Voici venir chez Panini le premier numéro de Generations, le mensuel provisoire qui va faire le lien entre la version "moderne et juvénile" de certains héros Marvel, et les ancêtres, les avatars traditionnels, parfois disparus, des grands héros de la maison des idées. Il s'agit en fait d'une des conséquences directes de la fin de Secret Empire, mais vous le comprendrez mieux dans quelques semaines, et pour l'instant, vous pouvez aborder ces trois premiers épisodes sans savoir, juste en lisant ce qu'on vous propose. Nous en avions déjà parlé sur notre blog, alors voici quelques morceaux choisis, sur le contenu de ce numéro de mars. On débute avec Generations : Unworthy & Mighty Thor.
Plusieurs siècles en arrière, notre héros est encore un jeune aventurier impétueux qui s'ennuie à la cour de son père, et n'attend que le moindre prétexte pour descendre sur Midgard prêter main forte à ceux qui le vénèrent, les vikings. C'est d'autant plus le cas qu'une armée de ces derniers a débarqué en Egypte, pour y rencontrer une opposition de choix : Apocalypse en personne, et le clan Akkaba, qui n'entend pas se laisser marcher sur les pieds par une horde de barbares avinés, fanatiques du pillage et de la conquête (oui, les vikings n'étaient pas des poètes dispensateurs de culture raffinée).
Jane Foster, la nouvelle Thor, débarque au milieu de la bataille, sans crier garde. Comment et pourquoi, circulez, il n'y a rien à savoir. Elle réalise vite qu'elle a affaire à une version bien plus jeune de son ex futur amant, cela doit lui prendre deux ou trois vignettes. Ensuite, ça se limite à une distribution bien sentie de coups de marteau et de combats stériles. Aucune caractérisation historique sérieuse, aucune volonté d'aller creuser dans la psychologie des personnages (deux trois réflexions, sur la mortalité de Jane, ou le manque d'humilité de Thor, mais rien de nouveau sous le soleil, le lecteur de la série régulière de Thor sait déjà tout ceci).
Le dessin est l'oeuvre de Mahmud Asrar, donc forcément, c'est plutôt réussi, vous vous en doutez. Ceux qui ont pu lire récemment the Unworthy Thor en VO remarqueront que certaines planches empruntent clairement à la version coipelienne de Thor, notamment sur sa fantastique monture, et son char, quand il part à l'aventure, les cheveux au vent. On trouve aussi l'influence d'Adam Kubert dans son travail, ce qui est tout à fait naturel de la part de celui qui est sorti diplômé de la Kubert's School justement, avec la réputation d'un des tous meilleurs élèves l'ayant fréquenté.
Ensuite c'est au tour de Generations : Phoenix & Jean Grey.
Les mois ont passé et les jeunots sont toujours là... force est d'admettre que Jean -la jeune Jean- doit en avoir marre de s'entendre répéter à longueur de journée qu'elle est destinée à devenir le Phénix, à détruire la vie de millions d'innocents, à incarner cette force primordiale vouée à la destruction. Elle va enfin pouvoir se rendre compte de ce qu'il en est vraiment, ceci par le biais du subterfuge classique du voyage dans le temps, ou vers une autre dimension, pour laquelle aucune raison valable ou crédible ne nous est donnée, tout comme le numéro consacré à Hulk. Ici la jeune Jean Grey et l'ancienne, possédée par le pouvoir du Phénix, se retrouvent face à face sans que le lecteur puisse avoir les clés en main et comprendre ce qu'il s'est passé. Cullen Bunn, qui n'a jamais été mon scénariste préféré, tente alors une tentative d'introspection, où c'est la cadette qui est mise au centre de la scène. C'est d'ailleurs elle qui semble plus cynique que son aînée. Phénix + Phénix, avec aussi une apparition de Galactus, qui se fait botter les fesses. De jolies scènes dans l'espace vous attendent (sur la plage aussi...), avec un RB Silva, qui à défaut de produire des planches d'une grande originalité, a le mérite d'essayer de soigner l'ensemble, tout en calant son trait sur celui des grands artistes de la Maison des idées, Stuart Immonen et Terry Dodson en tête. Il est aidé en cela par Di Benedetto et Beredo, qui encrent et colorient l'ensemble de manière judicieuse. Du coup voici un numéro agréable à l'oeil, qui permet de rapprocher la jeune Jean Grey de son héritage maudit, et de faire avancer les choses en terme de compréhension du phénomène.
On termine par
Generations Banner & Totally Awesome Hulk
Greg Pak est peut-être un des meilleurs scénaristes pour pondre ce genre de parution, à savoir une histoire totalement générique, qui nous replonge à l'époque où le général Thunderbolt Ross et son armée tentaient de capturer un monstre vert qui ne brille pas par son intelligence, mais est suffisamment pathétique et attachant, pour qu'on ait envie qu'il s'en sorte et trouve enfin la paix. Du coup, inutile de chercher une explication plausible à cette rencontre, inutile de désirer avoir des repères temporels précis, pour éventuellement tenter d'identifier le point exact dans la chronologie ou la continuité Marvel.
Les deux choses les plus intéressantes sont finalement la nécessité pour Amadeus Cho de trouver un moyen de mieux contrôler sa part monstrueuse, qui ces derniers temps est devenu un problème de plus en plus évident. L'autre qui nous a marqué est la présence de Matteo Buffagni aux dessins. Cet artiste italien est en train de prendre une assurance notable chez les Américains. Son style est capable de se moduler au besoin de l'histoire, et ici on apprécie franchement son travail sur la puissance du personnage, les angles, la profondeur des ombres. Il s'agit donc d'un comic book qui assure parfaitement ce pour quoi il a été commissionné; juste une rencontre improbable, une petite parenthèse, avant de passer aux choses sérieuses.
Plusieurs siècles en arrière, notre héros est encore un jeune aventurier impétueux qui s'ennuie à la cour de son père, et n'attend que le moindre prétexte pour descendre sur Midgard prêter main forte à ceux qui le vénèrent, les vikings. C'est d'autant plus le cas qu'une armée de ces derniers a débarqué en Egypte, pour y rencontrer une opposition de choix : Apocalypse en personne, et le clan Akkaba, qui n'entend pas se laisser marcher sur les pieds par une horde de barbares avinés, fanatiques du pillage et de la conquête (oui, les vikings n'étaient pas des poètes dispensateurs de culture raffinée).
Jane Foster, la nouvelle Thor, débarque au milieu de la bataille, sans crier garde. Comment et pourquoi, circulez, il n'y a rien à savoir. Elle réalise vite qu'elle a affaire à une version bien plus jeune de son ex futur amant, cela doit lui prendre deux ou trois vignettes. Ensuite, ça se limite à une distribution bien sentie de coups de marteau et de combats stériles. Aucune caractérisation historique sérieuse, aucune volonté d'aller creuser dans la psychologie des personnages (deux trois réflexions, sur la mortalité de Jane, ou le manque d'humilité de Thor, mais rien de nouveau sous le soleil, le lecteur de la série régulière de Thor sait déjà tout ceci).
Le dessin est l'oeuvre de Mahmud Asrar, donc forcément, c'est plutôt réussi, vous vous en doutez. Ceux qui ont pu lire récemment the Unworthy Thor en VO remarqueront que certaines planches empruntent clairement à la version coipelienne de Thor, notamment sur sa fantastique monture, et son char, quand il part à l'aventure, les cheveux au vent. On trouve aussi l'influence d'Adam Kubert dans son travail, ce qui est tout à fait naturel de la part de celui qui est sorti diplômé de la Kubert's School justement, avec la réputation d'un des tous meilleurs élèves l'ayant fréquenté.
Ensuite c'est au tour de Generations : Phoenix & Jean Grey.
Les mois ont passé et les jeunots sont toujours là... force est d'admettre que Jean -la jeune Jean- doit en avoir marre de s'entendre répéter à longueur de journée qu'elle est destinée à devenir le Phénix, à détruire la vie de millions d'innocents, à incarner cette force primordiale vouée à la destruction. Elle va enfin pouvoir se rendre compte de ce qu'il en est vraiment, ceci par le biais du subterfuge classique du voyage dans le temps, ou vers une autre dimension, pour laquelle aucune raison valable ou crédible ne nous est donnée, tout comme le numéro consacré à Hulk. Ici la jeune Jean Grey et l'ancienne, possédée par le pouvoir du Phénix, se retrouvent face à face sans que le lecteur puisse avoir les clés en main et comprendre ce qu'il s'est passé. Cullen Bunn, qui n'a jamais été mon scénariste préféré, tente alors une tentative d'introspection, où c'est la cadette qui est mise au centre de la scène. C'est d'ailleurs elle qui semble plus cynique que son aînée. Phénix + Phénix, avec aussi une apparition de Galactus, qui se fait botter les fesses. De jolies scènes dans l'espace vous attendent (sur la plage aussi...), avec un RB Silva, qui à défaut de produire des planches d'une grande originalité, a le mérite d'essayer de soigner l'ensemble, tout en calant son trait sur celui des grands artistes de la Maison des idées, Stuart Immonen et Terry Dodson en tête. Il est aidé en cela par Di Benedetto et Beredo, qui encrent et colorient l'ensemble de manière judicieuse. Du coup voici un numéro agréable à l'oeil, qui permet de rapprocher la jeune Jean Grey de son héritage maudit, et de faire avancer les choses en terme de compréhension du phénomène.
On termine par
Generations Banner & Totally Awesome Hulk
Greg Pak est peut-être un des meilleurs scénaristes pour pondre ce genre de parution, à savoir une histoire totalement générique, qui nous replonge à l'époque où le général Thunderbolt Ross et son armée tentaient de capturer un monstre vert qui ne brille pas par son intelligence, mais est suffisamment pathétique et attachant, pour qu'on ait envie qu'il s'en sorte et trouve enfin la paix. Du coup, inutile de chercher une explication plausible à cette rencontre, inutile de désirer avoir des repères temporels précis, pour éventuellement tenter d'identifier le point exact dans la chronologie ou la continuité Marvel.
Les deux choses les plus intéressantes sont finalement la nécessité pour Amadeus Cho de trouver un moyen de mieux contrôler sa part monstrueuse, qui ces derniers temps est devenu un problème de plus en plus évident. L'autre qui nous a marqué est la présence de Matteo Buffagni aux dessins. Cet artiste italien est en train de prendre une assurance notable chez les Américains. Son style est capable de se moduler au besoin de l'histoire, et ici on apprécie franchement son travail sur la puissance du personnage, les angles, la profondeur des ombres. Il s'agit donc d'un comic book qui assure parfaitement ce pour quoi il a été commissionné; juste une rencontre improbable, une petite parenthèse, avant de passer aux choses sérieuses.
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