LA SORCIÈRE ROUGE : LA DERNIÈRE PORTE


 Certains personnages sont tout de même moins bien vernis que d'autres. Prenez par exemple la sorcière de l'univers Marvel, Wanda Maximoff : entre deux coups de folie et périodes durant lesquelles elle craque littéralement, et des tentatives de réhabilitation pas toujours inspirées, la Sorcière Rouge a vécu ces dernières années un incroyable roller coaster émotionnel. Aussi, nous pouvons apprécier de voir sa nouvelle série démarrer sur un rythme plus apaisé et rassurant. Commençons par la nouvelle situation professionnelle de la jolie rouquine : elle a désormais décidé d'ouvrir une boutique de livres anciens; elle en est la propriétaire et emploie Darcy Lewis, dont le rôle et l'identité vont se préciser à partir du troisième épisode. Dans le même temps, elle ne dédaigne pas de prêter main-forte à ceux qui en ont besoin et qui viennent solliciter son aide, c'est-à-dire le recours à ses pouvoirs magiques et mystiques. Au fond du magasin se trouve une porte étrange; quiconque la traverse est animé d'un désespoir profond et n'a plus qu'une seule solution pour remédier aux problèmes qui le/la taraude, s'en remettre à Wanda, la dernière chance pour s'en sortir. Dans le premier épisode, il faut bien être honnête, nous assistons à un démarrage en sourdine. Ce qui est le plus intéressant dans ce renouveau, ce sont les dialogues, la quotidienneté, la tentative de repositionnement du personnage qui est opérée. Wanda se rend donc en Italie, à Amatrice, village qui a été l'objet d'un violent tremblement de terre il y a quelques années et qui est ici sommairement présenté et caricaturé, afin de venir en aide à une certaine Jarnette Chase. C'est véritablement à partir du second épisode qu'on qu'on prend plus de plaisir, avec l'arrivée de Viv, la fille de la Vision et de son épouse artificiel, dont les chemins mentaux ont été calqués sur ce de la Sorcière Rouge. Viv ne va pas très bien, et pour cause, elle cauchemarde ! Il faut dire qu'elle a perdu sa mère et son frère, bref, tout ce qui faisait sa boussole morale et affective.


Une série au féminin donc, avec notamment l'apparition d'une guerrière amazone du nom de Scythia, mais aussi une petite excursion dans un monde miniature, à l'échelle subatomique, sur le modèle d'ailleurs d'une aventure des Fantastiques dont je conserve un petit souvenir ému, dans les années 1990. Ce qui est amusant avec ce premier tome de la série consacrée à la Sorcière Rouge (il n'y en aura que deux car Marvel a choisi de stopper la publication au numéro dix, pour relancer ensuite le duo Scarlet Witch & Quicksilver) c'est que malgré les chocs, les combats, l'épique, on reste dans une certaine veine intimiste et on vit un peu à l'écart de tout le microcosme Marvel, comme si la période nécessaire pour que Wanda se remette complètement sur pied se traduisait par une forme d'isolement bienvenue à travers ces pages. Le scénario de Steve Orlando avance donc peu à peu et par étapes bien distinctes, tandis que le dessin permet à l'italienne Sara Pichelli de démontrer qu'elle est toujours capable de produire des planches superbes. C'est vrai qu'on l'a vue un peu disparaître c'est temps derniers, c'est vrai qu'on la voyait déjà tout en haut de l'affiche, mais ici, on ne peut rien lui reprocher. Bien au contraire, tant elle est convaincante, aussi bien dans les moments les plus apaisés que dans ceux où l'action explose. D'ailleurs, je n'avais jamais vu une aussi belle représentation de Viv, qui semble quasiment s'animer sous les yeux du lecteur. Une publication qui n'a aucune prétention de bouleverser l'histoire du personnage ou la continuité de la Maison des Idées, juste pour se faire plaisir, juste pour le plaisir de retrouver notre sorcière bien-aimée.





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