Non seulement la Société de Justice d'Amérique a droit à la collection Chronicles chez Urban Comics, mais nous sommes déjà arrivés au second volume, qui nous propulse en l'an 2000. C'est le run de Goyer et Johns qui est mis à l'honneur avec pour commencer un premier épisode qui donne l'opportunité aux scénaristes de ramener Black Adam sur scène. Ensuite, ça se complique. Pour faire simple, disons que la JSA a une longue tradition familiale, de descendance et d'héritage. De ce côté-là, le premier Green Lantern du nom, Alan Scott, n'est pas très verni. Il a vieilli sans avoir connaissance de l'existence de ses deux enfants (la mère est une criminelle, L'Epine) et lorsqu'il les rencontre, c'est pour réaliser que la fête des pères va être mouvementée. Jenny-Lynn et Todd ont été adoptés par deux familles différentes et dans le second cas du garçon, il faut considérer la série de maltraitances provoquées par un père adoptif violent, comportement qui a fait naître un sentiment de revanche vis-à-vis du reste de la société. Tous les deux ont des supers pouvoirs qui se sont manifestés à l'adolescence et qui font qu'ils sont attirés l'un vers l'autre. Todd va devenir Obsidian, c'est-à-dire un super vilain qui plonge ceux qu'il souhaite dans l'ombre et leur fait vivre les pires tortures, dévorés par la noirceur humaine. Certes, il va se racheter, mais dans ces épisodes c'est un Obsidian au bord de la folie que nous rencontrons et qui met la JSA à rude épreuve. Autre vilain d'importance que nous allons croiser dans ce second volume, un certain Extant. Lui a eu droit à une grande aventure en tant que méchant de référence : ça s'appelait Zero Hour, mais ce fut une saga aussi capitale que passée sous les radars en France, en raison d'une publication superficielle. L'essentiel de la saga fut publié en un volume chez Semic mais il y avait tellement de personnages différents, tous très peu connus de la plupart des lecteurs, qu'il est vraisemblable qu'à l'époque une grande majorité n'a plus ou moins rien compris. Extant, c'est en fait l'ancien Faucon du duo Hawk & Dove (Hank Hall) : à la mort de son frère (la Colombe), beaucoup plus pacifiste que lui, Hank perd à son tour la boule et devient le méchant de service qui souhaite récrire le temps et les faits, à sa façon. C'est ce qu'il fait là encore dans ce volume des Chronicles 2000 et puisque nous en sommes à parler de problème liés à la chronologie, mentionnons également les deux abondants épisodes intitulés DC 2000 #1 et #2 qui mettent en scène le docteur Morrow, dont le coup d'éclat est cette fois d'utiliser une technologie futuriste (2001) et de la répandre en 1941 pour changer le cours des choses. Il finit par devenir le dictateur absolu du futur. En fait, ces deux grandes parties s'inscrivent dans la tradition qui fait que la Justice League et la Justice Society se rencontraient autrefois dans ce que l'on appelle des annuals, des suppléments estivaux à forte pagination proposés par les éditeurs américains. La méfiance est de rigueur entre les deux équipes puisqu'elles se confrontent dans des conditions fort inégales. La JSA ignore en 41 qui est la JLA, alors que les héros venus du futur marchent sur des œufs et tentent de ne pas trop modifier le cours du temps. C'est pourtant ce qui va se produire ! C'est totalement tordu et improbable, mais le but est juste de proposer de l'entertainment super héroïque et de ce point de vue là, le lecteur n'est pas trompé sur la marchandise.
On retrouve également Geoff Johns en solitaire, au scénario du premier annual de la JSA, qui fait partie d'un dessein plus grand, "Planet DC", où comment faire apparaître de nouveaux personnages intéressants à travers le monde, pour globaliser les super-héros de la Distinguée Concurrence. Du coup, on se rend jusqu'en Grèce à la rencontre de Nemesis, alias Soseh Mykros. Elle a grandi dans un laboratoire, expérience génétique un peu folle menée par son père, dont le but est (comme celui d'un peu tous les grands vilains) d'asseoir sa domination et d'imposer ses idées sur la planète. La particularité, c'est qu'elle a une sœur, Ellina, qui elle est restée fidèle au message du paternel et donc du "côté obscur de la force". Toutes les deux vont s'écharper et nos héros de la Société de justice vont s'en mêler. Pour être plus précis, nos héroïnes, car l'histoire a un moment donné va bifurquer vers l'île des Amazones de la princesse Hippolyte et ce sera l'occasion de passer en revue le cast féminin de notre super groupe. Présent également dans ce gros volume, les deux livres de JSA the Liberty Files, écrit par Dan Jolley et Tony Harris, illustrés par ce dernier. Histoire très particulière puisque nous nous retrouvons durant la seconde guerre mondiale avec les soldats nazis et Adolf Hitler en personne, qui ont mis la main sur un extraterrestre qu'ils sont en train d'endoctriner, afin de l'utiliser pour leurs tristes visées. Nous parlons bien entendu d'un "Superman" et il ne faudra pas s'étonner de retrouver aussi une version "World War 2" de Batman et de la JSA, des héros qui justement à l'époque était déjà pour beaucoup sur le pont, même si des incarnations autres. L'accent est placé par exemple sur le docteur Mid-Nite et on y retrouve pris entre le marteau et l'enclume un Joker toujours aussi dingue et incontrôlable. Un "Esleworlds" au goût d'espionnage intéressant et dont la conclusion réserve un coup de théâtre. Pour le reste, le dessinateur le plus souvent présent dans les pages de ce Chronicles 2000 est Steve Sadowski. Il faut le souligner car son travail est remarquable, toujours d'une précision et d'une clarté exemplaires. Pour autant, c'est aujourd'hui un nom que les plus jeunes connaissent peu. Du reste la JSA est typiquement une formation et un titre qui est surtout attendu par les collectionneurs et des lecteurs un peu plus âgés; tout comme le prix de cette collection chez Urban comics, qui s'adresse plus directement à ceux dont l'ambition est de combler les trous sur les étagères et de se constituer une banque de données impressionnante et indispensable sur les principaux héros de DC comics. Le tout avec des textes inspirés et très utiles de Yann Graf (encore une belle partie rédactionnelle), bref de quoi nous réjouir et nous convaincre que ces Chronicles sont décidément l'excellente surprise du moment et qu'il faut les chérir.