Quand Alan Moore débarque sur le titre Swamp Thing, après la vingtaine de numéros, c'est pour donner un sacré coup de balai et une nouvelle orientation à la série. Du reste, c'est cela que l'on attendait de lui et au moins sur ce point, il va parfaitement mériter ses émoluments! Pour commencer c'est le concept de base qui va être profondément chamboulé. Non, Swamp Thing ce n'est pas à Alec Holland qui s'est métamorphosé en la créature des marais, c'est au contraire l'incarnation des forces primordiales de la nature, qui ont donné vie à une entité végétale, qui possède les souvenirs et les sensations du botaniste, sans pour autant pouvoir se targuer d'être humain. Cela change beaucoup de choses car l'un des grands drames était de savoir si Alec allait redevenir ou non un jour lui-même, et par extension si histoire d'amour naissante, qui se développe pleinement dans ce premier tome, avec la belle Abigail aux cheveux blancs, allait donc un jour être possible. Comme si la demoiselle -par ailleurs déjà mariée, nous devrions dire madame) ne pouvait pas trouver une solution pour finalement embrasser un monstre de mousse et de branches, qui possède en lui certains champignons psychotropes lui permettant de vivre des expériences aussi psychédéliques qu'érotiques. Tout ceci est à suivre dans les derniers épisodes du tome 1.
En attendant on y trouve également un antagoniste de choix, à savoir un autre botaniste, Jason Woodrue, qui est appelé à devenir l'homme Floronique. Lui aussi est un grand spécialiste, mais il a une conception un peu particulière de la nature et de la planète, et s'il veut faire payer au genre humain ses méfaits vis-à-vis de l'écologie, la punition qu'il a trouvé est assez radicale puisque il choisit d'exterminer toute forme de vie humaine. Ceux qui ont suivi la série télévisée se rendront compte ainsi que la plupart des lignes narratrices adoptées pour le petit écran se retrouvent à l'intérieur de l' œuvre d'Alan Moore, comme par exemple cette scène terrifiante où Swamp Thing est démembré pour une étrange leçon d'anatomie, à l'issue de laquelle le lecteur apprend la vérité sur sa "composition". Ici nous trouvons aussi un autre grand adversaire en la personne du Roi-singe, qui est censé symboliser les peurs et des cauchemars qui se cachent en chacun de nous. Bref, Swamp Thing est une bande dessinée d'horreur, mais qui va également beaucoup puiser dans le symbolisme et la psychologie. Les dessins sont absolument magnifiques, avec plusieurs artistes qui se succèdent, mais le principal d'entre eux est Stephen Bissette, dont le trait ultra détaillé, baroque et romantique, fait merveille. Chacune de ses planches est une ode à la nature qui mériterait d'être regardée pendant de longues minutes, pour en apprécier les moindres petits détails. Comme toujours, Urban Comics ne se moque pas du monde et ce grand pavé à la couverture rigide est véritablement ce qui se fait de mieux pour découvrir un personnage aussi pathétique que passionnant. Le conseil que je vous donne est simple, si vous ne connaissez pas ces épisodes, procurez-vous absolument ce mastodonte, premier d'une série de trois.
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Swamp Thing Tome 1 : pour l'acheter