LIVING WITH YOURSELF : DEUX PAUL RUDD POUR LE PRIX D'UN

Vivre avec soi-même, ce n'est pas toujours une chose facile, à fortiori lorsque l'expression est à prendre au pied de la lettre. Physiquement. Vivre avec vous-même, même séparés, en deux entités distinctes. C'est ce qui arrive à Will (Paul Rudd) le jour où il se rend dans un centre de massage aussi clandestin que particulier, sur les conseils avisés d'un collègue de travail. Il faut dire qu'il traîne depuis trop longtemps une forme de dépression latente, une morosité qui se reflète jusque dans son apparence physique, sa posture, ce qu'on appelle le langage corporel. La promesse des soins, qui coûtent tout de même la bagatelle de 50 000 dollars, est de sortir régénéré, en forme parfaite, mentale et physique, un homme nouveau en sorte. Et c'est ce qui se produit.  Sauf que.... que le vrai Will échappe de peu à la suffocation, enterré vivant en pleine forêt, dans un sinistre sac plastique. L'autre Will, celui qui pète la forme et fait des étincelles au boulot comme cela n'arrivait plus depuis des lustres à ce publicitaire autrefois inspiré, c'est en réalité un clone. Réplique parfaite, souvenirs et émotions comprises, ce qui fait que les deux lascars sont en tous points le même individu, avec les mêmes repères culturels, familiaux, les mêmes valeurs. Et ils ont une seule et même épouse! Celle-ci envisageait de quitter le mari, réticent à l'idée d'aller effectuer un test pour vérifier sa fertilité masculine, et toujours les traits tirés, la tête basse. Elle se retrouve avec un époux aux petits soins, pétillant, l'homme tellement parfait que ça en est même irritant, quand on est une femme qui approche de la quarantaine, et traverse les aléas de l'existence et ses petites fatigues, comme tout un chacun. Alors, lequel des deux Will va pouvoir vivre pleinement le vie de l'autre? Le "vrai" Will, tristounet et résigné, ou le Will "artificiel" et explosif? Ce dernier est invité à embarquer pour une île lointaine, et (re)faire sa vie en toute discrétion. Mais l'amour, ça ne se commande pas, et les sentiments, même si induits par clonage, ça ne s'oublie pas si vite. Bref c'est la panade! 



Paul Rudd porte une grande partie du charme de cette relativement brève série sur ses épaules. Il campe le même homme, mais en deux versions bien différentes, jouant avec le corps et les expressions pour sauter de l'optimisme fulgurant de l'un, à la morosité poisseuse de l'autre. La prestations est très convaincante, et c'est ce qui permet à Living with yourself de décoller rapidement, avec des premiers épisodes menés d'une main de maître. L'ensemble commence à plafonner tout de même dès lors que l'existence du clone est révélé lors d'une soirée arrosée, avec un dernier épisode très inspiré (quand le nouveau Will tente de séduire son épouse) puis une fin de saison n'allant pas au bout de ses idées. On notera que le récit a tendance à fonctionner de manière circulaire, chaque épisode reprenant tout ou partie de la seconde moitié du précédent, changeant le point de vue, le rythme, pour en dégager quelque chose de nouveau, qui éclaire des points obscurs, ou mettre en valeur des détails que le spectateur aurait autrement ignoré. Living with yourself reste une agréable découverte, qui associe un esprit caustique et limite malsain à une comédie de science-fiction moderne, où les limites de la science sont dépassées, pour déboucher sur une situation trivialement cauchemardesque, un drame de la création qui tourne au vaudeville et à l'angoisse existentielle. Disponible sur Netflix, de quoi se faire une longue soirée sympa avant les fêtes. 


Si vous aimez les histoires de clone, la saga du clone
de Spider-Man est de retour chez Panini, hein!


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