Qu'attendez-vous d'un éditeur, pour qualifier sa production de remarquable? Si la réponse est : de bonnes histoires, et de véritables évolutions dans les séries et les personnages, il est possible que la décennie des eighties soit pour vous un moment crucial pour les comics américains. Tout comme les sixties, impossible de ne pas se replonger dans ce tome anthologique, chez Panini, sans comprendre la puissance qui a infusé durant ces années, en toute tranquillité, et évidence.
Jim Shooter, rédacteur en chef de la Maison des idées, s'était fixé pour objectif de rajeunir la compagnie, et de la faire sortir d'une période de crise créative inquiétante. En fait, il a essayé de conserver autant que possible les caractéristiques originales des personnages, mais en même temps, il a poussé les auteurs à concevoir d'incroyables rebondissements, changements et évolutions impensables. De nombreux héros ont acquis une apparence inattendue ou ont été remplacés par des seconds couteaux et, dans les différentes séries, des événements surprenants ont souvent eu lieu et ont amené les fans à se diviser, à échanger.
Ce tome s'ouvre sur Iron Man #170. La série était déjà au centre de l'attention en raison de l'alcoolisme de Tony Stark. Ce dernier n'a plus la clarté nécessaire pour utiliser son armure et sa place est prise par son ami (et quasi domestique) James Rhodes. C'était le premier remplacement significatif d'un héros et les lecteurs ne sont pas restés indifférents. Les textes sont du vétéran Dennis O’Neil, qui fait du bon travail, malgré les dessins plutôt fadasses de Luke McDonnell. Santé!
Uncanny X-Men #73 est un bijou signé par le deus ex machina de l'univers mutant, Chris Claremont. Ce numéro fait partie d'un arc narratif qui voit l’équipe se battre avec Viper et Silver Samurai, avec en ligne de mire le mariage imminent entre Wolverine et sa bien-aimée Mariko, qui ne sera toutefois pas célébré. Les mots de Chris sont intenses et les dessins élégants et fluides du talentueux Paul Smith ajoutent une touche de classe au scénario. Mais si on se souvient de tout ceci, c'est également parce qu'à partir de là, Tornade commencera à arborer son look punk, certainement choquant pour les standards de l'époque.
Fantastic Four #226 est un autre joyau écrit et conçu par le grand John Byrne qui, dans les années quatre-vingt, fut l'auteur d'une permanence très prolifique sur le titre, ramenant le fabuleux quatuor à son ancienne splendeur. L'épisode se déroule après la fin des Secret Wars et marque le début attendu de la nouvelle équipe. En fait, She-Hulk, magnifique et sculpturale, prend la place de Ben Grimm, resté sur le Battleworld. Les textes et les dessins sont d'une qualité remarquable et l'histoire n'est pas sans pathos. Un régal.
Le numéro 252 de Amazing Spider-Man, qui fait également suite aux Secret Wars, présente Spider-Man pour la première fois avec le fameux costume noir (le symbiote) et crée par la même les prémices de la naissance d’un personnage fondamental comme Venom. Le scénario est de Tom De Falco et Roger Stern, selon le style Marvel habituel, et c'est de la bonne "came". Les dessins sont signés Ron Frenz, qui réalise une revisitation postmoderne agréable, remaniant personnellement l'héritage du légendaire Steve Ditko.
Incroyable Hulk #324 résume bien l'ère Shooter: renouveler sans oublier le passé. En fait, dans cet épisode, en raison d’une série de circonstances variées, le Goliath Vert change de couleur et devient gris. En réalité, il s’agit d’un changement mais aussi d’une référence au vrais débuts du colosse. Qui était gris quand Stan Lee et Jack Kirby l'ont inventé. L'histoire n'est pas mauvaise, malheureusement l'impact est atténué par les dessins pas vraiment exceptionnels de Milgrom, dont nous reparlerons un jour prochain (on prépare un article sur les Secret Wars II)
Le #378 de Mighty Thor fait partie d'une histoire longue et complexe axée sur les machinations de Malékith et de Loki. Il revient à Walt Simonson de raconter une histoire fascinante sur un ton fantastique, aidé par le trait essentiel et évocateur de Sal Buscema. Encore une fois, l'apparence du protagoniste change, car le dieu du tonnerre affiche alors une longue barbe et portera plus tard une armure, qui le fera ressembler à un vrai viking. Honnêtement, une trouvaille de grande classe, qui a laissé des souvenirs émouvants dans les bibliothèques.
Le #333 de Captain America fut un choc pour les lecteurs, car Mark Gruenwald avait osé quelque chose que beaucoup considéraient comme un sacrilège. Steve Rogers est contraint par le gouvernement américain d'abandonner le rôle de la Sentinelle de la Liberté. Sa place sera prise par l'immoral et violent John Walker. Les paroles de Gruenwal fonctionnent et creusent à vif dans le malaise social américain des 80's, mais les dessins de Tom Morgan sont parfois sommaires. L'artiste est encore à la recherche de sa voie.
L'annual #24 de Amazing Spider-Man présente un autre changement, non pas dans l'apparence du personnage, mais dans sa vie privée. Peter Parker épouse la belle Mary Jane dans une histoire touchante écrite par David Michelini et Jim Shooter, et illustrée par le regretté Paul Ryan, lors d'une de ses premières prestations pour la maison des idées. C'était avant Mephisto et le pacte qui annule tout, et ces derniers mois, durant lesquels les deux tourteraux se sont bien rapprochés...
Le volume se termine par le dramatique numéro 24 de X-Factor, une série qui racontait à l'époque les aventures des premiers X-Men, déguisés en chasseurs de mutants. Louise Simonson place l'équipe dans un récit aux tonalités tragiques et tristes, avec la menace terrifiante d'Apocalypse. Et dans cet épisode Angel subit une transformation à la fois physique et psychologique, devenant l'inquiétant Archangel. Les dessins sont réalisés par le mari de Louise, l'excellent Walter Simonson, qui nous offre des planches embellies par son style agressif habituel, sous influence Kirby.
Les années 80 chez Marvel, si vous ne connaissez pas bien, c'est l'assurance de belles découvertes, et d'intuitions heureuses. Allez-y!
Le numéro 252 de Amazing Spider-Man, qui fait également suite aux Secret Wars, présente Spider-Man pour la première fois avec le fameux costume noir (le symbiote) et crée par la même les prémices de la naissance d’un personnage fondamental comme Venom. Le scénario est de Tom De Falco et Roger Stern, selon le style Marvel habituel, et c'est de la bonne "came". Les dessins sont signés Ron Frenz, qui réalise une revisitation postmoderne agréable, remaniant personnellement l'héritage du légendaire Steve Ditko.
Incroyable Hulk #324 résume bien l'ère Shooter: renouveler sans oublier le passé. En fait, dans cet épisode, en raison d’une série de circonstances variées, le Goliath Vert change de couleur et devient gris. En réalité, il s’agit d’un changement mais aussi d’une référence au vrais débuts du colosse. Qui était gris quand Stan Lee et Jack Kirby l'ont inventé. L'histoire n'est pas mauvaise, malheureusement l'impact est atténué par les dessins pas vraiment exceptionnels de Milgrom, dont nous reparlerons un jour prochain (on prépare un article sur les Secret Wars II)
Le #378 de Mighty Thor fait partie d'une histoire longue et complexe axée sur les machinations de Malékith et de Loki. Il revient à Walt Simonson de raconter une histoire fascinante sur un ton fantastique, aidé par le trait essentiel et évocateur de Sal Buscema. Encore une fois, l'apparence du protagoniste change, car le dieu du tonnerre affiche alors une longue barbe et portera plus tard une armure, qui le fera ressembler à un vrai viking. Honnêtement, une trouvaille de grande classe, qui a laissé des souvenirs émouvants dans les bibliothèques.
Le #333 de Captain America fut un choc pour les lecteurs, car Mark Gruenwald avait osé quelque chose que beaucoup considéraient comme un sacrilège. Steve Rogers est contraint par le gouvernement américain d'abandonner le rôle de la Sentinelle de la Liberté. Sa place sera prise par l'immoral et violent John Walker. Les paroles de Gruenwal fonctionnent et creusent à vif dans le malaise social américain des 80's, mais les dessins de Tom Morgan sont parfois sommaires. L'artiste est encore à la recherche de sa voie.
L'annual #24 de Amazing Spider-Man présente un autre changement, non pas dans l'apparence du personnage, mais dans sa vie privée. Peter Parker épouse la belle Mary Jane dans une histoire touchante écrite par David Michelini et Jim Shooter, et illustrée par le regretté Paul Ryan, lors d'une de ses premières prestations pour la maison des idées. C'était avant Mephisto et le pacte qui annule tout, et ces derniers mois, durant lesquels les deux tourteraux se sont bien rapprochés...
Le volume se termine par le dramatique numéro 24 de X-Factor, une série qui racontait à l'époque les aventures des premiers X-Men, déguisés en chasseurs de mutants. Louise Simonson place l'équipe dans un récit aux tonalités tragiques et tristes, avec la menace terrifiante d'Apocalypse. Et dans cet épisode Angel subit une transformation à la fois physique et psychologique, devenant l'inquiétant Archangel. Les dessins sont réalisés par le mari de Louise, l'excellent Walter Simonson, qui nous offre des planches embellies par son style agressif habituel, sous influence Kirby.
Les années 80 chez Marvel, si vous ne connaissez pas bien, c'est l'assurance de belles découvertes, et d'intuitions heureuses. Allez-y!
Achetez ce volume "années 80" chez Panini
Suivez UniversComics sur Facebook. Likez la page