AGE OF X-MAN : UN ÉVÉNEMENT MUTANT INÉDIT EN VF

Il y a comme un trou dans le planning, chez les mutants... Pour résumer, le passage de la série Uncanny X-Men de Rosenberg et Larroca (principalement) à la glorieuse résurrection de House of X / Powers of X est incomplet, si on ne prend pas en compte les conséquences de l'affrontement entre les X-Men et Nathan Grey, alias X-Man, en plein délire mystique. Vous vous souvenez que les imprudences de Legion avaient amené, en 1995, l'arrivée de Age of Apocalypse, et la transformation de tous les titres classés X (à l'époque ils caracolaient en tête de gondole) en de nouvelles moutures provisoires, dans un monde totalement inédit et remodelé? Et bien Nathan est à la base d'un changement du même ordre sur la forme, beaucoup plus modeste, voire marginal, sur le fond. Alors que le monde croit que les principaux X-Men sont morts, ils sont en fait embarqués dans une aventure bizarroïde dans un univers inventé ad hoc, où l'amour et les relations charnelles sont totalement prohibés, où les liens de famille doivent être ignorés, où tout le monde est un mutant, où c'est Apocalypse qui mène la résistance face à la dictature... Bref, Age of X-Man, ce sont six séries inédites comme Age of X-Man : The Marvelous X-Men, Age of X-Man : Nextgen, Age of X-Man : The Amazing Nightcrawler, Age of X-Man : The X-Tremists, Age of X-Man : Prisoner X, Age of X-Man : Apocalypse & the X-Tracts et deux spéciaux (Alpha et Omega). Tellement inédites que pour le moment elles vont le rester en Vf, car Panini fait l'impasse dessus, pour accélérer la venue du nouveau cours mutants de Jonathan Hickman. Attention, si je déplore ce choix, je suis aussi assez honnête, vous n'allez pas perdre quelque chose d'inoubliable qui marquera l'existence des X-Men au fer blanc. On est d'ailleurs interloqués devant l'existence du projet, qui certes est un hommage appuyé, mais peine à motiver le lecteur, tant les enjeux sont légers et assez mal ficelés. Encore que j'ai beaucoup aimé Nextgen, les jeunes pousses de demain, qui sont ceux qui réalisent rapidement que quelque chose cloche, que ce monde n'est pas ce qu'il devrait être, et décident de donner un bon coup de pied dans la fourmilière, avec Glob, Armor et Anole parmi les plus motivés. Ed Brisson et Marcus To livrent des épisodes frais et parfois drôles, attachants et sombres dans leur dénouement. Une belle découverte, surtout si on considère qu'au départ c'était loin d'être le titre que j'attendais, parmi les six! 


En gros, Nathan Grey a fusionné avec Legion. Il a emporté tout le monde dans un autre univers, là où les règles sont fondamentalement différentes. Les X-Men par exemple sont le groupe qui défend l'ordre établi, ce sont les chantres de ce monde intrinsèquement individualiste, où la liberté n'existe que si elle est permise par le dogme de X-Man and friends. Pas de religion non plus, quoi de plus logique avec un individu qui est en soi le dieu de cette réalité, bâtie sur un énorme mensonge. Si vous avez encore quelques bribes de votre existence réelle, ou des velléités de rébellion, vous finissez directement, comme Bishop, dans une prison à la dure, dont le taulier n'est autre que Forge (Prisoner X, avec Vita Ayala et German Peralta). La résistance s'organise alors autour d'Apocalypse, et de son groupe de recrues avec Kitty Pryde ou encore le jeune Genesis, qui souhaite plus que tout suivre les pas de son "père" (Apocalypse & the X-Tracts). La dérive fasciste qui pointe son nez est développée dans The X-Tremists alors que Nightcrawler vit une existence étrange de star du cinéma, qui est le sel de la série The Amazing Nightcrawler, mais qui risque bien de s’effilocher le jour où il partage sa nuit et son lit avec la belle Meggan. Tous les fils narratifs qui se déploient dans ces titres finissent par converger pour la résolution dans le numéro Omega, hélas on a l'impression d'une superposition d'ambitions, et il manque une vraie vue d'ensemble qui puisse permettre d'apprécier pleinement tout ce qu'on a rencontré. Reste de bonnes intuitions, quelques fulgurances, comme un Bishop attachant et combatif, emprisonné pour avoir noué une relation avec Jean Grey. Un Glob très amusant et pour qui on ressent franchement de la peine, puisque hélas ses efforts ne sont pas vraiment récompensés. Intéressant aussi de voir la révolution orchestrée par Apocalypse, qui empreinte son code graphique au flower pop des années 60/70, surtout de la part d'un vilain qui est plus habitué au meurtres de masse pour arriver à ses fins. 
En fait, le problème principal de Age of X-Man réside probablement dans le fait qu'en parallèle, Uncanny X-Men a continué son petit bonhomme de chemin, comme si c'était là que résidait le véritable aperçu de ce qu'est le "vrai monde" alors que les séries liées à l’événement du moment n'étaient que de petits délires passages, à lire par curiosité, mais destinées à ne laisser aucune trace. Un manque d'ambition, et aussi d'épique, qui fait que l'architecture globale tombe un peu à plat. 



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LE DAREDEVIL DE FRANK MILLER PART TWO : SEUL MAÎTRE A BORD

Durant le cours de l'année 1980, Frank Miller prend peu à peu les commandes de la série. Tout d'abord il prête main-forte à Roger McKenziel pour ce qui est du scénario; ensuite il dessine un épisode écrit par David Michelinie, avant de prendre en main de manière définitive la destinée du Diable Rouge. Avant cela donc on retrouve le Gladiateur, un personnage un peu pathétique et qui fait une fixation sur la Rome antique, et sur la psychologue qui l'a aidé à affronter son trauma. Puis c'est au tour d'un numéro où Daredevil se confronte à un grand patron qui licencie ses employés sans se soucier des conséquences, jusqu'à ce que l'un d'entre eux réclament ses indemnités de chômage avec un exosquelette! Mais faisons un bond jusqu'au #168, car c'est là que débute réellement la prestation de Miller. D'entrée de jeu il place ses pions, c'est-à-dire qu'il étoffe et crédibilise énormément tous les personnages qui gravitent autour du héros, et ça commence bien entendu par Elektra, une superbe ninja grecque, premier amour de Matt Murdock, qui revient hanter les nuits de son ancien amant.  Elektra est belle, surentrainée, c'est une machine de guerre particulièrement sexy mais pas encore aussi inflexible et détachée de tout, telle qu'elle le sera par la suite. On peut même la voir verser des larmes ou être profondément émue au souvenir de ce qui a été avec Matt, et vraisemblablement ne sera plus (rires...).
Mais elle n'est pas la seule à gagner d'emblée le droit de devenir une star de la série. Revoici Bullseye, ce tireur un peu maniaque capable de tout transformer en une arme, qui va être également une pièce maîtresse de Frank Miller. Avec lui chaque affrontement devient l'occasion de plonger dans la psyché torturée de cet assassin qui nourrit un énorme complexe vis-à-vis de Daredevil; ce dernier parvient toujours à le battre à la loyale, au point que son exaspération en devient une folie furieuse. À l'époque Daredevil sauve même la vie de son ennemi in extremis, alors que celui-ci est terrassé et allait se faire passer dessus par le métro. C'est que tout bon super héros qui se respecte se doit de laisser faire la justice, plutôt que de choisir la vengeance, et Frank Miller est clair là-dessus, il n'y croit qu'à moitié... et à chaque fois il trouve toujours un subterfuge pour nous montrer que la loi connaît des limites qui sont très rapidement atteintes. Bullseye par exemple a une tumeur au cerveau, et cette maladie va lui permettre de plaider la folie et donc d'être innocenté des crimes qu'il a commis les mois précédents. Avec Franck Miller le redresseur de torts à un rôle ingrat qui confine souvent avec la futilité, alors que c'est parfois la structure même de la société qu'il convient tout d'abord de redresser. Endosser un costume, à quoi bon, si c'est pour jouer selon les mêmes règles qui régissent notre existence à visage découvert? Et comment faire face à ceux qui s'affranchissent des règles, de la morale, et donc de la justice?


Parler de tout ceci, c'est bien sûr parler de Wilson Fisk, alias le Caïd. Ce roi de la pègre s'est retiré des affaires, et il tente de se racheter une conduite au Japon, en compagnie de celle qu'il aime plus que tout, sa femme Vanessa. Un vrai petit toutou le Wilson, qui pour les beaux yeux de son épouse décide de sauver les apparences et de mettre beaucoup d'eau dans son vin. Oui mais voilà, la guerre des gangs s'apprête à reprendre à New-York, et certains trament dans l'ombre pour faire revenir Wilson aux affaires, d'autres pour l'éliminer une bonne fois pour toutes. C'est ainsi que Vanessa est enlevée, et que le mari courroucé est obligé de rentrer en Amérique, pour récupérer l'être aimé moyennant une énorme rançon. La transaction se passe bien, le Kingpin a géré à sa façon et il a mis minable tous ses adversaires (y compris Daredevil qui a voulu lui soutirer des dossiers, et s'est cassé les dents sur un colosse inamovible) mais c'est la trahison d'un membre de son clan qui va précipiter les événements. Une explosion, un édifice qui s’effondre, et sous les décombres, des tonnes de béton, de nombreux gangsters et... Vanessa, qui disparaît de la scène d'effroyable manière. Wilson perd la tête, et c'est dès lors la vengeance qui l'anime, et le ramène vers le trône qu'il occupait avant. Sans savoir que Vanessa a survécu, et erre dans les égouts de la ville...
Leçon magistrale de Miller. Story telling resserré, avec un suspens permanent, des rebondissements à chaque épisode, et un Daredevil qui prend cher, semble perdu (ligoté et plongé dans le système hydraulique de la ville) et se sauve in extremis. Le montage des planches, l'action, devient un tourbillon, un magma vivant (magnifié par l'encrage de Klaus Janson), qui utilise aussi admirablement le sens de la répétition, de la succession de brefs petits instantanés, et invente épisode après épisode de nouvelles manières de présenter un polar urbain super héroïque, où strate après strate l'univers de Daredevil se densifie, se complexifie, et où les enjeux pèsent de plus en plus lourd. C'est à juste titre que la série devient mensuelle en 1981, et qu'elle devient véritablement incontournable!
(à suivre)



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GREEN LANTERN REBIRTH : QUAND HAL JORDAN FIT SON GRAND RETOUR

Celles et ceux qui ont commencé à lire des comics lors de ces dernières années auraient peut-être bien du mal à imaginer l'univers des Green Lantern sans Hal Jordan. Mais celui qui est de l'avis général le "plus grand de tous" n'a pas toujours été là pour défendre haut et fort le Corps des Lanternes. Il a même cédé devant l'entité qui symbolise et se nourrit de la peur, Parallax, au point de devenir un des pires vilains de l'univers, avant de mourir, et fusionner avec le Spectre, une sorte de justicier métaphysique en quête de vengeance. 
C'est en 2004 que DC Comics se décide à ramener Hal Jordan sur le devant de la scène, dans son véritable costume vert. Cela dit, pas facile de faire revenir un mort, un personnage qui depuis hante les sphères éthérées, sans que ça soit un simple escamotage racoleur, pour vendre quelques copies. Geoff Johns va s'atteler à la tâche, et produire une mini série particulièrement intéressante, qui va redéfinir le concept même de Parallax, éclairer certains points de la mythologie des Lanternes (l'impureté jaune), et rendre à Hal une place en chair et en os au sein de ses amis de la Justice League.
Il faut dire que les débuts ont de quoi poser bien des questions, et aiguiser l'intérêt du lecteur en quête de mystères... Kyle Rayner échoue sur Terre, après s'être pris apparemment une sacrée rouste, et en marmonnant des propos concernant... Parallax. Une partie de la ville de Coast City, rasée au sol par Mongul des années auparavant, semble revenue du néant, en particulier l'appartement d'un certain Hal Jordan... Guy Gardner lui voit son corps imploser dans un musée à la gloire des héros, et seule la statue de Hal Jordan Green Lantern reste debout après le désastre...
Il y a quelque chose de bien sournois là-dessous, vous ne trouvez pas?


Geoff Johns répondra à toutes vos questions, même à celles que vous ne vous posiez pas forcément! Voilà comment on replace un héros au centre de la scène, sans une excuse tirée par les cheveux, du genre "pardon, c'était mon clone". En plus cela inclut aussi de donner une importance fondamentale à Sinestro, ici un dingue dangereux, filiforme, au crâne démesuré, animé par une haine inextinguible et enfin à même de percer les mystères et par la même accéder à toute la puissance de son anneau jaune. En face, la Justice League et tout particulièrement Green Arrow et Kyle Rayner ne font pas le poids, avec un Sinestro dans cette forme, une entité aussi incontournable que Parallax, la manière dont elle a infiltré la Lanterne centrale d'Oa, dont elle a envahi l'âme d'Hal Jordan, au point de lui blanchir les tempes, avant de l'emmener vers une descente infernale... On rembobine la cassette, et tout devient clair, dans ces six numéros qui redéfinissent l'univers des Green Lantern, pour le lecteur du XXI° siècle. En bonus, très bonne pioche au dessin avec Ethan Van Sciver. Certes, nous tenons là un des pires partisans de Trump, qui a parfois flirté imprudemment avec des idées d'extrême droite, au point de signer ces oeuvres avec un logo tendant vers la svastika...mais en tant qu'artiste, si on se focalise sur son trait, nous tenons là un travail excellent, réaliste, plastiquement dynamique, fouillé jusqu'au fond des cases. Aujourd'hui encore ce Rebirth là reste une des étapes indispensables dans la carrière d'Hal Jordan et des grands héros Dc, et devrait figurer logiquement dans toute comicsothèque qui se respecte. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : FLIPETTE ET VENERE

L'actualité de la bd ces dernières semaines, et donc les nouvelles sorties, c'est la même chose que celle des comics américains, à savoir une infinie patience, en attendant que les conditions sanitaires permettent une reprise du cours des événements. Le problème n'est pas d'être sevré de nouveautés, mais les dommages incalculables faits aux auteurs, aux maisons d'éditions, et tout particulièrement, ça va de soi, les plus fragiles.
Le podcast Le Bulleur continue néammoins de vous offrir une émission chaque semaine, avec ce coup-ci Flipette et Vénère de Lucrèce Andreae parue aux éditions Delcourt.
Les deux personnages sont des soeurs, mais tout les oppose! Une est tout le temps "flipée", tandis que l'autre est en permanence en colère. La vie et le tempérament des deux soeurs les a séparées, mais le jour où Axelle (vénère) a un accident de scooter et se retrouve immobilisée quelque temps, arrive le moment pour Clara (flipette) de reprendre le fil interrompu de leur lien. Dans un milieu qui n'a rien à voir avec le sien!
L'auteure n'a rien d'une inconnue, puisqu'elle est une référence en matière de film d'animation, avec notamment un césar en 2018 pour Pépé le morse. C'est ici sa première vraie publication dans le monde de la Bd. Son style est plutôt minimaliste, avec une mise en page probablement un poil trop carrée et rigide, mais elle table avant tout sur les expressions, les sentiments. Une découverte à faire, assez surprenante, et le podcast Le Bulleur vous dira tout ce qu'il y a à savoir. Alors jetez-y une (ou deux oreille(s).



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LES ANECDOTES DE PETER DAVID SUR SPIDER-MAN 2099

Spider-Man 2099, un personnage presque iconique, tant la version de Peter David et Rick Leonardi a su gagner le coeur des fans, à défaut d'avoir permis à l'univers 2099 de perdurer de longues années. Peter David justement, est revenu sur son travail sur le site Newsrama, et a dévoilé nombre d'anecdotes intéressantes aux lecteurs.
"C'est une des périodes les plus intéressantes et créatives de toute ma carrière. Je me revois avec Rick Leonardi, tandis que je lui donne mes idées pour le look du personnage, et qu'il les dessine. Il a eu l'idée du symbole sur la poitrine, son design, les toiles derrière le costume, tout cela est le fruit de nos conversations. Je faisais partie des auteurs à qui Marvel avait demandé des idées pour son nouvel univers 2099, à partir de quelques concepts clés, comme le fait que le monde serait dirigé par de grandes corporations, ce qui n'est pas loin de notre réalité!
Moi j'ai eu l'idée du personnage de Miguel O'Hara, et j'ai défini ses origines. Joey Cavalieri (de Marvel) m'a recontacté pour me dire qu'ils étaient intéressés. Il m'offrit aussi un bonus (pas énorme en fait) et je fus chargé d'écrire le titre, qui dans les faits a servi de lancement pour la ligne 2099".
"Chaque fois que Stan Lee allait à droite, je me précipitais à gauche. Pas parce que je pensais qu'il avait tort, au contraire ... mais je sentais que si nous devions faire de Miguel un personnage unique, alors nous devions prendre tous les choix que Stan avait fait sur Peter et les inverser. Peter Parker était un lycéen, Miguel devait être un adulte qui travaille dans un laboratoire. Si Peter était timide, introverti et ne pouvait pas parler aux filles, mais bavard en tant que Spider-Man, Miguel devait être sûr de lui et avoir une petite amie, mais pratiquement silencieux  en action.

Si vous remarquez, Spider-Man 2099 ne parlait pas beaucoup. Dans ma version, il ne fait que se concentrer. Alors que Peter faisait blagues sur blagues pour se rassurer, Miguel avait besoin d'autant de silence que possible, parce que c'était ce qu'il cherchait pour rester concentré."


Et si on parlait du look d'enfer, et des particularités de Spidey 2099?

"L'inspiration pour le costume est venue du passé auquel j'avais pensé pour Miguel. Quand j'ai décidé d'en faire un métisse, j'ai commencé à étudier un peu les Mexicains et les Irlandais. J'ai ensuite découvert le Jour mexicain des morts et j'ai pensé que c'était parfait pour l'occasion. Dans ma vision, il devait y avoir une raison raisonnable pour laquelle son uniforme portait le symbole d'un crâne. J'ai aimé l'image et les pattes d'araignée en sont sorties. C'était comme prendre le dessin d'une veuve noire et l'amener au stade suivant. Quand j'ai compris que j'avais tapé dans le mille? Quand, environ un an plus tard, j'ai vu une personne en qui en portait une réplique presque parfaite, alors qu'il était sur les manèges de Disney World."

"Les origines ethniques de Miguel n'étaient pas communes, c'est vrai. Mais il fallait décrire un monde qui avait cent ans d'avance sur le nôtre. J'ai pensé qu'il était parfaitement logique de mettre l'accent sur le mélange culturel et national, qui, d'année en année est de plus en plus la norme dans le présent. C'est la raison du choix, également mis en évidence dans le nom, moitié espagnol et moitié irlandais. Et puis nous sommes toujours à la recherche de noms qui n'ont pas encore été utilisés. Je pense que c'est le premier super héros nommé Miguel, et j'ai été en partie inspiré par l'acteur Miguel Ferrer. Je lui ai également demandé la permission d'utiliser son nom. Il aimait l'idée qu'il y ait un super héros nommé d'après lui. La chose amusante est que Joey Cavalieri m'a donné un peu de fil à retordre quand j'ai introduit le surnom de "Miggy", parce qu'il l'a trouvé ridicule. Je lui ai dit que beaucoup de gens l'utilisaient pour Miguel Ferrer, tous ses amis, moi y compris. Ensuite, il s'est avéré que Joey, en regardant un épisode d'une série télévisée, l'a entendu utiliser pour un personnage appelé Miguel. Et ça l'a convaincu."


Et le cast autour de Miguel? "J'ai eu l'idée de donner un frère à mon protagoniste, comme d'habitude pour faire le contraire de Stan Lee. Peter Parker n'avait personne, sauf la fragile tante May, qui a presque eu une crise cardiaque la première fois qu'elle a vu Spider-Man. J'ai aimé l'idée que Gabriel O'Hara apparaisse immédiatement comme le confident de Miguel, car il a très vite découvert l'identité secrète de son frère. Les lecteurs ont immédiatement su qu'il était au courant. La mère, Conchata, a répondu à mon besoin d'avoir quelqu'un qui a donné au personnage une forte empreinte mexicaine. Je voulais qu'il y ait une présence féminine dans sa vie et il n'y avait aucune raison de le priver d'une mère. Ce que j'ai aimé chez elle, c'est qu'elle était complètement folle. Même si elle était mexicaine, je l'ai écrite un peu comme une mère juive. C'était une femme forte avec une personnalité toute aussi forte, et elle n'avait aucun problème avec Spider-Man. Alors qu'elle avait beaucoup avec son fils!"
Pour conclure...
"La raison pour laquelle Miguel n'a pas avoué à sa mère sa double vie était qu'elle aurait fini par lui dire chaque jour quoi faire en tant que Spider-Man. Elle n'aurait eu pas du tout de crise cardiaque, elle serait devenue le caporal-chef de la vie de super-héros de son fils. En tant que compagne pour Miguel, j'ai toujours préféré Xina. Je lui avais donné le nom d'une fille que je connaissais au lycée. Je n'avais rien contre Dana, mais Xina était plus intéressante, elle donnait l'idée de pouvoir mieux gérer Miguel. J'avais aussi pensé à l'idée de marier Miguel et Dana, mais plus je passais de temps avec Xina, plus elle me séduisait. J'ai décidé qu'il était logique de tuer la première pour faire de la place à la seconde, mais ensuite c'est devenu avant tout un choix nécessaire pour l'équilibre émotionnel et dramatique de l'histoire. La dynamique entre les trois devait forcément aboutir sur un événement de grande importance. La mort de Dana aurait eu un impact émotionnel plus fort sur Miguel que celle de Xina."
Et vous, ne me dites pas que vous n'êtes pas nostalgiques de la grande époque 2099?

Interview publiée en VO sur le site Newsrama, librement adaptée pour la Vf



Pour revivre les débuts de Spider-Man 2099 en VO


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LE DAREDEVIL DE FRANK MILLER PART 1 : AVEC ROGER MCKENZIE

Nous sommes presque à l'orée des années 80, et il faut bien être honnête, Daredevil n'est pas franchement la priorité chez Marvel, qui continue de publier les aventures du héros par inertie, sans y croire plus que ça. Du reste les dessinateurs se succèdent, et pourtant il se passe des choses sur la série, et lorsque Frank Miller est annoncé pour son arrivée, au numéro 158, peu immaginent que l'histoire est sur le point de s'écrire. Au départ donc, c'est Roger McKenzie qui poursuit sa prestation au scénario, et bonne pioche, Miller peut bénéficier de l'encrage d'un certain Klaus Janson, avec qui le mariage est naturel. Les premières pages permettent d'évacuer la présence d'un super vilain capable de se déphaser brièvement avec le temps réel (le Chasseur), et donc d'apparaître intangible, même s'il doit solidifier à nouveau son corps pour frapper. Obsédé par sa veangeance contre Daredevil qui l'a battu dans le passé, il connaît sa double identité, mais tout cela ne lui évitera pas de finir d'une bien horrible façon, incrusté en partie dans une pierre tombale. Ce qui retient surtout l'attention, dans la série, c'est en fait son coté vaudevilesque. Murdock est aveugle, mais c'est un sacré tombeur! Dans ces années-là, la situation est la suivante : il est en couple (plus ou moins) avec la fille d'un riche industriel, Heather Glenn, qui ne supporte plus sa double existence (oui, elle sait, ce n'est jamais bon signe...). Mais La Veuve Noire est revenue faire un tour dans les parages, et la secrétaire de Matt, une certaine Becky, attend fidélement dans l'ombre que son patron jette son dévolu sur elle. Il faut dire qu'elle ne fait pas le poids à coté de la froide beauté d'Heather, ou d'une super espionne : elle est en fauteuil roulant...
Bien vite, Daredevil se retrouve aux prises avec Bullseye. Oui, le dingo par excellence, capable de tout transformer en une arme. Le "Tireur" comme on l'appelait alors en Vf s'en prend tout d'abord à la Veuve pour atteindre notre Tête à Cornes. La pauvre prend cher, mais ça a le don d'irriter DD qui se rend sur au parc d'attractions de Coney Island pour l'affrontement final (blague). Entre temps Bullseye a eu une idée de génie : envoyer des seconds couteaux défier son adversaire, pour en étudier les réactions, les techniques de combat. Ce qui ne lui évitera pas une vraie humiliation, au point d'en perdre momentanément la boule. Très sensible, en fin de compte.

L'époque McKenzie est en fait loin d'être inintéressante, elle comprend certes des moments faibles (un épisode avec Hulk lâché dans New-York, que Daredevil parvient à raisonner, tout en finissant dans un bien sale état aux urgences...) mais aussi de petites pépites, comme l'enquête patiemment conduite par le journaliste Ben Urich, qui a compris que Matt Murdock est aussi un super type costumé, et rassemble indices puis preuves, avant une confrontation à l'hopital, dont la résolution est probablement un peu trop hâtive. Miller lui fait des siennes à travers le dessin, dans un style bien plus réaliste et conventionnel que ce qu'il fera par la suite, mais son story telling, sa façon de rendre chaque planche cinématographique, son rendu de la ville sombre et de la population qui y grouille, son utilisation de certaines vignettes allongées ou étirées, permet de donner une vie, un cachet, un caractère crapuleux à son travail, et c'est exactement ce qui convient à Daredevil. Personne depuis Gene Colan n'avait été capable de comprendre et traduire cela. 
Reste à approfondir le personnage, lui offrir une crédibilité grâce à des trouvailles extraordinaires (une parmi d'autres, la plus significative, Elektra) mais cela ne tardera pas. On s'en rend compte quand on feuillette le numéro 164, où Daredevil raconte ses "origines" à un Ben Urich qui a tout compris. Les grandes lignes de la tragédie fondatrice sont là, mais il manque tout de ce souffle épique qui transforme un adolescent handicapé en un héros sans peur et capables de prouesses. Ici tout est emballé très vite, et ce qui en découle est certes un super héros fonctionnel, mais qui n'a pas encore cette épaisseur que Miller va lui conférer, en creusant de nouveaux espaces dans l'existence de Matt Murdock, pour en bouleverser le parcours. Cela reste tout de même une mise en bouche de qualité, trop souvent snobé par les puristes puisque Miller n'est pas l'artisan principal des choix opérés durant ces épisodes. Pour ce qui est d'une publication vf, outre les vieux Strange et les adaptations pas toujours respectueuses et complètes, il existe chez Panini la collection Marvel Icons, qui héberge la prestation de Frank Miller. Cette première phase constitue le menu du tome 0. 
(à suivre, la semaine prochaine)



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E.V.A CHRONIQUES DE L'INFRAMONDE (DE MARCO TURINI)

Ce sont les amateurs de la grande époque du magazine Métal Hurlant qui vont être ravis, tant le style de Marco Turini les fera se sentir "à la maison", dans cet album publié chez Graph Zeppelin. Marco Turini, c'est un dessinateur italien, désormais installé en République Tchèque, que nous n'avons encore jamais eu le plaisir de rencontrer, mais dont nous suivons avec un grand intérêt les dessins et les travaux relayés sur ses réseaux sociaux. Ici ses aquarelles un brin morbides, d'une froideur mécanique et pour autant contenant une puissance charnelle évidente, sont de toute beauté et attirent à elles-seules le regard du lecteur potentiel. Nous avons entre les mains un ouvrage ultra dense, très ambitieux, qui ne se contente pas de dérouler une simple piste narrative, mais ouvre énormément de sentiers qui se ramifient, au point de parfois donner le tournis, et de ne plus permettre de savoir où on en est vraiment, avec qui, pourquoi. Pour cette histoire, il faut plonger dans les entrailles de la Terre, puisque qu'une terrible catastrophe a rendu l'idée d'habiter la "surface" inenvisageable. Le nouveau monde est divisé en quatre sous niveaux, et plus on descend, plus il fait chaud, plus on s'éloigne du véritable habitat humain, et plus l'existence y est sans concession. On se retrouve d'ailleurs dans la capitale (Janis) de ce dernier "giron", comme le qualifiait Dante pour sa Divine Comédie, où des forces de l'ordre high tech sont sur la piste d'E.V.A, qualifiée de terroriste, pour avoir tentée à plusieurs reprises de pénétrer dans les niveaux supérieurs. C'est formellement interdit, et pour autant elle n'est pas la seule, comme cette Lavinia avec qui elle fera connaissance, et qui constitue le vrai point de départ de l'album. 


Ces chroniques de l'inframonde plongent le lecteur dans un univers où les personnages sont autant de mécaniques humaines. Parties toutes entières du corps mécanisées, avec des androïdes qui fleurent bon la science fiction des années 70, et qui côtoient également de jolies créatures qui donnent à l'ensemble une touche de sensualité là encore surannée. On y trouve par ailleurs une certaine forme de conscience politique, avec cette maire de la cité de Janis, engagée dans sa propre réélection, qui use d'un artifice bien connu des hautes sphères du pouvoir : il vaut mieux séduire que convaincre. Une grande fresque post apocalyptique et ambitieuse, voilà ce que présente Marco Turini, mais avec un talon d'achille évident, qui saute aux yeux passée une bonne vingtaine de pages, l'incapacité à faire décoller l'ensemble, emporter l'adhésion, car le récit est trop vague, fumeux, manque de clarté et d'envie de s'attacher à des personnages qui fonctionnent de manière trop artificielle. Du coup, on ne pourra conseiller ces Chroniques de l'Inframonde qu'aux amateurs d'une certaine SF punk qui n'a plus cours aujourd'hui, mais a donné des pages inoubliables voici quelques décennies. Turini est un dessinateur très doué, qui maîtrise son art aussi bien dans le trait et la couleur, mais sur le coup, une véritable maxi série au long cours aurait pu être profitable pour développer cet univers, en lieu et place d'un simple album qui manque singulièrement d'une vraie ligne directrice. Reste un bel objet, soigné, proposé par Graph Zeppelin. 



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PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...