MALICIA TERRE SAUVAGE : RETOUR EN 1990 AVEC MAGNETO ET DES DINOSAURES


 Ces dernières années ont vu fleurir chez Marvel une mode nostalgique : celle des récits censés s’intercaler et compléter des moments d'histoire connus de tous, confiés de préférence à des vétérans prestigieux. Bon, dans les faits, le résultat frôle souvent la curiosité malsaine. Parfois c'est sympa, sans plus (revoir du Ron Lim sur le Silver Surfer ou Warlock), d'autre fois un peu brouillon (Daredevil et son costume sombre) ou carrément inutile (Wolverine en pleine période Patch). Panini ne s'y est pas trompé, l'éditeur ayant annoncé sa volonté de faire l'impasse sur les titres à venir. Enfin, pas toujours et complétement, et c'est tant mieux pour nous. Je vous explique. Ouvrons donc le dossier Rogue : The Savage Land. Tim Seeley au scénario, accompagné de Zulema Scotto Lavina et Von Randal (pour un épisode clairement en dessous du travail de la jeune italienne) aux dessins, n’appartiennent pas à la génération de Chris Claremont. C'est bien, ça évitera de se laisser dévorer par le stress ou le respect servile. Plutôt que de rejouer la partition en mode caricature besogneuse, les jeunes loups choisissent de s’immerger en Terre Sauvage avec l’enthousiasme appliqué d’un fan qui a révisé ses fiches. Résultat : une mini-série qui s’insère avec une précision chirurgicale entre les numéros 269 et 274 d’Uncanny X-Men, période culte (1990) où Chris Claremont multipliait les intrigues et présidait au destin des mutants en expert mondialement reconnu. Seeley relève le défi, il n'a peur de rien. Et sur le plan graphique, la mini série tient la route et s'avère même joliment troussée. Zulema Scotto Lavina n’essaie pas de copier Jim Lee (un suicide), mais son trait énergique, appuyé par la mise en couleurs chatoyante de Rachelle Rosenberg, réussit à nous rafraîchir la mémoire et réalise un sans faute. Le tout respire la jungle luxuriante et le danger sexy : verts saturés, ciels pourpres, bleus nocturnes et jolies créatures en maillots de bain ou peaux de bête. De quoi en réjouir beaucoup.


Malicia est au centre du récit. Encore naïve et maladroite (nous sommes loin de la guerrière aguerrie qu’elle deviendra plus tard et que nous connaissons aujourd'hui) elle n’en est pas moins déterminée, courageuse et débrouillarde, au point de sauver Ka-Zar sans recourir à ses pouvoirs. Elle vient de passer à travers le Seuil du Péril et ne possède plus ses pouvoirs. De quoi l'aider à se reconstruire, séparée de la personnalité de Carol Danvers dont elle avait siphonné les dons et les souvenirs. Ses interactions avec Magneto sont finement écrites : le maître du magnétisme, dont le passé est sacrément à charge, lui parle de guerre avec une gravité teintée de douceur. Leur relation oscille entre méfiance et respect, donne au récit une densité émotionnelle inattendue. N'oublions pas que les deux antagonistes finissent par se rapprocher et que ça reste pas qu'au stade platonique. Ajoutez à cela des dinosaures, des tribus en conflit, des complots magiques menés par Zaladane, des hologrammes et des explosions, et vous obtenez une sorte de cocktail improbable mais assez goûtu, qui respecte bien ce que nous avons déjà lu durant nos chères années Special Strange, tout en ne tombant pas dans le redite stérile. Cette virée en Terre Sauvage accomplit ce que la plupart des récits qui creusent dans la continuité échouent à réaliser : recréer l’esprit d’une époque sans se contenter de la singer. On perçoit de la passion et une vraie intelligence narrative. Certes, l'histoire ne bouleverse en rien l'équilibre du Marvel Universe et n'ouvre aucune nouvelle porte, mais bon sang, un peu de nostalgie avec de beaux dessins, parfois, on prend !




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