S'il y a une qualité qui saute aux yeux dans Dark Crisis, c'est le dessin de la série principale, qui est confié majoritairement à Daniel Sampere. Le trait est classique, précis, dynamique, en accord parfait avec ce qu'on peut attendre d'une saga mettant en scène la quasi totalité des personnages d'un éditeur. Il y est question de l'héroïsme, du bien que l'on trouve toujours en soi, contraposé au mal qui dévore le monde, et ça va de soi, des liens qui unissent les super-héros. Car vous le savez tous, l'amitié et l'amour sont des forces plus fortes que les ténèbres les plus épaisses, etc, etc... On ne peut pas dire que le scénario brille par ingéniosité ou qu'il soit un exemple frappant d'innovation; c'est en réalité une saga qui s'inscrit dans les droites lignes de ce que l'on pouvait déjà lire dans les années 1980, et en cela l'hommage à l'œuvre de Marv Wolfman et George Perez est appuyé. Il est intéressant de voir que la nouvelle génération de héros (le fils de Superman, Damian Wayne, Yara Flor) est particulièrement bien mise en avant. C'est même eux, les jeunots, qui occupent l'espace lorsque les aînés sont retenus morts par un peu tout le monde. Paria n'a pas droit à un traitement très subtil pour sa part, et il est même évacué de la scène de manière trop rapide, sans que l'on ait le temps d'éprouver de compassion ou d'intérêt pour son destin. C'est curieusement les toutes dernières pages, alors qu'on nous annonce que Amanda Waller et la Suicide Squad vont avoir une mission prépondérante dans les mois et années à venir, que se trouve peut-être le plus intrigant, une fois que les cendres retombent et qu'on s'occupent des conséquences directes ou indirectes de l'événement. Attention, je suis loin de dire que Dark Crisis est raté ou que ça ne vaut pas la peine de la lire, il y a même des moments forts qui sont exaltants et qui nous rappellent ce qu'est le grand super-héroïsme, mais à force de rabâcher encore et encore les mêmes dynamiques et de proposer des enjeux qui se ressemblent furieusement, le lecteur au long cours, qui connaît déjà tout cela depuis des décennies, risque de devenir blasé. Probablement le sommes-nous un peu trop ?
DARK CRISIS ON INFINITE EARTHS TOME 2 : NOIRCEUR ET CONCLUSION
Difficile de soutenir la comparaison quand on se lance dans un grand événement qui fait clairement référence à une aventure précédente, qui a bouleversé à jamais l'histoire des super-héros DC Comics, au point de devenir une étape fondatrice des comics modernes. Dark Crisis on Infinite Earths souffre de ce complexe. On y retrouve Paria, qui prétend servir le dessin des Grandes Ténèbres et qui souhaite s'emparer de tout le Multivers, afin de l'exterminer et de le refaçonner selon sa réalité et ses envies. Comme toujours, c'est en partant de Terre zéro que cette machination est possible et c'est là que Deathstroke, devenu un pion au service de la noirceur absolue, va pouvoir mettre en œuvre le plan diabolique. Il va falloir pour cela effacer l'héritage des héros, faire disparaître tout ce qu'il y a de bon en eux, d'autant plus que le néant reste la meilleure façon de ne plus souffrir… et vous le savez, Slade Wilson a beaucoup souffert dans sa vie, outre le fait qu'il n'a pas été capable d'être un père présent et aimant pour ses enfants, quand il aurait fallu l'être. Urban Comics propose déjà le second tome (et donc le dernier) de l'ultime conflit dimensionnel entre les super-héros de la distinguée concurrence. C'est Joshua Williamson qui se charge d'écrire le scénario et du reste, rien d'étonnant à cela car on a l'impression qu'il est actuellement responsable de tellement de choses à la fois qu'il ne serait pas surprenant de le retrouver également en train de distribuer le café à tout le monde, dans les bureaux de l'éditeur. Urban doit forcément prendre un risque à un moment donné : soit celui de décevoir les complétistes ou en tous les cas les lecteurs qui aiment lire les récits annexes et connexes qui sont liés à un grand événement (et dans ce cas-là, le tout est assez dilué et soyons honnêtes, tout n'est pas d'une qualité irréprochable) ou bien se concentrer sur le meilleur et l'indispensable, c'est-à-dire les sept volets en eux-mêmes de Dark Crisis, et donc de faire s'insurger tous ceux qui voulaient en savoir plus et aller gratter dans les détails. Je signale ce petit conflit propre à la publication car ici, le second volume s'ouvre sur trois épisodes spéciaux intitulé Worlds without a Justice League. On peut y suivre successivement Wonder Woman, Green arrow et Batman, chacun emprisonné dans un monde issu de leurs propres fantasmes, leurs rêves, une sorte de planète idéale, une fantaisie dont il ne peuvent s'échapper et qui nourrit l'énergie déployée par Paria pour arriver à ses fins (ne me demandez pas les détails techniques, je n'ai pas les compétences). Ça peut être sympa à lire, mais alors très brièvement. Ces trois interludes sont finalement stériles et même s'il est intéressant de voir ce que deviennent ces personnages, on ne peut pas dire que leurs aventures nous font sauter de la chaise. Au moins ne sont-ils pas morts, mais ça, nous avions compris depuis longtemps.
Le tome 1 est chroniqué ici : Tome 1 Dark Crisis
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