Semaine de "rediffusion" de grands classiques sur UniversComics, vacances obligent. Tiens d'ailleurs, avec la sortie du film Spider-Man Homecoming, cela vous tente un vrai classique arachnéen, absolument superbe? Hop, on vous en parle là tout de suite, pour le plaisir.
1985 est une année funeste pour la police de New-York. Le capitaine Jean DeWolff, femme flic des plus efficaces et pugnaces, alliée officieuse du tisseur de toile, est froidement abattue à son domicile. C'est une époque urbaine et violente pour Spider-Man, pris dans les méandres d'une ville où la criminalité grouille de partout, où certains quartiers ressemblent à des zones de non-droit. C'est d'ailleurs en arrêtant de vulgaires voyous que notre héros apprend la triste nouvelle de la bouche d'une patrouille venue prendre la relève. Si Jean n'avait guère de chance d'obtenir la palme du policier plus sympathique et drôle de New-York, elle était néanmoins très respectée pour son intégrité, son efficacité, et ses coéquipiers vont traquer l'assassin, avec l'aide du monte en l'air. Le détective Carter est particulièrement chargé de l'enquête, et va se retrouver flanquer de Spider-Man, comme homme de l'ombre. Daredevil est lui aussi de la partie. Alors que Matt Murdock défend de petits malfrats au tribunal, il assiste impuissant à l'assassinat d'un de ses pairs et mentors, des mains du Rédempteur, une sorte de justicier cinglé qui veut effacer les pécheurs et les punir ainsi pour leurs tares. Même arme, même modus operandi, voilà donc le meurtrier de Jean DeWolff qui sort du bois. Sauf qu'il parvient à filer entre les doigts de Spider-Man, et que son arrestation effective parait bien plus problématique qu'on ne pouvait l'envisager, dans un premier temps. Qui est le Rédempteur, quels mobiles véritables poursuit-il? Quelle est son histoire, qu'est ce qui le guide? Le récit de super-héros se matine de polar, pour une petite perle des années quatre-vingt, proposée dans un album de collection, chez Panini.
Enfin, car cela faisait longtemps que nous l'attendions. Cette petite saga, publiée sur les pages de Spectacular Spider-Man voilà plus de trente ans, reste à ce jour une des aventures les plus touchantes et choquantes de Spider-Man. En alliant enquête policière, et réflexion sur les valeurs de la justice (d'où la présence et l'importance de Daredevil dans cet album), Peter David révélait déjà au grand public les multiples facettes d'un talent de scénariste qui ne s'est jamais démenti depuis. La fragilité émotionnelle de Peter Parker, héros perturbé derrière le masque, avide de vengeance plus que de justice, lorsque la mort frappe l'homme dans ses affects, est exposée avec une lucidité et une justesse de ton assez remarquable. On le voit frapper à mort son adversaire, plein du désir d'en finir, dans son costume noir si menaçant, ramené depuis peu de la planète du Beyonder. Rich Buckler dessine ce récit sans fioriture, avec un trait clair et expressif, qui joue intelligemment avec les expressions de colère des visages, et l'inexpressivité des masques, où seuls les yeux trahissent parfois la haine ou la détermination qui enflamme l'individu qui se réfugie derrière. La collection Best Of a de quoi s'enorgueillir de cette parution, que tous les fans du tisseur de toile se doivent non seulement d'avoir lu, mais de posséder en bonne place dans leurs collections. Une des pierres angulaires du genre, que ce Spidey gritty et amère. Une réussite totale.
L'album de Panini contient aussi trois épisodes successifs, de 1987, où Spider-Man retrouve l'assassin de Jean DeWolff, libéré par les psychiatres, pour une confrontation aussi tendue que surprenante, lorsque le héros découvre que son ennemi n'est plus aussi redoutable et solide qu'il n'y semblait autrefois. De quoi faire perdre au tisseur son assurance et attiser son sentiment de culpabilité (les coups qu'il a porté au criminel ont laissé des traces...), et nuire à son rôle de justicier costumé, au dessus des lois et du commun des mortels. Cette fois c'est Sal Buscema qui dessine ces trois épisodes tristes, beaux, peut être un peu trop rhétoriques sur le final, mais toujours aussi indicatif du travail d'orfèvre de Peter David, auteur d'un run humain et sensible.
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