LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES DAMES DE KIMOTO


 Dans le 123e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Les dames de Kimoto, album que l’on doit à Cyril Bonin, adapté du roman de Sawako Ariyoshi, édité chez Sarbacane. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

– La sortie de l’album Dérives que l’on doit à Alexis Bacci et aux éditions Glénat

– La sortie de l’album Pygmalion et la vierge d’ivoire que l’on doit au scénario de Serge Le tendre, au dessin de Frédéric Peynet et c’est édité chez Dargaud

– La sortie de l’album L’obsession du pouvoir que l’on doit au scénario du duo Gérard Davet et Fabrice Lhomme, au dessin de Pierre Van Hove et c’est édité chez Delcourt

– La sortie de l’album Musidora que l’on doit au scénario d’Arnaud Delalande, au dessin de Nicolas Puzenat et c’est édité chez Robinson

– La sortie de la seconde et dernière partie de Gentlemind, série que l’on doit au scénario de Térésa Valero et Juan Diaz Canales, au dessin d’Antonio Lapone et c’est édité chez Dargaud

– La sortie d’une intégrale Pain d’alouette, album que l’on doit à Christian Lax et aux éditions Futuropolis



HEROES REBORN : L'OMNIBUS XXL CHEZ PANINI COMICS



L'intégralité de Heroes Reborn, dans un seul et immense omnibus, c'est désormais une réalité. Cette période si particulière de l'histoire de la maison des idées recoupe quatre séries différentes, à savoir Fantastic Four de Brandon Choi, Jim Lee et Scott Williams - Iron Man de Scott Lobdell, Jim Lee, Whilce Portacio et Scott Williams - Captain America de Rob Liefeld et Jeph Loeb - Avengers de Rob Liefeld, Jim Valentino et Chap Yaep. Entre la fin des années 80 et le début des années 90, une nouvelle génération  de dessinateurs fait son entrée sur la scène des comics  super-héroïques, et ils deviennent vite plus populaires que les personnages eux-mêmes. Todd McFarlane sur Amazing Spider-Man, Jim Lee sur Uncanny X-Men et Rob Liefeld sur New Mutants proposent une approche graphique innovante, débordante d'énergie. De l'adrénaline à l'état pur. Ils explosent l'organisation traditionnelle des planches, qui débordent d'action, regorgent d'anatomies hypertrophiées et de héros et héroïnes hypersexualisés. L'histoire passe au second plan, la claque visuelle devient la règle.  Mais chez Marvel, les artistes ne sont pas les propriétaires de leurs créations, des séries sur lesquelles ils travaillent, ce qui a pour conséquence une perte de gains importante. D'où l'idée d'aller voir ailleurs, de créer une nouvelle maison d'édition (Image Comics), dont les nouveaux titres pompent d'ailleurs sans vergogne ceux de Marvel (WildCats et les X-Men, en exemple parfait). Qui finit par réagir à la baisse des ventes et à la nécessité de relancer l'intérêt pour ses parutions, en faisant appel aux sécessionistes! Quoi de mieux que de donner carte blanche aux anciens prodiges depuis installés à leur compte, pour sauver les meubles et inventer quelque chose de radicalement inédit? Les studios Wildstorm de Jim Lee récupèrent Fantastic Four et Iron Man, tandis que les studios Extreme de Rob Liefeld tournent leurs attentions vers Avengers et Captain America. Pour la première fois de son histoire Marvel accepte de ne pas produire certains de ses titres les plus traditionnels, les sous-traitant en fait à des studios externes qui se chargent de les insérer dans l'ère du temps des années 90, grâce au "Style Image" éprouvé. L'événement éditorial qui a caractérisé cette décision est entré dans l'histoire sous le nom de Heroes Reborn, c'est à dire la renaissance des héros. L'excuse pour parvenir à tout ceci a été fournie par Onslaught, le cross-over Marvel de l'été 96 développé principalement sur les titres des X-Men, et des Avengers et dérivés. Le méchant qui a donné son nom à l'histoire est une fusion involontaire des pouvoirs psychiques de Charles Xavier, dont l'esprit avait absorbé la personnalité de Magneto, avec ceux sur le magnétisme de ce dernier, générant un monstre qui menaçait de détruire tout l'univers Marvel. Après avoir affronté pratiquement tous les héros disponibles sur la place, Onslaught a été dompté par l'intervention combinée des X-Men, des Avengers et des Fantastic Four, ces deux derniers groupes ayant sacrifié leur vie pour finalement éliminer l'entité maléfique. En réalité, les héros n'étaient pas morts : Franklin Richards, le puissant fils mutant de Reed et Sue Richards, avait créé une dimension de poche, un univers alternatif dans lequel entraîner tout ce beau monde juste avant le trépas. Ainsi, alors que le reste de l'univers Marvel pleurait leur disparition et honorait leur sacrifice, les Vengeurs et les Quatre Fantastiques renaissaient dans un autre univers narratif, semblable à celui d'où ils venaient, mais différent. Les héros ont revécu leur vie depuis le début, ignorant leur passé, une opportunité unique pour gommer certains points noirs, insérer de nouveaux éléments plus "modernes", et pour les rendre attrayants aux yeux des nouveaux lecteurs vierges d'expériences super-héroïques. 



Opération rénovation alors, coup de torchon sur la poussière, et autre interventions esthétiques. Dans les six premiers numéros de Fantastic Four, Jim Lee a raconté les origines du quatuor, aidé par son vieil ami Brandon Choi aux dialogues, donnant aux lecteurs non seulement sa version de Reed, Sue, Ben et Johnny, mais aussi celles de personnages comme Fatalis, Namor, Galactus, Silver Surfer et Black Panther. La naissance des Quatre Fantastiques a été modernisée, éliminant pour la première fois l'élément vintage de la course à l'espace dans une fusée approximative, au profit d'une mission parmi les étoiles, sous l'égide du S.H.I.E.L.D., qui s'est évidemment mal terminée. Tout le premier arc narratif est en réalité une relecture du mythe explosive et somptueuse, un hommage au travail de Stan Lee et Jack Kirby. Dans Iron Man aussi, les auteurs ont pris soin d'actualiser les origines d'un personnage qui, en l'occurrence, trouve ses racines dans les interventions guerrières américaines en Corée et au Vietnam des années 1960. L'armure est toujours l'idée de Tony Stark, mais le contexte a complètement changé. Stark est le leader d'un groupe de scientifiques brillants, amis depuis l'université, qui se font appeler les "Chevaliers Atomiques de la Table Ronde" : outre Stark, Bruce Banner, Reed Richards, Victor Von Doom et Hank Pym en font partie. Plus Rebel O'Reilly, le seul du consortium à être originaire de ce nouveau monde. Lorsque Tony teste une armure futuriste avec Rebel aux commandes, causant involontairement sa mort, les Chevaliers se séparent et chacun suit son propre chemin. Stark va par la suite se frotter à Hulk, surdopé aux rayons gamma, comme le veut la coutume. De toutes les séries de La renaissance des héros, Iron Man est sans doute la meilleure, aussi bien grâce aux intrigues imaginées par Jim Lee et Scott Lobdell, à l'époque démiurge des titres mutants, que parce qu'elle était la plus innovante, grâce à la caractérisation d'un Tony Stark qui commençait à se rapprocher de celle du nouveau millénaire, et pour une révision esthétique de poids de la technologie de l'armure, confiée à un Whilce Portacio en état de grâce. Le Captain America de Rob Liefeld est lui une déclaration d'amour au personnage, un effort généreux parasité par les limites artistiques bien connues du bon vieux Rob. Néanmoins, entre les exagérations anatomiques et les poses invraisemblables on remarque aussi  des idées très intéressantes. Tout d'abord, Captain America n'est pas retrouvé en animation suspendue dans la glace comme le veut la tradition, mais il vit dans une banlieue en périphérie, inconscient de son passé de Sentinelle de la liberté, travaillant comme ouvrier et père de famille. Mais c'est un mensonge, semblable à celui vécu par Arnold Schwarzenegger dans le film Total Recall de Paul Verhoeven. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Steve Rogers avait critiqué le largage de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, défiant violemment le président Truman. Ce geste lui avait coûté une "mise au placard", avec l'annulation de ses souvenirs et le début d'une fausse vie. Il récupère alors son identité juste à temps pour faire face à la menace d'une cellule nazie, derrière laquelle se cachent d'anciennes menaces telles que le Baron Zemo, Master Man et le Crâne Rouge. Liefeld a également insufflé cet enthousiasme dans Avengers, l'autre publication dirigée par ses Extreme Studios, dans laquelle il a collaboré avec Jim Valentino et plus tard Jeph Loeb, partageant aussi le dessin avec un élève très peu doué, Chap Yaep, et avec une jeune star de ces années-là, Ian Churchill. Yaep, c'est vraiment horrible, limite dégueulasse!  Le groupe comprenait des monuments comme Captain America, Thor, Iron Man, Scarlet Witch, Vision, Hawkeye, réinterprétés à la sauce peu délicate d'Extreme Studios. L'intrigue tournait autour des manigances de Loki, là aussi un passage obligé quand on affronte un titre Vengeur. Liefeld a introduit des innovations intéressantes qui seront plus tard reprises dans d'autres domaines: les Avengers ne sont plus un groupe de héros qui se rencontrent au hasard lors de leur première mission, mais une équipe d'agents super-gouvernementaux sous les ordres du Shield, 16 ans avant que la même dynamique ne soit racontée sur grand écran ou un peu plus tôt explorée dans le monde des Ultimates.



Au final, Heroes Reborn est un énorme succès. Au début. Au bout de six mois, Jim Lee devient architecte unique du projet, puisque les studios de Rob Liefeld sont dessaisis de leurs titres. L'histoire commence à patiner, les planches à se détériorer, et on sent que le soufflé de la nouveauté menace de s'effondrer d'un mois à l'autre. Avec Heroes Return, Marvel allait tirer un trait sur une tentative avortée de changer la donne à jamais, artistiquement intrigante et audacieuse. Aujourd'hui la question n'est même plus de savoir si la qualité est au rendez-vous, ou s'il s'agit d'épisodes de mauvais goût; c'est devenu un pan nécessaire de l'histoire de la Maison des Idées, un témoignage historique de premier ordre, qui n'avait jamais été publié en librairie, avant cet Omnibus mastodonte. Qui va en réjouir beaucoup! 



L'ENFER POUR AUBE TOME 1 : PARIS APACHE (CHEZ SOLEIL)


 À Paris, le début du 20e siècle est marqué par l'apparition du métropolitain (le métro, quoi). Alors que les premières lignes sont gérées par la municipalité, la grande ligne Nord-Sud est confiée à des intérêts privés. Tout pourrait aller pour le mieux, s'il n'y avait ce mystérieux assassin à l'écharpe rouge, qui virevolte sur les toits et les ponts de la ville, et s'introduit à bord d'une rame, pour accomplir un nouveau méfait. Ils s'en prend exclusivement aux notables de la ville, cette catégorie de nantis qui prospère alors que le petit peuple meurt de faim. Touche personnelle, à chaque fois il laisse dans la bouche de ses victimes un louis d'or. Insaisissable, excellent acrobate, le meurtrier parvient toujours à déjouer les plans de ceux qui tentent de le capturer. Tout ceci s'insère dans une bande dessinée minutieuse et documentée. La reconstitution historique est importante dans L' Enfer pour Aube, nous sommes vraiment plongés dans une capitale tentaculaire, qui grouille d'une humanité pas toujours reluisante. C'est que la Commune est passée par là, une trentaine d'années auparavant, et les traces qu'elle a laissées sont encore présentes, aussi bien dans les esprits que dans l'organisation sociale de la cité elle-même. Les travaux faramineux entrepris aussi bien pour le métro que pour la rénovation de l'architecture urbaine ont nécessité beaucoup de main d'œuvre, et l'arrivée de fort nombreux bretons, qui sont méprisés et considéré comme des "nègres blancs", selon l'expression raciste en usage alors, exacerbe les tensions Il règne un ostracisme, un mépris si profond envers ces manœuvres infatigables, qui ne fait qu'alimenter et engendrer la violence. Celle-ci est souvent l'apanage des Apaches, c'est-à-dire c'est une bande de malfrats qui sillonne les rues, dans une tenue assez particulière, puisque ornée d'une large ceinture rouge à la taille, et de pantalons à pattes d'éléphant. Philippe Pelaez réussit le tour de force le présenter une histoire (et aussi une Histoire) passionnante, qui mêle enquête et constat social et historique implacable. 



La restitution du contexte social et historique est tout simplement excellente. Nous trouvons dans cette bande dessinée de fausses couvertures du célèbre quotidien "le Petit Journal" qui viennent confirmer et étoffer les événements narrés dans les pages précédentes. Nous trouvons aussi en fin d'ouvrage quelques petits articles qui éclaircissent certains des points abordés. Le dessin également se met au diapason. Tiburce Oger parvient a créer une ambiance totalement envoûtante; chacune des vignettes est particulièrement fouillée, le détail est omniprésent jusqu'au drapé des vêtements ou des capes, alors que l'ensemble est présenté sur un lavis de gris élégant, qui donne une patine évidente à cette œuvre, avec par endroits des touches rouges carmin, notamment lorsqu'il s'agit de mettre en évidence le foulard ou la ceinture des criminels, le sang qui coule ou quelques petits détails propres à servir l'histoire. Ne négligeons pas non plus l'emploi d'une langue appropriée, l'utilisation de cet argot et des termes de la rue qui fleurent bon les pavés parisiens d'antan. Le côté enquête également n'est pas négligé, et après avoir semé un peu de confusion et quelques fausses pistes, la révélation par Pelaez de l'identité du maître criminel, à peine énoncée, est elle aussi sujette à une remise en perspective rapide, qui fait que l'on doute toujours autant à la fin de ce premier tome (il y en en aura deux au total). Il y a de la violence dans ces pages, mais ce n'est pas une violence gratuite, plutôt disons une violence inéluctable, celle qui prospère lorsque des couches de populations se superposent mais restent à jamais hétérogènes, sans la possibilité pour l'une de se fondre dans l'autre. Un rapport vertical de la société intéressant d'ailleurs, puisque l'histoire commence avec un assassinat perpétré depuis un pont, avec le saut risqué et expert du meurtrier, qui par ailleurs est un acrobate hors pair, c'est-à-dire celui qui voltige d'une classe à l'autre, qui est à l'aise et en même temps insaisissable chez et pour tout le monde. C'est un Paris en transformation que nous découvrons au début du 20e siècle, avec le progrès technique et l'urbanisation systématique et systémique, qui permet certes d'assainir de très nombreux quartiers, mais qui en même temps détruit une partie de l'âme parisienne et surtout porte atteinte aux conditions de vie déjà bien précaires d'une partie de la population. Pour en savoir plus, je vous recommande de lire le roman d'Émile Zola, la Curée. Très intéressant également le fait d'avoir pris le temps d'expliquer qu'une grande partie de la révolte des couches populaires, lors de la Commune, a été matée et jugée très sévèrement par d'autres pauvres, qui auraient eu tout intérêt à participer eux aussi, ou en tous les cas à se montrer plus revendicateurs, mais qui ont très vite tourner le dos à l'agitation sociale. Ce qui ne fait que confirmer que la guerre intestine entre personnes infortunées ne date pas d'aujourd'hui; il y a toujours un plus pauvre et un plus malchanceux que soi sur qui se retourner, quand on souhaite exercer un tout petit peu de pouvoir. L'ensemble est présenté dans un superbe écrin, la couverture est tout simplement magnifique, vaguement art déco, et la conclusion est imparable : une des plus belles et plus intelligentes bandes dessinées du premier semestre est arrivée chez Soleil. Allez vite découvrir cela chez votre fournisseur de confiance! 






BATMAN DETECTIVE TOME 1 : VISIONS DE VIOLENCE


Comme vous le savez tous, Bruce Wayne n'est pas du genre à avoir besoin du chèque énergie pour atteindre la fins du mois; sa fortune est colossale, et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Batman, son alter ego costumé, dispose d'un tel arsenal, à la pointe du progrès. Seulement voilà, depuis les événements de Joker War, Bruce Wayne a perdu sa fortune et il doit désormais mener une existence beaucoup plus humble, au point d'avoir installé sa bat-cave dans le réseau des égouts désaffectés de la ville de Gotham. Pendant ce temps-là, un nouveau maire s'est installé à la mairie, un certain Nakano, qui ne se montre pas très disposé à collaborer avec le justicier le plus célèbre de sa cité; pire encore, une vague de meurtres survient à Gotham, sans qu'il soit possible de comprendre les motivations du ou des assassins. Le problème est qu'une des victimes est la fille d'un des plus célèbres gros entrepreneurs locaux, Roland Worth, celui que l'on nomme le roi du bâtiment. Une sorte de colosse qui voue une haine féroce à pas mal de monde, y compris envers Bruce Wayne. Nous sommes bel et bien dans une aventure du "détective" plus que du "super-héros"; d'ailleurs on voit assez peu Batman et presque plus le quotidien de Bruce Wayne, qui est même à un moment donné accusé de meurtre, et qui va devoir déjouer une machination à son encontre. Il n'est pas tout seul puisqu'un une autre justicier dans la ville pourrait bien lui prêter main-forte. Vous connaissez probablement Huntress, alias Helena Bertinelli, qui nous est ici présentée comme une héroïne solitaire, dont quasiment tous les affects finissent par trouver un destin tragique. Elle était parvenue à se lier d'amitié avec une femme victime de violences conjugales, mais elle aussi a été retrouvée assassinée... Mariko Tamaki enserre peu à peu tous ces personnages dans une suite de rebondissements concentriques, avant que fatalement il soit possible de déduire quelque chose de plus clair, de comprendre que la piste principale amène jusqu'à l'Hôtel de Ville de Gotham, et l'équipe qui gouverne la ville. 




Il est question de virus, ou plus exactement d'un agent pathogène transmissible d'une personne à une autre, et hébergé par un individu au dessus des soupçons. D'une vague de folie furieuse qui assaille les victimes, et deviennent ainsi des monstres. Bref, la résolution de l'histoire est en soi assez classique, et l'enquête est (pardonnez le jeu de mot) parasitée par un choix narratif qui n'est pas des meilleurs. Ce qui est positif, c'est ce Bruce Wayne qui ne possède plus grand chose (même offrir une bouteille de scotch lui cause quelques regrets) et perd encore plus au fil des épisodes. C'est un sale moment pour le play-boy aux moyens autrefois illimités, qui va même croupir quelques nuits en garde à vue, au milieu de la faune avinée de Gotham.  Il est intéressant aussi de voir Huntress bien mise en avant, en tant que co-protagoniste de cet album, même si encore une fois la manière d'amener jusqu'à elle ce virus/pararasite est maladroit et discutable. Le dessin de tous ces numéros est globalement à répartir entre Dan Mora et Victor Bogdanovic. Le premier est une excellente synthèse entre le manga et le comics américain à la Romita Jr. Indéniablement un excellent artiste, quelqu'un sur qui compter pour un story-telling de qualité et même des splash page très suggestives. Le second a un trait un peu plus caricatural. Dans les visages, les expressions (la bouche surtout) on trouve un peu de Greg Capullo, mais moins précis et soigné. Comme s'il y avait un potentiel encore à affiner, à préciser. Tout cela donne un premier tome assez agréable pour la série Batman Detective, encore que je ne sois pas un fan inconditionnel du travail de Mariko Tamaki lorsqu'elle fait joujou avec des super-héros "classiques". Mention assez bien, mais ce n'est pas la série la meilleure de la nouvelle ère Infinite. 




UNIVERSCOMICS #21 : MARS 2022 COMICS & THE CITY

 



🔥🔥🔥 UniversComics Le Mag' #21 Mars 2022
84 pages. Gratuit.
Téléchargez le ici :
#Lire en ligne :

Tous les numéros sont disponibles dabs l'ongler fichiers, sur le groupe
"Comics & Super-héros urbains"
* Dossier Moon Knight. Découvrez le Chevalier de la Lune.
* Guide de lecture "urbaines". Des récits qui vous plongent dans une ambiance glauque!
* Punisher/Moon Knight, théâtre d'opérations psychiques, avec #AnthonyHuard
* Powers, retour sur #JessicaJones avec #AlexandreChierchia
* Freud & les super-héros. Ouvrage passionnant et entretien avec Anthony Huard
* Le cahier critique. On vous présente le #Peacemaker sur HBO max mais aussi Petites ballades cruelles chez Shockdom France , Stillwater et Reckless l'envoyé du diable sortis chez Éditions Delcourt , Ouroboros sorti chez Éditions Soleil , le nouveau #JudgeDredd publié chez Delirium , Redemption western post apocalyptique chez Panini Comics France , le #Batman imposter dispo chez Urban Comics
* Le podcast #Le Bulleur vous présente le meilleur de la BD. On ira chez Aire Libre Dargaud Futuropolis Les Arènes BD Éditions du Rocher Rue de Sèvres ou encore Editions Michel Lafon
* Preview. Accrochez-vous avec le terrible Ed Gein à sortir chez #Delcourt
* Preview. Sortie fin mars pour Soleil Noir, nouvelle bd passionnante chez #Shockdom
* Le portfolio du mois de mars
* Petite sélection librairie VF pour mars 2022
Cover du mois signée LeeMajors21 (Mark). Moon Knight power!
Logo, graphisme et autres magies variées de Benjamin Carret Art Page
21 numéros à ce jour. Merci à toute et à tous pour votre fidélité. Plus que jamais, on vous remercie pour les partages (sans lesquels ce Mag' ne pourrait perdurer) et pour vos remarques, toujours les bienvenues. On espère sincèrement que vous trouverez quelques petites choses intéressantes dans ce numéro, et on vous donne rendez-vous début avril pour le #22, sauf catastrophe nucléaire planétaire d'ici-là. Bonne(s) lecture(s)

THE LAST DETECTIVE : LES COMICS ARRIVENT CHEZ DRAKOO


 Drakoo inaugure une collection comics avec un album qui nous provient directement du Chili; il s'agit de The last détective qui est écrit par Claudio Alvarez et dessiné par Geraldo Borges. Si vous ne connaissez rien à l'histoire, il suffit simplement de lire les trois ou quatre premières planches. On a rarement vu un démarrage aussi concis, clair, et en même temps naturel. Je ne plaisante pas, essayez donc d'installer tous les éléments nécessaires à la compréhension d'un récit en aussi peu de place, sans être lourd, didactique, sans ennuyer le lecteur. Et bien, c'est exactement ce qui se passe ici. Nous faisons connaissance avec les principaux personnages, à savoir pour commencer la commissaire de police de la capitale de l'État de New Amazonia. Nous apprenons qu'une nouvelle version d'une drogue de synthèse est en train de faire des ravages, permettant à tous ceux qui l'absorbent de vivre leurs rêves durant cinq jours, avant de mourir dans d'atroces souffrances. L'histoire se déplace ensuite sur Joe Santos, une ancienne légende de la police qui fut aussi le coéquipier de la sœur de la commissaire, et qui a dû s'exiler dans la jungle, après l'échec cuisant de sa dernière mission. Voilà, vous savez déjà tout. Bien sûr, l'exil de Santos ne va pas durer très longtemps (enfin, pour être exact, cela fait 20 ans qu'il se terre dans son coin), il va de suite reprendre du service, puisque les victimes de cette drogue malfaisante commencent à s'accumuler et à provoquer des réactions dangereuses. L'ancien flic est hors de forme, il n'est plus capable de tirer correctement, une partie de son corps a été emportée par une explosion, lors de son ultime fiasco, et depuis il vit en solitaire avec un lapin. Mais si sa présence est absolument nécessaire, c'est parce que son ennemi d'autrefois semble être l'homme qui tire les ficelles de la nouvelle crise, un certain Black Joao, qui donne du fil à retordre aux forces de l'ordre. 




Pour un coup d'essai, ma foi, c'est assez réussi. Nous avions quelques craintes, devant la relative minceur de l'ouvrage, mais en fait, la pagination mesurée se révèle un atout. Aucun temps mort, pas de disgression stérile, et pour autant, l'ensemble ne souffre pas non plus d'une superficialité coupable, qui reviendrait à bâcler la trame pour arriver à une conclusion en toute hâte. Non, les personnages principaux restent bien campés, et ce Santos qui effectue un nouveau baroud après vingt ans sur la touche, on finit par s'y attacher. Seul bémol, à vouloir chicaner, un vilain à peine esquissé, si on compare au potentiel de départ. On retrouve dans The last Detective des préoccupations, une manière de peser les enjeux, qui trahissent les origines du récit, ce qui nous sort agréablement des sempiternelles histoires aux Etats-Unis. On y évoque la guerre aux stupéfiants, bien sûr, mais aussi la manière dont certains "natifs" sont considérés, ou encore la lente et inexorable modernisation d'un monde qui y perd son âme, dans le même temps. Borges accomplit un travail remarquable au dessin. Tout est soigné, tout est clairement maîtrisé, le storytelling est diablement bien ficelé, on a sous les yeux la prestation d'un artiste qui est à placer largement au niveau du meilleur de la production Marvel ou Dc. La bande dessinée est complétée par des pages extraites de la "gazette locale", de faux articles de journaux qui crédibilisent le background économique, social, politique, et explique comment les événements narrés sont présentés à la population, afin de ne pas semer le trouble et de présenter une version "publiable" expurgée. Une belle découverte, qui a vraiment tout pour elle. 




REDEMPTION : UN WESTERN POST-APOCALYPTIQUE CHEZ PANINI


Bienvenue dans la petite ville de Redemption, pour ce qui ressemble fort à un western post-apocalyptique. Dans un futur pas si lointain que ça, la société américaine s'est effondrée et désormais une des denrées les plus rares et des plus précieuses, c'est l'eau. La communauté toute entière est fortifiée et à l'intérieur des murs, c'est le révérend Stonewater qui fait la pluie et le beau temps. Le shérif est à ses ordres, et c'est une dictature absolue qu'il a instaurée, dans ce microcosme brûlant d'un soleil impitoyable. Dès les premières pages, ce sont les hurlements de Ines Obregon, par exemple, qui retentissent, pour avoir enfreint les lois locales, c'est à dire avoir pratiqué un avortement sur une jeune adolescente. Elle est condamnée à mort dans d'atroces souffrances. Sa fille Rose décide d'abandonner le village, pour partir à la recherche de celle qu'on nomme la Terreur. Cette quête n'est pas si stupide que cela, car il s'agit, si on en croit les récits locaux, d'une sorte de pistolera invincible et infaillible. Vous avez présent à l'esprit le Punisher par exemple, et bien imaginez donc une version âgée et féminine de Frank Castle, désabusée et solitaire, et qui plus est, qui aime les femmes. Ce détail est d'importance, car avec de telles mœurs, elle ne pouvait qu'entrer en collision avec le fanatisme bigot de Stonewater et du régime qu'il a instauré. C'est d'ailleurs cela qui semble caractériser les œuvres de Christa Faust chez AWA en ce moment, c'est-à-dire la présentation de personnages qui échappent aux normes habituellement représentées; des héroïnes qui ne ressemblent pas à ces bimbos en costumes moulants qui occupent actuellement le devant de la scène, mais plutôt des femmes banales, voire invisible aux yeux des autres (la mère de famille de Bad mother) ou encore une gunwoman ostracisée, comme peut l'être ici la Terreur. Un vent de changement qui pour l'instant fonctionne très bien, et permet de donner corps à des créations attachantes ou poignantes.


Bien entendu, le récit de Faust finit par mêler le passé et le présent, à travers des liens familiaux et sentimentaux qui unissent les différents personnages. Au fur et à mesure que le background de la Terreur se dévoile, on comprend pourquoi elle a choisi de s'isoler, pourquoi elle en veut tant à Stonewater et son shérif. Et on se laisse leurrer un instant par son désir de ne plus jamais prendre part à la moindre représailles, de vivre égoïstement en solitaire, loin de la stupidité et de la violence du monde; mais petit à petit elle devient une sorte de mentor pour la jeune Rose, et accepte de lui apprendre toutes les techniques possibles pour se défendre, et ne jamais rater sa cible. Lorsqu'arrive le moment de passer enfin à l'action, est-il encore possible, pour notre pseudo justicière, de se tenir à l'écart des événements? En tous les cas la scénariste a l'habileté de nuancer les origines de sa création, qui n'apparaît absolument pas comme une femme incomprise et innocente, mais a aussi du sang sur les mains, et un passé fait de zones d'ombre qui n'appelle pas nécessairement au pardon. En parallèle, l'épuisement des ressources naturelles, les conséquentes de la raréfaction de ce qui est indispensable à notre survie, fait partie des éléments moteurs d'un récit qui est très sombre et impitoyable jusqu'au dénouement où l'espoir et la révolte se confondent. Du côté de Mike Deodato, il faut souligner, une fois encore, l'incroyable versatilité d'un dessinateur qui a trouvé chez Awa un terrain de jeu idéal. Qu'on le charge de mettre en images un récit urbain, un western poisseux, ou même des robots (dans Not all Robots, à venir prochainement en vf), il est toujours aussi bon, avec un style proche du photo réalisme, une sobriété dans les effets qui vise à une efficacité totale, un montage éclaté qui est devenu depuis quelques années une marque de fabrique ultra reconnaissable. La lumière de Lee Loughridge magnifie l'ensemble, et donne à Redemption cette patine de rouille et de corruption idéale pour faire de l'album une œuvre aboutie et saisissante. Loin des canons du genre, avec des héroïnes aussi modernes qu'en décalage avec les propositions habituelles, voici donc un one-shot sur lequel vous pouvez investir sans craindre la déception. 







PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...