L'auteur et journaliste Ta-Nehisi Coates en arrive donc déjà à son second numéro 1 de Black Panther. Si la première tentative, en 2016, avait été une excellente occasion pour crédibiliser le Wakanda et la société qui y est abritée, avec un récit géopolitique fort intelligent, ce nouveau départ -le fresh start comme l'appelle Marvel- prend le contre-pied total de ce que nous avons lu. Ici, hors de question de s'attarder sur Black Panther et de tout expliquer peu à peu, du monde qui l'entoure. C'est un saut complet dans l'inconnu, et nous retrouvons un T'Challa (?) amnésique, dans l'espace, contraint de fuir pour ne pas terminer aux travaux forcés, dans des mines intergalactiques. C'est que le scénariste nous explique que voici bien longtemps, une tribu de wakandais s'est isolée dans l'espace, profitant de son incroyable avancée technologique, et que depuis elle a essaimé, au point de former un empire qui n'accepte pas qu'on conteste son leadership, et qui a recours à l'esclavage pour dominer sur les peuples soumis. Un comble pour qui est venu de l'Afrique, et a finalement atteint les étoiles!
Difficile de dire, au début, ce que notre Panthère Noire (mais est-ce bien lui?) fait tout là-haut, dans une telle situation. D'expliquer certains flash-backs, avec Tornade en guest-star. De même les personnages qui l'entourent sont autant de mystères pour nous, même si certains noms ne nous sont pas inconnus. Dans la vingtaine de pages initiales, on fait connaissance avec l'Empire, mais aussi avec les rebelles qui tentent de former une résistance, et bien entendu les pauvres travailleurs exploités, qu'on a menés au extractions forcées, qui ne sont plus rien.
Il s'agit en fait de transposer toute la légende de Black Panther et du Wakanda, dans un contexte fort différent. Tout change, pour que tout soit semblable? Pour une fois, les peuples africains, justement décrits comme victimes d'invraisemblables abus politiques et sociaux, au long des siècles, par les puissances occidentales, sont eux aussi au centre d'une expansion fort douteuse, qui prouve bien que malheureusement, la domination et l'asservissement ne sont pas seulement affaire de couleur ou d'histoire, mais de rapport de force dément et dévoyé, qui se niche peut-être au coeur de l'homme, basiquement.
Un nouveau dessinateur prend en charge ce titre, il s'agit de Daniel Acuna, et c'est une excellente nouvelle, car son style se marie très bien avec ce qui nous est donné de lire. Son utilisation de la couleur, sa capacité à donner corps à l'histoire, avec des scènes d'action efficaces et presque kirbyesques, donnent du tonus à un album qui se lit vite, et qui a le mérite de séduire et de lancer tout un tas de pistes étranges, auxquelles le lecteur tente de répondre peu à peu. Une des versions les plus soignées et pertinentes de ces sortes d'extrapolations, ou variations sur le thème, dont Marvel est friand.
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