LES ANECDOTES DE PETER DAVID SUR SPIDER-MAN 2099

Spider-Man 2099, un personnage presque iconique, tant la version de Peter David et Rick Leonardi a su gagner le coeur des fans, à défaut d'avoir permis à l'univers 2099 de perdurer de longues années. Peter David justement, est revenu sur son travail sur le site Newsrama, et a dévoilé nombre d'anecdotes intéressantes aux lecteurs.
"C'est une des périodes les plus intéressantes et créatives de toute ma carrière. Je me revois avec Rick Leonardi, tandis que je lui donne mes idées pour le look du personnage, et qu'il les dessine. Il a eu l'idée du symbole sur la poitrine, son design, les toiles derrière le costume, tout cela est le fruit de nos conversations. Je faisais partie des auteurs à qui Marvel avait demandé des idées pour son nouvel univers 2099, à partir de quelques concepts clés, comme le fait que le monde serait dirigé par de grandes corporations, ce qui n'est pas loin de notre réalité!
Moi j'ai eu l'idée du personnage de Miguel O'Hara, et j'ai défini ses origines. Joey Cavalieri (de Marvel) m'a recontacté pour me dire qu'ils étaient intéressés. Il m'offrit aussi un bonus (pas énorme en fait) et je fus chargé d'écrire le titre, qui dans les faits a servi de lancement pour la ligne 2099".
"Chaque fois que Stan Lee allait à droite, je me précipitais à gauche. Pas parce que je pensais qu'il avait tort, au contraire ... mais je sentais que si nous devions faire de Miguel un personnage unique, alors nous devions prendre tous les choix que Stan avait fait sur Peter et les inverser. Peter Parker était un lycéen, Miguel devait être un adulte qui travaille dans un laboratoire. Si Peter était timide, introverti et ne pouvait pas parler aux filles, mais bavard en tant que Spider-Man, Miguel devait être sûr de lui et avoir une petite amie, mais pratiquement silencieux  en action.

Si vous remarquez, Spider-Man 2099 ne parlait pas beaucoup. Dans ma version, il ne fait que se concentrer. Alors que Peter faisait blagues sur blagues pour se rassurer, Miguel avait besoin d'autant de silence que possible, parce que c'était ce qu'il cherchait pour rester concentré."


Et si on parlait du look d'enfer, et des particularités de Spidey 2099?

"L'inspiration pour le costume est venue du passé auquel j'avais pensé pour Miguel. Quand j'ai décidé d'en faire un métisse, j'ai commencé à étudier un peu les Mexicains et les Irlandais. J'ai ensuite découvert le Jour mexicain des morts et j'ai pensé que c'était parfait pour l'occasion. Dans ma vision, il devait y avoir une raison raisonnable pour laquelle son uniforme portait le symbole d'un crâne. J'ai aimé l'image et les pattes d'araignée en sont sorties. C'était comme prendre le dessin d'une veuve noire et l'amener au stade suivant. Quand j'ai compris que j'avais tapé dans le mille? Quand, environ un an plus tard, j'ai vu une personne en qui en portait une réplique presque parfaite, alors qu'il était sur les manèges de Disney World."

"Les origines ethniques de Miguel n'étaient pas communes, c'est vrai. Mais il fallait décrire un monde qui avait cent ans d'avance sur le nôtre. J'ai pensé qu'il était parfaitement logique de mettre l'accent sur le mélange culturel et national, qui, d'année en année est de plus en plus la norme dans le présent. C'est la raison du choix, également mis en évidence dans le nom, moitié espagnol et moitié irlandais. Et puis nous sommes toujours à la recherche de noms qui n'ont pas encore été utilisés. Je pense que c'est le premier super héros nommé Miguel, et j'ai été en partie inspiré par l'acteur Miguel Ferrer. Je lui ai également demandé la permission d'utiliser son nom. Il aimait l'idée qu'il y ait un super héros nommé d'après lui. La chose amusante est que Joey Cavalieri m'a donné un peu de fil à retordre quand j'ai introduit le surnom de "Miggy", parce qu'il l'a trouvé ridicule. Je lui ai dit que beaucoup de gens l'utilisaient pour Miguel Ferrer, tous ses amis, moi y compris. Ensuite, il s'est avéré que Joey, en regardant un épisode d'une série télévisée, l'a entendu utiliser pour un personnage appelé Miguel. Et ça l'a convaincu."


Et le cast autour de Miguel? "J'ai eu l'idée de donner un frère à mon protagoniste, comme d'habitude pour faire le contraire de Stan Lee. Peter Parker n'avait personne, sauf la fragile tante May, qui a presque eu une crise cardiaque la première fois qu'elle a vu Spider-Man. J'ai aimé l'idée que Gabriel O'Hara apparaisse immédiatement comme le confident de Miguel, car il a très vite découvert l'identité secrète de son frère. Les lecteurs ont immédiatement su qu'il était au courant. La mère, Conchata, a répondu à mon besoin d'avoir quelqu'un qui a donné au personnage une forte empreinte mexicaine. Je voulais qu'il y ait une présence féminine dans sa vie et il n'y avait aucune raison de le priver d'une mère. Ce que j'ai aimé chez elle, c'est qu'elle était complètement folle. Même si elle était mexicaine, je l'ai écrite un peu comme une mère juive. C'était une femme forte avec une personnalité toute aussi forte, et elle n'avait aucun problème avec Spider-Man. Alors qu'elle avait beaucoup avec son fils!"
Pour conclure...
"La raison pour laquelle Miguel n'a pas avoué à sa mère sa double vie était qu'elle aurait fini par lui dire chaque jour quoi faire en tant que Spider-Man. Elle n'aurait eu pas du tout de crise cardiaque, elle serait devenue le caporal-chef de la vie de super-héros de son fils. En tant que compagne pour Miguel, j'ai toujours préféré Xina. Je lui avais donné le nom d'une fille que je connaissais au lycée. Je n'avais rien contre Dana, mais Xina était plus intéressante, elle donnait l'idée de pouvoir mieux gérer Miguel. J'avais aussi pensé à l'idée de marier Miguel et Dana, mais plus je passais de temps avec Xina, plus elle me séduisait. J'ai décidé qu'il était logique de tuer la première pour faire de la place à la seconde, mais ensuite c'est devenu avant tout un choix nécessaire pour l'équilibre émotionnel et dramatique de l'histoire. La dynamique entre les trois devait forcément aboutir sur un événement de grande importance. La mort de Dana aurait eu un impact émotionnel plus fort sur Miguel que celle de Xina."
Et vous, ne me dites pas que vous n'êtes pas nostalgiques de la grande époque 2099?

Interview publiée en VO sur le site Newsrama, librement adaptée pour la Vf



Pour revivre les débuts de Spider-Man 2099 en VO


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LE DAREDEVIL DE FRANK MILLER PART 1 : AVEC ROGER MCKENZIE

Nous sommes presque à l'orée des années 80, et il faut bien être honnête, Daredevil n'est pas franchement la priorité chez Marvel, qui continue de publier les aventures du héros par inertie, sans y croire plus que ça. Du reste les dessinateurs se succèdent, et pourtant il se passe des choses sur la série, et lorsque Frank Miller est annoncé pour son arrivée, au numéro 158, peu immaginent que l'histoire est sur le point de s'écrire. Au départ donc, c'est Roger McKenzie qui poursuit sa prestation au scénario, et bonne pioche, Miller peut bénéficier de l'encrage d'un certain Klaus Janson, avec qui le mariage est naturel. Les premières pages permettent d'évacuer la présence d'un super vilain capable de se déphaser brièvement avec le temps réel (le Chasseur), et donc d'apparaître intangible, même s'il doit solidifier à nouveau son corps pour frapper. Obsédé par sa veangeance contre Daredevil qui l'a battu dans le passé, il connaît sa double identité, mais tout cela ne lui évitera pas de finir d'une bien horrible façon, incrusté en partie dans une pierre tombale. Ce qui retient surtout l'attention, dans la série, c'est en fait son coté vaudevilesque. Murdock est aveugle, mais c'est un sacré tombeur! Dans ces années-là, la situation est la suivante : il est en couple (plus ou moins) avec la fille d'un riche industriel, Heather Glenn, qui ne supporte plus sa double existence (oui, elle sait, ce n'est jamais bon signe...). Mais La Veuve Noire est revenue faire un tour dans les parages, et la secrétaire de Matt, une certaine Becky, attend fidélement dans l'ombre que son patron jette son dévolu sur elle. Il faut dire qu'elle ne fait pas le poids à coté de la froide beauté d'Heather, ou d'une super espionne : elle est en fauteuil roulant...
Bien vite, Daredevil se retrouve aux prises avec Bullseye. Oui, le dingo par excellence, capable de tout transformer en une arme. Le "Tireur" comme on l'appelait alors en Vf s'en prend tout d'abord à la Veuve pour atteindre notre Tête à Cornes. La pauvre prend cher, mais ça a le don d'irriter DD qui se rend sur au parc d'attractions de Coney Island pour l'affrontement final (blague). Entre temps Bullseye a eu une idée de génie : envoyer des seconds couteaux défier son adversaire, pour en étudier les réactions, les techniques de combat. Ce qui ne lui évitera pas une vraie humiliation, au point d'en perdre momentanément la boule. Très sensible, en fin de compte.

L'époque McKenzie est en fait loin d'être inintéressante, elle comprend certes des moments faibles (un épisode avec Hulk lâché dans New-York, que Daredevil parvient à raisonner, tout en finissant dans un bien sale état aux urgences...) mais aussi de petites pépites, comme l'enquête patiemment conduite par le journaliste Ben Urich, qui a compris que Matt Murdock est aussi un super type costumé, et rassemble indices puis preuves, avant une confrontation à l'hopital, dont la résolution est probablement un peu trop hâtive. Miller lui fait des siennes à travers le dessin, dans un style bien plus réaliste et conventionnel que ce qu'il fera par la suite, mais son story telling, sa façon de rendre chaque planche cinématographique, son rendu de la ville sombre et de la population qui y grouille, son utilisation de certaines vignettes allongées ou étirées, permet de donner une vie, un cachet, un caractère crapuleux à son travail, et c'est exactement ce qui convient à Daredevil. Personne depuis Gene Colan n'avait été capable de comprendre et traduire cela. 
Reste à approfondir le personnage, lui offrir une crédibilité grâce à des trouvailles extraordinaires (une parmi d'autres, la plus significative, Elektra) mais cela ne tardera pas. On s'en rend compte quand on feuillette le numéro 164, où Daredevil raconte ses "origines" à un Ben Urich qui a tout compris. Les grandes lignes de la tragédie fondatrice sont là, mais il manque tout de ce souffle épique qui transforme un adolescent handicapé en un héros sans peur et capables de prouesses. Ici tout est emballé très vite, et ce qui en découle est certes un super héros fonctionnel, mais qui n'a pas encore cette épaisseur que Miller va lui conférer, en creusant de nouveaux espaces dans l'existence de Matt Murdock, pour en bouleverser le parcours. Cela reste tout de même une mise en bouche de qualité, trop souvent snobé par les puristes puisque Miller n'est pas l'artisan principal des choix opérés durant ces épisodes. Pour ce qui est d'une publication vf, outre les vieux Strange et les adaptations pas toujours respectueuses et complètes, il existe chez Panini la collection Marvel Icons, qui héberge la prestation de Frank Miller. Cette première phase constitue le menu du tome 0. 
(à suivre, la semaine prochaine)



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E.V.A CHRONIQUES DE L'INFRAMONDE (DE MARCO TURINI)

Ce sont les amateurs de la grande époque du magazine Métal Hurlant qui vont être ravis, tant le style de Marco Turini les fera se sentir "à la maison", dans cet album publié chez Graph Zeppelin. Marco Turini, c'est un dessinateur italien, désormais installé en République Tchèque, que nous n'avons encore jamais eu le plaisir de rencontrer, mais dont nous suivons avec un grand intérêt les dessins et les travaux relayés sur ses réseaux sociaux. Ici ses aquarelles un brin morbides, d'une froideur mécanique et pour autant contenant une puissance charnelle évidente, sont de toute beauté et attirent à elles-seules le regard du lecteur potentiel. Nous avons entre les mains un ouvrage ultra dense, très ambitieux, qui ne se contente pas de dérouler une simple piste narrative, mais ouvre énormément de sentiers qui se ramifient, au point de parfois donner le tournis, et de ne plus permettre de savoir où on en est vraiment, avec qui, pourquoi. Pour cette histoire, il faut plonger dans les entrailles de la Terre, puisque qu'une terrible catastrophe a rendu l'idée d'habiter la "surface" inenvisageable. Le nouveau monde est divisé en quatre sous niveaux, et plus on descend, plus il fait chaud, plus on s'éloigne du véritable habitat humain, et plus l'existence y est sans concession. On se retrouve d'ailleurs dans la capitale (Janis) de ce dernier "giron", comme le qualifiait Dante pour sa Divine Comédie, où des forces de l'ordre high tech sont sur la piste d'E.V.A, qualifiée de terroriste, pour avoir tentée à plusieurs reprises de pénétrer dans les niveaux supérieurs. C'est formellement interdit, et pour autant elle n'est pas la seule, comme cette Lavinia avec qui elle fera connaissance, et qui constitue le vrai point de départ de l'album. 


Ces chroniques de l'inframonde plongent le lecteur dans un univers où les personnages sont autant de mécaniques humaines. Parties toutes entières du corps mécanisées, avec des androïdes qui fleurent bon la science fiction des années 70, et qui côtoient également de jolies créatures qui donnent à l'ensemble une touche de sensualité là encore surannée. On y trouve par ailleurs une certaine forme de conscience politique, avec cette maire de la cité de Janis, engagée dans sa propre réélection, qui use d'un artifice bien connu des hautes sphères du pouvoir : il vaut mieux séduire que convaincre. Une grande fresque post apocalyptique et ambitieuse, voilà ce que présente Marco Turini, mais avec un talon d'achille évident, qui saute aux yeux passée une bonne vingtaine de pages, l'incapacité à faire décoller l'ensemble, emporter l'adhésion, car le récit est trop vague, fumeux, manque de clarté et d'envie de s'attacher à des personnages qui fonctionnent de manière trop artificielle. Du coup, on ne pourra conseiller ces Chroniques de l'Inframonde qu'aux amateurs d'une certaine SF punk qui n'a plus cours aujourd'hui, mais a donné des pages inoubliables voici quelques décennies. Turini est un dessinateur très doué, qui maîtrise son art aussi bien dans le trait et la couleur, mais sur le coup, une véritable maxi série au long cours aurait pu être profitable pour développer cet univers, en lieu et place d'un simple album qui manque singulièrement d'une vraie ligne directrice. Reste un bel objet, soigné, proposé par Graph Zeppelin. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : QUATORZE JUILLET

Bastien Vivès et Martin Quenehen sont à l'honneur ce samedi, avec le podcast Le Bulleur, qui vous propose l'album coup de coeur de la semaine, et l'actualité de la Bd. Cette fois on s'intéresse au destin de trois personnages, liés à un attentat, écho évident au tristement célèbre 14 juillet et à la Promenade des Anglais, ici à Nice. Publié chez Casterman, cette bd dense de plus de 250 pages se présente avec le pitch suivant :
Quand Jimmy, un jeune gendarme, rencontre Vincent, un peintre qui vient de perde sa femme dans un attentat, il décide de les prendre, sa fille Lisa et lui, sous son aile. Mais peut-on sauver les gens malgré eux ? Et dans quelle mesure est-il forcément juste de vouloir jouer les justiciers ?
Dans ce polar contemporain, Bastien Vivès et Martin Quenehen dressent le portrait de personnages déboussolés qui cherchent à donner un sens à leur existence dans une France traumatisée, à la fois paranoïaque et divisée.
On s'intéresse donc de près à la manière dont on peut constituer le deuil et reconstruire une vie, alors qu'on a perdu une épouse et une mère. Et à ce jeune gendarme qui finit par veiller sérieusement sur ces deux parisiens qui se sont retirés à la campagne, et qu'il a rencontré par le plus grand des hasards. L'ensemble part sur d'autres chemins, ceux du thriller, et de la réalité sociale et professionnelle, mis en images simples mais expressives par le trait épuré et reconnaissable de Bastien Vives.
Pour en savoir plus, vous trouverez la chronique complète sur le podcast, avec le lien disponible juste sous cet article. C'est à vous de jouer! 



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OLDIES : CAPTAIN AMERICA OPERATION REBIRTH

Alors que le monde entier rend hommage à Captain America, Bill Clinton en tête (on le voit conduire le cercueil vers la fosse), le corps de Steve Rogers est dérobé. Comment ça, vous ne comprenez plus rien? Retour en arrière. En 1996, le Super Soldat connait une triste fin (provisoire). Empoisonné par la dégénérescence du sérum qui circule dans son sang, et le dote de pouvoirs hors du commun, Captain America survit tant bien que mal grâce à un exosquelette conçu par Tony Stark. Un palliatif, qui ne dure qu'un temps, la mort étant inévitable. Sauf que notre héros est sauvé par un individu qui lui fait une transfusion de sang complète, et qui possède lui aussi le sérum en question dans ses globules. Le bienfaiteur se nomme ... Crâne Rouge, alors en fait le clone de Rogers, donc possédant ses atouts incroyables. Si l'ennemi historique de Cap est à ce point bienveillant, ce n'est pas par pur altruisme, mais bien pour solliciter son aide contre l'émergence du nouveau Reich, guidé par l'esprit d'Adolph Hitler, enfermé dans un Cube Cosmique. Le Crâne a trahi le dictateur nazi, par le passé, et il sait que si cela se produit, la vengeance du sinistre moustachu sera terrible. Aidé par Sharon Carter, ancienne flamme de Captain America, qu'il croyait erronément morte, le vilain va convaincre sa némésis de collaborer, pour sauver le monde, une fois de plus. Un team-up totalement improbable sur le papier, qui prouve que par moments, l'ami de mon ennemi peut devenir supportable, en se se pinçant bien le nez.

Inutile que je vous dresse un topo. Vous feriez confiance au Skull, vous? Steve Rogers va vite se rendre compte qu'il ne vaut mieux pas, car il a toujours des idées sombres derrière la tête. Waid est loin de signer là une histoire inoubliable, mais sur le moment, ce fut un petit shoot d'adrénaline pour les lecteurs de Captain America, qui s'étaient résignés à voir leur héros de papier favori au bord du gouffre, engoncé dans une armure étoilée pour compenser un physique défaillant. On en revient au discours de fond qui sous-tend la série : Steve est-il un junkie? Certes il est courageux, droit, motivé, mais sans cette injection miraculeuse, sa carrière de héros n'aurait pas duré longtemps. Emblématique la scène où il lance son bouclier, après son réveil et la transfusion, lorsque celle-ci n'a pas encore fait effet. L'objet ne lui revient pas dans la main, et il semble totalement inoffensif, quand il n'est pas manié par un type hors du commun. La question est d'importance car dans ce cas le super-héros apparait comme un fake, comme un de ces sportifs couverts de médailles mais qui a subi trop d'entrainements en pharmacie pour qu'on ne lui reproche pas le mensonge éventé. Lance Armstrong pouvait même envisager le rôle du vengeur étoilé, alors!
Les dessins sont de Ron Garney, qu'on adore aujourd'hui, bien plus qu'à l'époque. Sans être mauvais, loin de là, on regrettera deux choses : l'action et le mouvement sont parfois dépeints de manière un peu grossière, sous haute influence de la décennie (90's), et ça parait too-much sur pas mal de planches. De plus Garney a été encré par plusieurs artistes différents, sur ces quatre épisodes, et le résultat final en pâti car la minutie dans la finition est inégale. Ron Garney est bien meilleur, il est meme sublime par moments, dans la série Daredevil ou chez Conan, pour en rester à des travaux récents. Ces pages ont été publiées en Vf sur les numéros de Avengers 2 à 5, la première revue du nom, à l'arrivée de Panini/Marvel France dans nos contrées, en 1997. Le tpb est disponible sur Amazon pour quelques euros à peine, ou encore mieux chez votre dealer de confiance, votre comic shop, pardi!





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MARVEL DELUXE THANOS : LE SAMARITAIN (THANOS CE BRAVE TYPE...)

Voilà un Marvel Deluxe qui s'ouvre avec de belles promesses, à savoir quelques épisodes scénarisés par Jim Starlin lui-même, dans la suite directe des événement de Infinity Abyss, une de ses sagas cosmiques appréciées des fans. Thanos traverse une phase de remords, tout du moins de volonté d'évoluer, de mettre un peu d'eau dans son vin. L'acquisition de nouvelles connaissances le poussent presque à s'excuser auprès des Rigeliens qu'il a pourtant anéantis en masse peu de temps auparavant. Le Titan bat sa coulpe, et à ses cotés on retrouve Adam Warlock, venu taper la discute comme si de rien n'était, comme si en face il n'avait pas un des fléaus les plus singuliers de l'univers! On trouve aussi Galactus, qui s'apprête à festoyer avec ces pauvres rigeliens, décidément peu chanceux. Du coup, c'est assez surprenant de le dire, mais c'est bien de Thanos que pourrait venir leur salut, car le titan, en échange d'une intervention inattendue, entend bien engranger un peu de sa nouvelle marotte, à savoir du savoir, des informations. Et comme Galactus est un grand cachotier, qu'il a même rassemblé les joyaux de l'infini, et que ses desseins sont énigmatiques... Comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle menace pointe le bout de son nez, et pourrait bien condamner l'univers tout entier. La faim, les amis! Pas celle que vous ressentez vers seize heures et qui pousse pousse à sortir le goûter chargé en chocolat, plutôt ce besoin atavique de se nourrir...d'univers, carrément. C'est du Starlin, avec beaucoup de verbiage, de grandiosité, un peu pompeux et artificiel, mais ça marche, dès lors que tous les héros de ce joli panthéon qu'on suit et aime depuis des années sont à nouveau réunis, pour une dernière danse.

La seconde partie du Deluxe, par contre, connaît un passage à vide... Thanos se rend dans le système de l'Orée, afin de se faire transporter ensuite dans les prisons du Kyln, où sont détenus les plus grands criminels de l'univers, dans des conditions de sécurité qui ne leur laissent guère de chance d'en réchapper. Abandonné par son amante la Mort, qui lui reproche de n'avoir pas véritablement saisi ses aspirations et ses besoins profonds (dans ce qui est une  scène assez bien vue), et donc de ne pas connaître le sens premier du mot amour, Thanos est dans une phase de réflexion, et sa légendaire méchanceté semble être un tantinet tempérée. Au point même qu'on pourrait le croire en pleine reconversion, prêt à devenir un héros. Au Kyln, la situation est explosive, avec ou sans le grand vilain cosmique. La proximité de la mort amène certains détenus à un regain de foi, surtout qu'une certaine Créatrice, elle aussi en détention, n'en finit plus de faire des émules. Il semblerait en fait qu'il s'agisse d'une incarnation du Beyonder, sur la piste duquel se trouve Gladiator, le chef de la garde impériale Shi-Ar, mais aussi Star-Lord, bien malgré lui. 
Keith Giffen signe là ses premiers travaux "cosmiques" pour Marvel, avant que la longue saga Annihilation ne pointe le bout de son nez. On sent bien qu'il s'agit pour lui, avant tout, de palier au départ de Jim Starlin, qui a laissé la série Thanos en chantier après des désaccords avec les pontes de Marvel. Du coup, on sent comme un parfum de flottement, renforcé par la mauvaise idée, selon moi, d'atténuer le coté cruel de Thanos. Quand c'est Starlin qui s'y colle, avec son aisance et sa maîtrise métaphysique du personnage, ça peut passer et donner de belles choses. Ici Giffen force un peu les choses en attendant de trouver le ton juste, et il ne tape pas toujours dans le mille. Aux dessins, Ron Lim rend une copie présentable, surtout pour un comic-book grand public de ce type. Mais l'encrage d'Al Milgrom ne lui sied pas trop, et simplifie parfois des crayonnés plus ambitieux que le résultat final. Reste un Marvel Deluxe pas déplaisant, mais sans grand intérêt véritable, avec un Thanos loin d'être la menace solennelle que nous adorons, dans un rôle mineur à contre-emploi.



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THE BEAUTY : LE VIRUS VOUS VA SI BIEN! (CHEZ GLENAT)

Rien que pour le pitch de départ, je vous recommande d'acheter The Beauty. Voilà une série qui sort un peu de l'ordinaire, et s'appuie sur un concept séduisant. En gros, la beauté est une maladie sexuellement transmissible! Un nouveau virus est apparu et il transforme le corps des personnes infectées, les rendant physiquement parfaites. Finis les bourrelets et la cellulite, au revoir la calvitie et le strabisme divergeant, bonjour la perfection anatomique. 
Il est donc tout à fait logique qu'une grande partie de la population souhaite être contaminée. Certes, les victimes ressentent une fièvre modérée et permanente, mais cela n'est rien à côté du plaisir de se regarder dans la glace, et d'y voir le sosie de Brad Pitt ou d'Angelina Jolie. La population est donc divisée en deux factions, ceux qui veulent absolument être touchés par la maladie, et ceux qui se rebellent, quitte à en devenir violents, et luttent contre cette nouvelle pandémie. Au milieu de tout cela, nous trouvons deux détectives, Vaughn et Foster. La première citée est atteinte du virus, le second lui est en couple, avec une femme elle aussi victime, sans pour autant qu'il s'en doute. L'histoire s'accélère lorsque dans le métro une jeune femme infectée est victime tout à coup d'une sorte de combustion spontanée. Lorsque la police et une unité de décontamination arrivent sur les lieux, le doute commence à s'installer, et quand le lendemain matin, en direct à la télévision, un présentateur vedette subit le même sort, il n'y a désormais plus à hésiter. Il semblerait donc que derrière la perfection physique se cache le tragique revers de la médaille d'une mort prématurée et annoncée.


Au fur et à mesure que l'enquête avance, on se rend compte qu'un peu tout le monde se fait prendre les mains dans le pot de confiture, que ce soient les politiciens, les dirigeants des entreprises pharmaceutiques, ou de simples criminels, qui pourtant semblent avoir trouver un remède. Il y a du beau linge impliqué dans cette histoire, qui est menée tambour battant, et ressemble à une série addictive, telle qu'on pourrait la voir aujourd'hui sur Netflix. Oui, c'est franchement bien, c'est franchement bon, et on ne gâche pas son investissement avec The beauty. 
Le premier tome nous montre une société occidentale qui a perdu le sens de l'éthique, et où le business et la morale on emprunté deux chemins complètement différents, une bonne fois pour toute. Et vous avez beau essayer de faire circuler la vérité, ou d'améliorer les choses, il y a peu de chances qu'on vous laisse la parole. Jeremy Haun est ici excellent au dessin, avec un style réaliste et clinique, qui s'attache à représenter avec force détails et bonne conviction un univers urbain froid et sans concessions, peuplé d'hommes et de femmes à la beauté parfaite et passe-partout. C'est lui aussi qui a eu l'idée de cette série avec le scénariste Jason A.Hurley, et le travail combiné de ces deux-là est une des lectures les plus attirantes en ces temps de coronovirus, où la contamination est si redoutée et sur toutes les lèvres. 



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PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...