D4VE : UNE BONNE LECTURE CHEZ ANKAMA


Aujourd'hui nous allons placer à l'honneur le label 619 chez Ankama, avec en guise de réjouissance un nouveau titre qui a débarqué chez nous à la fin de l'été 2016. Il s'agit de D4ve mini série publié aux États-Unis chez IDW. La couverture tape-à-l'œil fonctionne et le titre est intelligent avec ce 4 qui remplace le A, permettant de susciter l'envie et la curiosité. Et cela tombe bien car l'intérieur est vraiment de très bonne qualité. Nous avons là une histoire de robots qui se sont substitués aux êtres humains. Cela ne s'est pas déroulé amicalement mais ils ont tout simplement décidé de tous nous exterminer, et de devenir ainsi les maîtres de la planète et de toute vie dans l'univers. D4ve faisait partie de ces robots soldats qui ont grandement contribué à instaurer ce nouvel ordre, mais depuis le terme des hostilités, l'ennui et la routine ont fini par prendre le dessus. C'est là que ce récit est vraiment génial, car à travers une nouvelle race, celle de ces êtres de métal et au circuits imprimés, l'auteur (Ryan Ferrier) nous fait revivre tous les travers, les morosités, les psychoses de nous autres travailleurs du quotidien. Piégé dans la spirale de l'infâme boulot-métro-dodo, D4ve a une famille à charge, et des rêves mis en sourdine. Les robots ont adopté le comportement humain, reprenant ce qu'il y a de plus banal dans notre mode de vie. Le quotidien du "héros" devient insupportable, sa femme se détache peu à peu de lui, le fils -qui a été acheté sur internet- est une sorte d'adolescent en crise perpétuelle, casquette vissée sur la tête. Nous avons ici un robot complètement enfermé dans une grisaille qui ne correspond pas à son passé, son envie d'action, ses coups d'éclats d'autrefois. On pourrait penser qu'il est bon pour une visite chez le psychiatre, et ranger ses ambitions et ses rêves au placard, mais un beau jour débarque sur notre planète une race extraterrestre, qui ressemble à un croisement génétique entre Alien et les Broods (pour les lecteurs des X-Men). Comme leurs intentions ne sont pas spécialement pacifiques, il est bien évident que quelqu'un va devoir réagir et réveiller les consciences : c'est une nouvelle existence qui commence pour D4ve, et même son rejeton métallique finit par devenir un allié précieux, et apporter de la vie et du mouvement, là où autrefois il n'y avait que stagnation ou austérité. Rien de telle qu'une bonne guerre contre des extraterrestres pour s'éclater, lorsque la survie de la Terre est en jeu!






Voici un album qui nous a surpris, dont nous attendions peu, et qui offre beaucoup. Le prétexte des robots est une bonne trouvaille pour parler de nos travers, jouer avec malice sur notre société hyper connectée (références continuelles à notre cyber culture, de Apple à l'Internet), et proposer une énième histoire d'invasion venue d'une autre planète, en remaniant les conséquences et la typologie de la résistance. Ryan Ferrier est parvenu à rendre ultra attachant un simple employé de bureau, autrefois bras armé d'une rébellion mortifère, et en plongée évidente vers le burn-out complet. Il insuffle énormément d'humour au récit, qui dans ses deux premiers épisodes flirtent avec la perfection. Seule la résolution du conflit est un poil plus faiblarde, mais dans l'ensemble il y a une vraie évolution, et de vraies élans inspirés dans ce D4ve, qui se complaît malicieusement à échanger les voyelles par des nombres. Valentin Ramon accompagne l'histoire avec des dessins de très bonne facture, qui allient l'efficacité et la clarté du trait, avec la faculté de nous faire compatir pour ces robots paumés. Ankama et le label 619 tienne là une petite pépite entre les mains, qui plus est imprimée sur un fort agréable papier granuleux qui permet un rendu d'excellente facture des couleurs. Entre les mains, le contenant est à la hauteur du contenu. Bref, si vous désirez oublier l'espace d'une lecture les encapés de Marvel ou Dc, vous avez là une opportunité en or.


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