BLOODSHOT USA : JEFF LEMIRE ET DOUG BRAITHWAITE CHEZ BLISS COMICS

Depuis l'arrivée de Jeff Lemire sur la série, je fais partie de ceux qui défendent becs et ongles le titre Bloodshot. Ce personnage, en partie amnésique, aux souvenirs trafiqués, est capable de se régénérer constamment, grâce à la présence d'une multitude de nanites (des petit robots intelligents) dans son sang, et il est désormais très bien écrit, même si ses aventures restent assez classiques sur la forme. Elle se lisent avec grand plaisir, pour le fun et l'éclate. 
Seulement voilà, pour la première fois, je suis resté sur ma faim. Ce nouveau volume intitulé Bloodshot USA commence à patiner et à se répéter. La situation propose une invasion de personnes contaminées par une sorte de virus Bloodshot, la présence de nanites donc, consciemment répandues à travers Manhattan par le projet Rising Spirit, les conspirateurs derrière cette tragédie. Les habitants deviennent fous et incontrôlables, et la violence se déchaîne. Pour mettre un terme à cette crise, il va falloir faire appel aux membres de l'équipe Unity, mais aussi à la team Bloodshot, à savoir ces différents avatars du personnage que nous avons rencontrés dans le volume précédent, Bloodshot Island. Cerise sur le gâteau, notre héros doit aussi retrouver la trace des deux femmes qui comptent dans son existence, à savoir Magic, et Kay, l'ancienne Géomancienne, devenue Deathmate, manipulée par le projet Rising Spirit. Beaucoup d'action en perspective, mais rien de véritablement novateur ou profond.

Bloodshot est-il en train de déjà s'embourgeoiser? Le personnage est ici confronté à une épreuve notable, mais finalement, même lorsqu'on lui coupe la tête (!) il se remet très vite sur pieds, en quelques cases, parvient à juguler la menace en héros que rien n'arrête, et retrouve aussi Kay, qu'il libère d'un conditionnement profond avec de simples paroles et un trip régressif pas très clair, qui est loin d'être ce que Jeff Lemire (un génie, Jeff) a écrit de plus pertinent et de plus émouvant dans sa carrière.
On se console tout de même avec les dessins de Doug Braithwaite. Lui est en bonne forme et il ne connaît pas la crise. Les regards et les expressions, les scènes spectaculaires, tout est traité avec classe et sans fausses notes, avec un petit coté marqué et désabusé qui salit subtilement les planches, pour leur donner un aspect plus sauvage et moins cliniques. C'est bien, quoi.
L'album se termine avec un épisode intitulé Bloodshot Reborn #0, dessiné par Renato Guedes, où la nouvelle vie du héros prend forme. Dans le bonheur et les bonnes nouvelles, tant cet épilogue surprend par la direction souriante que la série emprunte. encore que dans l'ombre, pas sur que le projet Rising Spirit soit si démantelé que cela, et qu'il renonce à faire des siennes très bientôt...
Pour inconditionnels de Bloodshot ou de l'éditeur Bliss Comics. Loin d'être la référence du catalogue, c'est certain. 


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