Les actes de vengeance ne sont pas une si mauvaise idée que ça. Les principaux super vilains de l'univers Marvel de la fin des années 1980, fatigués d'essuyer des revers récurrents face aux héros boy-scouts, décident de s'échanger leurs adversaires respectifs, en considérant qu'une approche plus fraîche du problème permettrait des résultats différents. C'est ainsi que Le Caïd, Magneto, le Mandarin, Fatalis, Crâne Rouge, ou encore le Sorcier, se réunissent pour répartir leurs ennemis comme de vulgaires vignettes auto-collantes en double. Dans les coulisses, Loki fomentait bien sûr des dessins tout personnels… Le but était aussi de donnait un coup de boost aux titres des Vengeurs, dans une période dominée principalement par le sous-bois mutant.
Spider-Man a été impacté durant tout un trimestre, avec ses trois titres mensuels que sont alors Amazing SM, Spectacular SM et Web of Spider-Man. Et de quelle manière ! En effet, une expérience scientifique imprudente, menée à l'université où il avait repris son cursus estudiantin, lui avait conféré de nouveaux pouvoirs, en faisant une version "cosmique" du tisseur de toile, en relation avec les forces primordiales de l'univers. David Michelinie nous montre un Peter Parker déboussolé, qui ne comprend pas, de prime abord, ce qui lui arrive. Quand Graviton attaque, le bad guy se fait laminer; et que dire de Hulk, dans sa version grise, qui reçoit, dans une scène mémorable, un uppercut dantesque, qui le projette en orbite. C'est un tantinet exagéré mais quand en plus c'est illustré par des artistes comme Larsen ou McFarlane, et que vous lisez ça en direct, lors de votre adolescence, ça laisse des traces durables, tout comme en laisseront le costume cosmique de Spider-Man, qui apparaît tout à coup, sans crier gare, et qui est la manifestation physique et esthétique de la force dont il est investi.
Les frères Grimm, Fatalis, Hydro Man… la liste des ennemis que ce nouveau Spider-Man va devoir affronter est longue, et c'est aussi une manière de tester ses pouvoirs, histoire de voir s'il n' y pas moyen de les détourner, de les utiliser à d'autres fins… Gerry Conway est de la partie, et c'est lui qui finalement a le plus l'occasion de briller, avec de nombreuses batailles qui viennent conforter l'idée que tout à coup, tout devient possible pour un héros qui n'a plus de limites, et se découvre de nouvelles facultés jour après jour. Il est superbement aidé par Sal Buscema, dont le trait stylisé et nerveux est parfait pour le rythme des histoires, alors qu'Alex Saviuk est un poil trop brouillon, et encré lourdement, ce qui le dessert.
En parallèle, on a droit à de brefs moments intimes qui entretiennent la flamme du modèle soap opera. Peter est à la limite de se prendre le chou avec Mary-Jane, avant de se rabibocher au final, Nick Katzenberg est l'exemple parfait du journaliste visqueux, à la moralité crasseuse, alors que la toujours guillerette Tante May dispense conseils et soutien, à un neveu qui ne lui révèle pas sa double identité. Les pouvoirs de Spidey varient, évoluent, et chaque épisode est le prétexte à la découverte d'une faculté supplémentaire, dont le point d'orgue est de pouvoir voler ! Bien étendu, cela ne pouvait durer, et ce n'était qu'un bon délire estival qui a reçu un accueil assez enthousiaste, et sera évoqué de temps en temps, par la suite, sans grande conviction. Aux States, il existe une splendide collection du nom de Marvel Epic Collection, qui propose ces épisodes, ainsi que ce qui vient avant/après, et permet de bien comprendre ce moment historique pour Spider-Man. Album au format souple et à la riche pagination, pour un prix qui reste abordable. C'est à notre sens le meilleur moyen de posséder rapidement l'intégralité en Vo sans se ruiner, mais vous avez, ça va de soi, les épisodes en Vf qui restent trouvables facilement.
Edit août 2023 : Vous le savez, la Epic Collection est désormais adaptée en VF chez Panini.
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