LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : KARMEN

On replonge dans l'univers de la Bd au sens large grâce au podcast Le Bulleur. Ce samedi, voici venir Karmen, signé Guillem March, que nous connaissons bien, nous autres amateurs de comics, puisqu'il a fait les délices de DC Comics ces dernières années. Chez Dupuis, il est auteur de Karmen. On découvre Catalina et Xisco, deux amis/amants platoniques, dont les chemins du coeur finissent par diverger. Ce n'est pas la joie pour Catalina, au point qu'elle décide de se suicider en s'ouvrant les veines dans sa baignoire. Plutôt que de revoir son existence défiler devant elle, elle se retrouve avec la compagnie inattendue de Karmen, une jolie créature aux cheveux roses et au costume de squelette. Ensemble, elles vont faire un tour dans les rues de Palma de Majorque, même si Catalina a bien du mal à accepter l'idée de s'en aller nue dans le grand monde...sauf que personne ne s'aperçoit d'elle. Peut-on changer ce qui semble déjà joué ou écrit? C'est une balade toute en sensibilité et en légéreté métaphysique qu'effectuent Catalina et Karmen, portées par le trait d'un Guillem March toujours à l'aise quand il s'agit de présenter des anatomies attirantes et sexy. Ici les planches sont fournies en détails, n'ont pas peur du silence, et contribuent grandement à poser une atmosphère de "presque super héroïne mais qui est loin d'en être une" qui fait aussi le sel et la particularité de l'album. Mais pour en savoir plus, pour tout savoir, y compris l'actualité du moment (qui est ce qu'elle est...) écoutez donc l'épisode 36 du Bulleur, qui n'attend que vous. 



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GHOST RIDER RESURRECTED : DANNY KETCH LE RIDER DES NINETIES

Je n'ai jamais été un grand fan du Ghost Rider, mais s'il y a bien une période liée à ce personnage que je retrouve toujours avec un plaisir évident, c'est bien celle où le rôle du Motard Fantôme est transmis en héritage au jeune Danny Ketch. Celui-ci a eu une bien mauvaise idée : aller se balader un soir dans un cimetière, en compagnie de sa soeur. Pas de chance, cette même nuit, un groupe d'assassins menés par un certain Deathwatch est en plein contentieux avec des hommes du Caïd pour le contenu d'une étrange mallette. Tout finit par tourner au vinaigre, et la jeune fille est grièvement blessée, à l'article de la mort. Danny lui connaît un autre sort : en voulant s'enfuir, il découvre une moto abandonnée, qui va lui conférer de bien curieux pouvoirs, lorsqu'il appose la paume de la main sur le réservoir luminescent. C'est ainsi qu'une nouvelle version de Ghost Rider est née, un nouvel âge pour ce personnage qui avait finit par tomber dans une certaine désuétude, au fils des ans. 

Pour corser encore les choses, Danny Ketch fréquente Stacy, la fille d'un flic qui est chargé d'arrêter son alter-ego infernal. Face à lui vont se dresser des ennemis redoutables, comme le tueur albinos Blackout, qui opère toujours dans une pénombre qu'il provoque pour semer la terreur, ou Deathwatch, dont je vous ai déjà touché un mot. Nous retrouverons aussi Ghost Rider en tandem avec le Punisher, face à la bande de terroristes du Flag Smasher. Un duo très bien assorti pour les goûts de l'époque, alors que les lecteurs réclamaient toujours plus de héros radicaux et disposés aux mesures extrêmes pour venir à bout des menaces croisées en chemin. 
C'est Howard Mackie qui réalise cette nouvelle série. Il a de suite une intuition fort juste : placer dans le rôle du Rider un jeune homme plutôt paumé, qui va devoir tout apprendre de sa nouvelle condition, au point que la quête de l'identité même du démon, derrière ces pouvoirs stupéfiants, finira par devenir une des thématiques portantes de toute la série, au fur et à mesure des épisodes. Danny a une vie privée qui n'est pas des plus roses, souffre de son impuissance de la perte inévitable de Barbara, la frangine. Il perpétue la tradition de ces jeunes hommes tourmentés qui reçoivent un grand pouvoir mais en échange de très gros ennuis. Une sorte de Peter Parker torturé par un pouvoir démoniaque. Aux dessins, c'est Javier Saltares qui est le premier à annoncer la couleur : ambiance urbaine ultra sombre, et nocturne. Encré par Mark Texeira, le grand maître du genre, les figures ont un contour surligné grassement en noir, et se fondent avec élégance et facilité dans la pénombre qui inonde la plupart des planches. Une attention particulière est portée aux visages grimaçants, aux bouches grandes ouvertes qui communiquent la rage, l'effroi, la colère, la surprise.



Pour revivre ces premiers pas du nouvel Esprit de la Vengeance, il existe un Tpb intitulé sobrement Resurrected, qui reprend les sept premiers épisodes de la série (1990 et 1991). Vous le trouverez très facilement sur Amazon ou Thebookdepository pour une dizaine d'euros (ou mieux encore, peut-être dans votre comic-shop local à sa réouverture). Disponible aussi les volumes 1 et 2 de Ghost Rider : Danny Ketch, qui reprend également cette belle période, avec dix numéros par album. La version française, elle, est contenue dans ces fascicules de 48 pages édités par Semic à l'époque : les Version Intégrales Ghost Rider. Le niveau qualitatif moyen est très largement supérieur à ce que nous avons pu lire ces dernières années, avec le Ghost Rider publié dans Marvel Knights notamment. Certes, ce n'est pas dur, tant il s'agit d'une purge. Conseils aux lecteurs les plus jeunes : essayez vraiment de jeter un oeil sur la matériel présenté aujourd'hui, vous pourriez avoir une bonne surprise. Panini nous offrira peut être un jour cette saga dans la collection Vintage? 


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SYMBIOTE SPIDER-MAN : FONDU AU NOIR / RETOUR AU BLACK SPIDEY AVEC PETER DAVID

Comme vous le savez presque tous ici, Spider-Man à ramené un costume vivant de la planète du Beyonder, durant les premières Secret Wars, et il l'a porté quelques temps, comme si de rien n'était, sans savoir qu'en fait c'était un parasite extraterrestre qu'il avait sur le dos toute la journée. Au passage, ça lui donnait un look d'enfer, tout noir, et beaucoup de lecteurs considèrent qu'il s'agit là d'une de ses tenues les plus charismatiques. Aujourd'hui, nous découvrons une mini-série qui repart à cette époque, plus précisément l'espace temps qui sépare l'adoption du nouveau costume et la réalisation de ce qu'il est vraiment. C'est écrit par Peter David, qui nous a déjà habitué à des choses plus drôles et caustiques; dans cet album il se contente de nous livrer une histoire bien construite, fluide, même si pas forcément des plus passionnantes. 
Il choisit pour commencer d'opposer à Spider-Man un certain Mysterio, que nous n'avons pas fini de retrouver sur les pages du Tisseur, puisqu'il était de la partie dans le film Far from home (assez décevant...) sorti cet été. Un Mysterio qui n'est pas très honnête, et n'a pas son pareil pour s'en aller dérober des banques; pour autant ce n'est pas un assassin dans l'âme, et si les choses dérapent, ce n'est pas sans avoir des conséquences. De son coté l'Araignée (comme j'aime le dire en vf...) commence à être fatigué, et pour cause, le symbiote lui fait vivre en fait des aventures nocturnes à son insu... c'est également l'époque où il a des relations avec Felicia Hardy, alias La Chatte Noire, qui va d'ailleurs rencontrer la tante de Peter dans le premier numéro. Celui-ci est très loin de saisir le vrai potentiel de son nouveau costume, au point qu'il réfute l'idée saugrenue de Felicia : non, ce n'est pas un organisme vivant, c'est juste de la technologie alien. Sacré Peter, rien à dire, tu as l'oeil mon garçon.

Non seulement le costume est vivant, mais il a une existence propre. Quand Peter n'est plus aux commandes (il dort, ou comme dans le second épisode, s'est fait rétamer par le gros bras du jours) le voici qui n'en fait qu'à sa tête. Et parfois ça dérape totalement, comme lorsqu'il élimine froidement l'aggresseur du tisseur (certes, le criminel comptait placer une balle dans la tête du héros évanoui. Bien cherché, non?), devant un Mysterio médusé qui en vomit dans son casque. Un tel pouvoir, de telles capacités, voilà qui va aiguiser des appétits, c'est certain... et le problème avec une petite amie qui n'est pas foncièrement honnête avec ses fréquentations (Felicia n'ose pas révéler à Peter l'origine de ses nouveaux dons de "malchance"), c'est qu'elle est capable du pire, y compris collaborer à une petite trahison de derrière les fagots...
Ce qui est assez amusant, c'est que même s'il ne se passe pas grand-chose de bouleversant (forcément, on l'aurait su avant!), ça se laisse tout de même bien lire, et en plus le travail au dessin de Greg land est solide et consensuel, c'est-à-dire que c'est propre, clair et très lisible, même si on retrouve l'éternel problème des visages et des sourires, du copier-coller d'une série à l'autre. Symbiote Spider-Man, c'est comme un bon sandwich qu'on irait manger chez Subway ou Quick, on sait que ce n'est pas de la grande cuisine et les aliments ne sont pas de tout premier ordre, mais comme ça a du goût et que ça se laisse dévorer, on se dit qu'au moins on aura le ventre plein pour la journée. Et ça marche. 




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L'OEIL DE L'OBJECTIF : LA SUITE DU "MARVELS" DE KURT BUSIEK ET ALEX ROSS

Alex Ross aurait bien eu tort de ne pas donner suite à son chef d'oeuvre intemporel, Marvels (chroniqué ici). C'est donc en toute logique que quelques années plus tard, il propose Eye of the Camera, c'est à dire l'oeil de l'objectif en français. Ce qui pouvait être un gros one shot dans l'idée initiale (on le ressent à la manière dont démarre l'ensemble) se dévoile comme une mini série en six volets, qui reprend l'idée originelle de Marvels. On continue de suivre le journaliste Phil Sheldon, qui nous raconte à travers ses yeux et celui de son objectif photographique, l'essor des super héros Marvel, depuis leurs toutes premières apparitions. Un regard qui se veut moins enchanté et emporté que lors de la première fois. Ici, il est clair que ces héros en costumes bigarrés ne sont plus vus comme de petites "merveilles" qui font rêver, mais aussi comme les éléments indissolubles d'une équation portant au désastre. Ils inspirent tout autant la peur que le respect, la défiance que l'espoir. Les nuances de gris ont pris leurs quartiers, et le monde n'est plus aussi enchanté qu'on aurait pu le croire. De plus, ce constat est appliquable à la vie quotidienne du journaliste, qui aprend être atteint d'un cancer du poumon, et voit son existence basculer vers le drame. L'issue est fatale dans les six mois à un an, à moins de recourir à la chimiothérapie et aux rayons, ce qui n'est pas l'option retenue par le photographe. Sauf qu'on lui commissionne un dernier ouvrage, un recueil qui pourrait être la manière de montrer au monde ce que sont, qui sont vraiment ces héros et super vilains, des Fantastic Four à l'hystérie anti mutants. La vérité, et rien que la vérité, voilà une raison de s'accrocher à la vie, et de reprendre du servce, dans une société en mutation rapide et permanente, et où le microcosme super-héroïque n'en finit plus de s'étendre. 


Roger Stern, pour sa part, est venu jouer le rôle de consultant avisé, de celui qui sait et reconnecte ensemble les pièces du puzzle de la tapisserie de la continuity. On l'imagine bien s'amuser avec Kurt Busiek, un autre de ces scénaristes historiens qui connaissent leur sujet sur le bout des doigts. Ici on assiste à nombre de héros qui chutent, avec un Captain America traître à la patrie, Iron Man qui assassine un haut dignitaire en direct, le procès de Hank Pym, et en contre partie, des vilains qui s'amendent, comme Galactus qui vole à notre secours, ou l'Homme Molécule, décisif contre les assauts du Beyonder. Qui a connu ces heures de gloire en aura un pincement au coeur, pour sûr, pour les autres, c'est une sacrée leçon d'histoire, et une sacrée bonne histoire! 
Pour cette suite, plus de Alex Ross et son style photo réaliste impressionnant, mais place à un dessinateur inattendu à de telles hauteurs, un certain Jay Anacleto. Et là, c'est un vrai festival. Anacleto produit des planches plus "organiques", moins iconiques mais d'une minutie et d'une attention aux fonds de cases stupéfiantes. Tout est crédible, des costumes au matériel, qui évoluent au fil des ans (les costumes civils, mais aussi héroïques, notamment après les premières Guerres Secrètes), en passant par les expressions des personnages qui se tournent vers le lecteur, et dont on perçoit aisément la peine, la douleur, l'espoir. La moindre scénette est traitée comme une splash page décisive, et rien ne tombe jamais dans la facilité. C'est tout simplement beau, et constitue l'écrin que méritait cette mini série, très adulte et intelligente dans son propos, qui est aussi, n'en doutez pas, une réflexion sur la place et le rôle que jouent ces comics fantastiques au sein de notre vie à tous, et la manière dont ils ont évolué, puisqu'étant avant tout les fruits d'une société toujours plus prompte au cynisme et au désenchantement. Les super slips à hauteurs d'hommes, simplement un vrai récit qui parle d'Humanité, veuillez m'excusez pour la majuscule. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : HYPPOLITE

On part faire un tour en plein far west ce samedi, avec le podcast Le Bulleur. En 1872, Hyppolite est une petite ville isolée de tout, ancienne bourgade minière, et qui porte le nom de la reine des amazones, la mère de Wonder Woman, comme vous le savez probablement tous. Cependant, rien à voir, dans cette oeuvre publiée chez Vent d'Ouest. Ce sont les femmes, des héroïnes, qui tiennent le haut du pavé, dans le désert de l'Arizona. L'histoire s'ouvre pourtant avec un détective plus "classique", à Goldy Town, sur la piste d'une bande de "desperados" qui s'en prennent aux diligences passant dans la région. Sur leur piste, une balle va le surprendre, et au réveil, c'est au sein d'une communauté de criminelles au féminin que notre limier se retrouve, pris en otage par des femmes qui n'ont que peu en commun avec le "sexe faible".  Clotilde Bruneau et Carole Chaland metent donc en scène cette bande de 27 femmes en autarcie, dont le quotidien s'organise autour d'Abby, chef de groupe, et qui vit au rythme des rebondissements, des retours, des tensions. Il faut vraiment ajouter que les planches très soignées et cinématographiques de Chaland, issue de l'animation, permettent de retranscrire l'ensemble avec une maestria enlevée, et donne un cachet évident à l'une des nombreuses publications autour du sujet, c'est à dire le western, qui revient à la mode dans le neuvième art ces mois écoulés.
Tout ceci, le podcast Le Bulleur se charge de vous en parler en détail, sans négliger l'actualité de la bd, qui est au point mort en ce moment, mais offre toutefois pas mal de lectures gratuites sur différentes applications. Bonne écoute et bonnes lectures.



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LE PROJET MARVELS : PARFUM DE GOLDEN AGE AVEC BRUBAKER ET EPTING

Le Projet Marvels est un comic-book didactique. En ce sens qu'il permet, à toute une nouvelle génération de lecteurs ignares du sujet, de se replonger dans le monde merveilleux des premiers personnages masqués, à une époque révolue où  Marvel était connue sous un autre patronyme (Timely) et où le monde était à feu et à sang, embourbé dans un second conflit mondial qui allait dépasser en cruauté, en abomination, ce que l'américain moyen pouvait alors imaginer. Ed Brubaker montre l'étendue de tout son talent, en allant repêcher tous ces justiciers et autres défenseurs du bon droit tombés dans l'oubli, en assemblant patiemment événements véritables (la guerre, Pearl Harbor...) et faits fantaisistes marquants ayant contribué à la genèse de tout un univers super héroïque (la naissance de l'androïde Human Torch, l'expérience ayant crée le super soldat Captain America, sans oublier des événements moins cruciaux mais tout aussi poignants comme l'assassinat de Balle Fantôme, premier "masque" à tomber en costume, dans une ruelle new-yorkaise.). Le Projet Marvels convoque sur la scène tous les grand noms de l'époque, assigne à chacun sa partition et orchestre ce ballet des origines, où chaque figure nous rapproche un peu plus encore de l'univers des encapés tel que nous le connaissons : une irrésistible marche vers l'avant, vers un monde où le merveilleux devient règle commune.

Steve Epting en profite au passage pour nous livrer ce qui est peut être son meilleur travail artistique à ce jour. Ses planches classiques et ombrageuses confèrent à cet album toute la gravité qu'il inspire, avec un brio certain. C'est Thomas Halloway, alias l'Ange, détective costumé et protagoniste de ce "golden age" des héros, qui est le narrateur de ce récit, qui puise ses racines et son rythme dans la plus grande traditions des aventures d'espionnage, entre trahisons, complots, et révélations. Nous passons avec plaisir de l'Allemagne nazie, où le Crâne Rouge prépare ses premiers plans diaboliques, et où un jeune Nick Fury organise ses premiers raids, au sol américain, qui doit subir les assauts du Prince des mers, Namor, qui ne tardera pas à se raviser, une fois qu'il aura découvert que les terriens qui ont assailli son royaume étaient en fait commandités par son rival, le perfide Merrano. Nous assistons aussi à l'attaque aérienne japonaise à Pearl Harbor, baignée par les larmes de Human Torch et de son jeune acolyte, Toro, impuissants devant une telle démonstration de force. Sans jamais céder à la facilité, se montrer banal ou lourdement rhétorique, Brubaker et Epting réussissent le tour de force de raviver les étincelles de la légende, de leur rendre lustre et pertinence, à temps pour célébrer les 70 ans de Marvel, anniversaire à l'origine du projet, alorsque nous en sommes aujourd'hui à dix de plus. Indispensable pour les amoureux du golden age.


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BLOODSHOT : LA REVIEW DU FILM GARANTIE 100% SANS POISSON D'AVRIL

Toute notre compassion va à Valiant Comics, qui pour la sortie du premier film de super-héros issu de son univers narratif, se prend d'emblée le mur du coronavirus et la fermeture de toutes les salles du cinéma en pleine face. Bon, certes, les américains ont eu la possibilité d'aller le voir avant la catastrophe, mais les recettes engrangées parlent d'un four, de ceux dont on se relève avec une sacrée gueule de bois. Il vous reste la VOD, pour une soirée au coin du feu ou dans le lit, mais est-on certain que ce soit une bonne idée?
Alors, ce Bloodshot, valait-il la peine qu'on lui consacre deux petites heures? Et bien, le long métrage semble droit sortir des années 80 et 90, dans l'esprit. Une compilation des travers et poncifs de l'époque, du héros militaire musculeux qui rentre chez lui en marcel moulant immaculé, après avoir mené à bien une énième mission périlleuse (prise d'otages au Moyen-Orient), pour y retrouver sa dulcinée (totalement transparente, juste là pour le pathos et le quota objets sexués du film), aux dialogues et vues surrannées (la Côte Amalfitaine en Italie, cela dit, c'est magnifique). Le spectateur se frotte les yeux, qui à ce point du récit commencent déjà à piquer très sérieusement. Arrive alors la tragédie, l'instant liminaire, qui fera basculer la vie (au sens propre comme au figuré) de Ray Garrison, qui de soldat surentraîné et testostéroné devient une sorte de Wolverine croisé avec Deathstroke (et Cyborg, vu ce qu'il parvient rapidement à faire). Une création merveilleuse des laboratoires du projet Rising Spirit Technologies, dont l'organisme est infesté de milliards de nanites, de petits robots très malins qui reconstruisent en temps réel son organisme, de l'épiderme aux organes internes, parant ainsi à toutes les blessures ou agressions imaginables. Bloodshot est virtuellement invincible, tout autant que Vin Diesel est inexpressif et salement embarqué dans un nanard de science-fiction où l'acteur semble débarqué avec quelques années de retard, bien que nous sachions à quel point cette histoire lui tenait à coeur. Pas de pot, on a relu récemment l'intégralité du Bloodshot de Jeff Lemire chez Bliss Comics, petite perle de complexité, où l'auteur canadien réussit le tour de force de crédibiliser et humaniser un personnage ultra bourrin, pour en faire une belle et brillante vitrine d'un univers Valiant moderne, par ailleurs fort intéressant et plus libre dans ses propos et intentions que ne le sont les deux soeurs jumelles, Marvel et DC Comics. Seulement, ce Bloodshot là, il est aux abonnés absents. Ce n'est pas lui qui casse du crâne et du coccyx de la main gauche, faisant passer Rambo et le Punisher pour de doux poètes romantiques pour cinéma d'auteur indépendant. Platitude totale du scénario, l'encéphalogramme est en panne? Tout ceci pour les quarante-cinq premières minutes. Car à partir de là, oh miracle, Dave Wilson parvient enfin à faire décoller son film! Vous êtes toujours là? Sérieux? Bon, on continue...


Tout ceci était trop plat et convenu pour être vrai. Et ça tombe bien, c'était faux! On manipule Ray depuis le départ, ce n'est en définitive que le jouet personnel du projet Rising Spirit, et son utilité est d'accomplir de basses besognes meurtrières sur commande. Là on rejoint le coté pathétique du personnage des comics, dont les souvenirs sont confus, parcellaires, ou simplement faux. Bloodshot n'est pas libre, c'est une arme, et chaque fois qu'il pense pouvoir s'affranchir, la boucle repart de plus belle, et il reste prisonnier de cette captivité high-tech. Sauf qu'il n'est pas seul, chez Rising Spirit, et les autres habitués de la boite ne lui veulent pas tous du mal. Enfin, ce n'est pas le cas de la charmante Eiza Gonzalez, dans le role de TK, capable d'effectuer un ballet kung-fu dans une piscine et d'en sortir maquillée comme avant une soirée en discothèque. Sa contribution au film est simple; émoustiller ces messieurs que la plastique de Vin Diesel n'inspire pas franchement, et aider Ray a trouver une résolution à sa captivité, parce que tout seul, ce bon vieux Bloodshot n'y serait pas parvenu. Coté méchant, Guy Pearce fait ce qu'il peut, et se révèle assez crédible et étoffé, c'est déjà ça. Les effets spéciaux sont globalement assez cheap et pas toujours très réussis, et la lisibilité de l'action peut en prendre un coup, comme dans une bien trop longue séance de bourre-pifs et cascades variées en chute continue le long des parois d'un building. Et cerise sur le gâteau, évoquons l'apparence physique de Bloodshot, son dress code tiré des comics, ce à quoi vous avez peut-être l'habitude de l'identifier. Dans le film, il ne s'en rapproche que pour une seule et unique scène, le reste du temps Bloodshot c'est Vin Diesel en habits civils, qui s'en prend plein la tête et se régénère aussi vite. Que ressent-il vraiment, comment compose t-il avec cette nouvelle réalité qu'est devenue sa vie après être tombée entre les mains de ceux qui l'ont amélioré (et réssuscité) à renforts de nanites? Tout le monde s'en fout, et oui!
On vous aura prévenu. Ce Bloodshot est une bonne petite série B, sans prétentions, rien de plus. Loin d'être un film capable de rivaliser ou d'approcher ce à quoi nous sommes habitués en salle, et c'est un vrai crève-coeur que de l'avouer, car j'aime sincèrement l'univers Valiant, et le personnage méritait tellement plus et mieux! 



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PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...