Khali et Erioch se détestent cordialement. C'est la raison pour laquelle ils se livrent un ultime combat, un affrontement au dernier sang sur l'île des Géants Pétrifiés. Et ça tourne particulièrement mal pour le premier cité qui finit pratiquement découpé en morceaux et qui se retrouve contraint d'implorer son adversaire, pour qu'il lui donne le coup de grâce. Khali est pourtant un combattant redoutable, dernier maître d'une technique ancestrale appelée le Ghôm Shabbal, caractéristique de sa planète natale. Une planète qui n'existe plus et dont il est le dernier survivant depuis que les troupes de la Légion Sombre ont fait irruption chez lui et ont tout ravagé et détruit. Or, il se trouve que Erioch est le soldat qui menait au front cette force d'assaut des envahisseurs et que si Khali a été épargné, c'est pour être ensuite formé à la dure, pour devenir à son tour un légionnaire d'élite, pour intégrer les rangs de ceux qui ont anéanti les siens. L'histoire commence donc par la fin, avant de remonter le temps et de nous montrer à quel point les deux antagonistes se détestent et à quel point ils se sont rendus coup pour coup, au cours des années qui ont précédé. Avec toujours de la part d'Erioch cette faculté de placer l'adversaire dans des situations humiliantes. Et l'humiliation peut briser un homme, le marquer au fer rouge, mais peut aussi être une puissante motivation pour exercer une terrible vengeance, sans négliger qu'au bout du compte, œuvrer pour la légion et sa toute puissante force de frappe, ça peut aussi être tentant…
Cette histoire se déroule dans l'univers des I.S.S. Snipers. 200 ans ont passé et ce corps d'élite a évolué vers quelque chose d'autre, une espèce de puissance militaire invincible, mise en couple réglée par Reid Eckart, ou plutôt une version améliorée de celui-ci, qui règne en despote et semble réellement intouchable. La légion sombre est dirigée par un ensemble de barons qui peuvent accéder alors à tout un tas de privilèges. Erioch en est un et Khali a pour objectif de le devenir; seulement ainsi, il pourra devenir l'égal parfait de celui qu'il rêve d'exterminer. Vous l'aurez compris, le scénario a tout de même un petit côté assez bourrin, de la science-fiction de combat avec des armes technologiques, des mondes qui s'inclinent et des guerriers mâles alpha qui n'ont qu'une seule envie : se taper dessus ,jusqu'à ce que mort s'ensuive. Oui mais voilà, j'ai beaucoup apprécié la manière avec laquelle Stéphane Louis fait parler ses personnage, sa faculté à leur insuffler des dialogues très naturels, qui correspondent bien à ce que l'on pourrait attendre de ce genre de personnages. Le texte, la manière dont il est rythmé, permet de toujours rester plongé dans l'aventure, sans jamais en sortir, ce qui m'arrive trop fréquemment, étant donné la sensibilité particulière qui me caractérise de ce côté-là, plus encore que pour le dessin. Le dessin, justement, est de belle facture, tandis que le réalisme des parties matérielles ou technologiques contraste avec les corps, les visages, qui eux sont abordés d'une manière plus personnelle, voir un peu caricaturale, ce qui les rend expressifs. C'est un peu comme s'il existait deux Erwan Seure-Lebihan et cela sert plutôt bien l'album. Récit d'anticipation sombre et violent qui se ponctue un petit traité de la trahison et de ses innombrables facettes, voici un album qui n'a pas la vocation de révolutionner le genre dans lequel il s'inscrit mais qui procure indéniablement son bel effet à la lecture.
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