Franchement, vous croyez vraiment que si les super-héros existaient, ils se conteraient, du haut de leurs statuts d'icônes et de leurs pouvoirs formidables, de sauver la veuve et l'orphelin sans rien demander en échange? Juste par pure abnégation et sens des responsabilités, comme ce bon vieux Peter Parker? Oui, il y en aurait peut être, mais il y a aussi fort à parier qu'une bonne majorité d'entre eux finirait par s'adonner à la corruption, ou par dévier de sa trajectoire initiale. Le pouvoir fait tourner les têtes, alors le super pouvoir, imaginez donc! Et quand une communauté de héros en latex, tout puissants, commence à toiser le commun des mortels et ne s'embarrasse plus des dommages collatéraux occasionnés par les batailles de rue, qui pourrait donc bien rétablir un semblant d'équité, en rappellant à l'ordre, par la force s'il le faut, ces demi-dieux inconscients? Cette tâche ingrate, c'est celle qu'ont accepté les cinq membres d'une force gouvernementale secrète, The Boys, dirigée par la carrure impressionnante de Butcher, le plus cynique et solide d'entre eux. Toutes les méthodes sont bonnes pour faire plier ces super gugusses sans foi ni loi, comme les sept plus grands héros de la Terre, qui en orbite géostationnaire autour de la Terre, dans leur Qg ultra moderne, font passer une audition particulière à la petite dernière, leur nouvelle et jeune recrue. La jolie blonde va devoir sucer ces messieurs (toute ressemblance avec la JLA de Dc comics n'est pas fortuite, bien entendu) alors que la version juvénile de ces défenseurs de la paix (les Jeunes Terreurs, clin d'oeil réussi aux Jeunes Titans) n'est pas en reste : les gamins se fourvoient dans le stupre, la drogue, l'immoralité la plus totale. Il est temps d'agir, les Boys sont là pour cela.
Garth Ennis avait l'ambition de faire encore plus dérangeant, avec The Boys, que ce qu'il fit avec Preacher quelques années auparavant. Mission en partie réussie, mais pas totalement. L'aspect religieux, si souvent présent et brocardé chez l'auteur irlandais, est ici mis de coté, dans ce Deluxe, au profit d'une représentation crue et acide de la sexualité débridée, tout spécialement des rapports de groupe et homosexuels. Les homos, d'ailleurs, qui sont victimes d'un feu nourri. On a l'impression que tous les super slips, chez Ennis, le sont clairement ou indirectement. La charge ironique sur le sujet est si forte qu'on bascule souvent dans le mauvais goût, même si très clairement drôle. C'est bien là la limite de Garth, sa propension à vouloir écrire des scènes qui flattent les plus bas instincts de son public, jouant avec les codes tabous du sexe, principalement. Du coup, il atteint parfois sa cible à merveille, comme la scène où Stella, jeune recrue, est contrainte à une fellation multiple pour être acceptée parmi ses aînés héroïques; ou lorsque son idole de toujours lui dessine une vaste échancrure au marqueur, sur le costume, pour l'inciter, sur ordre des sponsors du groupe, à en revêtir un nouveau, plus audacieux et croustillant. Mais Garth se perd aussi lorsqu'il insiste lourdement sur les épithètes salaces réservés aux gays, ou avec plusieurs scènes faciles qui voit un certain Tek-Paladin , caricature évidente de Batman, tenter de pénétrer tout ce qui bouge (ou pas) pour assouvir ses pulsions sexuelles. The Boys est un concentré hautement irrévérencieux mais pas forcément subversif, je ne sais pas si vous saisissez et appréciez la différence. C'est en tous cas, indéniablement, un comic-book qui vous transporte dans une joyeuse sarabande parodique, et modifie à jamais votre perception ingénue des rapports entre tous ces héros que vous avez appris à connaître, aimez, mais qui cachent tous, tant bien que mal, leurs parts de névroses, addictions, et autres manies honteuses. Justement le terreau fertile sur lequel prospère ce Deluxe qui reprend les quatorze premiers épisodes de la série, plus quelques minces bonus à la fin. Incontournable pour les admirateurs de Garth Ennis, mais aussi pour ceux qui apprécient le trait de Darrick Robertson, et ses ombres et contours bien gras et épais, ici appliqué et très en verve, bien plus que ce qu'il faisait, voilà des années, lorsque je l'ai découvert en Vf sur les pages de Special Strange, avec les New Warriors. Loin d'être séduit, j'ai mis le temps à lui donner sa chance, jusqu'à ce que son travail trouve son sens, avec notamment The Boys, série noire, crade, outrancière. Un résumé de ce que d'autres d'autres qualifieront simplement de jubilatoire!
Rating : OOOOO
Garth Ennis avait l'ambition de faire encore plus dérangeant, avec The Boys, que ce qu'il fit avec Preacher quelques années auparavant. Mission en partie réussie, mais pas totalement. L'aspect religieux, si souvent présent et brocardé chez l'auteur irlandais, est ici mis de coté, dans ce Deluxe, au profit d'une représentation crue et acide de la sexualité débridée, tout spécialement des rapports de groupe et homosexuels. Les homos, d'ailleurs, qui sont victimes d'un feu nourri. On a l'impression que tous les super slips, chez Ennis, le sont clairement ou indirectement. La charge ironique sur le sujet est si forte qu'on bascule souvent dans le mauvais goût, même si très clairement drôle. C'est bien là la limite de Garth, sa propension à vouloir écrire des scènes qui flattent les plus bas instincts de son public, jouant avec les codes tabous du sexe, principalement. Du coup, il atteint parfois sa cible à merveille, comme la scène où Stella, jeune recrue, est contrainte à une fellation multiple pour être acceptée parmi ses aînés héroïques; ou lorsque son idole de toujours lui dessine une vaste échancrure au marqueur, sur le costume, pour l'inciter, sur ordre des sponsors du groupe, à en revêtir un nouveau, plus audacieux et croustillant. Mais Garth se perd aussi lorsqu'il insiste lourdement sur les épithètes salaces réservés aux gays, ou avec plusieurs scènes faciles qui voit un certain Tek-Paladin , caricature évidente de Batman, tenter de pénétrer tout ce qui bouge (ou pas) pour assouvir ses pulsions sexuelles. The Boys est un concentré hautement irrévérencieux mais pas forcément subversif, je ne sais pas si vous saisissez et appréciez la différence. C'est en tous cas, indéniablement, un comic-book qui vous transporte dans une joyeuse sarabande parodique, et modifie à jamais votre perception ingénue des rapports entre tous ces héros que vous avez appris à connaître, aimez, mais qui cachent tous, tant bien que mal, leurs parts de névroses, addictions, et autres manies honteuses. Justement le terreau fertile sur lequel prospère ce Deluxe qui reprend les quatorze premiers épisodes de la série, plus quelques minces bonus à la fin. Incontournable pour les admirateurs de Garth Ennis, mais aussi pour ceux qui apprécient le trait de Darrick Robertson, et ses ombres et contours bien gras et épais, ici appliqué et très en verve, bien plus que ce qu'il faisait, voilà des années, lorsque je l'ai découvert en Vf sur les pages de Special Strange, avec les New Warriors. Loin d'être séduit, j'ai mis le temps à lui donner sa chance, jusqu'à ce que son travail trouve son sens, avec notamment The Boys, série noire, crade, outrancière. Un résumé de ce que d'autres d'autres qualifieront simplement de jubilatoire!
Rating : OOOOO