Ajoutons à cette fine équipe l'imbuvable Vif-Argent. Pietro n'est pas aimé des autres, sa présence est loin de faire l'unanimité et son comportement n'aide en rien dans l'affaire. Mais on sent également un homme désireux de mieux faire, de réparer certaines erreurs du passé, même si de façon totalement maladroite. Les deux dessinateurs principaux qu'on retrouve dans cet omnibus sont Larry Stroman et Joe Quesada. Le premier offre une indéniable touche expressionniste, parfois caricaturale, à des planches qui privilégient l'explosivité au réalisme des anatomies ou des situations. Si j'avais été un peu dérouté à l'époque de la première parutions dans les minces fascicules VF qu'on appelait Version Intégrale, j'ai fini par m'y faire et même apprécier énormément cette audace, rupture avec ce qui avait été produit avant. Le second allait vite devenir un des grands pontes de Marvel. Lui aussi mise clairement sur l'effet spectaculaire de son travail, au détriment du respect servile de la réalité, mais le trait agile, truffé de trouvailles réjouissantes, la mise en page toujours bondissante, en font un artiste d'exception à qui nous devons des épisodes mémorables. Jae Lee pointe le bout de son nez le temps du crossover Le chant du bourreau, pour une parenthèse magnifique, des pages orageuses et sombres, tout un univers soudain torturé, retravaillé, avec une classe démente. Pour ce qui est des histoires en soi, le véritable début de la troupe de Val Cooper est éloquent. Il y est question du meurtre de l'Homme Multiple, sans qu'on sache vraiment qui a été tué (lequel ?), au point que le pseudo original revient revendiquer son identité, en pleine conférence de presse, où serait donc présent un simple double émancipé. Mister Sinister aussi rentre dans la partie et Guido se retrouve impliqué dans un combat face à Slab, un autre gros bulldozer génétique, certes musclé à l'extrême mais laid comme un pou. X-Factor croise la route de Hulk, le temps d'un mini crossover (orchestré par Peter David et ses deux casquettes de scénariste) aux ramifications géopolitiques, avant que Stryfe fasse surface. Le double génétique de Cable étant appelé, nous l'avons dit, à être le pivot du grand récit choral que sera le Chant du Bourreau. Que ce soit face à Cyber, le Crapaud, une adversaire capable d'enchanter et maîtriser les autres par la musique, X-Factor enchaîne les rencontres, les adversaires, toujours avec un effet double-face évident. On sourit franchement, surtout quand la dynamique du groupe est mise à mal par des individualités qui n'aiment guère se reposer sur les autres, mais on sent poindre le drame, ce qui ne manquera pas d'arriver et de marquer l'équipe au fer blanc. Les apparences sont trompeuses, comme l'enseigne Random, un mercenaire ultra violent et dont le corps devient toute sorte d'armes, qui cache en fait une personnalité et une identité bien plus fragiles et pathétiques qu'il ne paraît au premier regard. Inutile de préciser que cette sortie est indispensable pour tous les lecteurs nostalgiques des années 1990, même si les Omnibus sont un produit que seuls les plus fortunés et motivés d'entre vous parviennent à acquérir régulièrement. La démocratisation de notre passion étant une autre problématique, sur laquelle nous reviendrons un autre jour. Si vous le pouvez, foncez.
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