BATMAN CHRONICLES 1989 : DES COMICS ET TIM BURTON


 En 1989, c'est l'heure du film, celui de Tim Burton, qui va redéfinir l'esthétique de Batman et rendre possible ce qui juste ici relevait du fantasme, notamment face à la concurrence du Superman de Donner, qui lui avait déjà su trouver son public et conquérir les foules. En attendant, il ne faut pas sous-estimer ce qui se passe dans les comic books, dans la série Batman notamment, où Jim Starlin continue de signer des numéros très intéressants, notamment quand il est question de la manière dont le Dark Knight va gérer le meurtre récent de Robin. En fait, on pourrait presque de parler de père qui vient de perdre un fils. Et c'est un peu cette idée qui est développée dans le premier épisode de notre album du jour, avec un assassin qui tire dans les foules depuis le haut d'un building et que le héros de Gotham va devoir arrêter, à sa façon Jim Aparo au dessin est extrêmement fonctionnel et élégant, artiste qui semble né pour dessiner la série et qui est au menu de ce Chronicles 1989, pour notre plus grand plaisir. Après un autre épisode où il est question d'une secte ninja et d'une technique qui permet de tuer par l'imposition de la pomme des mains, c'est surtout le triptyque réalisé par John Byrne (et toujours Aparo) qui retient notre attention. Dans Les nombreuses morts de Batman, on retrouve le corps sans vie de la chauve-souris, après le combat de trop. Une fois transporté à la morgue, la nouvelle se répand dans la ville et nous assistons à la réaction des amis, des ennemis, des alliés… sauf que bien entendu, une telle triste fin est impossible. D'ailleurs, dans la foulée d'autres Batman sont retrouvés assassinés, ce qui prouve bien qu'il y a un véritable schéma qui se reproduit avec à chaque fois un individu qui excelle dans sa discipline (bodybuilder, sportif ou tout simplement milliardaire, comme Bruce Wayne) et à qui on est parvenu à faire endosser un costume bon marché de Batman, avant de s'en débarrasser d'une manière aussi cruelle qu'intelligente. Le premier épisode est complètement muet et c'est une petite leçon de storytelling. C'est assurément un des sommets de ces Chronicles en 1989, qui s'avèrent de très bonnes factures.



Des origines, encore et toujours. Non pas un, ni deux, mais trois, avec Batman Year Three, un arc narratif signé Marv Wolfman et Pat Broderick, où il est question des rapport qui unissent Bruce Wayne à des fils adoptifs. Dick Grayson s'est émancipé et il revient deux ans plus tard, au manoir Wayne, pour se rendre compte que son mentor et père est en proie à une violence sourde, qui le pousse à commettre des erreurs. Jason Todd vient de mourir et le héros n'a toujours pas accepté ce triste coup du sort. Pour ne rien arranger, Toni Zucco, le malfrat responsable de l'accident mortel des parents de Dick, en pleine exhibition dans un cirque, est sur le point d'obtenir une libération conditionnelle. Notre bon Alfred a tout fait pour empêcher cela de se produire, au point qu'il ne lui reste plus rien à faire, à part, peut-être, empoigner une arme et commettre l'irréparable ? On s'attarde sur la psychologie des personnages, leurs valeurs, leurs psychoses, c'est bien mené et ça constitue une excellente porte d'entrée dans l'univers de Batman et de ses Robin. L'annual de la série Batman, en 1989, est lui aussi intéressant à lire. Jim Owsley et Michael Bair s'interrogent sur les conséquences d'une erreur judiciaire et ils placent Batman devant un sacré dilemme; risquer sa peau pour un type qu'il a peut-être fait condamner à tort, ou rester bien sage à la maison. La question est vite répondue, comme le veut la formule moderne qui fait fureur. Et en fin de volume, c'est l'adaptation du film de Tim Burton qui est proposée aux lecteurs. Elle est réalisée par Dennis O'Neil et Jerry Ordway. Visuellement, c'est une réussite indéniable, avec un équilibre assez crédible entre la fidélité au long métrage et la nécessité d'adapter au format papier, qui plus est dans une pagination resserrée qui contraint d'aller à l'essentiel et de ne pas se perdre en atermoiements. L'occasion de retrouver Batman face à Jake Napier, ou plutôt le Joker, dans la version légendaire et délicieusement kitsch de Jake Nicholson. Finalement, le comic book parvient même à sauver les meubles, là où le film a par endroits assez mal vieilli. Nous vous en avions déjà parlé, de manière assez ironique mais fondamentalement sincère, à cet endroit. Avis globalement positif alors, pour ces Batman Chronicles 1989, une collection qui fait partie, dorénavant, de nos incontournables dans les listes d'achat ! 



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