LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE 1629… OU L’EFFROYABLE HISTOIRE DES NAUFRAGÉS DU JAKARTA


 Dans le 141e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente la première partie de 1629... ou l'effroyable histoire des naufragés du Jakarta, album que l’on doit au scénario de Xavier Dorison et au dessin de Timothée Montaigne, édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de The midnight order, album choral que l'on doit à Mathieu Bablet qui en signe le scénario, les dessins en compagnie de plusieurs autres auteurs et c'est édité chez Rue de Sèvres dans le Label 619

- La sortie de l'album Les fleurs du mal illustré par Bernard Yslaire aux éditions Dupuis dans la collection Aire libre

- La sortie de l'album L'essentiel que l'on doit à Laurent Bonneau et aux éditions Des ronds dans l'O

- La sortie de La nuit des justes, troisième tome de la série Le château des animaux que l'on doit à Xavier Dorison au scénario, Félix Delep au dessin et c'est édité chez Casterman

- La sortie de l'album Ostende, 1905 que l'on doit au scénario de Patrick Weber, au dessin d'Olivier Wozniak et c'est édité chez Anspach

- La réédition en intégrale de Prolongations, album que l'on doit à Robin Walter et aux éditions Des ronds dans l'O




DEADPOOL L'INTÉGRALE 1991-1994 : PLACE AU MERCENAIRE BAVARD!


 Deadpool également a droit à sa belle collection "Intégrale". Le personnage a été ces dernières années une locomotive certaine en termes de vente, mais comme d'autres avant (et même après) lui, il a aussi connu une flexion notable en ce sens. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. C'est dans la série X-Force, avec Fabian Nicieza et Rob Liefeld, que Deadpool gagne le cœur des lecteurs, sans y être, les premiers temps, réellement incontournable. Le premier round entre Wade Wilson et les mutants de Cable ne tourne pas à l'avantage du mercenaire, facilement mis hors d'état de nuire par ses opposants, bien aidés, il est vrai, par l'arrivée impromptue de Domino, qui met fin aux débats. Le tout se résume en quelques pages, sans que Deadpool ne soit vraiment caractérisé ou développé d'aucune autre manière, au delà du classique "mercenaire lourdement armé qui flingue, avec des tas de gadgets ultra cool". Rob Liefeld avait fait une sorte de crise de jalousie, à l'époque. Son compère Todd McFarlane avait atteint les sommets du petit monde des comics avec Spider-Man, puis avec son Spider-Man, une série taillée sur mesure pour l'ambitieux canadien. Il suffit de regarder le costume de Wade (notamment les grands yeux) et de supporter ses vannes foireuses au mépris du danger pour comprendre qu'il y a du Spidey chez ce mutant tragique, mais toujours de bonne humeur. Le vrai départ de Deadpool en tant que personnage avec un vrai background, un vrai cast à ses cotés, et de véritables ambitions scénaristiques, sera donné peu de temps après, deux ans plus tard pour être exact, avec une mini série réalisée par Fabian Nicieza et Joe Madureira. Elle fut même publiée alors sur les pages de Strange, la référence Vf de Lug puis Semic, ce qui correspondait un peu à une sorte d'intronisation officielle sur le marché français. Plus de vingt ans ont passé, et les nouvelles générations ont adopté et acclamé Deadpool, avec cependant un risque programmé, celui de voir la poule aux oeufs d'or toussoter et crachoter, malade d'une surexposition risquée, d'une surproduction souvent galvaudée. Parce que finalement, Deadpool est-il vraiment si drôle? Cela dépend des scénaristes, des intentions du moment. En attendant, on hésite encore, dans cette première Intégrale. Un héros? Clairement, un vilain? Un type sur qui on peut compter, malgré les défauts évidents? Ou juste une pourriture, prêt à tromper tout et tout le monde? Ce qu'on devine vite, c'est que la subtilité ne sera pas son super pouvoir favori…


Aux origines donc, pas de série régulière, mais des apparitions de plus en plus constantes et marquées, chez la X-Force de Liefeld, qui a pris la relève des Nouveaux Mutants. Le groupe de jeunes d'autrefois a évolué vers le groupe paramilitaire, et le mentor pacifique que pouvait être Xavier, ou par la suite Magneto, est remplacé par un Cable lourdement armé, qui va devenir par ailleurs l'antagoniste/associé de notre mercenaire. La première mini série en quatre volets (voir plus haut) s'intitule elle The Circle Chase, et elle est illustré par un de ceux à qui on colle l'adjectif "prédestiné" sur le front, dans ces années 1990 : Joe Madureira. Un artiste ultra doué qui fait exploser chacune de ses pages avec un sens inné de l'action et du spectaculaire, et qui en était encore aux prémices d'une carrière, qui de devait malheureusement pas pour nous lecteurs être aussi fournie et régulière qu'espérée. On se replace d'emblée dans la continuité de ce que Liefeld a raconté (avec Fabian Nicieza) avec les Nouveaux Mutants. A savoir que c'est un certain Tolliver qui est à la base du récit. Son décès a entraîné une lutte farouche entre concurrents qui se disputent le privilège de mettre la main sur son testament. Pas de documents chez le notaire ou de fortune cachée, mais plutôt l'arme la plus redoutable du monde, qui sera pour le premier qui parviendra à rassembler les bonnes informations, et s'en emparer. Histoire oblige, c'est du coté de Sarajevo que nous retrouvons Deadpool, au milieu des balles perdues et d'une guerre moribonde qui n'a cesse de laisser derrière elle morts et destruction. Un groupe lourdement armé est chargé de l'éliminer, et pour compliquer les choses, voilà que ce bon vieux Wade Wilson a quelques pépins avec son facteur auto-guérisseur, qui n'est plus aussi efficace et performant qu'autrefois. Dommage, car des poids lourds vont se joindre à la course au testament de Tolliver. Le lecteur va donc croiser, pour des raisons multiples, le chemin de Black Tom Cassidy, du Fléau, de Kane Garrison (l'Arme X). Ne cherchez pas à lire entre les lignes pour aller cueillir un peu de saine philosophie, ou vous gargariser de méta-bande dessinée, ici nous sommes face à quatre épisodes d'action explosive pure et dure, où le but est d'en jeter un maximum aux yeux des fans des années 90. Dire que ça n'a pas très bien vieilli relève de l'évidence, mais ceux qui ont découvert ces pages avec le mensuel Strange gardent toujours de l'affection pour ce type de comics testostéronés. Le Deadpool drôle et qui brise le quatrième mur à longueur d'épisodes, ça viendra par la suite. Du reste, c'est le principe des Intégrales chez Panini, non? Repartir du départ, des premiers pas, pour retracer une carrière éditoriale dans toute sa diversité. Fans de Wade Wilson, pour tout avoir, une année après l'autre, c'est maintenant que ça commence! 





BOTS : LES ROBOTS SI HUMAINS D'AURELIEN DUCOUDRAY


 L'avenir sera artificiel, ou ne sera pas. Et les hommes dans tout cela? Il n'y en a plus. Supplantés par des robots, chacun possédant sa propre fonction définie, organisés en sociétés antagonistes qui se livrent une guerre sans fin, séparés en deux grandes factions divergentes. Au milieu de tout cela, deux robots en particulier deviennent page après page les héros de notre histoire. Le plus petit se nomme (pardon, a pour matricule de série) Rip-R, le plus gros (et pour cause, c'est un Warbot, robot de combat) War-Hol. Si le début du récit de Ducoudray peut dérouter, avec deux créations artificielles qui devisent sur leurs conditions respectives, les choses changent radicalement dès le premier grand coup de théâtre. Après l'attaque de ce qu'on appellera un Scavenger-Bot, une sorte de traqueur au format mastodonte, War-Hol émet soudainement des rafales énergétiques imprévues, et une créature sort de sa carcasse. Il s'agit d'un nouveau né, tout ce qu'il y a de plus humain et fragile, et sa présence déroute les intelligences artificielles, qui ne parviennent pas à l'identifier et donc à comprendre ce qui est en train de se jouer sous leurs yeux. Ce sont des robots, certes, mais ils ne sont pas pour autant à l'abri de ressentir et d'exprimer des émotions, et c'est cela qui va rendre attachante la quête qui débute. Il va falloir comprendre comment un bébé a pu se retrouver dans cette situation, apprendre à le protéger et même pourquoi pas, à l'aimer. Le tout avec beaucoup d'humour, car Aurélien Ducoudray a un talent dingue quand il s'agit de plier le langage, les références culturelles ou techniques, de ce qui constitue le quotidien de nous autres les humains. Des jeux de mots, des glissements sémantiques, qui transforment des expressions idiomatiques ou des appellations courantes, en leurs équivalents "robotiques". On y trouve aussi quelques hommages à nos chers comics de super-héros américains, puisque même si les humains ne sont plus de la partie, l'icone qu'est Captain America, par exemple, est toujours présente dans les circuits imprimés de ces robots qui se réfèrent aux lois du genre, établies par Isaac Asimov, bien que quelque peu perverties depuis.  



Au départ, Bots a été décliné en trois volumes différents, désormais regroupés sous forme d'une intégrale économique et fortement recommandable. Ce qui se dégage de l'ensemble, c'est une cohérence complète et un intérêt qui ne se dément jamais. Au fur et à mesure de l'évolution de l'histoire, les principes posés par Aurélien Ducoudray restent les mêmes, c'est-à-dire une transposition à la sauce robotique de la bêtise, de l'organisation, des incohérences, mais aussi du meilleur de l'humanité. On ne fait pas que rire dans cet ouvrage mais on peut aussi y percevoir toute une série de remarques, de critiques, de sens à peine cachés qui se dégagent au fil des pages. Steve Baker est particulièrement à son aise dans le dessin, parce qu'il n'a pas besoin de mettre sur pieds un univers très réaliste, mais au contraire, il peut donner à chaque instant cette patine caricaturale si agréable, cet aspect faussement enfantin, qui cachent en réalité différents niveaux de lecture. D'un bout à l'autre de la quête de nos deux robots inoffensifs mais ultra motivés, les difficultés ne manquent pas et toujours le dynamisme et les rebondissements illustrés par Baker retiennent l'attention du lecteur. Les auteurs prennent même le temps, par endroits, de revenir sur le passé des personnages principaux, ce qui permet de mieux comprendre en quoi ils étaient destinés à transcender leurs existences artificielles. Pour être honnête, on ne s'était pas autant diverti avec une histoire de robot depuis l'excellent D4ve (toujours chez Ankama) qui on ne le répétera jamais assez, mériterait également d'être redécouvert en quatrième vitesse. Bots, une intégrale disponible chez Ankama, fait donc partie de ces ouvrages que vous pouvez acheter en étant certains qu'il fera plaisir à celui qui le recevra en cadeau, pour peu que vous le destiniez à un amoureux de la bande dessinée, qui souhaite quelque chose qui saura le faire sourire tout en l'amenant à réfléchir. Vous avez ici la garantie de quelque chose de proprement bien amené sous le sapin!

Pour découvrir aussi D4ve chez Ankama 



MOON KNIGHT TOME 2 : DUR À TUER


 Deux raisons à la présence ici de cet album de Moon Knight. La première, c'est tout l'intérêt que nous portons au personnage, un de ces héros sous-cotés de l'univers Marvel, qui mériteraient vraiment d'être mis à l'honneur plus régulièrement. La seconde, c'est le travail formidable d'Alessandro Cappuccio, jeune artiste romain que nous avions repéré sur Timed (publié par Shockdom), avant que Marvel ne mette les mains sur ce prodige pour lui confier les aventures de Marc Spector. Sa version de Moon Knight emprunte à celle de Declan Shalvey, pour ce qui est du look de base, qu'il parvient à densifier avec un jeu d'ombres qui mangent le costume, en révèle la dureté, une espèce d'armure souple plus adaptée à un "chevalier" urbain. La nouvelle série écrite par Jed McKay avance prudemment et sans effets pyrotechniques. On a vu apparaître un double négatif (Hunter's Moon) rapidement devenu un allié, un grand vilain qui trame ses machinations dans les coulisses (Zodiac), un nouveau cast de personnages secondaires pour Spector et sa Mission de minuit, avec notamment le jeune Soldat et une vampire du nom de Reese, sans oublier la réapparition de Tigra, une des rares amies que Moon Knight a conservé, chez les Avengers. Sur ces bases, il faut aussi ajouter le crossover Devil's Reign qui vient se greffer (de façon plutôt artificielle) à l'ensemble. Marc va se retrouver en prison (brièvement) le temps de montrer à tout le monde à quel point il sait se servir de son corps comme d'une arme, pour vite revenir dans les rues de New-York, où l'attend la suite du combat contre Zodiac. Autre évolution notable présente dans ce second tome, Moon Knight va pouvoir bénéficier d'un nouveau quartier général, qu'il va découvrir au terme d'un épisode où il est englouti dans une demeure labyrinthique et ésotérique. Les épisodes peuvent souvent se lire indépendamment les uns des autres, et proposent aussi de belles intuitions, comme celui où on rencontre une certaine Madone Ecarlate, engagée dans une lutte sanglante face à Hunter's Moon. Des pages où c'est la puissance du récit, de l'histoire, qui est au centre du sujet, et finit par incarner ce dernier. N'existe que ce qui se dit, se transmet, se narre. La puissance créatrice se fait volonté divine. Un intervalle bien pensé, tout à fait dans le ton des surprises que nous réserve McKay, l'air de rien... 



Ce Chevalier de la Lune est décidément un cas psychologique très intéressant et ce n'est pas une surprise de constater que la relation qu'il entretient avec sa psychiatre est une des clés de lecture des épisodes de sa nouvelle série. McKay insiste bien sur ce type qui a grandi dans une famille de confession juive, pour finalement renoncer à ses croyances et se mettre au service d'un dieu lunaire égyptien, c'est-à-dire l'incarnation même de ceux qui ont brimé son peuple en des temps antiques. On a déjà connu personne plus déchirée en terme d'identité, mais il faut admettre qu'il s'agit là d'un cas d'école. Ajouter à ceci la fragmentation du "moi" en plusieurs personnalités distinctes, qui cohabitent dans un même corps, et vous obtenez un super-héros qui n'a absolument rien d'un héros et même dont on peut douter fortement du qualificatif de super. Super violent, peut-être, comme le montrent ces épisodes où il tabasse à mort ses ennemis, n'hésite pas à les emprisonner à vie sous une gangue de béton… Ce Moon Knight là est quasiment à rapprocher du Punisher; ce n'est pas quelqu'un qui fait dans la subtilité, les remords n'habitent pas chez lui. Il s'agit là bien entendu d'un comic book très nocturne; la lumière est souvent absente et cette obscurité omniprésente permet à Alessandro Cappuccio de donner le meilleur de lui-même, relayé par Federico Sabbatini. Il est intéressant de voir que même si engagé dans un parcours qui le mène inévitablement à une solitude et au rejet, notre Moon Knight parvient à fédérer autour de lui d'autres paumés qui se reconnaissent en cet individu si particulier et sa manière singulière de vouloir faire le bien. C'est cela qui rend si attachant le personnage, en fin de compte. Le plus drôle dans l'histoire, le plus paradoxal, c'est que nous lisons là une série régulière dont l'ambiance est à rapprocher carrément de ce qui pouvait être autrefois diffusé dans les séries Netflix, avant que la licence Marvel ne passe chez Disney Plus, et que les nouvelles productions virent à la pantalonnade. L'essence du personnage est présente dans ces pages, mais vous l'aurez remarqué ne l'est pas trop sur le petit écran. Il nous reste au moins McKay et Cappuccio pour nous consoler.


Tome 1 : la chronique est à retrouver ici 



UNIVERSCOMICS LE MAG' #30 DE DECEMBRE : LA MORT DE SUPERMAN 30ème ANNIVERSAIRE

 


UNIVERSCOMICS LE MAG' #30
Décembre 2022
84 pages - Gratuit
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#Lire en ligne:
La mort de #Superman 30 ème anniversaire
* Dossier "Death of Superman"
* Lectures "Superman renaît, Superman est de retour"
* Le sublime #Bloodstar et #RichardCorben chez Delirium
* Portrait : Old Man #Hawkeye avec Alexandre Chierchia.
* L'actu VO, ce qui se passe chez #Marvel #DCComics ou encore #dynamitecomics
* Le cahier critique, les sorties du mois chez Panini Comics France Black River Comics Urban Comics Éditions Delcourt Akileos + le black Panther du MCU
* Avec le podcast #LeBulleur, le meilleur de la Bd, dont le superbe Hoka Hey! du Label 619
* Preview : le retour de #ScarletWitch en janvier
* Le portfolio du mois : #EmilioLaiso
* Special Noël : Christmas Superheroes
* La sélection VF du mois de décembre
Cover de #JohnnyMorrow et travail graphique cinq étoiles de #BenjaminCarret
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SHÔNEN AVENGERS : LES DESSINS ANIMÉS DE NOTRE ENFANCE S'UNISSENT


 Quand une menace trop importante pour être affrontée seul se présente, les super-héros ont l'habitude de se réunir et de former des groupes ultra puissants, qui marquent les esprits. Chez Marvel par exemple, tout le monde désormais connaît l'existence des Avengers. Penchons-nous maintenant sur le cas des shônen et des dessins animés qui ont marqué notre jeunesse, dans les années 1970 et 1980. Quand je dis "notre", je parle bien entendu de la génération à laquelle j'appartiens, c'est-à-dire tous ces gens qui ont plus ou moins la quarantaine, voire la cinquantaine et qui se souviennent avec délectation des aventures d'Albator, de Goldorak, de Cobra ou encore de l'excellent dessin animé français Ulysse 31 de Jean Chalopin. Je cite ces noms en particulier car ce sont ces personnages qui constituent les héros de Shônen Avengers réalisé par ZeMial, qui est sorti récemment chez Delcourt. La recette est donc la même que dans les comics américains. Les ennemis traditionnels de nos justiciers ont décidé d'attaquer la terre en unissant leurs forces; du coup eux aussi répliquent et ça se passe sous forme de planches uniques, une série de gags développés sur une page, qui ne sont pas tous du même acabit, mais qui globalement apparaissent drôles et attachants, et surtout sont toujours liés à de véritables détails, qui appartiennent à la légende des dessins animés dont ils sont issus. Et c'est bien pour cela que plus que d'une parodie, il convient d'évoquer un hommage, car un jeune lecteur qui n'aurait absolument jamais regardé les épisodes en question risquerait fort bien de se trouver déconcerté devant les clins d'œil et les renvois présents à chaque page. Mais nous qui avons passé des heures devant la télé, durant notre jeunesse, apprécions à sa juste valeur le travail et l'humour référencié de l'auteur. 


Vous souhaitez que je vous parle d'un sketch en particulier? Et bien, ce sera celui qui met en scène le Capitaine Flam, aux toilettes, dans le vaisseau de Goldorak, et qui actionne imprudemment une manette, qui déclenche une sorte d'évacuation des eaux usées. C'est forcément très drôle, d'autant plus que ça nous rappelle les grands moments de ces dessins animés d'autrefois. Ailleurs est abordée la question épineuse du double demi-tour que doit faire Actarus avant de pouvoir s'installer dans la cabine de pilotage de Goldorak. Vous n'aviez jamais compris pourquoi il en était ainsi, vous aurez une réponse évidente dans cet album. Très souvent donc, ce sont des personnages secondaires de ces séries animées qui viennent compléter les gags; d'autres fois, ce sont des renvois, des clins d'œil à des moments particuliers, qui sont forcément imprimés dans la mémoire de ceux qui les ont connus, qui rendent l'ensemble attachant. Tout ceci est traité dans un style proche du chibi manga avec des personnages dont les actions, les sentiments, les émotions transparaissent de manière matérielle, comme cela est d'usage dans la bande dessinée nippone. ZeMial fournit un travail irréprochable et on pourra remarquer le nombre assez conséquent de pages, ainsi que des bonus agréables (il y a même des jeux à la fin, quand je vous dis que c'est régressif, pour nous les quadras…); on aurait pu s'attendre à un prix plus élevé, mais non en fait, pour moins de dix-huit euros on obtient là une petite Madeleine qui devrait faire sourire grand nombre d'entre nous, durant ces fêtes de Noël. Shônen Avengers, pour ce qui me concerne, ce n'était pas gagné d'avance. D'un côté, j'avais réellement envie de découvrir le produit fini, de l'autre, j'ai souvent été déçu par les strips ou planches parodiques qui fleurissent régulièrement, et que j'ai toujours eu du mal à digérer, ou bien par absence d'inspiration de l'auteur derrière le scénario, ou bien par un peu de vulgarité facile dont on aurait pu se passer. Ici c'est suffisamment bon enfant et référencé pour que la mayonnaise prenne, aussi cela mérite d'être souligné et loué. 





GUNSLINGER SPAWN : LE PISTOLERO DE BOOTH ET MCFARLANE


 Vous trouverez toujours quelqu'un parmi vos connaissances pour affirmer que Spawn, c'est bel et bien fini! On s'entend dire que les années 1990 sont terminées depuis belle lurette, et tout ça, ce n'est pas beau, pas propre. Et puis vous aurez les autres, les lecteurs un peu plus curieux et au courant de ce qui se fait ces temps derniers, qui non seulement trouvent l'imprudente déclaration précédente stupide, mais en plus profitent pleinement de la décision récente de Todd McFarlane de développer considérablement l'univers partagé de sa création. Les lecteurs du Mag' le savent, nous avions consacré la couverture il y a 2 mois à Spawn; et pour cause, après King Spawn, c'est au tour de Gunslinger Spawn de débarquer chez Delcourt, en version française. L'incarnation pistolero du personnage est transportée à nôtre époque, un bond de cent-cinquante ans dans son histoire, qui ne connaît au départ de ses aventures aucune explication. Mettons tout de suite le doigt sur une des qualités de l'album, à savoir le dessinateur de l'essentiel des pages. Brett Booth lui aussi est particulièrement connoté années 1990 et de toute évidence, il n'en a cure; au contraire, il réussit à récupérer toutes les tendances et fantaisies graphiques d'alors pour les exacerber, les soigner, les peaufiner et produire ce qui ressemble à son meilleur travail à ce jour. C'est bien évidemment très gore et outrancier, mais c'est aussi ce que l'on aime trouver quand on feuillette un ouvrage marqué par le sceau de Spawn. Le Pistolero est un peu moins puissant que la version la plus célèbre représentée par Al Simmons. Il va devoir apprendre à composer avec un présent qui n'est pas le sien. Par exemple, il ignore que sa moto a besoin d'essence pour fonctionner (on peut tout de même se poser la question de comment il parvient à la mettre en marche) ou bien l'utilisation des toilettes et leur place dans les habitations modernes. Par chance, il va avoir à ses côtés un jeune homme (Tyler Bartlett) qui va répondre à l'essentiel de ces questions, bien malgré lui, par ailleurs. 



On trouve bien entendu des similitudes entre le personnage du "Spawn classique" et cette version Gunslinger. Par exemple, la tragédie de l'être aimé et disparu. Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, le Pistolero a perdu son amour, assassinée par des criminels au service des forces du mal. Lui aussi est l'objet de jeux de pouvoir, au temps présent, qu'il ne maîtrise pas complètement. Il est clairement manipulé par le Clown, désormais entité séparée du Violator, qui voudrait bien le recruter pour parvenir à tromper la vigilance et la confiance de Al Simmons et rouvrir les zones d'ombre qui sont désormais condamnées. Seulement voilà, il y a une différence entre ignorer beaucoup de choses et être complètement crédule. Tout ceci est un prétexte à de nombreuses pages de baston où tous les coups sont permis; non seulement les armes vont être employées, mais nous trouvons aussi des attaques de loups, des anges dont les ailes sont arrachées, ainsi qu'une scène de beuverie très intéressante qui tourne au poker menteur et gore. Gunslinger Spawn est aussi drôle par endroits, notamment toute la dynamique qui s'instaure, en des circonstances certes dramatiques, entre le jeune Tyler et notre nécro-héros. On aurait même en lire plus encore, tant le concept semble réjouissant et porteur de contrastes humoristiques. McFarlane est bien entendu le maître à bord et on devine qu'il doit beaucoup s'amuser avec ce Gunslinger, qui est un peu un travail semblable à ce qu'il a fait aux débuts de Spawn. Le character building n'est pas encore terminé, et les fans de la première heure devraient y trouver leur compte. Notons aussi que les couvertures des volumes publiés par Delcourt finiront par former une grande connecting cover (dernière pièce du puzzle avec l'Escouade Infernale le mois prochain), et qu'il existe aussi une variant cover exclusive pour Pulp's Comics, qui pourrait vous intéresser (vous la voyez ci-dessous). Avis définitif sur cette sortie : de la bd décomplexée et les années 1990 ressuscitées! 





PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...