ECHO : LA NOUVELLE SERIE DISNEY PLUS N'A PAS GRAND CHOSE À RACONTER


 Le dossier et la couverture de notre mensuel de janvier sont consacrés à l'avenir des comics sur le grand et le petit écran. On se pose la question car ces temps derniers la vague est un peu retombée et une lassitude évidente semble s'être emparée d'une bonne partie des spectateurs. Aussi, la première série de l'année 2024, qui est disponible sur Disney Plus, a la lourde charge d'endosser le rôle d'éclaireur pour ce qui va suivre. La bonne nouvelle, c'était le retour à un ton plus adulte, mur, violent, sans concession. Cette fois, il ne fallait pas redouter un pastiche de super-héros, une pantalonnade déclinée en cinq épisodes. Oui, de six nous sommes passés à cinq. Mais au contraire, quelque chose de plus brutal. Maya Lopez est à la fois une femme, une personne souffrant de plusieurs handicaps invalidants  (la perte d'une jambe, mais elle est aussi sourde) et issue de la communauté amérindienne, autrement dit une excellente occasion pour donner de la visibilité à ceux qui ne sont pas toujours sur le devant de la scène. Mais la série est également une opportunité pour ramener au premier rang des personnages parmi les plus charismatiques de l'univers Marvel, comme Wilson Fisk, le Caïd du crime, ou encore Daredevil et Hawkeye. Bref, il y avait tout de même un bon paquet de cartes à jouer pour rendre cette production très intéressante. Le problème que nous avons rencontré, c'est qu'à la fin du premier épisode, nous étions déjà plongés dans une léthargie profonde, due à l'absence quasi totale de moments forts. Echo ronronne, peine réellement à passionner. Maya est ici une fugitive, poursuivie par l'empire criminel de Wilson Fisk, qu'elle a abattu de sang froid. Une épopée personnelle qui va la conduire "chez elle", dans la campagne profonde, où elle devra se confronter à son passé, sa famille, son héritage et surtout à ses démons. L'écriture et la réalisation de cette nouvelle série Marvel s'attarde beaucoup sur ce dernier point, quitte à rendre la protagoniste assez déroutante, voire antipathique. Pas simple de ressentir de l'empathie, d'être ému devant cette Maya Lopez qui a finalement choisi sa voie, celle de la violence et de la vengeance, qui na jamais été entourée et guidée par les meilleurs conseillers, entre un père malfrat à la petite semaine et un mentor parmi ce qui se fait de pire. 


Maya Lopez est donc antipathique, taciturne, endurcie par la vie depuis qu'elle est petite, sourde mais aussi dotée d'une jambe en métal. Les réalisateurs Sydney Freeland et Catriona McKenzie prennent le contrepieds total du parcours entrepris avec Iman Vellani, Adil El Arbi et Bilall Fallah pour Miss Marvel, optant pour la carte singulière d'une série qui se fiche de savoir si le spectateur pourrait devenir ami avec sa protagoniste. La mise en scène, qui devient régulièrement et soudainement silencieuse pour faire ressentir ce que signifie être sourd et handicapé, avec uniquement des bruits lointains (à l'image de l'écho du titre et du nom de code choisi par Maya) peine à sortir de cet artifice intelligent. Le reste, c'est un ensemble de scènes et de plans déjà vus mille fois ailleurs, sans inspiration notable (comme ces cascades sur le toit du train, entrecoupées par l'apparition de ponts et d'obstacles, un classique éculé du genre) et sans génie. Alaqua Cox est tout aussi peu engageante, parfois même agaçante, mais déterminée et têtue au possible, ce qui est son meilleur atout pour lui permettre d'atteindre ses objectifs. Ce qui nous est présentée dans Echo, ce n'est pas une héroïne, mais une anti-héroïne; on pourrait même dire une ennemie potentielle pour les héros ordinaires, et qui échappe à la vie criminelle qu'elle a connu avec Wilson Fisk, avec qui elle entretient une relation assez similaire à celle que Nebula et Gamora ont pu avoir avec Thanos. Une espèce d’addiction toxique dont elle ne peut se défaire et qui est de toute façon sa meilleure arme pour arriver un jour à ses fins. Tout comme dans Miss Marvel, c'est un pouvoir très ancien et presque mystique qui guide les actions de Maya, qui pourrait en découvrir bien plus sur elle-même qu'elle ne l'imagine, se rappeler que la tradition, la dynastie et le passé sont des concepts qui définissent, quoi qu'on en pense, notre identité culturelle et sociale. Mais toute cette ambition en oublie un élément fondamental du genre super-héroïque : faire vibrer le lecteur ou le spectateur. Les pauses narratives abondent, les enjeux glauques et peu spectaculaires finissent par lasser et Maya n'a pas la carrure suffisante pour porter sur ses seules épaules les cinq épisodes (D'Onofrio est le seul qui pourrait le faire). Echo n'est pas un ratage complet ou un naufrage, c'est juste une série sans réelle envergure, qui nous laisse assez indifférents. 


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