DESTRO (SEIGNEUR DE GUERRE) : LES ARMES ET L'ARGENT, NERF DE LA GUERRE


 Plongeons aujourd'hui dans la complexité de l'univers de la vente d'armes de haute technologie… à ce petit jeu, James McCullen Destro XXIV est assurément une des figures de proue du secteur. Sa compagnie s'appelle M.A.R.S. Industries et il est un des producteurs et fabricants les plus en vu et doués de la planète. Au point d'ailleurs qu'il s'est associé avec Cobra Commander, l'ennemi légendaire des G.I. Joe pour écouler sa marchandise. Mais, bien entendu, Destro n'est pas le seul à opérer sur le marché : il a des rivaux qui sont tout aussi malins que lui et possèdent tout aussi peu de scrupules. Par exemple, Tomas et Xamot Paoli. Ceux que l'on appelle les "jumeaux pourpres" sont deux concurrents particulièrement gênants. Destro s'en rend compte alors qu'il organise une sorte de grande convention des fabricants d'armes dans l'état fictif de la République de Darklonie, qu'il vient de soumettre après avoir organisé une sorte de rébellion populaire, qui va permettre à sa famille de gérer à sa guise ce petit bout de territoire européen. Le salon subit une attaque en règle avec l'apparition notamment de drones ultra modernes et indétectables aux radars, qui sèment la destruction. Pour Destro, il ne fait aucun doute que cette attaque a été coordonnée par les jumeaux pourpres et dès lors, il va lui falloir trouver un moyen pour que l'équilibre de la terreur est des armes ne finissent pas par mettre à genoux des antagonistes dont les objectifs pourraient bien être au final un peu les mêmes. Tout ceci s'insère dans l'Energon Universe publié en français chez Urban Comics et contribue à approfondir ce microcosme renaissant, en explorant une facette cruciale de ce monde (mais aussi du nôtre) : qui sont ceux qui se garnissent les poches du malheur des autres, avec quels objectifs personnels et économiques ? 



Dan Watters rempli convenablement sa mission et fait ce qu'il doit pour rendre l'album intéressant. Nous saisissons très bien quels sont les enjeux et la manière dont la guerre perpétuelle est absolument nécessaire à tous ceux qui fabriquent les armes. Même lorsqu'ils sont concurrents, même lorsqu'on a l'impression que ce qu'ils voudraient le plus, c'est s'éliminer réciproquement, il est bien évident que le processus ne peut jamais prendre fin et qu'il faut toujours que la menace soit réévaluée à la hausse pour produire de nouvelles merveilles technologiques destructrices. La prochaine étape, par exemple, c'est forcément l'intelligence artificielle, ici avec un satellite capable de prendre des décisions autonomes. Destro représente tout cela, le type foncièrement dingue mais en réalité extrêmement lucide sur l'activité professionnelle qu'il s'est choisi, ce qui le pousse à contracter des alliances avec des gens qu'il devrait haïr, normalement.  Il est aussi un peu pathétique, muré dans sa solitude et caché derrière son masque, un peu à la manière de Fatalis. C'est sur la tombe de ses ancêtres qu'il va se recueillir lorsqu'il a besoin de réfléchir aux événements et qu'ils se sent probablement ballotté, pris entre plusieurs feux, dans la nécessité de devoir choisir son camp. Du côté du dessin, Andrei Bressan s'en sort avec les honneurs, produit des pages qui mettent en scène des explosions, des armes et des antagonistes d'un bout à l'autre. Lorsqu'on regarde ce type de parution, avec un anti-héros principal qui évoquera quelque chose surtout pour les fans hardcore de la franchise G.I.Joe, on se pose tout de même la question de savoir comment ce titre pourra se démarquer, au milieu de l'océan des sorties actuelles. L'Energon Universe est loin d'être inintéressant mais il multiplie pour l'instant les mini séries, dont certaines centrées sur des protagonistes loin de faire l'unanimité dans le cœur des lecteurs. Je serais bien surpris de voir quels sont les chiffres de vente de ces albums. 



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ROM : L'OMNIBUS QUE LES FANS ATTENDAIENT DEPUIS QUATRE DÉCENNIES




 Il existe une similitude frappante entre le personnage de Rom et celui du Surfer d'Argent, que vous connaissez probablement bien mieux. La grande différence, c'est que Rom n'est pas un super-héros inventé par Stan Lee à l'âge d'or de sa créativité diabolique, mais un jouet dont Marvel a acquis les droits afin d'en faire un comic book. Bonne nouvelle : tout restait à écrire ! En dehors de l'apparence de ce cyborg venu d'une autre planète, tout n'était encore qu'une page blanche sur laquelle la Maison des Idées allait pouvoir projeter ses propres élucubrations. C'est Bill Mantlo, scénariste chevronné et l'un des auteurs phares de la grande époque des années 1970 et 1980, qui va donner corps à la saga des Chevaliers de l'Espace. Rom vient d'une lointaine galaxie, où son monde natal, Galador, a été menacé par l'invasion d'une race belliqueuse dotée de pouvoirs mystiques : les Spectres Noirs. Pour les repousser, l'élite de la jeunesse galadorienne s'est portée volontaire afin d'être transformée en créatures mi-humaines, mi-machines, à mi-chemin entre le robot géant lourdement armé et l'être de chair. Rom est l'un des plus célèbres d'entre eux et, lorsque commence notre histoire, il semble être le dernier survivant de cette unité d'élite qui s'est mesurée aux Spectres Noirs deux siècles auparavant. Pendant ce laps de temps, le Chevalier Blanc – en raison de l'armure qui recouvre son corps – a traversé le cosmos et vécu de nombreuses aventures avant de finalement débarquer sur Terre, où il poursuit inlassablement sa mission. Car depuis ces sinistres événements, les Spectres Noirs ont compris qu'ils pouvaient coloniser notre monde en prenant les traits d'humains ordinaires : journalistes, policiers et, pire encore, hauts responsables des services secrets, y compris jusqu'au Pentagone et au sein du SHIELD. On pourrait croire qu'en dépit de son apparence inquiétante, Rom réussirait à convaincre les Terriens de la noblesse de son combat. Mais son plus grand problème réside dans son arme fétiche, le Neutraliseur, qui lui permet de bannir les Spectres Noirs dans la dimension des Limbes – car il refuse de les tuer, même s'ils sont ses ennemis acharnés. Or, pour nous, simples mortels, la scène est trompeuse : nous ne voyons qu'un humain semblant calciné sous les effroyables rayons de l'extraterrestre, alors qu'en réalité, il ne s'agissait que d'une vile imposture, un ennemi dissimulé préparant la conquête de notre planète. L'unique alliée de Rom au départ est une jeune femme du nom de Brandy, la seule à comprendre ce qui se trame réellement. Elle est profondément marquée par la noblesse d'esprit de cet être fusionné à son armure. De son côté, Rom n'est pas insensible à son charme, bien qu'il refuse de s'autoriser de véritables sentiments. Problème : Brandy a déjà un petit ami, un certain Steve, qui est initialement persuadé que l'extraterrestre est un criminel. Peu à peu, il sera bien forcé d'admettre la vérité, tout en conservant une pointe de jalousie, digne des plus belles heures du soap opera à la sauce Marvel – un ingrédient qui, il faut bien l'avouer, a largement contribué au succès et à la richesse des comics de l'âge d'argent et de bronze.



Le triangle amoureux entre Rom, Brandy et Steve ne se limite pas à un simple artifice narratif, il constitue l’un des moteurs essentiels de l’action. L’intrigue atteint son paroxysme lorsque le fiancé officiel est remplacé par un Spectre noir qui s’apprête à épouser la jeune femme en détresse. Pendant ce temps, le véritable Steve croupit dans une cellule, aux côtés d’un journaliste ayant découvert la vérité sur ces créatures extraterrestres grâce à ses photographies. Bien sûr, le prisonnier parvient à s’évader de manière rocambolesque et interrompt la cérémonie in extremis, sauvant ainsi sa promise d’une union contre nature. Ce mariage à tout prix soulève d’ailleurs bien des interrogations : pourquoi les Spectres noirs tenaient-ils tant aux épousailles ? Leurs objectifs semblent pour le moins étranges pour des entités venues des confins de l’espace. Dans les pages de ce premier omnibus (le premier d’une trilogie prévue), on croise également d’autres personnages de l’univers Marvel, bien qu’ils tardent à réaliser l’ampleur de la menace et donc à intervenir. Au début, seuls des seconds couteaux, comme le Penseur Fou ou un jeune Valet de Cœur, croisent la route de Rom. Mais très vite, des figures plus notables apparaissent, notamment les X-Men (ensuite Nova, ou Galactus), impliqués dans un arc narratif tragique en deux épisodes. Ces derniers se retrouvent confrontés à une créature hybride, née de l’union contre nature d’un Spectre noir et d’une Terrienne. Comment deux espèces aussi dissemblables ont-elles pu engendrer une telle progéniture maléfique ? Mystère. Toujours est-il que cela s’est bel et bien produit. Rom joue habilement la carte du récit conspirationniste. D’abord, parce que les humains sont incapables de percevoir les Spectres noirs à l’œil nu. Ensuite, parce que ces derniers ont infiltré les plus hautes sphères du gouvernement, rendant impossible toute distinction claire entre alliés et ennemis. À chaque page, le doute plane : qui est digne de confiance ? Qui est un traître ? Qui tire réellement les ficelles ? Bill Mantlo mène cette intrigue d’une main de maître, d’autant plus que nous sommes au début des années 1980, une époque où l’imaginaire et l’émerveillement prenaient le pas sur toute exigence de réalisme. L’objectif était avant tout de proposer une bande dessinée divertissante, horrifique et pleine de rebondissements. Peu importait si la science ou la logique venaient contredire certains coups de théâtre ! Le dessinateur de ce premier omnibus est Sal Buscema, petit frère de John Buscema et artiste injustement sous-estimé, malgré son empreinte indélébile dans l’histoire de Marvel. Son style nerveux et anguleux est parfaitement adapté à un récit où les personnages sont constamment traqués, choqués, acculés. Il excelle dans la transmission des émotions fortes, insuffle à chaque planche une tension latente et une expressivité vibrante. Même lorsqu’il est contraint de travailler à un rythme effréné, au détriment du soin apporté aux détails, son talent reste indéniable. À la fin de l’ouvrage, on retrouve également des récits complémentaires intitulés Saga of the Spaceknights, qui, en cinq pages à chaque fois, reviennent sur les premières années de lutte de Rom et de ses compagnons, notamment Starshine et Terminator. Ces deux guerriers, symbolisant respectivement la lumière et l’ombre, l’accompagnent depuis le début de sa grande mission. Il aura fallu attendre quatre décennies pour voir enfin cette épopée publiée en intégralité dans de beaux albums en librairie. Jusqu’ici, toutes les tentatives de compilation avaient été compromises par des problèmes de droits, rendant la réédition des plus de 70 épisodes extrêmement compliquée. Dès la sortie de ce premier omnibus chez Panini, des critiques ont cependant émergé concernant la qualité de la traduction. Jérémy Manesse a en effet choisi de franciser tous les noms de personnages : ainsi, Starshine devient Lumina, et Deathwing se transforme en Morte-Aile. Un choix curieux, surtout pour un lectorat majoritairement nostalgique. Cela mis à part, la traduction ne comporte pas d’erreurs majeures ni de coquilles flagrantes, même si quelques fautes se glissent ici et là. Si vous envisagiez d’acheter cet ouvrage, il n’y a donc aucune raison de vous en priver, d’autant plus que les épisodes publiés à l’époque dans le magazine Strange avaient été massivement censurés et imprimés sur un papier de qualité indigne. La série avait même fini par être purement et simplement abandonnée. Aujourd’hui, les temps ont bien changé pour les comics en France, et c’est tant mieux. Le grand shoot de nostalgie hivernal nous vient de Galador, et on aurait tort de bouder notre plaisir !



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AUCUNE TOMBE ASSEZ PROFONDE : LE WESTERN MACABRE DE YOUNG ET CORONA


 Commençons cette petite chronique en mettant en avant un élément auquel nous accordons trop rarement d’attention : la traduction du titre Ain’t No Grave en version originale devient Aucune tombe assez profonde en langue française. Difficile d’imaginer une adaptation plus intelligente et pertinente. Poursuivons avec la forme sous laquelle Urban Comics propose l’œuvre de Scottie Young et Jorge Corona : un grand format luxueux qui s’éloigne du comic book traditionnel de super-héros et rend un hommage artistique digne de ce nom aux compositions du dessinateur. On est ravis ! Le personnage principal de cette bande dessinée s’appelle Revolver Ridge Ryder. Autrefois, elle faisait partie des légendes de l’Ouest sauvage : une femme qui n’hésitait pas à dégainer son colt pour faire parler la poudre et s’imposer dans un monde brutal et résolument masculin. Mais ça, c’était avant. Depuis qu’elle a rencontré l’amour avec Darius, tout a changé. Elle s’est rangée, a fondé une famille, et les deux tourtereaux vivent heureux avec leur petite fille. Jusqu’au jour où tout bascule : l’ancienne pistolero contracte une terrible maladie dont il semble qu’elle ne pourra guérir. Que faire alors, quand l’horizon se rétrécit inexorablement ? Se résigner et attendre en silence le dernier souffle ? Ou, au contraire, choisir de partir dans un ultime coup d’éclat ? Ce sera plutôt la seconde hypothèse : Ryder décide de prendre la route de Cypress pour y affronter la mort elle-même. Puisque la fin est inéluctable, autant la devancer dans un duel au sommet. Mais sérieusement, peut-on réellement provoquer la mort en duel et espérer s’en débarrasser ? Vous l’aurez compris, le scénariste Scottie Young déploie ici, au fil de cinq épisodes, le schéma classique du combat face à la maladie ou au deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et, enfin, l’acceptation.


On avait déjà croisé ce type de procédé dans d’autres récits, notamment dans le Fallen Son de Jeff Loeb, à l’époque de la prétendue mort de Captain America. Il faut reconnaître que, bien que les deux premiers épisodes soient efficaces, ils présentent aussi quelques faiblesses. On pense notamment à cette alternance passé-présent un peu stéréotypée et aux raccourcis narratifs destinés à nous livrer un maximum d’informations sur l’héroïne sans trop d’efforts. Cependant, à la différence d’autres albums, plus l’intrigue progresse – et avec elle cette quête de la mort, au sens propre comme au figuré –, plus on se laisse happer par le récit, qui devient de plus en plus captivant. Le quatrième épisode, entièrement muet et sobrement intitulé Dépression, est à cet égard remarquable. C’est aussi à ce moment-là que l’on mesure toute la richesse du travail graphique de Jorge Corona. Comme son complice Young, il excelle dans un style caricatural d’une redoutable efficacité. Mais ici, la caricature ne puise pas ses racines dans une approche enfantine ou rassurante de l’art, façon cartoony. Il s’agit plutôt d’une forme de réalisme perverti, qui se prête à merveille à ce western macabre. Le dernier épisode, particulièrement bien écrit, laisse une impression marquante. Lorsqu’on arrive à la conclusion, une question s’impose : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour grappiller encore quelques minutes, quelques instants, quelques souvenirs ? Tout cela est profondément émouvant et offre une conclusion à la hauteur, pour un album qui se révèle bien plus abouti et profond qu’on ne l’aurait imaginé au départ. D’autant que son héroïne n’en est pas vraiment une : au vu du malheur qu’elle a semé tout au long de son existence, il semble inconcevable de lui accorder notre pardon sous prétexte qu’un jour, elle a connu l’amour et une petite fille. Ce regard, propre à Young, est parfaitement expliqué et justifie ses choix narratifs. Bref, cette publication chez Urban nous intriguait, et nous pouvons dire que nous n’avons pas été déçus. Cette mini-série mérite assurément d’être découverte.


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GONE : UN TITRE DSTLRY SIGNÉ JOCK (CHEZ DELCOURT)


 Le nouvel éditeur DSTLRY semble bien parti pour se constituer rapidement un catalogue de premier ordre. C'est Delcourt Comics qui publie en France ces séries initialement présentées aux États-Unis. Cette fois, nous avons droit à une œuvre de science-fiction (sociale) pure et dure, signée Joke, un artiste britannique déjà salué à maintes reprises, notamment pour son travail sur Batman. Comme toute une génération d’illustrateurs venus d’outre-Manche, Joke a grandi en dévorant le magazine anthologique 2000 AD, célèbre pour ses récits dystopiques et ses univers oppressants, qui ne sont souvent qu’une extrapolation troublante de notre monde actuel, lequel, il faut bien l’admettre, semble partir à vau-l’eau jour après jour. Dans l’univers de Gone, les ultra riches et la plèbe vivent séparés par des barrières infranchissables. Ceux qui en ont les moyens voyagent à bord d’immenses vaisseaux spatiaux et entreprennent de longs périples pouvant durer des années. Heureusement pour eux, ils disposent de la cryostase à volonté et profitent des effets de la distorsion spatio-temporelle, ce qui fait qu’une décennie de voyage ne représente que quelques mois sur Terre. Pendant ce temps, les plus démunis peinent à se nourrir. C’est ainsi qu’Abi, une jeune fille de 13 ans, est contrainte de s’infiltrer clandestinement à bord de ces vaisseaux lorsque ceux-ci font escale sur le spatioport local, dans l’espoir d’y voler un peu de nourriture ou quelques biens de consommation pour apaiser sa faim. Le problème, quand on s’introduit en douce dans un tel vaisseau, c’est qu’il faut se hâter d’en ressortir. Car s’il repart avant qu’on ait pu s’éclipser, on se retrouve alors prisonnier pour un laps de temps… disons, fort indésirable. C’est précisément ce qui va arriver à notre jeune voleuse. Non seulement Abi se retrouve embarquée malgré elle dans un voyage interstellaire, mais en plus, elle se laisse entraîner par une bande de garnements plus âgés qu’elle, dont les intentions sont autrement plus radicales. Eux ne sont pas de simples passagers clandestins venus chaparder des pommes de terre : ce sont des terroristes en herbe, bien décidés à semer le chaos à bord en y déposant des explosifs.



Quoi qu’il en soit, Abi ferait bien de prendre son mal en patience, car le voyage ne fait que commencer et les années vont défiler. Coincée dans cet immense vaisseau, elle va devoir explorer ses moindres recoins labyrinthiques pour survivre, tout en apprenant à composer avec ses dangereux compagnons d’infortune… En refermant l'album, une évidence s'impose : Jock est indéniablement un bien meilleur dessinateur que scénariste. La partie graphique de Gone est particulièrement intéressante et refléte le style caractéristique de l’artiste ainsi qu’une ambition notable : celle de représenter toute la géographie d’un immense vaisseau intergalactique. Elle met également à l'honneur une jeune héroïne dont l’évolution est retracée à trois moments distincts de son existence, avec trois visages sensiblement différents. C’est principalement son œil droit et une cicatrice qui permettent de marquer chaque étape de son parcours. En revanche, Jock peine à convaincre en tant que scénariste. D’une part, le récit souffre de certaines zones d’ombre qui le rendent parfois difficile à suivre. D’autre part, il recourt à des facilités scénaristiques, comme ce mystérieux virus qui se propage soudainement sous forme de gaz dans le vaisseau, sans que l’on comprenne réellement sa nature ni son utilité, si ce n’est pour éliminer un grand nombre de personnages. Ces derniers, d’ailleurs, manquent souvent de profondeur et sont introduits de manière trop sommaire, y compris lorsque le récit tente de dévoiler les liens familiaux qui structurent ce space operaAu final, on ressort avec une certaine frustration : ce qui, sur le papier, s’annonçait comme une proposition diablement séduisante s’effiloche en cours de route, pour ne devenir qu’un récit de science-fiction correct, sans plus. Cela dit, l’édition proposée par Delcourt est absolument splendide : le format, la qualité du papier et les adaptations des récits de DSTLRY comptent parmi les plus belles réalisations de ces derniers temps.



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UNIVERSCOMICS LE MAG 50 - FEVRIER 2025 (CAPTAIN AMERICA)


 UniversComics Le Mag 50 - février 2025

Le mensuel #comics #BD gratuit.

#lire en ligne ou téléchargez ici : https://madmagz.app/fr/viewer/6781965a9b27d8001447366a

Lien direct avec les 50 mag dispos : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/files/files

Au sommaire, #captainamerica et toutes ses déclinaisons, un dossier sur le #SwampThing de Wein puis de Moore, Le cahier critique et les sorties du mois (on file cette fois chez Éditions Dupuis Delirium Panini Comics France Petit à Petit Ankama Editions Éditions Soleil Éditions Delcourt ), l'actualité de la BD avec le podcast #lebulleur , un petit portfolio hommage à #Rahan et le preview de #redhulk #1 chez #marvelcomics 


Merci tout particulier au graphiste héroïque #benjamincarret pour tout le travail  et toute l'aide apportée.

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FAN MAN : L'HOMME AU VENTILO (UN TRIP CHEZ PETIT À PETIT)


Nous voici donc devant la nouvelle bande dessinée réalisée par la fine équipe de R.I.P. (Gaet's et Julien Monier), publiée chez Petit à Petit, destinée à créer l'événement en cet hiver pluvieux. Elle met en scène un personnage (Horse Badorties) qui a dépassé depuis longtemps la frontière de ce que l'on appelle la clochardisation. Il vit dans un appartement totalement insalubre où les immondices se sont entassés depuis des années, où plus rien ne semble être vraiment à sa place, au point qu'il est aisé de confondre l'évier avec un simple fauteuil. Il en est de même pour la propreté corporelle et les tenues vestimentaires du personnage, qui sont assez improbables et faites de bric à brac, avec beaucoup d'imagination, de sorte qu'une rallonge électrique peut servir de ceinture, un serpent en caoutchouc de cravate, ou qu'il se balade avec deux chaussures différentes. Et lorsqu'il sort dans les rues de New York, pour déambuler entre les quartiers de Greenwich Village et de Chinatown, en passant par Central Park, notre quasi vagabond se balade avec un ventilateur à piles à la main, qui l'accompagne dans ses pérégrinations. Sorte de doux rêveur qui interprète la réalité selon ses fantasmes, Horse Badorties est donc un type qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais qui clairement semble vivre en marge de la normalité qui l'environne. 
Nous sommes bien entendu dans les années 1970 et c'est l'époque de la contre-culture, de la fumette facile, de l'exaltation de la marge comme mode de vie parallèle, et Badorties représente exactement tout cela. Lorsqu'il est dans les rues, c'est pour se lancer à la recherche de jolies filles, les "poulettes" comme il les appelle, à qui il propose de participer à une chorale de l'amour dans une église, en vue d'un concert qui doit se tenir à Central Park. Et bien entendu, toute cette inspiration musicale, il la trouve dans le bruit des hélices de son petit ventilo, un objet fétiche qu'il propose à tous les commerçants de la ville avec qui il a l'occasion de converser, et qui est aussi un instrument de musique mystique dont les sons vibratoires lui transmettent des rêves de beauté et d'harmonie. Bref, ne cherchez pas spécialement à comprendre, le type ne vit pas sur votre même plan d'existence, il a le sien, qui lui est propre.


L’adaptation de Fan Man, roman déjanté de William Kotzwinkle, est un pari audacieux relevé avec brio par Gaet’s et Julien Monier. Cette BD retranscrit l’irrévérence et l’humour absurde du livre original, tout en rafraîchissant certains dialogues pour un public contemporain (qui a vraiment lu le livre, ne trichez pas, bande de petits mythos). Son héros, Horse Badorties, électron libre aussi attachant qu’imprévisible, traverse un New York effervescent des années 1970 dans une errance burlesque où chaque rencontre est une nouvelle aventure (et la succession de personnages secondaires est un des plaisirs coupables du tout). Certes, ces temps insouciants sont désormais bien loin et peuvent apparaître totalement surannés aux lecteurs les moins portés sur la chose, sans compter des tics de langage omniprésents (le mot mec, par exemple) qui à la longue peuvent filer un peu d'urticaire. Le dessin expressif de Julien Monier donne vie à ce chaos subi, cette passivité géniale. Ses planches détaillées et colorées traduisent à merveille l’esprit anarchique du récit, tandis qu’une mise en page dynamique renforce le rythme effréné de cette plongée dans un univers décalé. L’ensemble forme une œuvre atypique, qui séduira autant qu’elle pourra désarçonner, tant par son ton débridé que par le flot ininterrompu des élucubrations de son protagoniste. Une bande dessinée aussi déroutante qu’envoûtante, face à laquelle vous feriez mieux de garder l’esprit (grand) ouvert et une bonne dose de second degré, pour en apprécier toute la finesse. Mec. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES MÉMOIRES DE LA SHOAH


 Dans le 192e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Les mémoires de la Shoah, adaptation en bande dessinée des articles d’Annick Cojean parus dans Le Monde mis en scénario par Thea Rojzman et en dessin par Tamia Baudouin, un ouvrage publié chez Dupuis sous le label Aire Libre et dans une collection qui met en avant les gagnants du prix Albert Londres. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Mon ami Kim Jong-Un que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis


- La sortie de l’album Fan Man, adaptation du roman de William Kotzwinkle que l’on doit au duo Gaet’s au scénario et Julien Monier au dessin et c’est sorti aux éditions Petit à petit


- La sortie de l’album Les jardins invisibles que l’on doit à l’auteur Alfred et qui est édité chez Delcourt


- La sortie de l’album Première dame que l’on doit au scénario de Didier Tronchet, au dessin de Jean-Philippe Peyraud et c’est sorti chez Glénat dans la collection 1000 feuilles


- La sortie de l’album Anzuelo que l’on doit à l’autrice espagnole Emma Rios, un album sorti aux éditions 404 graphic


- La réédition en version colorisée dans son édition d’origine du Lotus bleu, la cinquième aventure de Tintin que l’on doit à Hergé et qui est éditée chez Casterman en collaboration avec les éditions Moulinsart.



 
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DESTRO (SEIGNEUR DE GUERRE) : LES ARMES ET L'ARGENT, NERF DE LA GUERRE

 Plongeons aujourd'hui dans la complexité de l'univers de la vente d'armes de haute technologie… à ce petit jeu, James McCullen ...