Oui, toi, jeune loup qui nous suit et désire également ouvrir ton blog et ta chaîne Youtube, et faire de l'audience avec des articles ou des vidéos aimants à clics, n'hésite pas, fais tout le contraire de ce que nous faisons. En gros, ne vas pas chroniquer le premier numéro de Ice Cream Man, une revue anthologique qui fait ses grands débuts chez Image Comics, avec en maître de cérémonie un personnage récurrent, qui introduira tous les récits d'une histoire à l'autre, qui est aussi marchand de glace. Le type n'est pas gardien de la Crypte, il vend des cônes à la vanille. Ceci dit, il n'est pas "seulement" un vendeur ambulant, mais il a aussi ses propres secrets, que nous découvrons lorsqu'on le retrouve errant dans la forêt, alors que des rumeurs inquiétantes se propage en ville.
Ce premier numéro est vraiment à classer au rayon ... inclassable. Un ovni sorti de nulle part, le genre de lecture totalement bizarre dont on n'attendait rien, et qui laisse l'impression qu'on a eu sous les yeux une des parutions les plus casse-gueule de ces dernières années. Le pire étant que c'est vraiment sympa, et que ça fonctionne très bien.
W. Maxwell Prince démarre de manière très soft, avec les gamins du quartier qui font la file pour s'acheter une glace, et un vendeur ultra rapide pour les servir, dans une scène d'une banalité rassurante. Sauf qu'en fait, très vite, on se recentre sur un des clients innocents, alors que le texte commence à faire référence à la plus mortelle de toutes les espèces d'araignées de la planète, et les effets de sa morsure sur le genre humain. Alors quoi, le kid serait un mutant, il va se transformer? Rien de tout cela, mais lorsqu'il rentre chez lui, et qu'une bestiole comme celle dont il est question lui saute sur l'épaule, comme une bonne bête domestiquée, on prend conscience de l'horreur qui se joue, avec une splash page efficace, qui démonte d'un coup d'un seul le gentil récit familial qu'on aurait pu lire.
De ce point de départ naît une histoire qui devient vénéneuse, dans le bons sens du terme. On y trouve un couple de détectives qui n'en sortira pas indemne, de l'horreur que les bons vieux EC Comics n'auraient pas renié, et les dessins de Martín Morazzo, qui dans un style rétro et qui évoque par endroits le talent narratif et distancié du regretté Steve Dillon, prend un malin plaisir à faire exploser la tranquillité bourgeoise des banlieues paisibles américaines, bien épaulé par les couleurs mesurées de Chris O’Halloran.
Répétons-le, nous avons conscience de vous présenter un produit que très très peu d'entre vous liront un jour. Pour autant, allons jeter un oeil plus loin que les sempiternelles luttes de Batman et du Joker, ou des Avengers, et donnons un peu de lustre à ce type de titre, qui sont bien plus pertinents que nombre de propositions forcées des Big Two que sont Marvel ou Dc. Essayez si vous le pouvez.
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