La mort de Charles Xavier, tué des mains de son fils Légion, a provoqué un bouleversement sans précédent dans la continuity Marvel. Dans l'Ere d'Apocalypse, nous (re)découvrons un monde ravagé par la guerre raciale, gouverné d'une main de fer par Apocalypse, où les humains normaux sont tous soumis ou exterminés, et où les X-Men s'organisent sous la férule de Magneto, formant ainsi les dernières poches crédibles de résistance.
Dans ce volume 2, nous retrouvons Kurt Wagner (Diablo) et sa mère Mystique, qui ont pour mission de pénétrer en Avalon pour aller y récupérer Destinée. Celle ci pourrait être en mesure de confirmer ou infirmer les dires d'un certain Bishop, unique rescapé de notre réalité à nous, et qui se retrouve bien seul à jouer les prophètes, dans cet univers dystopique. Nous suivons également la bande de jeunes drilles de Generation X, pour l'occasion rebaptisée Generation Next. Ces gamins mutants sont entraînés au pire par un Colossus guerrier, bandana autour du crâne de métal, et amant d'une certaine Kitty Pride, qui se grille une cigarette entre chaque mission. Ils n'ont pas le temps de chômer car Magneto leur a confié une tâche bien difficile : investir une des principales bases énergétiques de ce qui reste du pays, pour y retrouver une des rares mutantes capables de remonter le temps. Il s'agit d'Illyana Rasputin, la soeur de Colossus, jusque là tenue pour morte, à tort. Pour ce faire, il faudra déjouer la surveillance de Sugar Man et de ses sbires, ce qui ne sera pas aisé. Paige Guthrie, Angelo Espinoza, Chamber, Mondo, et d'autres encore, voilà une jeunesse brillante qui part la fleur au fusil pour ce qui ressemble fort à une mission suicide. Pendant ce temps, les sentiments eux aussi sont au menu de cet album dense. Gambit est transi d'amour pour la belle Malicia, mais celle ci semble lui préférer le leader charismatique Magneto. Bien qu'elle ne trouve pas le courage de le lui dire clairement, lorsque l'heure du choix sonne sur le champ de bataille, il lui faut faire un choix, quitte à briser à jamais le coeur tendre de son amoureux déconfit. Les X-Men sont au bord de l'agonie, si en plus ils se déchirent entre eux pour de banales querelles orchestrées par Cupidon, quelles chances ont-ils face à Apocalypse et ses cavaliers? Vous avez dit aucune?
Nous sommes dans les années 90, et chaque page est là pour nous le rappeler. Cases surchargés, poses plastiques improbables et mâchoires serrées, propos belliqueux à toutes les planches, le scénario privilégie l'action et l'aventure au détriment de la psychologie des personnages. Même quand cela s'adoucit (le triangle amoureux Magneto/Malicia/Gambit) c'est pour mieux faire comprendre qu'une trahison sentimentale peut donner lieu à des renversements d'alliance, des blessures physiques. Les artistes présents dans cet album sont un peu la crème d'alors, et la plupart sont toujours sur le pont aujourd'hui. Scott Lobdell est le grand démiurge de ce récit, mais on trouve également des cadors comme Warren Ellis, qui ne sont pas de trop pour rendre crédible ce monde agonisant, où la survie du plus fort, et la sélection génétique, ont fait des Etats-Unis un cauchemar devenu réalité. Coté dessins, j'aime beaucoup le Chris Bachalo version juvénile. Son découpage des planches tend déjà la multiplication des petites cases, et il parvient, avec les jeunots de Generation Next, à instaurer un savoureux climat post punk où la noirceur prédomine, régulièrement trouée par l'irruption de personnages sur la scène, qui ressemblent à des explosions. Andy Kubert propose lui des silhouettes trop stéréotypées et aux visages trop anguleux, alors que ma préférence va à Ian Churchill, qui parvient à caractériser chacun des X-Men avec une grande clarté, et à conserver un story-telling clair et qui permet de respirer, ce qui n'est pas chose aisée dans cette grande saga. Autres noms au menu, Steve Epting, ou encore Ken Lashley. L'Ere d'Apocalypse est assurément, par son ambition, sa longueur, sa capacité à transformer tout un univers narratif en une solution alternative cauchemardesque, un des plus beaux exemples de crossover de toute l'histoire de Marvel. Elle porte aussi les tares de son temps, c'est à dire les rodomontades continues d'artistes souvent désireux d'en "mettre plein la vue" quitte à en faire des tonnes, à en faire de trop. C'est aussi l'occasion de donner un vrai grand statut dominant à Apocalypse lui même, et d'anoblir Magneto. Le couple Logan/Jean Grey est une autre des belles réussites de l'événement, et on le trouve alors plus assorti que celui formé en temps normal par Scott Summers et la belle rousse, qui avait probablement besoin d'un peu plus d'anticonformisme et de sauvagerie pour exploiter pleinement son potentiel. De toutes manières, ne boudez pas votre plaisir, car la collection Marvel Gold reste une excellente initiative, rapport qualité/prix, qui permet de récupérer à moindre frais de bons moments de lecture épuisés en Best-Of, ou assurément plus chers.
Nous sommes dans les années 90, et chaque page est là pour nous le rappeler. Cases surchargés, poses plastiques improbables et mâchoires serrées, propos belliqueux à toutes les planches, le scénario privilégie l'action et l'aventure au détriment de la psychologie des personnages. Même quand cela s'adoucit (le triangle amoureux Magneto/Malicia/Gambit) c'est pour mieux faire comprendre qu'une trahison sentimentale peut donner lieu à des renversements d'alliance, des blessures physiques. Les artistes présents dans cet album sont un peu la crème d'alors, et la plupart sont toujours sur le pont aujourd'hui. Scott Lobdell est le grand démiurge de ce récit, mais on trouve également des cadors comme Warren Ellis, qui ne sont pas de trop pour rendre crédible ce monde agonisant, où la survie du plus fort, et la sélection génétique, ont fait des Etats-Unis un cauchemar devenu réalité. Coté dessins, j'aime beaucoup le Chris Bachalo version juvénile. Son découpage des planches tend déjà la multiplication des petites cases, et il parvient, avec les jeunots de Generation Next, à instaurer un savoureux climat post punk où la noirceur prédomine, régulièrement trouée par l'irruption de personnages sur la scène, qui ressemblent à des explosions. Andy Kubert propose lui des silhouettes trop stéréotypées et aux visages trop anguleux, alors que ma préférence va à Ian Churchill, qui parvient à caractériser chacun des X-Men avec une grande clarté, et à conserver un story-telling clair et qui permet de respirer, ce qui n'est pas chose aisée dans cette grande saga. Autres noms au menu, Steve Epting, ou encore Ken Lashley. L'Ere d'Apocalypse est assurément, par son ambition, sa longueur, sa capacité à transformer tout un univers narratif en une solution alternative cauchemardesque, un des plus beaux exemples de crossover de toute l'histoire de Marvel. Elle porte aussi les tares de son temps, c'est à dire les rodomontades continues d'artistes souvent désireux d'en "mettre plein la vue" quitte à en faire des tonnes, à en faire de trop. C'est aussi l'occasion de donner un vrai grand statut dominant à Apocalypse lui même, et d'anoblir Magneto. Le couple Logan/Jean Grey est une autre des belles réussites de l'événement, et on le trouve alors plus assorti que celui formé en temps normal par Scott Summers et la belle rousse, qui avait probablement besoin d'un peu plus d'anticonformisme et de sauvagerie pour exploiter pleinement son potentiel. De toutes manières, ne boudez pas votre plaisir, car la collection Marvel Gold reste une excellente initiative, rapport qualité/prix, qui permet de récupérer à moindre frais de bons moments de lecture épuisés en Best-Of, ou assurément plus chers.