D'emblée, soyons clair et évitons les méprises. HOLY TERROR est une oeuvre de propagande, tout simplement. Ce n'est pas un hasard si Dc comics s'opposa en 2006 à la réalisation d'une histoire de Batman, qui deviendra donc par la suite ce volume désormais en librairie, projet parallèle à peine voilé (jeu de mot?). Dès la première citation de Mahomet, qui invite à tuer "l'infidèle" et qui ne figure pas pour autant dans le Coran, il est clair que le discours sera radical. Une charge d'un bloc contre l'Islam, ici envisagé de manière monolithique, comme vérole sociale, politique, culturelle et religieuse, bien entendu. Le récit se déroule à Empire City, où nous faisons la connaissance de Fixer, le "héros" du jour, et de sa partenaire, une chatte bondissante qui a au moins le mérite de ne pas faire semblant : Les voilà, nos Batman et Catwoman à peine grimés, qui d'ailleurs commencent par se donner la chasse (elle a volé un bracelet de diamants) avant de tomber sous le charme l'un de l'autre. La Statue de la liberté est remplacée dans cette cité fictive par celle de la Justice aveugle. Comme l'auteur? Le rejet de Fixer pour la culture islamique transparait dans chacune de ses actions, et sa partenaire ne semble pas spécialement s'en émouvoir, tout juste si elle s'interroge, non pas sur ses idées, mais sur ses méthodes. Pour ce qui est de la partie graphique, nous restons dans une veine proche de Sin City, c'est à dire faite de contrastes éclatants en noir et blanc, et quelques détails en couleurs, comme Miller l'avait fait pour l'immonde film à mi chemin entre comics et cinéma, The Spirit. Si les yeux verts de la voleuse sont magnifiques, en quoi ses semelles rouges ont elles une importance esthétique particulière (coups de tatanes et hémoglobine...)? Bref, certaines planches sont de vraies petits bijoux, à commencer par nos deux futurs tourteraux en action, sous un ciel zébrés de rafales blanches de pluie. Tout comme dans le Return of the Dark Knight, une scène de dialogue entre les deux, en fin d'ouvrage, emploie 24 cases de même grandeur, avec le même angle de vue. D'autres bien plus discutables. La couleur rose est employée pour Amina, une musulmane qui est venue à Empire City pour un echange culturelle, et qui se fera finalement sauter (par une bombe...) dans un attentat suicide. La haine de l'occident suinte de ses paroles, de ses décisions (ne pas boire d'alcool, ce qui lui vaut une remarque cinglante d'un garçon, qui nous permet au passage de renforcer l'idée que nous avions de l'opinion de Miller sur la culture musulmane).
A partir de l'attentat initial, le récit tend à devenir trop fragmentaire et cahotique, à base d'affrontements ultra violents entre les deux héros et d'autres terroristes, le tout saupoudré d'un patchwork de caricatures forcées (de politiciens américains, symboles religieux, terroristes medio-orientaux) et de comparaisons idiotes (quand les américains sont au cinéma et regardent un film, les islamistes lapident une femme infidèle, comme s'il s'agissait là d'un loisir quotidien propre à l'ensemble des croyants). Les personnages secondaires qui émaillent cet album sont trop vite troussés, et n'ont guère d'autre intérêt que celui de renforcer la thèse haineuse de l'auteur. Ainsi en est-il de David, cet agent du Mossad, et de ses deux assistantes, qui vient mêler maladroitement sionisme et discours terroriste islamophobe. Idem pour le chef de la police, Dan Donegal, alter ego du commissaire Gordon de chez Batman. On le rencontre au détour de deux planches, pour s'en séparer bien vite jusqu'à l'épilogue douteux. Certes, les amateurs de dessins à effets, de contrastes violents et expressionistes, pourraient bien trouver leur compte dans cette Holy Terror. Certes encore je ne souscris pas benoitement au discours naïf qui serait de fermer les yeux sur les dangers rampants et insidieux d'un Islam extrémiste qui recrute parmi les plus modérés et séduit par son discours simpliste et guerrier tant de laissers pour compte de la modernité. Rien ne saurait justifier les récents attentats contre les locaux de Charlie Hebdo, et pas extension à la liberté de presse et de parole. Rien ne peut justifier la charia, un quotidien parfois moyenâgeux, et les bombes contre les innocents, symbole ultime d'une lâcheté sans nom. Mais Frank Miller a t'il su saisir dans son oeuvre l'ensemble de ces menaces, et les nuancer avec une réalité souvent bien plus complexe que certains ont voulu exposer après le 11 septembre 2011? D'ailleurs, n'évoque t'il pas lui aussi la thèse du complot, d'une certaine collusion entre une partie du gouvernement, et les terroristes, comme un bon gros beauf à la Bigard, à travers les lignes de HT? En voulant faire de l'exutoire, du jubilatoire, Miller a juste tapé dans la vengeance aveugle (à sa manière, il est scénariste et dessinateur) et la haine mal dissimulée de l'Islam. Il souhaitait se faire détester, et au moins a t'il atteint son but. Sans oublier qu'en fin de compte, narrativement parlant, Holy Terror, c'est également faible et vite redondant. Bref, c'est raté.
Je précise ne pas avoir acheté l'édition française, et m'être basé sur celle publiée en Italie, mais je ne crois pas que cela change grand chose au problème... La VF est disponible en librairie, chez Legendary Comics.
Rating : OOOOO
A partir de l'attentat initial, le récit tend à devenir trop fragmentaire et cahotique, à base d'affrontements ultra violents entre les deux héros et d'autres terroristes, le tout saupoudré d'un patchwork de caricatures forcées (de politiciens américains, symboles religieux, terroristes medio-orientaux) et de comparaisons idiotes (quand les américains sont au cinéma et regardent un film, les islamistes lapident une femme infidèle, comme s'il s'agissait là d'un loisir quotidien propre à l'ensemble des croyants). Les personnages secondaires qui émaillent cet album sont trop vite troussés, et n'ont guère d'autre intérêt que celui de renforcer la thèse haineuse de l'auteur. Ainsi en est-il de David, cet agent du Mossad, et de ses deux assistantes, qui vient mêler maladroitement sionisme et discours terroriste islamophobe. Idem pour le chef de la police, Dan Donegal, alter ego du commissaire Gordon de chez Batman. On le rencontre au détour de deux planches, pour s'en séparer bien vite jusqu'à l'épilogue douteux. Certes, les amateurs de dessins à effets, de contrastes violents et expressionistes, pourraient bien trouver leur compte dans cette Holy Terror. Certes encore je ne souscris pas benoitement au discours naïf qui serait de fermer les yeux sur les dangers rampants et insidieux d'un Islam extrémiste qui recrute parmi les plus modérés et séduit par son discours simpliste et guerrier tant de laissers pour compte de la modernité. Rien ne saurait justifier les récents attentats contre les locaux de Charlie Hebdo, et pas extension à la liberté de presse et de parole. Rien ne peut justifier la charia, un quotidien parfois moyenâgeux, et les bombes contre les innocents, symbole ultime d'une lâcheté sans nom. Mais Frank Miller a t'il su saisir dans son oeuvre l'ensemble de ces menaces, et les nuancer avec une réalité souvent bien plus complexe que certains ont voulu exposer après le 11 septembre 2011? D'ailleurs, n'évoque t'il pas lui aussi la thèse du complot, d'une certaine collusion entre une partie du gouvernement, et les terroristes, comme un bon gros beauf à la Bigard, à travers les lignes de HT? En voulant faire de l'exutoire, du jubilatoire, Miller a juste tapé dans la vengeance aveugle (à sa manière, il est scénariste et dessinateur) et la haine mal dissimulée de l'Islam. Il souhaitait se faire détester, et au moins a t'il atteint son but. Sans oublier qu'en fin de compte, narrativement parlant, Holy Terror, c'est également faible et vite redondant. Bref, c'est raté.
Je précise ne pas avoir acheté l'édition française, et m'être basé sur celle publiée en Italie, mais je ne crois pas que cela change grand chose au problème... La VF est disponible en librairie, chez Legendary Comics.
Rating : OOOOO
Et alors? Ca fait du bien de voir que certains s'élèvent à leur manière contre cette gangrène archaïque qui em*erde tout le monde mais qu'on doit tous faire semblant d'accepter et d'apprécier! Au moins il est cash et ses exagérations valent bien les extrémismes que nous inflige cette religion barbare au quotidien et chaque jour un peu plus. Et les provocs qui vont avec, le 11 septembre restant à jamais un monument de l'horreur, ils ont quand même trouvé le moyen d'imposer un "centre culturel" islamique à deux pas des ruines... Je parle également en connaissance de cause car je vois ma ville et nombre de ses quartiers se transformer en Maghreb géant, où les femmes se mettent de plus en plus au voile ou au niqab, où on revendique sans cesse du halal et des lieux de prières de plus en plus nombreux etc.... Alors merci Miller de l'ouvrir contre tous les bien-pensants qui n'ont rien à nous apprendre!
RépondreSupprimerLa tolérance c'est bien, la complaisance c'est stupide, faible et dangeureux.
Il s'agit de toutes manières d'un argument sensible et idéal pour une prise de tête stérile. Je souhaite juste que ma critique ne passe pour un "excès de complaisance" car je n'éprouve guère de complaisance pour l'islam radical ou ceux qui souhaiterait nous empêcher de penser, au nom de l'Islam. Mais il serait fou et malsain de croire que l'Islam se résume à celà, et assimiler les fidèles qui souhaitent prier dans une mosquée (après tout ils sont suffisament nombreux en France pour pouvoir en reclamer dans les grandes villes, non?) et ceux qui se font sauter dans un avion pour la gloire d'Allah. Le problème avec Miller, ce n'est pas tellement son discours (il peut dire ce qu'il veut, tout comme Charlie Hebdo. Vive la liberté de penser quand même!) mais le fait qu'il ait choisi comme forme le graphic novel. Artistiquement parlant j'ai trouvé ça faible, mal construit, trop préoccupé par l'idée de déverser de la haine et de ridiculiser l'autre que par l'envie de tisser un vrai récit. Et ça va au delà des idées exprimées, je veux dire ici "comment il les exprime". Pas le contenu (que je n'approuve pas, certes) mais le contenant, qui est indigent. D'où ce "rating" très bas : une lecture dont je n'ai rien retiré, ni plastiquement parlant (c'est l'enième version de Sin City en somme) ni scénaristiquement parlant (très brouillon et indigent). Voilà tout.
RépondreSupprimerJe comprends bien, mais on ne peut pas lui reprocher d'utiliser son medium de prédilection pour exprimer ses idées ou ses ras-le-bol hautement compréhensibles en ces temps de lavage de cerveau massifs. Quitte à ce que ça paraisse bâclé ou médiocre au final.
RépondreSupprimerPour le reste bien sûr que c'est un sujet délicat et qui prête à toutes les polémiques mais j'ai néanmoins de quoi m'inquiéter davantage que ceux qui pensent que tout ça n'est pas si grave, car je le vis qu quotidien et ce que je vois n'a rien d'une "culture enrichissante et spirituelle". L'ampleur est bien plus grande et surtout c'est la direction qui est prise que j'entends "dénoncer". L'islam a eu sa période brillante mais aujourd'hui on assiste à un retour en arrière inquiétant et triste car je n'ai plus envie de parler d'une culture mais bien d'un fanatisme aveugle et vide, qui n'apporte rien que des rites barbares et injustifiés. Mais je m'arrête là parce que j'en arriverais à citer Miller par moments. Bonne continuation.
Je ne lui reproche rien, je dis juste que le résultat final est mauvais et sans pertinence. Après il fait ce qu'il veut, et s'exprime selon ses capacités (en l'occurence de scénariste/dessinateur) et c'est bien normal.
RépondreSupprimerLe problème, ce n'est pas l'Islam, mais le fanatisme qui s'accapare cette religion pour lutter contre un malaise social et économique. Le problème typiquement lié à la France, c'est notre propension à avoir joué aux apprentis sorciers démographiques depuis 50 ans (et je fais venir ici à tour de bras des familles entières pour faire ce que le petit français de base ne peut ou veut pas faire) pour ensuite faire marche arrière et prétendre au passage se débarasser des 2° et 3° générations qui sont aussi français que toi ou moi, légalement parlant. L'occident s'est réveillé de son racsime et de son exploitation séculaires voilà peu, et prétend depuis donner des leçons à des pays entiers, où la misère est telle, culturellement et économiquement parlant, que la montée d'un Islam extrêmiste est une conséquence logique et cruelle. Ce n'est pas en redoublant le nombre des "Fixer" et en guerroyant à la Miller qu'on verra le bout du tunnel, mais en comprenant que dans un monde global, l'équilibre des peuples est primordial. Hors, le plus fort (militairement et économiquement) continue toujours d'opprimer les plus faibles, et s'arroge le droit de jouer aux intouchables.
Huhu!
RépondreSupprimer---"Dès la première citation de Mahomet, qui invite à tuer "l'infidèle" et qui ne figure pas pour autant dans le Coran"---
Certes pas exactement sous cette forme mais tout de même:
CORAN [4:89] Ils aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru : alors vous seriez tous égaux ! Ne prenez donc pas d’alliés parmi eux, jusqu’à ce qu’ils émigrent dans le sentier d’Allah. Mais s’ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez ; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur.
Et attention: "Mahomet" est pris par les musulmans comme une insultes!
RépondreSupprimer4:90. excepte ceux qui se joignent à un groupe avec lequel vous avez conclu une alliance, ou ceux qui viennent chez vous, le cœur serré d'avoir à vous combattre ou à combattre leur propre tribu. Si Allah avait voulu, Il leur aurait donné l'audace (et la force) contre vous, et ils vous auraient certainement combattu. (Par conséquent,) s'ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu'ils vous offrent la paix, alors, Allah ne vous donne pas de chemin contre eux .
RépondreSupprimerle combat contre les mécréant de ce verset est pour l’état de guerre directe ou d'agression .
et franchement après des années a fermé les yeux sur les Wahabites d'arabie saoudite et financé les afghan contre les russes et en ce moment les islamistes syrien et lybien contre leurs dictateur c'est pas franchement des politiques de stabilité des régions.
sinon Frank miller c'est également Dardevil et Martha Washington je peut pas dire du mal de ce gars