Le Batman Who Laughs est le personnage qui a le mieux tiré son épingle du jeu, durant le crossover Dark Nights Metal, chef d'oeuvre de chaos et de confusion à la Scott Snyder. Ce même scénariste est le responsable de cette nouvelle parution, où le criminel, fusion du Joker et de Batman, est la star en solo d'aventures qu'on devine terrifiantes.
Tout commence par une enquête qui fait froid dans le dos, puisque Batman tombe sur un cadavre qui soulève bien des questions; celui d'un Bruce Wayne d'une réalité alternative, encore que se différenciant de peu de l'homme que nous connaissons tous. Un mort encombrant, et probablement une immense interrogation, qui aurait de quoi faire partir en vrille le cerveau du plus futé des détectives.
Le Batman who laughs, lui? Il agit dans l'ombre, tire les ficelles, et en fin de premier numéro pénètre dans Arkham pour y faire des siennes, encore que d'entrée on nous prévient, et l'effet mortifère en est donc gâché. C'est donc dans le rôle du grand méchant loup qu'on le retrouve, privé du moindre scrupule, des notions de bien et de mal, des limites morales de notre Batman, ce qui fait qu'il "gagne toujours". C'est discutable, car Batman est encore là de nos jours aussi car il s'impose et connaît parfaitement des frontières, qui jalonnent son action. Sans cette axiome, le Batman who laughs pourrait aussi devenir un Batman inconscient, qui à vouloir se la jouer omniscient et insaisissable, commet impairs et petites bévues fatales. C'est ce qu'on va voir. En tout les cas l'idée même que Batman pourrait mener sa croisade en se fendant la poire à de quoi donner des sueurs froides à bien des habitants de Gotham. D'autant plus que le plan diabolique de l'ennemi est de "contaminer" notre Batou, le contraindre à voir les choses sous l'angle de vue distordue de l'autre, d'abandonner la raison pour le chaos.
Scott Snyder est un peu plus clair qu'il l'est souvent, mais c'est tout de même assez confus par endroits. On a l'impression, à un moment donné, que Batman est condamné à devoir sombrer dans la folie de son adversaire, que rien ne pourra stopper l'inéluctable transformation, qui apparaît dans les bulles de dialogue, la manière de s'exprimer, qui se dégrade toujours plus. Mais il résiste, le bougre, et c'est tant mieux pour Alfred et le commissaire Gordon, qui chacun de leurs cotés vont passer de sales moments, et se heurter à la cruauté d'un scénariste qui aime placer les personnages dans des situations dramatiques, quitte à les résoudre sur une pirouette qui laisse un arrière goût de facilité abusive. Touchons un mot de Jock, le dessinateur, ici dans une forme olympique. Il se contente en apparence du strict minimum pour nous glacer l'échine, mais c'est que sa maîtrise des ombres, de l'horreur, aussi bien suggérée qu'explicite, qui fait de lui un choix évident et idéal pour Snyder, correspondant à merveille au ton choisi pour cette mini en six parties qui sont devenues sept. Les pages suintent la torture physique et mentale, le basculement dans la démence, et c'est ce qu'on attendait de l'histoire. Par contre, le choix de placer les didascalies et dialogues en rouge sur fond noir, ce n'est pas formidable quand vous êtes astigmate ou myope. Dans la VO c'était d'ailleurs illisible par endroits (je vous assure, j'ai du renoncer à quelques tirades à cause de cela). Tout ceci étant dit, il y a fort à parier que ce Batman qui rit va séduire le plus grand nombre des fans habituels du Dark Knight, surtout si vous attendiez des conséquences directes de l'événement de l'an dernier, Dark Nights Metal.
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