydos)

Si vous avez découvert Jessica Jones grâce à la série éponyme, sur Netflix, il est probable que ne vous ne sachiez pas grand chose de l'apparition du personnage au sein de l'univers Marvel. En fait, Jessica est une création originale de Brian Bendis, qui a présenté cette détective privée un peu plus paumée que la moyenne, sur les pages d'une nouvelle série intitulée Alias. Qui est aussi, cela vous le savez, le nom de l'agence qu'elle a fondée pour exercer sa profession. Mais Jessica a aussi un passé, fait de fréquentations super-héroïques, dans un joli costume moulant, aux cotés des Avengers. N'allez pas chercher dans vos vieux Strange pour obtenir une confirmation, c'est une idée du scénariste, qui utilise ce subterfuge habile pour mieux contextualiser la nouvelle venue, et faciliter les interactions avec le reste du Marvelverse. L'ex Jewel (son nom de code) pouvait voler et frapper les méchants avec une force surhumaine, mais aujourd'hui elle arpente les ruelles sombres de New-York pour mener l'enquête, dans un décor bien plus prosaïque que ce dont elle rêvait autrefois. Panini propose ce mois de janvier la réédition de la série Alias dans le format Marvel Select, c'est à dire en couverture souple, à un prix fort raisonnable. Vous serez vite dans un contexte familier (vous qui ne connaissez Jessica que par Netflix) car Luke Cage est également de la partie. Tous les deux se rencontrent dans un bar de bas étage, et après avoir sérieusement levé le coude, finissent directement au lit. Première étape d'un rapport orageux et intermittent au départ, mais qui sur le long terme formera un des couples modernes les plus crédibles des comics Marvel. Le lendemain de la coucherie, Jessica se retrouve face à une cliente qui lui soumet un cas intéressant et particulièrement périlleux. En tentant de retrouver sa petite soeur disparue, notre privée va se retrouver embarquée dans une vaste conspiration gouvernementale qui vise Captain America et son identité secrète. Jessica se lance aux trousses des conspirateurs, qui vont comprendre que pour coincer la miss, il faut beaucoup d'intelligence et de courage. D'emblée Bendis déplace l'angle de vue et s'éloigne des luttes de justiciers à pouvoirs pour plonger le regard sur ce qui se passe en dessous, à savoir l'humanité de ceux qui sont ancrés les pieds bien au sol, et ne peuvent être que les témoins de batailles aux enjeux bien trop élevés pour de simples mortels. Un polar réaliste au beau milieu de l'univers Marvel, en somme!


Jessica Jones, dans cette Bd, n'est que la cousine lointaine de celle que nous avons vu à l'écran. Certes, son activité quotidienne, une certaine atmosphère, ou encore un penchant pour la bouteille et l'auto-destruction sont bien les codes récurrents qui nous guident à travers le récit. Mais l'héroïne est loin d'une une modèle affriolante, et elle flirte probablement avec la marginalité, assurément la dépression latente. Comme dans les bons récits policiers de Raymond Chandler, les planches suintent la trahison, le mystère, les enquêtes feutrées et les coupables à désigner. Le tout avec des dialogues crus qui n'évitent pas la vulgarité, au contraire, qui l'intègrent dans la structure narrative, pour crédibiliser plus encore ce personnage en perte de repères et en reconstruction tardive. Le dessin de Michael Gaydos peut dérouter dans son approche parfois minimaliste, loin des codes de l'ultra réalisme plastique. Ce qui intéresse ici l'artiste, c'est de capter sur le vif les émotions et les expressions, et de les noyer dans la froide réalité prosaïque qui est le coeur même de l'histoire. Au passage son travail ne s'embarrasse guère de fioritures et il est pour le coup extrêmement lisible, bien aidé en cela par le texte qui sonne juste et naturel.  Dommage que le fait d'avoir publié Alias sous l'étiquette Max (destinée à un public plus adulte) ait constitué un frein dans l'emploi de certains héros grand public, mais c'est aussi ce qui a fait le succès et la spécificité de cette série qui a duré 28 numéros. Un titre qui ravira les amateurs de bande-dessinée plus mûre et sarcastique, et qui sont allergiques aux prouesses sans failles des redresseurs de tort en costume. Ici personne n'est sans peur et sans reproche, et ce sont les défauts apparents et les instants de faiblesse qui magnifient Alias, dans toute sa fragilité et sa beauté. Avec en bonus de splendides couvertures signées David Mack, qui ont de quoi vous laisser admiratifs. N'attendez donc pas pour retrouver Jessica, l'antihéroïne déconstruite et absolument imparfaite, plongée dans une réalité dominée par le mythe du héros granitique et inaccessible. Et qui gagne sa place à la sueur du front, dans l'ombre. (Au passage Panini a pris soin dorénavant de bien faire figurer Jessica Jones dans le titre de l'album, plus parlant et vendeur que Alias, après les efforts récompensés de Netflix. Logique)




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ROCKET RACCOON & GROOT #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT

Il faut se rendre à l'évidence, ces derniers mois l'inflation des titres "cosmiques" a finit par accoucher d'une baisse notable du niveau qualitatif. Du coup, c'est presque avec recul que je m'apprêtais à découvrir cette nouvelle série consacrée à Rocket Raccoon et Groot, encore que les signatures des auteurs (Skottie Young et Andrade) avait de quoi laisser espérer de jolies fulgurances. Pour une fois, le ton est globalement différent. Déjà, les deux héros sont censés être morts depuis les événements liés à Secret Wars. Nous faisons un bond de huit mois en avant dans le temps, et assistons aux derniers mots des autres membres des Gardiens de la Galaxie (Ben Grimm compris) qui rendent hommage aux disparus. Et puis on passe à la partie la plus intéressante, à savoir l'entrée en scène de deux nouveaux personnages, dont la dynamique et les caractéristiques sont plus ou moins copiées sur le duo que nous pleurons dans cet épisode. Bien sur c'est sympathique, et intrigant. Que viennent donc faire ces deux-là, et quelle est véritablement leur mission? Certainement pas de jouer les simples coursiers pour un lointain tyran galactique, mais bien d'infiltrer chez l'ennemi une présence hostile et ultra combative, qui va vous scotcher sur votre chaise, car cela faisait longtemps qu'on attendait une interprétation aussi badass de je ne vous dis pas qui mais avec un peu d'imagination vous allez pouvoir y arriver. Voilà du bon, du bien écrit, de l'intrigant, qui donne envie de voir la suite. Skottie Young a le mérite de savoir nous faire patienter, de trouver un twist bien senti et impressionnant, et les dessins de Filipe Andrade sont toujours aussi délicieusement psychédéliques et farfelus. Seule petite remarque à faire, la tendance trop systématique à recourir à des ombres et des effets de couleurs trop prononcés pour masquer une certaine indigence dans les fonds de cases et les décors extérieurs. Dans ce titre, il y a de la matière à développer dans les mois à venir, avec par exemple le mystère de ce qui est vraiment arrivé à Rocket et Groot, durant ces longs mois éludés. Mais également l'envie de proposer autre chose, à savoir un duo au caractères subtilement remaniés, plus radical et déterminé, peut être plus terre à terre et sombre. Skottie Young a toutes les cartes en main pour faire évoluer ces deux icônes modernes qui ont fait explosé le merchandising et sont devenus des références pop culture pour le jeune public qui vient d'entrer dans l'univers fabuleux des comics. Sans oublier pas mal d'anciens, déjà conquis, notamment par ce diablotin de Skottie Young. 



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ROBIN WAR #1 : LA REVIEW (LA GUERRE DES ROBIN COMMENCE ICI)

L'événement du moment, dans la Bat-Family, c'est la guerre des Robin. Oui, vous avez bien lu, le pluriel est de rigueur, surtout depuis ces dernières semaines, puisque une cellule de jeunes épris de justice et inspirés par la figure du side-kick historique de Batman a décidé de se mettre aux affaires. Le but est d'entretenir la flamme et de lutter contre la criminalité, puisque le Dark Knight a été remplacé par une sorte de super flic en armure, et que Robin, le vrai, l'actuel détenteur du titre, est à l'autre bout du monde. Le problème, comme cela est justement rappelé dans ce numéro (qui est l'introduction officielle de cette Robin War) c'est que pour être vraiment un Robin, il faut impérativement avoir été entraîné par Batman, et qu'une envie folle de se rendre utile ou la capacité d'asséner quelques coups appris durant des cours d'arts martiaux, et bien ça ne suffit pas et ça ne peut mener qu'à la tragédie et à la mort. C'est d'ailleurs un épisode assez triste qui ouvre cette histoire, avec un vol à main armé dans une épicerie qui dégénère, lorsque le voleur armé se retrouve face à un apprenti Robin et aux forces de l'ordre. Un échange de coups de feu achève de plonger cette anecdote violente dans un bain de sang. Il n'en faut pas plus pour que la municipalité de Gotham décide d'appliquer une série de mesures liberticides, voire fascisantes. Se revendiquer de cette association de Robin est passible d'une arrestation immédiate. Pourquoi pas, mais de là à prohiber le port d'un simple T-shirt à l'effigie du side-kick, ou même de se balader avec des chaussures rouges qui se réfèrent trop explicitement au rouge-gorge hors la loi... C'est la chasse et ça laisse des traces, avec un climat de plomb qui tombe sur la ville, et en arrière plan les machinations diaboliques d'un groupe d'ennemi masqués que les lecteurs du Batman des New 52 connaît bien. Les Hiboux rôdent, et ils ont bien l'intention de reprendre les commandes à Gotham. C'est une histoire finalement assez intéressante. Si l'essentiel de l'événement est surtout destiné à mettre en lumières des titres de la Bat-family un peu délaissés et à vendre des copies supplémentaires, le discours politique qui est présent en filigranes et les rapports humains et interactions entre tous ces jeunes Robin (qui sont franchement dépassés, et reçoivent la visite du vrai, Damian, particulièrement en rogne) est raconté avec une aisance et une justesse qui rend la lecture plaisante. Tom King met sur pieds une trame qui fonctionne, une traque habile sur deux niveaux (le coté juridique et l'aspect du complot) et nous donne au final envie de lire la suite et donc de se plonger dans les mensuels qui participent à cette guerre urbaine. Par contre coté dessinateurs, si c'est loin d'être mauvais, il règne le chaos et l'improvisation, avec une ribambelle d'artistes qui se donnent le change, ce qui est toujours une manière de procéder que je déplore, quand ce n'est pas clairement au service de l'histoire. Qu'à cela ne tienne, voici une petite saga intelligente et réaliste qui vient donner un peu de tonus à l'univers de Batman, avec en bonus un premier face à face fort drôle entre Damian et le nouveau Bat-Cop de la ville. 


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THE KILLING JOKE (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 11 CHEZ EAGLEMOSS)

C'est un classique. Dérangeant. Une oeuvre qui sort des canons habituels et propose un Batman différent, plus adulte. La collection Eaglemoss saisit la balle au bond, et ajoute un nouvel album dans sa collection. Rappel des faits.
Vous êtes comme tout le monde, vous aimeriez bien en savoir plus sur les origines du Joker. Personnage complètement fou, comment un individu peut devenir ce clown macabre que rien n'arrête, aucune morale, aucune limite? Entre passé et présent, Alan Moore nous offre là une occasion unique d'aller lorgner du coté des secrets du Joker, dans un des récits les plus adultes et les plus aboutis consacrés à l'univers de Gotham. Ici, en point d'orgue de ses méfaits, nous le voyons débarquer chez le commissaire Gordon, qu'il enlève et séquestre ensuite dans un parc d'attractions, après avoir tiré à bout portant sur Barbara, sa fille, qui va subir de lourdes séquelles, au point de rester plusieurs années dans un fauteuil roulant. Le traitement réservé à Gordon père est cruel et choquant. Nous le retrouvons nu dans une cage, torturé physiquement et mentalement, dans des attitudes et des déviances qui empruntent autant au sado-masochisme qu'à la perversion la plus méchante. Nu comme un ver, terrorisé, le prisonnier subi des traitements qui vont au delà de ce que nous pouvions lire jusqu'alors. Exit le Joker un peu barge du ciboulot, et particulièrement baroque, tel qu'on nous l'avait vendu pendant des lustres. Place également aux conséquences à long terme, sur le petit monde de Gotham, puisque Barbara va devoir s'asseoir de longues années dans un fauteuil à roulettes, suite aux lésions de la colonne vertébrale. The Killing Joke, c'est émotionnellement très fort, et sans aucune concession avec les happy end ou les trames consensuelles qui pullulaient plus encore chez Dc Comics que chez Marvel, à l'époque de sa parution. 

Les dessins de Brian Bolland ne sont pas en reste. Si vous aimez le travail minutieux, les planches riches en moult détails, mais qui savent rester d'une lisibilité exemplaire, vous allez être à la noce. Si vous ne possédez pas encore cette histoire devenue un grand classique des lecteurs de Batman, je ne saurais que vous encourager à investir dans cet album, qui ressort dans la collection Eaglemoss a un pris somme toute fort acceptable. On y découvre jusqu'où la folie et le désespoir peuvent transformer un individu, on flirte avec le point de rupture que chacun de nous possède en son âme, ce moment et cette limite passés lesquelles notre humanité s'effrite pour ne plus révéler que les recoins les plus sombres que nous ignorions jusque là. Un parcours en forme de descente aux enfers duquel le Joker n'est jamais revenu. Scénaristiquement transformé à jamais par Alan Moore, et plastiquement revisité par Bermejo dans un autre récit phare, des années plus tard, c'est là que résident les sources du mal, celles magnifiées à l'écran par le regretté Heath Ledger et prochainement réactivées par Jared Leto. Effrayant et indispensable, The Killing Joke a peut être comme unique défaut de ne pas prendre le temps d'étoffer le fond du récit, et de se concentrer sur un shot d'adrénaline ultra concentré, mais soyons sérieux : en 1988 Moore signait là une oeuvre qui aujourd'hui serait probablement censurée, ou refusée par son éditeur. L'année dernière il a suffit d'une simple variant cover de Francavilla, qui faisait référence au drame de ce récit culte, pour mettre en émoi une partie du web, qui y voyait une apologie du viol (car oui, Barbara Gordon subit également des sévices, et on devine, sans que cela soit explicité en images, que cela implique également le caractère sexuel). Si l'art a aussi pour vocation d'être dérangeant, selon vous, achetez cet album les yeux fermés, qui bénéficie encore d'un final particulièrement inattendu, avec un Batman et son antagoniste absolu qui parte d'un fou rire incontrôlable, derrière lequel chacun peut lire ou interpréter ce qu'il désire.  


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ALL-NEW X-MEN #40 : BOBBY DRAKE UN ET DEUX

Par chance, affronter sans détour le thème d'un héros homosexuel n'a plus rien de tabou ou de vraiment difficile. Ce qui caractérise l'épisode 40 de All-New X-Men (en vf dans la revue X-Men de décembre) c'est la révélation de l'orientation sexuelle du jeune Bobby Drake (prélevé du passé) alors que son homologue adulte a souvent été vu en belle compagnie féminine, de sa fiancée d'origine asiatique (Opal) à la lutte pour le coeur de Lorna, la compagne d'alors d'Alex Summers. Le jeune Bobby n'a pas vraiment fait son coming out, mais il a été placé devant le fait accompli par sa collègue télépathe, Jean Grey version adolescente elle aussi. Le secret ne sera partagé qu'entre ces deux personnages, et si le lecteur est désormais informé de cette particularité, les autres membres des différentes équipes mutantes n'en savent rien. Comme selon ses habitudes, Bendis nous explique tout ceci avec des dialogues qui jouent la carte de la répétition, brefs et juvéniles, sans fioritures. C'est l'humour et un certain esprit potache qui se dégage de cette découverte, qui aux States a pris de court une partie du lectorat qui ne voulait pas accepter l'idée qu'Iceberg soit gay. La question que je pose est : cet épisode peut-il servir la série et la dynamique entre les mutants ou s'agit-il d'une trouvaille en forme d'effet de manche? Ce qui est à mon sens fascinant et prometteur, c'est la possibilité d'avoir un même personnage dans l'univers Marvel, à deux âges différents de son existence, et dotés d'une orientation sexuelle différente. Car oui, il est possible d'opérer certains choix à un moment de sa vie puis de changer, de varier, ou d'y revenir plus tard, sous le coup de l'expérience, des pulsions, d'une découverte de soi plus profonde liée à l'expérience, ou d'une acceptation de la personnalité vraie. L'orientation sexuelle n'est pas une décision consciente et paraphée sur un document administratif et qui fait foi pour l'existence dans son entièreté, mais c'est une variable de cette dernière, un critère qui ne peut définir l'individu dans ce qu'il est, car en mouvement et sujet à variations, modifications, interrogations, expérimentations. Ce n'est donc pas le fait d'avoir présenté un héros gay de plus dans un titre Marvel mainstream qui m'intéresse cette fois-ci, mais la certitude que gérée correctement cette situation de dualité et d'étrangeté avec ces deux Bobby Drake aux antipodes provisoires peut donner lieu à un discours intelligent et éloquent sur la notion de perméabilité de l'orientation sexuelle, plus seulement vue comme partie intégrante d'un package génétique ou culturel reçu à la naissance, mais comme élément malléable d'un individu qui apprend à se chercher, se trouver, se remettre en question, et évoluer. Fascinant, et je l'espère, exploité avec pertinence. 

MARVEL DARK : L'ASCENSION DE THANOS (THANOS RISING)

La collection Marvel Dark ayant pour politique de présenter des récits sombres et mettant en scène des anti-héros ou des vilains assez effrayant, il est logique que les origines de Thanos y figurent elles-aussi. Sortie la semaine prochaine chez Panini. de quoi s'agit-il, au juste?
Thanos, de la plus tendre enfance jusqu'à nos jours. Tout ce que vous avez toujours pu rêver de savoir sur cette menace cosmique, sans jamais avoir osé le demander. C'est Jason Aaron qui vous livre les clés d'une enfance surprenante. Thanos est le fils du plus grand savant de Titan, la plus importante des lunes de Saturne, et dès sa naissance, il échappe de peu à une mort prématurée des mains de sa propre mère, qui a reconnu en lui un funeste présage pour l'univers. Notre grand vilain est de couleur violette, et ressemble à un petit monstre, par rapport à tous ses compagnons de jeu, mais il n'empêche, les autres l'acceptent tout de même, et il peut faire preuve d'une intelligence hors du commun, durant ses plus jeunes années. Paniqué à l'idée de voir du sang lors de simples séances de dissections éducatives, Thanos n'a rien d'un fou sanguinaire, mais l'existence peut se révéler cruelle. Certaines expériences vont peu à peu le faire évoluer vers le coté obscur de sa personnalité, comme par exemple voir les cadavres de ses amis dévorés par des reptiles, après l'effondrement d'une grotte, ou encore la fréquentation de pirates de l'espace, et de leurs méfaits quotidiens. Thanos ressent un vide au fond de lui, un gouffre qu'il ne parvient pas à combler. Personne ne l'aime vraiment, au sens des sentiments profonds, de l'amour vrai. Sauf peut être une mystérieuse amie qui encourage ses noirs penchants, et qui se comporte un peu comme une mauvaise conscience titillant le Titan à commettre le mal, à assumer le plaisir de l'interdit. Thanos a beau voyager dans le cosmos, répandre une progéniture nombreuse à travers de multiples races et planètes, sa destinée n'est pas de semer la vie, mais bel et bien la mort. Quand il réalise que la seule façon de séduire celle qui se dérobe à ses avances est de trucider jusqu'aux siens, Thanos ne se pose pas de question, et devient celui qu'il devait être, pour le malheur de la création toute entière.

Il est bien évident qu'un être de la complexité de Thanos se devait d'avoir une sorte de "biographie officielle" avant un événement comme Infinity, déflagration cosmique qui allait suivre de peu ce récit chez Marvel (et où Thanos allait jouer un rôle important, et nous laisser en héritage un fils dont on n'a pas encore fini d'entendre parler), et les prochains films des Avengers où il va avoir la vedette. Nous avions déjà pu récolter des pièces éparses à travers les 40 ans d'existence du personnage, le voyant tenter de détruire plus de la moitié de l'univers et devenir l'équivalent du Dieu absolu (Infinity Gauntlet), puis se raviser et endosser les habits d'un vieux sage un peu fou, du nihiliste assagi. Aaron nous présente un Thanos irrécupérable, car hanté par le vertige de la chute, dévoré par le néant, la non connaissance de soi, la recherche abyssale d'un sens à une vie passée à séduire la Mort. C'est particulièrement bien narré, cohérent, et pathétique dans le bon sens du terme. Simone Bianchi livre des planches fort belles pour magnifier le tout. Dommage que les couleurs soient un peu trop foncées et appuyées par moments, je serais vraiment surpris et ravi d'avoir une version noir et blanc de cette Ascension de Thanos, pour apprécier d'avantage le trait de l'italien, crépusculaire et torturé. Les 5 parties ont été réuni dans un même numéro de Marvel Universe, pour un prix dérisoire comparé à ce qu'ont du régler les américains pour la même saga, avant de connaître la publication dans la collection Marvel Dark, pour les amateurs de Bd à placer en librairie. Un très bon point pour Panini qui n'a pas tardé à nous la proposer, à un rapport qualité/prix admirable et penser ensuite aux collectionneurs avisés. Seul petit bémol, le personnage de Mentor, le père de Thanos (ici A'Lars) ne sort pas grandi de cette aventure, et semble aveuglé par un angélisme curieux. Le père de Thanos que nous connaissions depuis Starlin avait plus de sagesse et de charisme que ce pauvre géniteur brillant mais transparent devant l'adversité. Pour le reste, la liaison désespérée entre Thanos et la Mort trouve ici une nouvelle et éloquente raison d'être, et promet de biens sinistres rebondissements à venir. Thanos n'a jamais si bien porté son nom. 



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LA COVER DE LA SEMAINE (semaine 4)

Bonjour et soyez les bienvenus dans notre rubrique dominicale, à savoir le choix de la plus belle cover parue dans la semaine. Ce dimanche une nouvelle sélection de couvertures en provenance d'un peu tous les éditeurs américains, avec de fort jolies choses en perspective.

Notre menu est composé de :

Batman Europa # de Diego Latorre
Justice League #47 de Jason Fabok
Superman/Wonder Woman annual #2 de Yanick Paquette
Carnage #3 de Mike Del Mundo
Obi-Wan and Anakin #1 de Marco Checchetto
Spidey #2 de Nick Bradshaw
Aliens Vs Vampirella #5 de Gabriel Hardman
Black Magic #3 de Nicola Scott
Spawn #259 de Todd McFarlane













PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...