JUSTICE SOCIETY OF AMERICA CHRONICLES 2001 : LE RETOUR D'HAWKMAN


 La Société de justice, ce sont des héros en fonction sur le pont depuis la première guerre mondiale, pour certains, et qui ont survécu à leur descendance. Rien que pour cela, ça mérite qu'on le souligne. Nous voici en 2001 pour la troisième intégral ou plutôt troisième volume des Chroniques que propose Urban comics, toujours aussi pertinent, toujours aussi riche en articles d'accompagnement rédigés par le savant Yann Graf. Nous n'avons pas le temps de nous ennuyer puisque dès les premiers épisodes, il est question de la Société d'injustice; c'est-à-dire une sorte de version contraire de nos héros, qui décide de faire des siennes. Pire encore, nous trouvons à la tête du problème le redoutable Johnny Sorrow, qui depuis qu'il a été décomposé au niveau atomique et emporté dans un autre plan d'existence est devenu une créature mystérieuse et létale, dotée d'un étrange masque qui provoque la mort instantanée de chaque ennemi, lorsqu'il le retire et lui montre son vrai visage. Son but est simple, relâcher le Roi des larmes, une entité venue de l'au-delà, sur notre monde. Dès lors, on pourrait considérer que les carottes seraient cuites pour l'univers DC Comics. Les deux scénaristes que sont Geoff Johns et David Goyer parviennent à nous raconter tout cela, tout en prétend une attention réelle à chacun des personnages, leur offrant de petits moments pour exister et pour exposer aux lecteurs les doutes, les rêves de chacun, la dynamique entre les différents membres. C'est l'occasion aussi de développer la personnalité de Black Adam, qui peu à peu se rapproche du camp des gentils et désire même intégrer la JSA. Au chapitre des héroïnes dont l'évolution est la plus marquante, notons la jeune Hawkgirl, recrue récente de la formation. Celle que l'on appelle Kendra n'est pas tout à fait la femme que nous croyons et qu'elle même croyait être. D'ailleurs, plus les pages défilent, plus il s'avère qu'elle abrite en fait l'âme de la grande guerrière que fut Shiera, c'est-à-dire celle qui partagea très longtemps (et qui est destinée à la partager pour l'éternité) son existence avec le guerrier Hawkman. Celui-ci a disparu de la circulation mais comme vous le savez, il ne reste jamais mort très longtemps. Pour ce qui concerne sa résurrection et son retour, là aussi, le volume 2001 va répondre à toutes vos attentes.



Ce n'est pas une situation facile pour Hawkgirl : imaginez donc qu'un homme que vous ne connaissez pas vous déclare sa flamme, vous confirme que vous êtes infailliblement destinés à vivre votre vie à ses côtés, mais vous, vous n'y croyez pas, vous souhaitez garder votre indépendance, vous n'avez pas envie d'appartenir à quelqu'un dont vous ignorez l'essentiel. Une situation très complexe, traitée avec brio par Johns. On file aussi sur Thanagar où un certain Dévoreur d'âmes s'est emparé de toute la planète. Là encore, il faut que la Société de Justice, emmenée par Hawkman, fasse le ménage, même si les forces en présence semblent être assez disproportionnées, d'où l'intérêt d'avoir avec soi une force de frappe aussi puissante que Black Adam. La série de la JSA croise ensuite la route de différents crossover d'importance dans ce gros volume, notamment le bien bourrin Our Worlds at War mais aussi Joker last laugh. Ce ne sont pas les épisodes les plus réussis ou les plus pertinents, même si le second cité s'insère dans un triptyque où il est question de Roulette, une version DC Comics potentielle du cinglé Arcade, ennemi des X-Men chez Marvel. Elle possède une sorte de parc d'attractions/terrain de jeu où des épreuves intellectuelles et physiques sont reproduites, à l'issue de laquelle ceux qui perdent sont éliminés physiquement. Elle capture une bonne partie de la Société de Justice, dressent les uns contre les autres (Atom Smasher et Black Adam vont se lâcher)  et espère ainsi se venger, puisqu'il y a aussi derrière toute cette affaire des motivations familiales qui nous sont révélées à la toute fin. Globalement, la qualité du dessin tient réellement la route; l'essentiel des pages est confié à Stephen Sadowski, qui sans volonté d'épater ni effets spéciaux parvient à caractériser admirablement chacun des intervenants, avec une touche classique et naturelle de fort bon aloi. C'est vraiment dans ce volume 2001 que la série de Geoff Johns prend son envol et devient une des meilleures surprises de la production de la Distinguée Concurrence, au début du 21e siècle. Comme toujours, le côté familial, le leg qui unit des générations, l'enthousiasme et le positif sont les caractéristiques d'une formation beaucoup plus solaire que bien d'autres du même genre, chez nos amis les super-héros. La JSA feel good, c'est toujours un plaisir de la retrouver et tant pis si chez beaucoup, elle reste encore très sous-estimée.


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