On ne peut pas dire que Civil War II est passé sur l'univers Marvel comme une déferlante qui a tout emporté. Si les prémices avaient fait croire à un récit adulte et rondement mené, l'ensemble s'est vite perdu dans une sorte d'improvisation sans queue ni tête, et son démiurge, Brian Bendis, a même depuis pris ses affaires pour déménager du coté de chez Dc, après avoir vraisemblablement épuisé la motivation et l'inspiration pour la Maison des Idées. Ouch. Reste donc à relire la saga d'une seule traite, chez Panini, qui propose une belle édition librairie, quelques mois seulement après son terme.
S'il y a bien un point commun évident entre le récit publié il y a plus de 10 ans et celui d'aujourd'hui, cela pourrait être une catastrophe gigantesque, une destruction massive qui risque de bouleverser l'opinion publique, et de provoquer de fortes dissensions dans la communauté super héroïque. Autrefois c'était les New Warriors et leur stupide émission de téléréalité qui s'étaient révélés imprudents face à un certain Nitro, cette fois nous avons affaire à une situation plus complexe. Néanmoins il semblerait que les Inhumains et ce fameux nuage terrigène -qui semble se balader autour de la planète depuis des mois, entre temps Secret Wars est passé par là, et on aurait pu croire qu'un nuage, ça finit par se dissoudre, disparaître, au fil des jours...- ne soient pas pour rien dans ce qui se produit. Nous retrouvons Miss Hulk alias Jennifer Walters, qui démontre à quel point une excellente avocate ne peut rien, face aux préjugés et aux pressions que subissent parfois les jurys populaires... elle tente bien de sauver la peau du Pitre, ancien super-vilain de troisième zone opposé à Daredevil dans les années 80, mais en pure perte. Autre protagoniste, James Rhodes, qui semble sur le point de prendre du galon, ou en tous les cas a qui on fait miroiter un avenir assez surprenant.
Tout le monde semble solidaire, au départ, quand il s'agit de repousser la menace cosmique des Célestes qui débarquent sur Terre, et qui ne nous veulent pas que du bien. La stature, l'attitude, tout nous fait penser à la venue de Galactus, qui s'était rendu sur notre planète pour en faire son casse-croûte. Mais cette fois les héros sont sur le pied de guerre, unis et motivés, et ils ont un nouvel atout de poids, les Inhumains. Ces derniers, gouvernés par la sagesse et le sens pratique de Medusa, ont un sacré bonus dans leur manche, Ulysse, un jeune homme dont les dons sont apparus après la diffusion du célèbre nuage terrigène, et qui semble en mesure de pouvoir prédire le futur, en tout du moins d'en percevoir les pire moments, et de pouvoir ainsi les anticiper. Une manière pro-active d'éviter les soucis à venir.
Là où Civil War II s'emballe et commence à perdre quelques lecteurs tatillons, c'est quand un des proches de Tony Stark s'enrôle en douce dans l'équipe de Carol Danvers, pour s'en aller stopper Thanos, dans ses mauvaises oeuvres. S'ils savent que le titan prépare un mauvais coup, c'est grâce à l'inhumain Ulysse, et ses pouvoirs déjà évoqués d'anticiper l'avenir. Seulement voilà, à vouloir changer le cours des choses sans se concerter, on peut y laisser des plumes... Bilan des courses, un premier mort à déplorer (un personnage que nous connaissons depuis des décennies, ce qui va provoquer la deuil et la colère noire de Stark. Au cas où vous n'auriez pas encore lu je fais semblant de laisser le suspens) et un autre Avenger parmi les plus puissants, qui ne va guère mieux et pourrait même ne jamais remarcher. Deux camps se forment inéluctablement, avec d'un coté Carol Danvers (Captain Marvel) et de l'autre Tony Stark. Et boum, tout le monde tape sur tout le monde, opérant des choix qui n'ont pas toujours de sens logique, semblant trouver dans le litige et les bourre-pifs la seule et unique solution pour régler des différents moraux et éthiques. On les croyait plus adultes les super-héros, mais non, à la première occasion, c'est la foire d'empoigne, et au passage, la communauté va perdre certains de ses piliers, alors que la division s'accentue, avec un arrière goût de stérilité évidente, un manque de direction clair qui finit par nuire au récit.
Le dessin de l'introduction est d'Olivier Coipel, et là c'est tout simplement somptueux. L'artiste français est en forme incroyable, ses poses et ses plans sont naturels et d'une plasticité idéale, et l'ensemble de son épisode est illustré avec un brio stupéfiant. La scène dans la tribunal est un modèle du genre. C'est véritablement très très beau. David Marquez n'est pas en reste, lui aussi pond des épisodes vraiment jolis, avec un trait clair et évident, qui facilite grandement la lecture des événements, et caractérise efficacement une galerie de personnage fournie. Pas évident, ce challenge.
Dommage, oh grand dommage, que ce Civil War II s'appuie sur une trame si passionnante et riche en débats conceptuels, pour la réduire en un vaste catalogue d'actions/réactions parfois incompréhensibles, à la limite du out of character.
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