BATMAN BEYOND THE WHITE KNIGHT : SEAN MURPHY ADAPTE "BATMAN BEYOND"


 L'heure est venue de replonger dans l'univers imaginé par Sean Murphy, une version futuriste et totalement inédite de Batman. Un monde dans lequel le Joker a fini par guérir de sa démence pour devenir le maire de Gotham, tandis que Bruce Wayne a été incarcéré après la révélation de sa double identité. Pour se racheter, le milliardaire à légué sa fortune à la ville de Gotham. Entre-temps, cette dernière s'est dotée d'une force de sécurité absolument extraordinaire appelé le GTO, créé par Jack Napier (c'est-à-dire le Joker). Cette force est finalement devenue une sorte d'outil repressif qui non seulement a mis fin au crime (au sens large) mais surtout surveille dorénavant tous les habitants et les prive de leurs libertés les plus fondamentales, au bénéfice d'un sentiment illusoire de sécurité. Le pire étant que dit que Dick Grayson collabore à son insu à tout cela, guidé par une colère et un sentiment d'inadéquation par rapport au "père" (en fait, Bruce Wayne). Pendant ce temps-là, celles qui furent autrefois les entreprises Wayne sont tombées aux mains du perfide Derek Towers, qui s'emploie à manipuler le jeune Terry McGinnis, âgé de 17 ans, pour en faire un pion au service de ses ambitions. Le gamin vient de perdre son père qui a été assassiné et dans le but de se venger, il accepte de participer à différents larcins à travers la ville, dont le plus important est une armure ultra moderne ayant appartenue à Batman, mais jamais utilisée jusque-là car considérée comme trop puissante et dangereuse. Cette armure (perle de high-tech), vous la reconnaîtrez tout de suite si vous êtes familiers avec l'univers de Gotham : c'est celle qui au niveau du look caractérise le personnage du Batman Beyond, c'est-à-dire justement Terry McGinnis dans la chronologie DC plus ou mois officielle. Quand Bruce Wayne apprend ce qui vient de passer et le péril potentiel que représente l'arme désormais entre de mauvaises mains, il décide de s'évader de prison. Jason Todd, qui en est le responsable, ferme plus ou moins les yeux. L'ancien Dark Knight reprend ainsi du service pour remettre de l'ordre dans la ville et il va retrouver de vieilles connaissances (Barbara Gordon, ou son épouse Haley quinn notamment) et composer avec une petite voix dans la tête, celle du… Joker !



On considère très souvent que plus on va de l'avant et on exploite un univers, moins les histoires écrites sont pertinentes ou intéressantes. Ici, ce n'est pas forcément le cas; c'est même plutôt le contraire ! Ce nouveau volume de Murphy est une réussite incontestable : on y retrouve un Batman en proie à des crises de panique, qui ne parvient pas à accepter l'idée qu'il a renoncé véritablement à son rôle costumé, alors que celui-ci semble être la seule identité qui le caractérise aux yeux des autres. Sa relation avec Harley Quinn est extrêmement complexe, car là où l'épouse aimerait voir des sentiments, il ne trouve que l'expression d'un trauma passé, une excuse en fait pour repousser l'hypothèse d'un rapport sentimental. Et puis ici il y a aussi la relation avec le fils putatif, que sont Dick Grayson mais aussi Jason Todd. Ce dernier voit son histoire développée de manière plus approfondie avec deux épisodes spéciaux qui sont dessinés de main de maître, dans la colorisation, le montage des planches et le dessin, absolument irréprochables, par Simone Di Meo. Deux interludes qui permettent de mieux comprendre les motivations, les failles et le parcours cabossé de celui qui est resté longtemps dans l'ombre de Batman, avant de le trahir et de craquer, dans une terrible séance d'interrogation orchestrée par le Joker, qui est parvenu à le briser mentalement tout comme il l'avait fait physiquement dans l'univers canonique DC. Et c'est bien entendu un plaisir de retrouver tout au long du reste de l'album la patte graphique de Sean Murphy, cette façon absolument extraordinaire de rendre dynamique et survoltée la moindre page et d'associer l'énergie du comics américain à un trait clairement inspiré du manga, de faire exploser la violence ou le spectacle dans des scènes bigger than life, où le dessinateur et le scénariste, qui ne sont donc qu'un seul homme, font preuve d'une décomplexion totale. Un Murphy que certains lecteurs associent un peu trop hâtivement aux milieux conservateurs américains, lui qui déploie un récit où la police et l'oppression se mêlent, et où des valeurs libertaires et humanistes sont clairement mises en avant. Ce quatrième volet d'une quadrilogie qui sera en fait plus étendue (les dernières pages ouvrent vers des développements bien plus larges) est une réussite évidente, promis juré.



Un Sean Murphy qui est en dédicace ce mercredi à Nice chez Alfa Bd / Le Dojo, qu'on se le dise (à partir de 15h30)


Pour info et suivre Alfa BD / Le Dojo : https://www.facebook.com/alfabdnice



COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...