Si vous avez suivi et apprécié les trois premiers tomes de la série initiée par Keanu Reeves, qui racontent les aventures d’Unute, le BRZRKR immortel aux prises avec une profonde solitude et des questions existentielles, vous avez toutes les raisons de vous plonger dans la suite ! Delcourt lance le premier volume d'une série de spin-offs qui explorera les différentes époques marquantes de l’Histoire à travers la présence d’Unute. Chaque épisode mettra en lumière comment ce personnage unique a traversé les âges, tout en laissant derrière lui des carnages inégalés. Le premier album de cette série, intitulé Bloodlines, est composée de deux parties. Cela débute avec La poésie de l'insensé, qui nous transporte à l’époque légendaire de l’Atlantide. Dans cette histoire, il est dit que le royaume fabuleux, où les rues semblent pavées d'or et les joyaux architecturaux abondent, a pu bénéficier de l’aide de notre héros, qui a formé et protégé son jeune roi, Azaés. Sous l'influence d’Unute, l'apprenti souverain est devenu un leader respecté… mais aussi, au fil du temps, bien moins honorable. Nous découvrirons même que la chute de l’Atlantide est directement liée aux actes d'Unute lorsqu’il a dû affronter le démon Cthulhu dans un combat mémorable où le sang a coulé à flots. Cette histoire, scénarisée et illustrée par Steve Skroce, combine un style à la fois incisif et décalé, rappelant celui de John Romita Jr. chez Marvel, avec cette capacité à offrir une distance humoristique lors des scènes les plus violentes et sanglantes. Cependant, ne vous méprenez pas : cette œuvre n’est pas pour les âmes sensibles ! Au-delà de l’action brutale, le récit s’avère plus intelligent qu’il n’y paraît, en abordant notamment la notion du temps pour un être immortel. Pour Unute, chaque décennie n'est qu’une brève parenthèse, un simple épisode dans son existence infinie, lui qui n'a plus de larmes à verser et dont le destin s'éloigne irrémédiablement de celui des mortels.
Le second récit, intitulé Empire déchu, est particulièrement captivant. Il permet de comprendre, avec une grande acuité, comment la puissance, lorsqu’elle devient furie destructrice, peut également se transformer en malédiction. Chez notre protagoniste, ce besoin irrépressible de tout détruire, de provoquer des massacres réguliers, est un élan qu’il ne parvient pas à maîtriser. C’est ce qui se produit lorsqu'il se retrouve, dans le désert, face au souverain d’Olos. Contre l'avis de la reine, le roi décide d'utiliser ce guerrier comme une arme, un divertissement sanglant pour des sortes de jeux du cirque. Cependant, rien ne semble pouvoir briser le nouveau venu, qui ébahit la cour en revenant à la vie après avoir été décapité. Il finit par s’échapper avec la reine, donnant ainsi naissance à un récit poignant qui s’avère être un formidable jeu de dupes. Cette histoire est superbement orchestrée par le scénariste Mattson Tomlin, qui transforme un one-shot en apparence banal en une intrigue bien plus complexe et subtile qu’on ne l'aurait imaginée au départ. Le plaisir de lecture réside notamment dans le mécanisme narratif implacable mis en place. Les illustrations de Rebekah Isaacs ajoutent une touche de finesse ; elle excelle dans la représentation des personnages féminins et sait capturer des émotions intenses, qui prennent vie dans ces pages. Alors oui, ce Bloodlines est parfois expéditif, peut-être un peu bourrin. Ceux qui n’ont pas aimé les trois volumes précédents ne trouveront pas ici de quoi les convaincre. Mais pour ceux qui ont été happés par l'univers de BRZRKZ, cette nouvelle fournée est incontournable.
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