FLASH (INFINITE) TOME 2 : SUR UN AUTRE MONDE


Le Flash de Jeremy Adams, c'est Wally West. Qui est bel et bien l'homme le plus rapide du monde, et n'est plus ce réprouvé qu'il était devenu, suite aux événements tragiques de Heroes in crisis. Un bon coup d'éponge qui vient effacer une histoire audacieuse mais assez confuse, et surtout démontrer que lorsque tout semble changer, c'est surtout pour ne rien changer. Bref. Wally a réhabilité son nom, il a récupéré son épouse adorée, et même l'existence de ses deux enfants, Jay et Irey. Tout serait parfait dans le meilleur des mondes, s'il n'y avait pas un petit nuage à l'horizon : la nécessité de trouver un travail pour mettre du beurre dans les épinard, d'un couple qui a du mal à joindre les deux bouts. Ne riez surtout pas. Wally pourrait gagner de l'argent de bien des manières (avec ses pouvoirs ce ne sont pas les idées qui me manquent), sans oublier qu'il fréquente des mécènes bien généreux, qui pourraient fort bien récompenser le fait qu'il sauve le monde chaque fin de semaine. Oui mais voilà, l'homme est orgueilleux et entend mettre ses talents pour la mécanique à l'épreuve. Un Flash sans la moindre ambition, aurait on envie de lui asséner. En plus, l'ami Wally n'est pas si à cheval sur ses principes que cela, puisqu'il est recruté par Mister Terrific, qui dirige une entreprise futuriste, où cohabitent des chercheurs dont l'activité consiste à palabrer sur des concepts scientifiques fumeux, histoire que le lecteur comprenne qu'ils ont de la matière grise à revendre.  Le nouveau patron lui permet de s'absenter quand il le souhaite, c'est à dire que son temps de présence effectif va chuter au niveau de celui d'un député RN au parlement européen, ce qui se rapproche quand même dangereusement d'un emploi fictif. Auparavant, notre gentil bolide aura croisé la route d'un Heat Wave qui se sait condamné, victime d'un cancer. Son dernier acte d'homme "libre" sera donc de tout carboniser autour de lui. On a vu mieux et plus sensible, comme conclusion. Irey, la fille de Wally, va pour sa part être l'héroïne d'un épisode où le Docteur Cauchemar donne corps aux pires rêves de ses victimes. 




Mais le plat de résistance de ce second tome  pointe le bout de son nez en même temps qu'une sorte de lance mystique, tombée d'où ne sait où (du ciel, littéralement). Contrepoint parfait de Mjolnir, le marteau de Thor, personne ne parvient à empoigner l'objet qui est solidement fiché dans le sol, si ce n'est quiconque est indigne…  Ce sera le début d'une aventure plus longue que les autres, qui concerne aussi le numéro double #775, dans lequel on va retrouver le (nouveau) Docteur Fate, et pas mal d'autres personnages mystiques, comme Constantine ou Zatanna. En parallèle, les enfants de Wally (tout particulièrement la gamine) trouvent le moyen de se mettre dans de sales draps. Une bonne excuse pour faire avancer une intrigue secondaire qui concerne leurs pouvoirs, redistribués de manière à ce que seule Irey puisse les utiliser. Tout cela aussi, ça ne devrait guère durer. Vous pourriez penser, au ton de ces quelques lignes, que je n'accorde pas trop de crédit au scénario de Jeremy Adams, mais vous auriez tort. Tout en écrivant des choses légères assez souvent, il parvient à rendre vivantes et intéressantes les aventures de ce Flash un poil moins sérieux ou coincé que ne l'est Barry Allen, en temps normal. Il est par ailleurs entouré de dessinateurs qui sont tous largement à la hauteur, dans un style très dynamique et super-héroïque. Fernando Pasarin est un des artistes les plus consciencieux et réguliers qui fréquentent la distinguée Concurrence, alors que Will Conrad, un tantinet plus personnel et donc susceptible de diviser, s'adapte parfaitement au ton de la série. Le Flash Infinite est une sorte de grand écart entre comic book truculent axé autour d'une vie de famille effervescente, et des rebondissements standards, entre visite de réalité alternative, manifestation/disparition de super pouvoirs, ou autres guest stars de prestige. Tout est dans le dosage, et pour le moment, le cocktail se boit avec plaisir, sans vraiment monter à la tête.  

Pour le tome 1, vous pouvez aller voir par ici


INCOGNITO : LE POLAR SUPER-HÉROÏQUE D'ED BRUBAKER EN INTÉGRALE


Zack Overkill s'ennuie, Zack  Overkill vivote. Être employé de bureau et passer son temps à écouter les collègues ou encore à faire des photocopies, ça n'est pas fait pour lui. Il faut dire que bien des années auparavant il était un des super vilains les plus puissants et les plus tordus de la planète. Assassiner quelqu'un, faire le mal sans se poser de question ne lui a jamais posé un cas de conscience particulier. Mais ça c'était avant. Depuis, son frère jumeau a connu une triste fin, lui-même s'est fait coincé par la police spéciale et il a accepté un programme spécifique de réinsertion, en échange d'informations précieuses sur l'organisation Black Death (quelle subtilité), ceux avec qui il a collaboré autrefois... et bien entendu la neutralisation de ses pouvoirs, par le biais d'une sorte de drogue inhibitrice à absorber chaque jour. Autrefois, Zack était quasiment invulnérable, un surhumain qui ne craignait pas grand chose, et se savait bien en mesure de se servir, sans qu'on puisse l'en empêcher. Mais du coup, c'est le grand écart entre une vie réglée par l'excitation du moment la sensation d'être tout-puissant et au-dessus du commun des mortels, les montées d'adrénaline régulières, et ce train-train morne et répétitif, du repenti protégé par la police, sous une nouvelle identité, dans une nouvelle existence factice. Il suffirait donc de pas grand-chose pour que Zack bascule vers l'action parfois radical, un petit grain de sable qui vient enrayer la machine, ou comme c'est toujours le cas dans les récits d'Ed Brubaker, ce clin d'œil sournois et ironique du hasard, qui frappe là où ne l'attend pas ou plus, et qui met en branle toute une série des réactions en chaîne. 



En réalité, Zack entame un parcours vers la rédemption, sans jamais s'exposer de trop en ce sens. Quand il réalise qu'il peut tromper la vigilance de ceux qui prétendent l'encadrer, c'est pour cette fois accomplir des actions bénéfiques, même si parfois maladroites ou totalement involontaires. Il n'a aucunement l'intention de se targuer de l'étiquette de redresseur de torts, ça ne le tente même pas; pour autant il n'est plus ce parangon de violence et du mal d'autrefois, et navigue désormais en eaux troubles, tout en se révélant utile pour la communauté. Ce qui lui vaut, par ailleurs, d'être repéré. C'est sa parole et ses remarques qui rythment la narration, où suintent une forme latente de dépression et un désabusement total et railleur, qui permettent au lecteur de nourrir une curieuse forme d'attraction, qui vire à l'empathie dès lors que les pans secrets de la jeunesse et de l'histoire de Zack sont révélés, et font de lui une victime malheureuse plutôt qu'un criminel cynique. Comme toujours Ed Brubaker brille quand il s'agit de mettre en place un polar aux multiples ramifications; s'il excelle clairement dans sa partie, il est en plus question de super-héros, de machinations politiques et de la manière dont on peut employer une force absolue quand on en est capables, sans devoir rendre des compte à des "inférieurs" qui ne sont pas en mesure de s'opposer à vous. Est-il moral de mettre des dons spectaculaires au service d'une cause égoïste, cupide ou franchement nihiliste ? En complément, de nombreuses références à la tradition des pulp d'antan viennent étoffer une histoire et une ambiance qui sont particulièrement bien servies par un Sean Phillips inspiré. Storytelling très cinématographique, capacité de maintenir en haleine aussi bien à travers des scènes statiques de discussions poisseuses et alcoolisées, ou de combats et d'explosions de violence, ses armes contribuent grandement à la réussite d'Incognito, que Delcourt ressort dans une très belle intégrale. Les deux volumes initiaux sont ici réunis, et agrémentés d'une belle brochette de bonus, entre couvertures alternatives et rédactionnel illuminant. En fait, pour résumer cette chronique et faire très court, il suffit de lire les crédits, sur la couverture. Brubaker, Phillips, take my money, baby



THE PRO : RETOUR CHEZ AKILEOS D'UNE HÉROINE BIEN PARTICULIÈRE


 Si les super-héros peuvent aussi être des modèles pour le lecteur, Garth Ennis est pour sa part un maître dans l'art de prendre le contre-pieds des attentes et de créer des personnages ultra trash et attachants. The Pro, qui signifie "professionnelle" est une travailleuse du sexe. Une façon pudique de dire qu'elle fait le trottoir, avec plus ou moins de chance, puisque régulièrement ses clients la tabassent ou la volent pour ne pas avoir à payer. Outre cet aspect glauque de son "travail", elle doit aussi faire face à des retards dans le loyer (pour un appartement miteux) et sa condition de mère célibataire en détresse. Jusqu'au jour où un extra-terrestre qui enquête sur la noblesse de notre race décide de lui conférer de formidables pouvoirs (histoire de se moquer gentiment des personnages Marvel, c'est une espèce de copie carbone malsaine du Watcher, le Gardien de chez la Maison des Idées), avant d'alerter la Ligue d'Honneur, un groupe de héros qui caricaturent la célèbre Justice League de Dc. Une formation désopilante composée de frustrés, de maniaques sexuels, de pervers et d'exhibitionnistes, conduite par Le Saint, un version alternative de Superman, qui refuse d'assumer ses envies et ses pulsions. Ce qui est compréhensible, quand on assiste un peu plus loin dans le récit à une de ses éjaculations ultra puissantes, qui fuse vers le ciel et provoque une catastrophe aérienne! Quand un gang de criminels aux noms de code improbables inspirés par … la grammaire attaquent les Nations-Unies, la Ligue se rend compte que les méthodes de la nouvelle recrue sont plutôt expéditives et à l'encontre de ce que les apparences et le bon ton exigent : vulgarité assumée, violence non retenue, tenues vestimentaires ébouriffantes et comportement que la morale réprouve (elle urine sur les vaincus devant le conseil de l'Onu)… Le Saint se sent outragé, mais accepte de donner une autre chance à la professionnelle, qui va lui faire découvrir les joies du sexe et de la culpabilité. Ce qui donnera l'occasion à la Wonder Woman made in Ennis, une certaine Lady, de jouer les donneuses de morale, sans en avoir l'étoffe. 



The Pro, c'est irrévérencieux au point extrême, et en plus, c'est bien construit, fort drôle, et simple à lire. Une récréation addictive, qui met à mal le mythe de ces héros sans peur et sans désir, dont les corps rutilants exultent sous le spandex et le cuir sans jamais se dénuder et se rencontrer. Avec Ennis, le sexe compulsif et ses méandres guident les actes et les choix de ces héros mis en image par Amanda Conner. Un style relâché, immédiat, qui ne cherche pas à donner dans le réalisme, mais dans le pastiche gore et assumé. Jimmy Palmiotti à l'encrage est lui aussi de la partie, pour un comic-book haut en couleurs, dans tous les sens du terme, qui ne connait pas l'existence du temps mort ou de la retenue. Indiscutablement une des créations les plus folles de Garth Ennis, qui ne se contente pas non plus d'empiler les scènes provocatrices, mais tentent aussi de glisser par endroits une pensée plus approfondie, comme par exemple l'incapacité des héros à résoudre les vrais problèmes du monde, comme s'ils préféraient parader et faire perdurer leurs petits jeux de pouvoirs, plutôt que de vraiment se rendre utiles à une société, une communauté, où l'homme (et ici la femme) en difficulté ne peut plus compter que sur lui/elle même. On sait que Garth Ennis, de base, n'est pas un grand amateur de super-héros, et cette version parodique est encore un moyen de prendre du recul et de démythifier des êtres forts comme des dieux, mais fragiles comme n'importe lequel d'entre nous. En germe donc, on trouve dans cette histoire le côté désabusé et même prévenu, à l'encontre de super-héros un peu moins reluisants dans l'intimité qu'en public. Au moins, "La Pro" a beaucoup moins à cacher, et aucun récit moralisateur a défendre. Pour les retardataires qui ne connaissent pas encore cet album, une nouvelle édition vient de sortir chez Akileos. Une bonne idée d'investissement, y compris à offrir. 



BATMAN ONE DARK KNIGHT : JOCK DANS LA NUIT DE GOTHAM


 Vous le savez bien, Gotham n'est pas la ville lumière par excellence. C'est plutôt le royaume de l'obscurité, de la noirceur, de la nuit permanente. Du reste, on a rarement vu Batman se balader dans la rue et faire ses courses dans son costume de chauve-souris, en plein après-midi, au supermarché du coin. Mais là, c'est encore pire que d'habitude. Au départ il y a un super criminel du nom de EMP; ses pouvoirs sont basés sur les champs magnétiques et toutes les formes d'énergie, qu'il parvient à aspirer jusqu'à atteindre une forme d'overdose, qui le contraint alors à libérer des forces terribles. Le type a autrefois était le responsable d'un véritable drame dans la ville et depuis il accepte de purger sa peine, en se considérant lui-même comme coupable d'exactions pour lesquelles il n'existe pas de pardon possible. Seulement voilà, l'heure est venue de le transférer de l'asile d'Arkham, où il était pour l'instant interné, à la prison sous haute sécurité de Blackgate, là d'où a priori personne ne peut s'évader. Le problème, c'est le trajet… il faut un transport spécifique pour que EMP ne puisse pas libérer ses énergies et il faut également tenir compte du fait que dehors, de nombreux gangs à l'attendent au virage, entre ses anciens hommes de main et ceux qui ont décidé de se venger et de le liquider à la première occasion. Au milieu de tout cela, nous trouvons Batman qui est censé veiller sur le véhicule blindé et s'assurer que le détenu rejoigne bien sa nouvelle cellule. Je pense que vous avez tout de suite compris que les choses ne vont pas se passer comme prévu, et qu'à un moment donné EMP va se retrouver dans la nature! Cela dit, tout ne va pas exactement se déroulait comme on pourrait l'imaginer.


Le scénario de cet album n'est pas forcément des plus élaborés, il faut bien l'admettre. Il s'agit d'une course poursuite à travers la ville, avec un Batman qui doit veiller sur un détenu en piteux état, qui pour une fois n'essaie pas de se faire la malle tout seul, mais qui par contre est l'objet des convoitises de tout un tas de malfrats. Tout ceci risque de mal finir et si en temps normal Batman n'aurait aucun problème à se débarrasser de chacun des assaillants en conservant une main dans le dos, c'est beaucoup plus difficile lorsque le nombre devient écrasant et que chaque carrefour recèle un guet-apens mortel. Une course contre la montre s'engage alors dans la ville, en pleine nuit, dont l'objectif est simple : amener EMP à Blackgate avant le lever du jour et sans qu'il libère des énergies à l'effet dramatique sur la ville. Sauf que assez rapidement, la situation dérape… Jock est à la fois le scénariste et le dessinateur de cet ouvrage; pour ce qui est du dessin, il n'y a rien à redire car vous le savez, c'est un artiste extraordinaire, qui a une maîtrise de l'obscurité, du noir et ses déclinaisons, des ombres et des formes qu'elles peuvent dessiner, absolument remarquable. J'en fais même personnellement un de mes dix ou quinze artistes favoris, pour ce qui est du circuit contemporain, c'est vous dire. Il est ici en très grande forme et certaines de ses planches sont véritablement splendides. On est totalement en immersion dans cette nuit qui n'en finit pas, traversée et déchirée par des explosions, des coups de feu, des intuitions graphiques remarquables. Côté scénario, Jock s'en tire car il parvient à glisser quelques éléments disparates, comme une conspiration pénitentiaire, une histoire familiale, bref il crédibilise un récit des plus simplistes par petites touches, ce qui au final le rend beaucoup plus attachant. L'album regroupe en fait trois épisodes, trois grandes parties publiées séparément aux États-Unis, sur le Black Label de DC Comics, ce qui explique le format un peu hors norme mais particulièrement adapté au talent de l'artiste. On y retrouve un Batman à mi-chemin entre le Frank Miller de Sin City et l'inventivité graphique d'un Sienkiewicz. C'est particulièrement beau, ça se lit assez vite, bref un petit plaisir (presque) coupable qu'on peut vous recommander sans la moindre hésitation.





UNIVERSCOMICS LE MAG' 29 : BLACK PANTHER LES COMICS AU WAKANDA


 

UNIVERSCOMICS LE MAG' #29
Novembre 2022
84 pages - Gratuit

Téléchargez votre copie PDF :
#Lire en ligne :

#BlackPanther Les comics au #Wakanda
- Black Panther, le dossier du mois
- Guide de lecture, T'Challa dans les comics #Marvel
- #BlackAdam le film, critique complète
- Portrait héroïque, #CarolDanvers avec #AlexandreChierchia
- L'actualité en VO, les chroniques en direct des States
- Le cahier critique du mois, avec les review des albums choisis. Reckless et Ultramega chez Éditions Delcourt Inferno et le Silver Surfer chez Panini Comics France du Batman, Primordial et the Plot Holes de Murphy chez Urban Comics la suite excellente de Copra de Michel Fiffe chez Delirium ou encore la fin de La Belgica chez Editions Anspach
- Le podcast #LeBulleur vous présente le meilleur de la Bd, sept pages pour tout savoir des sorties du moment
- Preview : Batman Le Film 1989, les premières pages, chez Urban Comics
- Preview, nouvelle série pour les #FantasticFour
- Portfolio, à la découverte du super Fabiano Ambu
- Petite sélection des sorties Vf de novembre

Un grand merci à celles et ceux qui nous lisent, nous soutiennent, nous supportent, chaque mois. Ce Mag' est pour vous. Cover Panther de grande classe signée #BenjaminQuinajon soumise aux talents graphiques de Mighty Benjamin Carret comme toujours.

Contrairement au Fight Club, rappelez-vous la règle : Le Mag', on en parle, et à tout le monde. Partagez sur les forums, les réseaux, avec vos amis, au supermarché, dans la cour de récré. C'est la seule manière de nous aider (encore que les dons sont les bienvenus) et de vous garantir un prochain numéro en décembre. D'ici-là, bonne lecture.

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA DERNIÈRE REINE


 Dans le 138e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La dernière reine, album que l’on doit à Jean-Marc Rochette, édité chez Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de la seconde partie de Vernon Subutex, l’adaptation du roman de Virginie Despentes par Luz, un album sorti chez Albin Michel

- La sortie de l’album Le ciel pour conquête que l’on doit à Yudori et aux éditions Delcourt

- La sortie de l’album Vénus à son miroir que l’on doit au scénario de Jean-Luc Cornette, au dessin de Mattéo et c’est édité chez Futuropolis

- La sortie de l’album Le match de la mort que l’on doit à Pepe Gálvez au scénario, Guillem Esriche au dessin et c’est édité chez Les arènes BD

- La sortie de l’album Une romance anglaise que l’on doit au scénario de Jean-Luc Fromental, au dessin de Miles Hyman et c’est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre

- La réédition du Dracula de Georges Bess qui adapte ici le roman de Bram Stocker dans un ouvrage disponible aux éditions Glénat.





INFERNO : JONATHAN HICKMAN BOUCLE SES VALISES


 Inferno. Pour les lecteurs les plus anciens, la référence est évidente, c'est-à-dire une des sagas mutantes les plus célèbres des années 1980, avec des démons venus d'un autre plan d'existence qui envahissent New York. Sans oublier la Goblin Queen qui fait des siennes! Pour les autres, rien de grave, car il s'agit ici d'un récit totalement différent, qui vient  apporter une conclusion à la prestation de Jonathan Hickman sur les X-Men. Plutôt que le mot prestation, il serait bon de dire révolution, tant le scénariste a su chambouler l'ordre établi pour proposer quelque chose de fort différent de ce qui existait avant lui. Alors bien sûr, cette mini série en quatre parties publiée d'un coup dans un softcover d'une épaisseur remarquable ne sera pas accessible à celui qui n'a absolument rien lu ces dernières années. Par contre, si vous vous êtes contentés des tout débuts, c'est-à-dire House of X / Powers of X, vous aurez tout de même un point de vue global et satisfaisant sur la situation, d'autant plus que Hickman vous apportera les éléments qui vous manquent au fur et à mesure, même si de façon parcellaire. Les faits les plus importants sont les suivants : les mutants sont établis sur l'île de Krakoa et forment une nation capable de damer le pion au grand pays de ce monde. Ils ont trouvé un moyen de contourner la mort et à chaque fois que l'un d'entre eux connaît une fin tragique, il revient très vite sur scène, dans un nouveau corps qui conserve les souvenirs et la personnalité de celui qui est tombé au champ de bataille. Si tout n'est pas parfait, néanmoins nous sommes loin des X-Men traqués et en déroute que nous avons lus souvent, auparavant. Il y a toutefois une condition importante à tout cela : qu'aucun mutant doté du pouvoir de lire l'avenir ne puisse se balader sur Krakoa, encore moins Destiny, qui dans une vie précédente a chassé et brûlé (avec  sa compagne Mystique) la généticienne Moïra MacTaggert, qui est désormais une mutante au pouvoir bien particulier. Elle aussi peut renaître si elle meurt, mais à chaque fois, c'est l'existence tout entière qui disparaît, puis reprend, réécrite, alors qu'elle garde les souvenirs de ses expériences précédentes. Tout ceci compose le substrat nécessaire pour aborder Inferno avec profit.



Ce sont donc les secrets et la petite cuisine interne dans le gouvernement mutant qui vont provoquer les failles menaçant l'édifice tout entier. Moira, Magneto mais aussi le Professeur Xavier, un triumvirat qui va devoir faire entrer dans l'équation un quatrième personnage très important en la personne d'Emma Frost. Mais voilà, la Reine Blanche n'est pas du genre à accepter qu'on se joue d'elle pendant si longtemps, avant finalement qu'on la mette dans la confidence, quand il n'y a plus grand chose d'autre à faire. Ce n'est pas exagéré de dire que nous passons à deux doigts d'un cataclysme majeur, qui aurait pu réécrire l'histoire entière des X-Men. Au lieu de cela, Jonathan Hickman laisse bien entendu à son successeur le soin de compléter l'édifice, qui dispose donc de fondations solides et d'un lectorat renouvelé, globalement séduit par tout ce qui a été fait durant ces trois dernières années. En fait, cette mini série vient se rattacher directement aux attentes qui étaient celles que nous avions tous au départ, c'est-à-dire les relations politiques et économiques qui unissent ou séparent Krakoa et le reste du monde, ainsi que les différentes lignes narratives (ou de réalité) causées par les différentes existences de la généticienne McTaggert. Tout ceci n'avait jamais finalement été affronté de manière aussi directe et il fallait alors attendre ce final, pour qu'enfin nous ayons les idées un peu plus claires concernant la grande tapisserie d'un scénariste exigeant. Le dessin est remarquable et associe Stefano Caselli, Valerio Schiti et R.B Silva, avec quelques planches ou situations qui sont extraites des tout premiers moments de HoX/PoX, dont nous avons déjà parlé dans la première partie de cette critique. On appréciera le rythme et le rendu visuel de ces quatre épisodes, qui passent régulièrement d'une situation à l'autre, de Krakoa à l'incursion de Magneto et de Xavier dans la base de Nemrod, tout comme nous apprécions le retour sur scène de Destiny, visiblement rajeunie, qui peut désormais reprendre le fil de son histoire sentimentale avec Mystique, sur des bases aussi romantiques que dramatiques. Encore quelque chose de réjouissant, le rôle que joue Cypher alias Doug Ramsay dans cette histoire; lui qui au départ était un mutant assez inoffensif, dont le seul pouvoir était de comprendre et pratiquer tous les langages du monde, se retrouve désormais au centre de l'échiquier, capable de prendre des décisions et de mûrir une réflexion qui n'a rien à envier à celle de Machiavel. Mais un Machiavel porté par le bien et l'utilité publique. Un personnage qui protège donc l'éthique de mutants qui ces temps derniers ont découvert que pour atteindre la plénitude de leur potentiel, puis conserver un havre de paix, ils pouvaient bien mettre de côté la morale, au profit d'une organisation non pas immorale, mais amorale, c'est-à-dire se plaçant en marge de ce que l'on attend d'eux, avec l'assurance que lorsqu'on possède de tels pouvoirs et une telle technologie, l'hégémonie est un défaut mineur pour interpréter et aborder le monde. X-Men rules! 






PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...